Réflexions sur les moyens propres à diminuer les crimes et les récidives - Quelques mots sur une question à l ordre du jour
81 pages
Français

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Réflexions sur les moyens propres à diminuer les crimes et les récidives - Quelques mots sur une question à l'ordre du jour , livre ebook

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Description

Ce n’est pas sans un vif sentiment de crainte, que je me détermine à écrire quelques lignes sur des sujets si souvent traités et qui ont fait l’objet des méditations des hommes du plus grand mérite ; on trouvera peut-être qu’il y a présomption à moi d’émettre des théories à côté des leurs, et de m’exposer à un parallèle qui, je le comprends, ne peut m’être que désavantageux ; mais j’ai voulu payer mon tribut à la cause sacrée de l’humanité ; j’ai cru qu’à défaut de hautes pensées philosophiques, je devais lui apporter le résultat des impressions que m’avait laissées un long contact avec les malfaiteurs de toutes espèces.Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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Nombre de lectures 7
EAN13 9782346126170
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
Collection XIX est éditée par BnF-Partenariats, filiale de la Bibliothèque nationale de France.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des prestigieux fonds de la BnF, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques de la littérature, mais aussi des livres d’histoire, récits de voyage, portraits et mémoires ou livres pour la jeunesse…
Édités dans la meilleure qualité possible, eu égard au caractère patrimonial de ces fonds publiés au XIX e , les ebooks de Collection XIX sont proposés dans le format ePub3 pour rendre ces ouvrages accessibles au plus grand nombre, sur tous les supports de lecture.

François Vidocq
Réflexions sur les moyens propres à diminuer les crimes et les récidives
Quelques mots sur une question à l'ordre du jour
SECTION I
DE LA POSSIBILITÉ DE RÉGÉNÉRER LES COUPABLES
§ I er
CONSIDÉRATIONS PRÉLIMINAIRES
Ce n’est pas sans un vif sentiment de crainte, que je me détermine à écrire quelques lignes sur des sujets si souvent traités et qui ont fait l’objet des méditations des hommes du plus grand mérite ; on trouvera peut-être qu’il y a présomption à moi d’émettre des théories à côté des leurs, et de m’exposer à un parallèle qui, je le comprends, ne peut m’être que désavantageux ; mais j’ai voulu payer mon tribut à la cause sacrée de l’humanité ; j’ai cru qu’à défaut de hautes pensées philosophiques, je devais lui apporter le résultat des impressions que m’avait laissées un long contact avec les malfaiteurs de toutes espèces. J’ai pensé enfin, que là où la science avait épuisé tous ses argumens, développé toutes ses idées, accrédité tous les systèmes, l’expérience pratique pouvait encore élever la voix et proclamer ses convictions.
Afin que les miennes restent vierges, je n’ai lu aucun ouvrage sur la matière, c’est en cela un hommage que j’ai rendu à leurs auteurs ; j’ai craint l’influence de leur célébrité, la fascination de leur talent. J’ai compris qu’après les avoir lus, je ne pourrais être autre qu’eux-mêmes et qu’alors je n’apporterais plus dans la discussion d’idées pratiques. Je n’ai donc cherché d’inspirations que dans mon cœur et dans mes longues et consciencieuses observations.
Depuis longtemps et particulièrement durant les quelques années qui viennent de s’écouler, les moralistes ont cherché les moyens d’améliorer le sort et l’état moral des prisonniers ; mais, soit qu’ils aient mal compris la question, soit que leurs systèmes n’aient pu recevoir une application immédiate, toujours est-il que si l’on a fait quelque chose pour le bien-être physique des détenus, il reste encore beaucoup à faire, si ce n’est tout, pour leur bien-être moral. On peut, je crois, expliquer ainsi la nullité des résultats des innovations essayées jusqu’à ce jour. Les uns, guidés par une philantropie peut-être trop indulgente, n’ont vu, chez les condamnés, que les victimes d’un état social mal organisé, et dès-lors ils ont présenté, pour être appliquées à tous les condamnés, certaines théories qui ne pouvaient recevoir qu’une application exceptionnelle ; les autres, au contraire, n’ont tenu aucun compte de la faiblesse de l’humanité et des circonstances qui ont pu influer sur la destinée d’un homme ; ils ont creusé, pour ainsi dire, un abîme entre l’innocent et celui qui avait cessé de l’être, et ont voulu bannir à jamais de la société, tous ceux qui avaient failli, et qui, par cela seul, suivant eux, devaient toujours en être les fléaux ; la trop grande indulgence de ceux qui ont cherché à expliquer tous les crimes, par l’organisation actuelle de la société, les a empêchés d’atteindre le but qu’ils s’étaient proposé, et la sévérité des autres le leur a fait dépasser.
Si l’on adoptait les opinions des premiers, il ne faudrait plus de lois répressives, et si au contraire on n’écoutait que les derniers, une même peine devrait frapper tous le crimes et délits, la mort.
On a dit souvent que pour bien apprécier la juste portée de nos lois répressives, il serait à désirer que l’on pût étudier l’intérieur des établissemens destinés à ceux qui les ont violées, en vivant au milieu des prisonniers qui ne devraient pas se douter de cette captivité volontaire ; ce serait, en effet, le seul moyen d’apprécier à sa juste valeur l’efficacité des peines prononcées par nos codes ; mais il est d’autant plus facile de concevoir l’impossibilité d’une semblable expérience, qu’il faudrait que le séjour que le philantrope se déterminerait à faire dans les bagnes et les prisons, fût assez long pour rendre complet l’examen des hautes questions qui se rattachent à notre législation criminelle.
Les événemens de ma vie m’ont donné le triste avantage de pouvoir étudier sur les lieux mêmes les mœurs des prisonniers. Je soumets aujourd’hui aux hommes éclairés et impartiaux le résultat de mes observations, et je m’estimerai heureux, si je puis appeler l’intérêt des véritables philantropes sur des hommes qui en sont quelquefois plus dignes qu’on ne le pense.
§ II
QUEL BUT DOIVENT AVOIR LES PEINES ?
La première question à se poser, avant de proposer aucune réforme pénitentiaire, est celle-ci : la société, en infligeant des peines aux coupables, n’a-t-elle pour but que de les punir, sans s’inquiéter de leur sort à venir, ou veut-elle les ramener au bien pour les rappeler ensuite dans son sein ?
Dans la première hypothèse, hypothèse monstrueuse, et qui révoltera tous les esprits sages, la société n’aurait à s’occuper que de lois préventives ; tous ses efforts devraient se borner à moraliser les hommes, pour diminuer le nombre des coupables ; quant aux lois répressives, elles seraient toutes à supprimer, ainsi que nos prisons et nos bagnes, qui ne seraient alors que des causes de dépenses inutiles. Dès le moment, en effet, qu’on désespérerait de tous les coupables, tous devraient disparaître et pour toujours ; le code de Dracon, qui condamnait à mort pour les plus légers délits, devrait être exhumé de l’oubli et remis en vigueur ; il garantirait au moins la société, si, dominée par un sentiment d’égoïsme, elle n’a d’autre but, en frappant les coupables, que d’assurer sa sécurité, sans se préoccuper de leur amélioration.
Si je jette les yeux sur notre code pénal, je vois qu’on a gradué les peines, qu’on a cherché à les proportionner aux crimes et aux délits ; qu’on a laissé, en outre, aux magistrats chargés de les appliquer, la faculté de les modérer encore, suivant que le coupable leur paraîtrait mériter, soit par ses antécédens, soit par son repentir, plus ou moins d’indulgence. J’en conclus que le législateur a pensé que l’homme qui avait mérité et encouru une peine temporaire, pouvait s’amender et reprendre dans la société la place qu’il n’avait que momentanément perdue.
Cette conviction du législateur n’est pas une dangereuse illusion, un très grand nombre de condamnés pourraient en effet, se corriger ; c’est à l’autorité à prendre les mesures nécessaires pour arriver à ce résultat. Il faut qu’elle se persuade bien que le prisonnier est toujours un membre de la famille, et qu’elle a reçu de la société la double mission de le punir et de le rendre meilleur.
Lorsqu’un malheureux ne possède plus le libre exercice de ses facultés intellectuelles, et qu’il commet des actes de nature à compromettre la sécurité publique, l’autorité, chargée de veiller à la conservation de tous les intérêts sociaux, ne se contente pas de le mettre dans l’impossibilité de nuire, elle charge d’habiles médecins de lui donner des soins, jusqu’à ce qu’il ait recouvré sa raison ; pourquoi n’agirait-elle pas de même envers ceux contre lesquels elle s’est trouvée dans la nécessité de sévir ?
Généralement parlant, les hommes, j’aime du moins à le croire, et j’en ai la conviction, les hommes naissent bons ; aussi doit-on considérer comme atteints d’une maladie morale, ceux que de funestes passions, le besoin, la misère ou la force de toutes autres circonstances poussent au crime ; également dangereux pour la société, ils doivent être, comme les insensés, mis dans l’impossibilité de nuire. Mais je ne vois pas pourquoi celui qui n’est autre chose, en résumé, qu’un malheureux auquel il manque quelques organes moraux ou dont les organes sont viciés, serait plus abandonné que tous les autres malades. Je ne comprendrais pas pour quels motifs on ne chercherait point à le gué

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