Les traces de la croyance
174 pages
Français

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Les traces de la croyance , livre ebook

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Description

Les objets nous parlent et, par ce qu'ils disent, ils nous agressent ou nous réconfortent, ils nous soulagent ou ils nous attristent. Les objets peuvent quelque chose pour nous. Pourtant, nous le savons, les objets n'ont que les pouvoirs que nous voulons bien leur donner. Pourquoi donc les objets ne restent-ils pas muets ? Pourquoi croyons-nous à ce qu'ils nous racontent ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2015
Nombre de lectures 25
EAN13 9782336380933
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright
En couverture
Trois générations de la Médaille Miraculeuse provenant de la petite chapelle des Filles de la Charité à Paris.
© Jérôme Fleurier


Relecture
Emmanuelle Guenon-Couturier












© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-73104-9
Titre
Ilaria Brocchini










Les traces de la croyance

Ce que les objets nous permettent
Du même auteur aux éditions L’Harmattan

DU MÊME AUTEUR AUX ÉDITIONS L’HARMATTAN

Écrits sur la technique militaire. Précédé de « Mémoire, technique, destruction » (avec Paul Scheerbart), 2008.
Trace et disparition. À partir de l’œuvre de Walter Benjamin, 2006.
NOTE
Les écrits de langue étrangère référencés dans notre texte ont été lus dans leur langue d’origine. Cependant, pour le confort du lecteur francophone, nous reproduisons, en général, dans les citations, les traductions publiées.
Par contre nous donnons notre propre traduction s’il n’en existe pas ou si la nôtre diffère considérablement de l’existante.
De manière générale les livres sont référencés par l’édition qui a été consultée. Celle-ci peut ne pas être la première.
AVANT-PROPOS
Les choses ont-elles une âme ?
Sans doute bien des choses sont-elles animées pour chacun d’entre nous. Elles sont animées en ce qu’elles sont capables de nous influencer par ce qu’elles semblent raconter. Comme le mot « animé » le signifie, elles possèdent une âme.
Elles exercent sur nous, et pour nous, un pouvoir comme si elles étaient vivantes.
Dans un précédant travail, nous avons appelé cette capacité de narration des objets leur capacité à être trace.
En parlant de traces, nous avons d’abord pensé à ces bâtiments considérés comme des traces patrimoniales parce qu’ils portent la charge de témoigner d’une histoire et, aussi, aux objets auratiques du philosophe Walter Benjamin qui sont les traces d’histoires leur donnant des pouvoirs extraordinaires.
Mais le pouvoir de narration des objets et leur influence sur nous dépasse largement le patrimoine architectural. Cela concerne tout notre environnement matériel.
Notre monde ne sait pas se taire. Cela se sait désormais. Cela se sait tellement bien que le marketing est tout entier construit sur cette capacité de parler des objets, laquelle fait leur âme.
Les objets nous parlent et, par ce qu’ils disent, ils nous agressent ou nous réconfortent, ils nous soulagent ou ils nous attristent. Les objets peuvent quelque chose pour nous. Pourtant, nous le savons, les objets n’ont que les pouvoirs que nous leur donnons.
Pourquoi donc les objets ne restent-ils pas muets ? Pourquoi leur donnons-nous le pouvoir de raconter et de nous guider ?
INTRODUCTION
« Quiconque possède un objectif, qui soit vrai et essentiel, a par cela même une religion. »
Ludwig Feuerbach, L’essence du christianisme
Un objet sans valeur évoquant une histoire de famille duquel nous ne pouvons nous défaire.
Un monument glorifiant l’héroïsme d’une armée face auquel nous nous émouvons sans pourtant connaître les moments historiques remémorés.
Une viande sous un emballage industriel certifiant son origine contrôlée que nous achetons pour cette appellation plus que pour son goût.
Notre environnement nous parle d’histoires. Il est le véhicule de ces histoires qui exercent une influence sur nous. Il en est la trace.
De même qu’une trace est la marque d’un événement passé, notre environnement est la marque de ces histoires.
Ces histoires sont des plus diverses et les objets prêts à accueillir une ou même plusieurs histoires les plus insoupçonnables. Ainsi notre enfance nous est évoquée par le bâtiment qui abritait notre école, par la photo de classe qui nous immortalisait dans la cour à chaque printemps ou encore par le dessin animé qui avait notre prédilection.
Un bâtiment, une photo, un dessin animé sont, pour nous, les traces d’une même histoire, celle de notre enfance. Et, en même temps, un même objet peut être la trace de multiples histoires. Ainsi le fauteuil qui appartenait à notre grand-père, nous évoque ce dernier qui aimait s’y asseoir après le dîner, le Bauhaus à qui il doit son design, ou encore des amis qui l’ont trouvé particulièrement élégant.
Mais d’autres histoires encore peuvent venir faire de ce fauteuil une trace, comme, par exemple, celle de l’écriture de ces lignes qui lui sont dédiées.
La capacité des objets à évoquer des histoires ne connaît pas de limite.
Il est possible d’effacer une de ces histoires par une autre, mais il est impossible d’effacer la capacité même d’un objet à devenir trace à moins de détruire l’objet lui-même.
C’est ce que nous enseigne la destinée réservée aux objets représentatifs des pouvoirs politiques lors des grands changements historiques. Les révolutions politiques s’accompagnent, en effet, soit de la destruction des objets qui rappellent les pouvoirs précédents soit du changement de la narration qui leur est attachée.
Ainsi l’actuelle place de la Concorde à Paris a vu sa dénomination changer, à plusieurs reprises, et l’histoire que celle-ci pouvait évoquer avec. De place Louis XV elle est devenue place de la Révolution pendant la Révolution française. Après la Révolution elle est redevenue place Louis XV pour prendre ensuite le nom de place Louis XVI. En 1830 elle a été place de la Charte et, pour finir, sous la Monarchie de Juillet, elle est devenue place de la Concorde. Son aménagement a, lui aussi, été souvent remanié pour se conformer aux nouvelles dénominations et aux histoires leur correspondant. D’abord décorée d’une statue équestre de Louis XV, elle a ensuite été le théâtre de la guillotine pendant la Révolution française. La statue de Louis XV a alors été remplacée par celle de la Liberté sous les formes d’une déesse assise sur le même piédestal qui avait soutenu celle de Louis XV. En 1836 l’obélisque y a été érigé et s’y trouve encore aujourd’hui. Témoin jusqu’alors de l’histoire d’un autre pays, celui-ci a effacé toute histoire locale en lui substituant les images rêvées d’un monde inconnu à la grande majorité des Parisiens.
Un bâtiment, un fauteuil, une photo, un morceau de viande, une place peuvent évoquer non seulement une histoire, mais aussi une multitude d’histoires. Tous, indistinctement, peuvent devenir des traces.
Qu’est donc une trace ?
Comme nous l’avions exposé dans un précédent travail, nous entendons par trace un statut de l’objet. Ce statut existe si un objet évoque une histoire pour un individu, ou groupe d’individus. Pour cet individu, ou ce groupe, l’objet en question est alors la trace de cette histoire.
Pour qu’une trace existe il faut donc, au moins, un objet, un individu et une histoire. Ces trois éléments sont indispensables. Sans eux il ne peut pas être question de trace.
Cependant ces trois éléments sont en mesure de produire une trace seulement lorsqu’une force de cohésion vient les relier entre eux.
Un dessin animé, nous-même et l’histoire de notre enfance ne sont pas des éléments suffisants à faire de ce dessin animé la trace de notre enfance. De même, la place de la Concorde à Paris, les Parisiens de nos jours et l’histoire de la Révolution française, ne font pas automatiquement de cette place la trace de la Révolution française.
Une force doit intervenir afin que ces éléments se réunissent et qu’une relation entre eux s’établisse. Or cette force ne peut que venir de l’individu. Un objet ne sait pas parler et une histoire est lettre morte si elle n’est pas racontée ou entendue.
Quelle force de cohésion l’individu emploie-t-il alors pour que lui-même, une histoire et un objet se trouvent réunis en une trace ?
Si l’histoire, dont l’objet est trace, appartient au vécu de l’individu, cette force est clairement celle de la mémoire. L’individu, qui voit son enfance se dérouler devant ses yeux à la simple vue de son dessin animé préféré, se souvient des moments passés à regarder ce de

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