Shanghai-Paris
150 pages
Français

Shanghai-Paris , livre ebook

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150 pages
Français

Description

Shanghai-Paris , carnet de bord d'un ancien étudiant en échange de retour en France, est le récit de ces découvertes quotidiennes au cours d'un mois et demi de voyage, décrites à travers un regard intéressé et souvent amusé, mais toujours charmé par ce qu'il a vu.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 17
EAN13 9782336344485
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Erwan Scoarnec
Shanghai-Paris
D’un monde à l’autre en transsibérien
Shanghai-Paris
SérieAujourd’hui
Shanghai-Paris
Écrire et Voyager Série. « Aujourd’hui ».Consacrée aux récits contemporains de voyageurs, cette série accueille des textes relevant de plusieurs approches : littéraire ou plus ethnographique. Série. « Au XIX° siècle ».Cette série présente des récits de voyageurs du XIX° siècle ainsi que des journaux, et études biographiques. *
La liste des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le sitewww.harmattan.fr
Erwan SCOARNECShanghai-Paris * D’un monde à l’autre en transsibérien
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww. harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-02973-3 EAN : 9782343029733
Prologue
« Ce fut plus tard, six mois après, qu'il reçut la révélation de la détresse des retours. En général, les gens pleurent et s'effondrent aux départs. Ce sont de faux voyageurs. Ils font partie de cette catégorie de malheureux qui mettent une semaine à boucler une malle ! C'est quand on rentre que la lèvre est amère et le cœur dans le brouillard !» Albert Londres,La Chine en folie Je venais de vivre un semestre à Shanghai, à la faveur d’un échange universitaire qui clôturait cinq années d’études. J’avais pu goûter avec bonheur à cette ville exceptionnelle, en transformation perpétuelle, où le gigantisme devient anodin et l’extraordinaire naturel. Cette cité que l’on recommence à nommer « La Perle de l’Orient », comme on l’avait appelée dans les années 30, donne l’impression lorsqu’on y habite que, s’il existait un projecteur sur terre se focalisant sur le lieu où les choses bougent, il serait braqué sur Shanghai. Quand j’étais lycéen, j’avais appris dans les livres que les deux plus grands ports du monde étaient Rotterdam et Singapour, et tous deux avaient été détrônés par ce monstre à l’embouchure du Yangzi. Je croyais que Hong Kong était la seule ville occidentalisée de Chine ; je devais découvrir que, bien que personne ne parle anglais dans la rue et que tout y soit écrit en chinois, c’est bien Shanghai qui accueille aujourd’hui la plus grande population d’étrangers et qui opère une révolution permanente. Cette ville, je l’avais aimée et j’allais la quitter. Ayant deux mois devant moi avant le retour à « la vraie vie », je décidai d’allonger le voyage que j’avais effectué en Chine et de rentrer, de façon plus lente et plus excitante, en train.
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Deux ans plus tôt, j’avais accompli un voyage de six semaines entre Paris et Erevan, qui m’avait mené en Italie, en Slovénie, en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Serbie, en Bulgarie, en Turquie, en Géorgie, en Azerbaïdjan et enfin, en Arménie. J’avais tenu durant ces six semaines une sorte de journal, que j’ai perdu depuis. J’avais donc décidé, en quittant Shanghai, de garder mon ordinateur (que je n’aurais de toute façon pas envoyé par colis), et d’y écrire rapidement ce que ce voyage m’offrirait à voir. C’est ainsi que je pris le train depuis la gare principale de Shanghai, le 30 juin 2013 au soir.
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er Lundi 1 juillet La première destination du voyage en train qui devait me e ramener depuis Shanghai jusqu’au XV arrondissement de Paris, à travers la Chine, les steppes mongole et russe, les pays baltes et la Pologne, fut Pingyao. Perdue dans la province du Shanxi, cette ville présente l’avantage original en Chine de conserver une part d’authenticité. En effet, il n’est pas rare de voir que la Chine triche sur son passé et ses monuments historiques ; il convient toutefois de reconnaître que l’Histoire de cette région du monde n’a pas toujours été tendre et n’a pas manqué de détruire les nombreuses merveilles qui y sommeillaient. Les cent-cinquante années qui ont précédé le décollage économique du pays n’ont été qu’une suite de calamités pour le Céleste empire : au temps de la dynastie des Qing, alors que l’empire était sur le déclin et se faisait dépasser par des pays européens ambitieux comme le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et d’autres, la Chine s’enferma peu à peu dans un cercle vicieux qui lui fit perdre le statut de puissance qu’elle avait maintenu durant des siècles. La longue pente glissante vers l’asservissement et la faiblesse qu’elle allait emprunter commença par la guerre de l’opium qui l’opposa, à partir de 1839 et pendant trois ans, à la perfide Albion. Les raisons étaient commerciales : la Chine avait presque tout ce dont elle avait besoin, notamment de la soie, du thé, de la porcelaine, alors que les Européens manquaient cruellement de ces précieuses marchandises, les obligeant à pousser toujours plus loin leurs velléités d’importations et de libre
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commerce avec l’Extrême-Orient. L’Angleterre, qui s’était peu à peu rendue maîtresse de l’Inde depuis la seconde e moitié du XVIII siècle, trouva dans ses immenses champs de pavot cultivés au Bengale une issue commerciale inespérée : elle allait faire le commerce de l’opium en Chine, ce qui rééquilibrerait sa balance commerciale et lui permettrait d’importer les produits rares chinois. L’opération commerciale de l’Angleterre réussit au-delà de toutes les espérances, à tel point que le Fils du Ciel, l’empereur chinois Daoguang dépêcha à Canton en 1838 un de ses rares fonctionnaires restés honnêtes, malgré la corruption grandissante que le commerce de l’opium avait engendrée : Lin Zexu, avec pour mission de mettre un terme au mal qui faisait tant de victimes parmi les sujets de l’empereur chinois. Ce dernier émit une requête à la nouvelle reine d’Angleterre, la reine Victoria, la conjurant de cesser ce trafic malsain. Face au mutisme de la reine, et au silence du gouvernement britannique, Lin décida de jeter 200 000 caisses d’opium britannique en baie de Canton, le seul port ouvert au commerce avec les Occidentaux. Ce sabotage de Lin fut un acte fondateur d’une portée phénoménale. Deux grands commerçants d’opium, les Ecossais Jardine et Matheson, poussés par les intérêts financiers importants qu’ils avaient accumulés à travers le commerce de la drogue, argumentèrent pour convaincre leur gouvernement de riposter. Décision fut prise à Londres de déclarer la guerre. A la fin de celle-ci et la victoire de l’Angleterre, la plus grande puissance navale du monde obtint ce qui n’était encore qu’un caillou désolé, Hong Kong, la reprise du commerce de l’opium et la clause de la nation la plus favorisée, afin de garantir son pouvoir commercial.
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Hong Kong ! Ce n’était qu’une île vierge, montagneuse et peu praticable, ayant néanmoins pour avantage de se situer non loin de l’immense port chinois que constituait Canton. Certes, il y avait bien aussi Macao, la possession lusitanienne établie à quelques milles de là depuis 1557, seule concession du genre accordée par les Chinois à une nation européenne, mais le Portugal n’était plus, depuis bien longtemps déjà, dans la période d’expansion maritime qu’il avait connue quelques siècles auparavant. Hong Kong, que le traité de Nankin accorda aux Britanniques, c’était le signal aux autres pays que la Chine était devenue un pays où il n’y avait qu’à se servir, un pays malade qui s’affaiblissait d’année en année et ne pourrait guère plus offrir de résistance aux corps étrangers. Quelques années plus tard, les Français et les Américains (qui avaient bénéficié à leur tour d’un traité à la suite de celui négocié par les Britanniques à Nankin) ainsi que les Anglais firent connaître de nouvelles revendications auprès de la cour des Qing afin de pouvoir étendre leur commerce à la Chine du Nord et du Centre. Face au refus des Chinois, les Français et les Anglais bombardèrent Canton au sud, débarquèrent à Tianjin au Nord, envahirent Pékin en pillant et en incendiant au passage le Palais d’été, affaiblissant suffisamment le pays pour que la Russie tsariste en profitât pour envahir à son tour le nord de la Chine. Cette deuxième guerre de l’opium ouvrit de nouveaux ports au commerce étranger, et obligea la Chine à payer des réparations au Royaume-Uni, à la France, mais aussi à la Russie en échange du recouvrement des territoires envahis au nord du pays. Enfin, la liberté totale du commerce de l’opium était proclamée.
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