Pour le plaisir, souvenirs et recettes
108 pages
Français

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Pour le plaisir, souvenirs et recettes , livre ebook

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Description

Plaisir de chasser et de pêcher, plaisir d'apprêter, plaisir de déguster...





Dans le même esprit de tradition et de simplicité que "Quatre saisons en Limousin", Bernadette et Claude Michelet nous entraîne dans de nouvelles promenades évocatrices, "Pour le plaisir"...Avec son grand-oncle que, tout gamin, il suivait sur les terres de Marcillac, Claude Michelet a appris qu'il y a un art de chasser qui est un art de vivre. Le perdreau, la bécasse, le lièvre, la palombe... ce "petit gibier" on le poursuit plus qu'on ne l'atteint. Plus tard, dans les forêts de la Brenne, il a découvert le "gros gibier", chevreuils et sangliers, et, dans ce pays d'étangs, l'univers secret de la pêche: le silence, la patience. Ces souvenirs d'enfance riches d'anecdotes, il les évoque ici avec passion et bonne humeur.Mais tous ces produits naturels de la terre et du ciel, encore faut-il savoir les apprêter... Après le plaisir de la traque, le plaisir de la cuisine. Tout un art, là encore. Un art que pratique à merveille Bernadette, son épouse, et qu'elle nous enseigne en plus de 80 recettes savoureuses, familières et familiales, qui émaillent l'ouvrage et font venir, à leur seule lecture, l'eau à la bouche.





Depuis ma quasi-paralysie du matin devant le premier rouge, j'avais une revanche à prendre. Mais pour ce faire, encore fallait-il que les perdreaux soient là ?Ils y étaient, les bougres, et faillirent bien me surprendre une fois de plus, car tout alla très vite. Sans doute effrayés par nos voix et par le bruit de mes bottes crissant dans les broussailles, ils démarrèrent au son, avant même que cannelle, qui rechignait un peu à me suivre, ne les eût éventés. De plus, elle et moi progressions avec le vent dans le dos. Par chance, les trois rouges réfugiés là s'élevèrent à moins de trente mètres, droit devant moi. Et, si je fus transi, mon étonnement ne dura qu'une fraction de seconde. Celle-ci était à peine écoulée que déjà, la crosse était à mon épaule et les canons pile sur un des oiseaux en pleine ascension que foudroya mon premier tir, le droit, avec du 8. C'est alors que, sans doute affolé par la détonation, un quatrième rouge jusque-là tapi sous les calunes prit à son tour son envol. Mon deuxième coup, avec du 6, le cueillit alors qu'il s'apprêtait à basculer vers l'abri des taillis de châtaigniers qui cascadaient jusqu'à la vallée.Aujourd'hui, presque cinquante ans plus tard, je demeure persuadé que, ce jour-là, je fus encore plus étonné que mes deux victimes. Elles n'eurent pas le temps de comprendre ; quant à moi, il me fallut quelques secondes et surtout les exclamations enthousiastes de mon grand-oncle et de monsieur Praslin pour réaliser que je venais de faire un doublé. Coup que tout chasseur souhaite inscrire dans ses tableaux et graver dans sa mémoire. Et je vois encore mon grand-oncle et sa fierté lorsque je revins avec mes deux pièces. J'entends toujours ses :? Ah ! ça par exemple, ça par exemple ! Pour un beau tir ! Ah ! dis donc ! Non, mais tu as vu ça, Jeannot ? Tu as vu ? Moi, pendant un moment, j'ai cru voir son grand-père !Rarement compliment me toucha autant.***
Lièvre au chasseur
1 jeune lièvre2 citrons½ verre à moutarde d'huile200 g de lard maigre100 g de beurre2 échalotesBouquet garni (thym, laurier, persil)Sel, poivre1 verre de vin rouge

Faire mariner le lièvre coupé en morceaux 12 h avec le jus des 2 citrons, l'huile, le poivre et le bouquet garni.Dans une cocotte en fonte, faire revenir dans le beurre le lard coupé en dés. Récupérer les lardons pour faire revenir les morceaux de lièvre égouttés ; lorsqu'ils sont bien dorés, ajouter les lardons et les échalotes, mouiller avec la marinade et le vin rouge. Ajouter sel et poivre. Faire cuire à feu doux pendant 2 h environ.Verser dans un plat creux chaud et servir avec des tourtous.






Informations

Publié par
Date de parution 07 avril 2011
Nombre de lectures 239
EAN13 9782221120507
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR
Aux éditions Robert Laffont
La Grande Muraille
Une fois sept
Mon père Edmond Michelet
Prix des écrivains combattants 1972
Rocheflame
J’ai choisi la terre
Prix des volcans 1975
Cette terre est toujours la vôtre
Des grives aux loups
Prix Eugène Le Roy 1979
Prix des libraires 1980
Les palombes ne passeront plus
L’Appel des engoulevents
Les Promesses du ciel et de la terre
Pour un arpent de terre
Le Grand Sillon
Quatre Saisons en Limousin
Propos de table et recettes
avec Bernadette Michelet
La Nuit de Calama
Histoires des paysans de France
La Terre des Vialhe
Les Défricheurs d’Éternité
Chez d’autres éditeurs
Le Secret des Incas
Bayard-Presse, coll. « Je bouquine »
Les cent plus beaux chants de la terre
Le Cherche-Midi éditeur
Cette terre qui m’entoure
Christian Bartillat/Robert Laffont
BERNADETTE
et
CLAUDE MICHELET
Pour le plaisir
Souvenirs et recettes
Dessins de Yves Michelet
© Éditions Robert Laffont, S.A., Paris, 2001
EAN 978-2-221-12050-7
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À mes compagnons de chasse et de table , passés et à venir…
« Il y a l’instinct de la chasse, le besoin de chasser selon le temps et la saison, d’obéir aux conseils éternels qui vous viennent de la terre même, qui montent en vous avec la même lenteur paisible que la lune blanche sur les champs. »
Maurice Genevoix, Raboliot .
Avant-propos

Dans l’avant-propos de Quatre Saisons en Limousin, précédent recueil de recettes concoctées par mon épouse, je déplorais l’avancée dans notre vocabulaire de mots peu ragoûtants comme « fast-food », « light », « allégé », « zéro pour cent de matière grasse » .
En fait, sans aller jusqu’à parler de « mal-bouffe », terme excessif et démagogique qu’éructent certains bateleurs repus, j’estimais que notre nourriture, de plus en plus copieuse et bon marché, a une fâcheuse tendance à devenir insipide ; ce ne sont pas sa qualité et son hygiène qui font défaut, c’est, trop souvent, son goût. Et c’est bien parce qu’elles veulent remédier à cet état de choses que nos ménagères s’appliquent à mitonner, du mieux qu’elles le peuvent, les plats dont elles ont la spécialité. Ce n’est pas toujours facile car, les produits de base étant de plus en plus neutres, il n’est pas simple de les bonifier .
On me rétorquera peut-être que je parle la bouche pleine, manque évident de bonne éducation. On me rappellera aussi que les gens de ma génération et des précédentes qui connurent les restrictions dues à la guerre devraient être les derniers à se préoccuper de ce qu’ils ont dans leurs assiettes : elles sont pleines, c’est l’essentiel !
Certes, mais ce n’est pas parce qu’il est vital de se nourrir et que nous avons, chez nous, le privilège de pouvoir le faire en nous posant comme seule question non pas de savoir si nous mangerons aujourd’hui, mais quel est le menu du jour, qu’il nous est interdit de joindre l’agréable à l’utile. Interdit aussi de perpétuer les traditions qui font de notre pays le champion de la gastronomie .
Dans Quatre Saisons en Limousin, mon épouse s’était appliquée à nous donner les secrets des recettes que nous pratiquons dans notre province. Ici, elle se spécialise dans la mise en valeur de ce qui, bien avant l’agriculture, permettait à nos ancêtres de ne pas mourir de faim : le gibier, le poisson et les produits de leurs cueillettes .
J’ai écrit : gibier, et je sais que, déjà, quelques lecteurs et lectrices inconditionnels opposants à la chasse s’apprêtent à refermer cet ouvrage ; c’est dans leur logique. Pour eux, qui dit gibier dit chasseurs et les chasseurs, c’est bien connu, sont des individus infréquentables qu’il serait bon d’exécuter sans autre forme de procès .
Soit ! Mais puisque j’ai du plaisir à chasser devant moi — ou à pêcher à ma façon — comme j’en ai à m’attabler devant une bécasse au foie gras, une gigue à la groseille ou un brochet aux échalotes et au beurre, j’assume le risque de passer pour ce que d’aucuns appellent un ennemi public ou un « beauf », c’est selon !
Mais qu’importe, mes propos ne sont pas ici d’ouvrir la polémique, ils sont d’encadrer les recettes qui permettent de bien valoriser le gibier que rapportent, parfois, ces individus que l’on nomme chasseurs et qui sont en voie de disparition. En effet, au train où vont les choses et sous la pression des écololâtres verdâtres, le risque est grand de voir la chasse disparaître dans les décennies qui viennent. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est urgent, tant qu’il est encore possible de bouler un lièvre ou de désailer une palombe, de coucher sur le papier les bonnes façons de les accommoder. Un jour, peut-être, feront-elles saliver nos petits-enfants et leur feront regretter le temps des frais matins d’automne, tout ruisselants de rosée et si propices à la quête de quelque gibier prêt à se défendre et, souvent, à se sauver .
Et c’est à l’aide de mes souvenirs que je compte étayer les recettes qui forment l’essentiel de cet ouvrage. Puissent mes propos vous mettre l’eau à la bouche et vous inciter à encore mieux apprécier ces gigues, civets, pâtés, rôtis et autres salmis que je vous invite à découvrir et à déguster .
Ouvertures en Corrèze
J ’ai toujours été un adepte de la traque. Il est vrai qu’ayant passé mes premières années d’existence en un des hauts lieux de la préhistoire les fantômes de nos ancêtres du paléolithique — qui étaient de redoutables chasseurs — ont dû observer mes premiers pas et veiller à ce qu’ils soient ceux d’un pisteur.
Car c’est ainsi qu’on commence, très jeune et armé d’un lance-pierres, à se couler le long des haies et des buissons à la recherche de quelques merles ou grives qui, pas fous, détalent toujours hors de portée. Mais qu’importe la répétition journalière de ces fiascos et les ricanements narquois des merlettes et des geais que l’on se croyait capable d’approcher sans bruit et qui vous prouvent, en s’échappant, toute votre gaucherie, votre manque de patience et votre maladresse. Qu’importe, puisque c’est toujours ainsi, d’échec en échec, que l’on apprend l’art de la chasse. D’ailleurs, seuls les « viandards » — individus haïssables qui ne tirent que pour remplir leur carnier — se plaignent lorsqu’ils rentrent bredouilles. Les vrais chasseurs prennent d’abord leur plaisir dans la recherche d’un éventuel gibier, dans la poursuite, la marche, l’approche et le spectacle de leur chien, fou de bonheur et d’excitation lorsqu’il empaume une voie fraîche, le coup de fusil n’étant que la conclusion d’un subtil duel. Coup de fusil qui du reste, et c’est heureux, n’est pas toujours efficace ; et s’il est parfois vexant pour le tireur de voir s’éloigner la proie convoitée, cela n’enlève pas pour autant tout le plaisir qui a précédé sa fuite ; et puis quelle belle leçon de modestie que de rater une pièce théoriquement immanquable !
C’est donc tout gamin et lance-pierres en main, que, dès les vacances venues, je me suis initié à la chasse et que j’en ai ressenti les premiers et si délicieux émois que n’assombrissaient en rien mes piètres résultats !

D’ailleurs, peu m’importait l’absence de glorieux trophées, les safaris corréziens que je pratiquais avec une assiduité sans faille me permettaient de découvrir chaque pouce de terrain, d’apprendre les ruses et les feintes de la gent ailée et surtout, comble de bonheur, de m’initier à la vie et aux mœurs du monde animal.
En ces temps-là, je parle de la fin des années 1940, la polyculture alors généralisée en Corrèze, presque toujours exempte de traitements chimiques et d’engrais, offrait aux animaux sauvages d’excellents terrains de reproduction. De plus, la chasse avait été interdite pendant toute la période de guerre et le gibier ne s’en portait que mieux. Ainsi, sur nos coteaux, au sud de Brive, c’étaient toujours, bon an mal an, cinq ou six compag

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