Le Storytelling
118 pages
Français

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Le Storytelling , livre ebook

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Description

Le storytelling est le fait de raconter une histoire, d'étudier un objet comme pouvant s'inscrire dans un récit, être englobé dans une narration, trouver sa place dans une histoire que l'on puisse raconter : ce serait un angle neuf pour aborder le domaine de l'éducation. Le storytelling est une forme d'approche d'une "vérité approximative" dirait Bachelard, là où aucune "vérité" ne peut être constituée.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2013
Nombre de lectures 13
EAN13 9782336678924
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture

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4e de couverture

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Titre

Title

Copyright

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© L’HARMATTAN, 2013

5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-67892-4

 

COMITE DE REDACTION :

Cristina Allemann-Ghionda (Université de Cologne, Allemagne), Elisabeth Bautier (Université de Paris VIII, France), Guy Berger (Université de Paris VIII, France), Nicole Carignan (UQAM, Canada), Manuel Crespo (Université de Montréal, Canada), Eric Debarbieux (Université de Bordeaux 2, France), Claudine Delphis (Université de Paris VII, France), Richard Etienne (Université de Montpellier, France), Ferran Ferrer (Université Autonome de Barcelone, Espagne), Jacques Gonnet (Université de Paris III – Sorbonne Nouvelle, France), Dominique Groux (Université des Antilles-Guyane, France), Jean-Luc Gurtner (Université de Fribourg, Suisse), Siegfried Hanhardt (Université de Genève, Suisse), Jürgen Helmchen (Université de Münster, Allemagne), Remi Hess (Université de Paris VIII, France), Jean-Marie de Ketele (Université Catholique de Louvain, Belgique), Gabriel Langouët (Université de Paris V, France), Claude Lelièvre (Université de Paris V, France), Jean-Noël Luc (Université de Paris IV – Sorbonne Nouvelle, France), David Matheson (Université de Nottingham, Royaume-Uni), Emma Nardi (Université de Rome III, Italie), Antonio Novoa (Université de Lisbonne, Portugal), Edo Poglia (Université de la Suisse italienne, Lugano, Suisse), Louis Porcher (Université de Paris III – Sorbonne Nouvelle, France), Antoine Prost (Université de Paris I, France), Sylvie Roelly (Université de Potsdam, Allemagne), Val D. Rust (UCLA, Etats-Unis), Frédéric Tupin (Université de Nantes, France).

REDACTEUR EN CHEF :

Dominique Groux, Université des Antilles-Guyane, France.

CONSEILLER SCIENTIFIQUE :

Louis Porcher, Université Paris III Sorbonne Nouvelle, France.

 

La Revue française d’éducation comparée Raisons, comparaisons, éducations, paraît deux fois par an. Elle illustre la recherche en éducation comparée dans ce qu’elle a de plus innovant, en France et dans le monde. Soucieuse de nouvelles approches et de nouveaux objets dans le champ de l’éducation et des sciences sociales, elle propose un dialogue avec d’autres sciences, « humaines » (histoire, géographie, linguistique, littérature, anthropologie, politique…) ou non (mathématiques, biologie, droit…), et présente des travaux sur les aires culturelles du monde entier.

La Revue propose 240 pages de textes répartis de la façon suivante :

1. Un dossier thématique qui comprend des articles théoriques de spécialistes français et étrangers et des articles en relation avec les pratiques, en particulier des comptes rendus d’expériences (françaises, étrangères).

2. Des articles théoriques hors thème.

3. Des rubriques : Pédagogues, Histoire, Entretien.

4. Des recensions d’ouvrages (longues et courtes) sans oublier les usuels (dictionnaires, manuels, traités…) et des comptes rendus de thèses.

5. L’actualité éducative : comptes rendus d’événements, annonces de colloques…

La Revue peut prendre la forme d’un numéro thématique ou d’une série : singularités régionales, institutions…

Numéros déjà parus

 

Numéros déjà parus

Langue, littérature, culture à l’épreuve de l’autre, n°1, L’Harmattan, mars 2007.

Les mathématiques : connaissance en partage, n°2, novembre 2007.

Le collège unique et égalité des chances : le modèle français au miroir des autres, n°3, juin 2008.

L’histoire scolaire au risque des sociétés en mutation, n°4, janvier 2009.

Méthodologie de la comparaison en éducation, n°5, septembre 2009.

Violence à l’école : recherches et interventions, n°6, décembre 2010.

Education Comparée verticale : Images d’enseignement, n°7, octobre 2011.

L’informel dans l’éducation de l’enfant, n°8, juillet 2012.

L’enseignement des langues étrangères face aux évolutions des systèmes éducatifs, n°9, mars 2013.

Storytelling

Louis Porcher
Professeur honoraire
Université Paris III-Sorbonne-Nouvelle

Le français langue étrangère et, au premier chef, sa didactique, restent désespérément fermés au concept de storytelling. Celui-ci n’est pas pris ici dans sa signification médiatique (évidemment approximative et utilisée souvent n’importe comment), mais dans sa portée rigoureuse, authentiquement rationnelle. Nous sommes peu nombreux, certes, à nous escrimer à approfondir ce concept et à réfléchir à ses meilleures conditions d’emploi. Les augures du FLE ne s’en préoccupent pas et même souvent l’ignorent purement et simplement.

Ils sont trop occupés, sans doute, à raffiner sur les innombrables possibilités, toutes floues, des fameuses « unités » issues du Conseil de l’Europe. Les éditeurs, comme d’habitude, foncent tête baissée dans cette brèche et ne jurent plus que par les sans savoir exactement ce que c’est. Ils ont toujours procédé ainsi, dans la suite du premier train venu, pour peu que celui-ci ait la bénédiction de grandes institutions et de chercheurs devenus iconiques. Or, justement, ceux-ci suivent ce train-là aussi : c’est la première fois que l’on voit des chercheurs dans une discipline emboîter le pas à des éditeurs, qui ne pensent, à juste titre peut-être, qu’à vendre leurs marchandises.

Tant que ces deux entités ne se seront pas séparées, comme c’est leurs fonctions respectives, tant que, par conséquent, ce sont les éditeurs qui ouvriront le chemin, le FLE sera en danger. Il y a bien longtemps que la spécialité n’a pas produit une œuvre d’envergure susceptible de la rajeunir et de susciter les polémiques comme ce fut fréquemment le cas auparavant. Dès lors, le domaine ne se renouvelle pas, stagne et se survit (conceptuellement car, sur le plan du nombre d’apprenants, celui- ci augmente constamment, simplement par le poids de la démographie).

Le storytelling constituerait justement une bonne occasion de transformer les visions du domaine. Peut-être les ténors ne le veulent-ils pas, pour ne pas perdre le risque d’ébranler leur piédestal ou de le voir contesté. Peut-être aussi, cependant, on ne saurait trop rapidement en écarter l’hypothèse, qu’ils ne le peuvent tout simplement pas. Il m’apparaît clairement en tout cas, et avec une particulière tristesse, que la spécialité est en train de mourir, probablement sous le trop grand nombre de micro- institutions.

Il convient de considérer « story telling » au pied de la lettre, en déplorant, une fois de plus, que la langue française n’ait pas trouvé le moyen, depuis tout ce temps, de trouver une appellation adéquate autre qu’anglo-saxonne. C’est le fait de « raconter une histoire », d’étudier un objet comme pouvant s’inscrire dans un récit, être englobé dans une narration, trouver sa place dans une histoire que l’on puisse raconter. Ce serait, manifestement, un angle neuf pour aborder notre domaine.

Beaucoup d’autres secteurs du savoir se sont lancés dans le storytelling, non pour espérer quelque miracle ou le jaillissement d’une lumière définitive, mais, en quelque sorte, pour ne pas laisser passer une occasion, peut-être potentiellement féconde, de voir le secteur considéré sous un angle nouveau et, par conséquent, avoir une chance de mieux le saisir. C’est le cas de quelques domaines particulièrement importants socialement, comme la médecine, ou la politologie, la philosophie.

Prenons l’exemple de la médecine, qui, probablement, nous parlera à tous. Il est fréquent, pour ne pas dire courant, qu’un médecin nouvellement consulté par un malade, lui demande d’abord de lui dresser une liste des troubles pathologiques qu’il a subis jusque-là. Bientôt d’ailleurs, cette histoire médicale personnelle sera remplacée par une instrumentation technologique, puisque l’on nous promet régulièrement une synthèse datée de notre itinéraire médical, résumée sur une simple carte, que le médecin pourra lire à son gré, dans la mesure où le client l’autorise.

Cette narration médicale, à laquelle, sans doute, beaucoup d’entre nous se sont livrés à plusieurs reprises, est constituée essentiellement des aspérités de notre vie, c’est-à-dire, en particulier, des maladies qui nous ont affectés. Le médecin peut en « lire » beaucoup sur notre corps, mais certaines ne peuvent que lui échapper parce qu’elles n’ont pas laissé de traces visibles (à l’œil nu en tout cas). Il se trouve donc réduit à écouter d’abord le récit du malade, en veillant, autant qu’il le peut, à sa fidélité.

Il est symptomatique de constater que cet « itinéraire de vie », dans le cas précis, est constitué essentiellement d’étapes médicales, bien que certains autres moments peuvent intervenir dans notre corps et surtout dans notre ensemble singulier de « corps animé », c’est-à-dire de corps auprès duquel existe une âme (appelons ainsi le phénomène pour aller vite et faire simple, sans préjuger de ce que cette âme peut être). Il s’agit bel et bien d’une « histoire médicale », où le narrateur comme le destinataire sont d’avance prédéterminés.

Une chose apparaît clairement d’entrée : la volonté du destinataire (le médecin) de ne pas se fier aux souvenirs globaux du narrateur et de limiter ces mémoires, de les encadrer, à des événements contrôlables et attestés objectivement (comme on dit explicitement dans la formation prime des chercheurs en sciences humaines). En somme, il y a, dans le récit, des passages incontournables, comme les points de ravitaillement dans une course et ce sont ces passages qui fondent la crédibilité du récit. Le médecin se trouve mis en confiance par l’existence (et la reconnaissance) de ces objectivations attestables (ou même démontrables). Le patient ne saurait raconter son histoire médicale sans mentionner ces événements. Ce sont des « passages obligés » et, même s’il sait que, en les disant, il se « dévoile » au médecin et que celui-ci saura faire de ces traces une sorte de symptôme narratif, qu’il interprétera à sa manière, il se sent bel et bien obligé de s’y soumettre. En révélant ses aventures, un patient éprouve quasi-nécessairement une peur : que va faire le médecin de ce récit, comment va-t-il l’interpréter, éventuellement au détriment du narrateur ?

Chacun sait la riche saga des interprétations médicales erronées. Il peut se faire que, dans certains cas, elles tiennent aux silences du récit du patient (qui a soit oublié soit omis tel ou tel détail). Il peut se faire aussi qu’elles résultent d’une mauvaise compréhension du médecin qui, peut-être plaquant son propre récit « intérieur » sur celui du malade, finisse par ne plus entendre celui-ci et, en fin de compte, s’écoute lui-même, préférant ainsi son propre récit à celui de l’autre.

Le médecin éprouve en effet souvent (pour l’éviter il faut une force « épistémologique » considérable) le désir d’être à la fois le narrateur et le destinataire et, en somme, de se substituer au malade. Métier difficile. La formation des médecins n’est certainement pas celle qu’elle devrait être.

C’est d’ailleurs un trait caractéristique du storytelling. Il s’appuie aussi bien sur des données fausses que sur des repères exacts. Telles sont à la fois sa puissance et sa faiblesse. On peut dresser aussi bien un récit indiscutable qu’une narration fondée sur des faussetés (des mensonges, des erreurs, etc.) ou même des falsifications volontaires. L’établissement de la justesse constitue alors l’un des enjeux du storytelling. Il s’agit de démêler le vrai du faux et l’on sait combien le faux n’est jamais indifférent.

Il peut se faire que le malade raconte à son médecin une histoire falsifiée, volontairement ou non. Le soignant, lui, inventera, à partir des éléments du récit, une autre histoire parce qu’il est le seul des deux à pouvoir mettre en relation diverses composantes, éventuellement éloignées dans le temps, du conte que lui sert le patient. La lecture symptomatologique s’effectue précisément à travers cette relation qui, pour les médecins, fait d’un cas individuel une référence habituelle.

Exactement dans cet interstice se loge la très grande fécondité du storytelling. Le télescopage des récits et leur comparaison permettent un accès à la connaissance le plus solidement établi. On a compris que cet instrument de recherche ne trouve sa pertinence que dans les domaines où n’existe pas une administration péremptoire de la preuve et où, même, aucune démonstration ne permet de trancher. Le storytelling est une forme d’approche d’une « vérité approximative » dirait Bachelard, là où aucune « vérité » (avec toutes les réserves sur le contenu de ce mot) ne peut être constituée.

Il existe toujours, pour un même phénomène, une différence et une opposition entre plusieurs histoires racontées. Dans notre exemple, il est clair que le récit du médecin l’emportera toujours, dans le principe, sur celui du malade. A moins que, cas non rare, le patient soit lui-même, par ailleurs, médecin. Le soignant, en effet, établit des connexions multiples entre plusieurs événements de la vie du malade, que celui-ci n’est pas en mesure, la plupart du temps, d’établir par lui-même.

Faute de savoir, certes, mais aussi faute de la compétence à effectuer des tris parmi les événements. C’est pourquoi le médecin est capable de « raconter une histoire », celle, médicale seulement, de la vie du malade. Il n’empêche : son matériau de base lui est fourni d’abord par ce que le patient lui relate à propos de ce dont il souffre, mais aussi de ce dont il a souffert précédemment. Tout se passe comme si le médecin possédait le récit complet, la fin du conte, alors que le malade ne peut en livrer que des bribes juxtaposées, « sans rime ni raison » (Bourdieu).

On aperçoit clairement désormais pourquoi le storytelling du médecin est fondamentalement meilleur (qui rend compte d’un nombre plus grand de phénomènes à partir d’un nombre plus petit d’hypothèses) que celui du patient, bien que celui-ci en soit le personnage principal. Mais, le plus souvent, le soignant ramène la symptomatologie particulière du malade à une norme habituelle. Par là, donc, le récit du patient est presque toujours marqué d’une subjectivité que le médecin s’efforce de réduire et de ramener à toute une série de cas semblables.

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