Max Stirner, pédagogue
311 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Max Stirner, pédagogue , livre ebook

-

311 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

S'opposant aux enseignements reçus par le passé en cours de philosophie, qui montraient Max Stirner comme le chantre de l'égoïsme philosophique, tandis que son ouvrage L'Unique et sa propriété était bien au contraire une guerre lancée contre l'égoïsme moderne, Patrick Gérard Debonne déconstruit ici la savante manoeuvre qui a consisté à faire l'impasse sur la thématique de l'éducation, pourtant au coeur de l'oeuvre de Stirner, refusant autant l'égoïsme que l'altruisme, et constituant l'incongruité diogénique majeure du XIXe siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 novembre 2009
Nombre de lectures 279
EAN13 9782296221222
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MAX STIRNER, PÉDAGOGUE
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Dominique Chateau,
Agnès Lontrade et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.

Dernières parutions

Liliane LAZAR, L’empreinte Beauvoir , 2009.
David-Le-Duc TIAHA, Paul Ricœur et le paradoxe de la chair , 2009.
Michel FATTAL, Le langage chez Platon , 2009.
Odette BARBERO, Descartes , le pari de l’expérience. Cogito , liberté , union de l’âme et du corps , 2009.
Caterina REA, Dénaturaliser le corps. De l’opacité charnelle à l’énigme de la pulsion , 2009.
Nicole-Nikol ABECASSIS, Qu’est-ce que comprendre ?, 2009.
Pascal GAUDET, Le problème de l’architectonique dans la philosophie critique de Kant , 2009.
Jean DELORME, Philippe GRANAROLO (sous dir.), Eloge de l’équilibre , 2009.
Alain BILLECOQ, Spinoza : question politiques. Quatre études sur l’actualité du Traité politique, 2009.
Aklesso ADJI, Traditions et philosophie. Essai d’une anthropologie philosophique africaine , 2009.
Virginie SCHOEFS, Hans Jonas : écologie et démocratie , 2009.
Péter ERDÖ, Le sacré dans la logique interne d’un système juridique , 2009.
Yves LAROCHELLE, Une philosophie de la motivation. Ethique , mythe , science , 2009.
Claude Stéphane PERRIN, Le neutre et la pensée , 2009.
Philippe RIVIALE, La parole des prophètes. De la Tora à Simone Weil et Gracchus Babeuf, 2009.
Patrick Gérard DEBONNE


MAX STIRNER, PÉDAGOGUE

Le Grand Front
© L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris

http://www. librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-07929-8
EAN : 9782296079298

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
« La critique de la méprise pense toujours à autre chose que son adversaire ; il ne peut assimiler les idées de ce dernier et il ne peut donc pas les accorder avec son entendement ; elles tournent dans l’espace vide de son propre soi comme des atomes d’Epicure, et son entendement est le Hasard qui, par des crochets particuliers appliqués extérieurement, les assemble en un apparent tout. »

( « Critique de l’Anti-Hegel » – les Annales 1835 – Feuerbach – citation reprise dans l’Anticritique – voir page 178, Editions Aubier-Montaigne – Traduction Henri Arvon)
Les Lectures de l’Unique : Comment lire consiste à rendre illisible
Avant de prendre le chemin d’une lecture, il importe de ne pas se méprendre. S’agissant de Stirner, c’est devenu problématique. Or les solutions sont souvent là : à l’origine.

La véritable origine de la lecture critique de « l’Unique et sa propriété » , nous la retrouvons dans l’Anticritique (« Rezensenten Stirners » ). Dans cet ouvrage, nous sommes en effet directement confrontés au point de départ de la lecture critique de l’œuvre stirnerienne, à savoir les trois critiques successives de Szeliga, Feuerbach et Moïse Hess auxquelles Stirner avait pris le soin de répondre. Rien de plus utile ici que de regarder d’emblée comment Stirner lui-même a situé la critique de son œuvre et comment il redéfini en quelque sorte « l’Unique et sa propriété » écrit par « l’Unique » lu. Rappelons que Stirner avait lui-même souligné que ces critiques n’étaient pas sur le même plan, quoiqu’elles fussent toutes dans une certaine mesure des discussions philosophiques ; « Szeliga intervient comme criticiste, Hess comme socialiste, et le rédacteur du deuxième essai en tant que Feuerbach » . (Anticritique – Trad. Sauge. Ed. L’Age d’Homme, page 399). Or, ceci ne peut manquer de nous frapper : face à l’historien des idées (Szeliga), face au premier idéologue qui fondera l’interprétation socio-politique qui va se généraliser (Hess), face au philosophe (Feuerbach), Stirner répond en tant que logicien ! Plus précisément en tant que « logicien de l’absurde » :
« Le jugement « tu es unique » ne signifie rien d’autre que « tu es toi » , un jugement que le logicien appelle absurde parce qu’il n’énonce rien, ne dit rien, parce qu’il est vide ou qu’il est un jugement qui n’en est pas un. Ce que le logicien traite avec dédain, cela est assurément illogique ou n’est logique que formellement » : mais considéré logiquement, ce n’est plus qu’une phrase. C’est la logique trouvant sa fin en tant que phrase. » (Ibid., page 404)

On voit là que Stirner réduit la logique à sa plus simple expression : derrière la tautologie ne s’exprime plus autre chose que le logicien lui-même ! Position inexpugnable peut-on dire ? Position significative. En fait, c’est la seule réponse que Stirner a prétendu tenir dans l’Unique : le « Livre » n’est pas un « discours » , un « livre » philosophique de plus – c’est un livre qui s’annihile dans son lecteur même – qui ne mérite aucun réponse. Il ne peut exister, pour Stirner, de polémiques autour de son livre que parce qu’il y a malentendu :
« Si ce n’est peut-être pour les auteurs de ces critiques, pour maints autres lecteurs du moins, une courte réponse ne sera sans doute pas inutile. Les trois adversaires sont d’accord sur le sens des mots qui frappent le plus dans le livre de Stirner, l’« Unique » et « l’Egoïste ». Ce sera donc du plus grand profit d’user de cet accord et de traiter au préalable les points qui s’y rattachent. » (Ibid., page 399).

D’où cette première évidence : d’un point de vue stirnérien, il ne peut exister de lecture critique au sens classique du terme que sur le plan d’une méprise , d’une incompréhension ou d’une compréhension partielle donc quasi incorrigible pour Stirner. « L’Unique et sa propriété » prétend ne pas être un livre philosophique comme les autres (Giorgio Penzo en tirera d’ailleurs l’argument que Stirner inaugure une « nouvelle » manière de philosopher). De nombreux témoignages corroborent ce fait, difficulté dont n’ont su rendre compte jusqu’à maintenant ni les « exégètes » du stirnérisme ni des esprits comme celui d’Hans G. Helms qui tentent vainement d’en faire la marque probante d’un phénomène idéologique. Stirner ne se fait pas faute de la rappeler clairement dans l’Anticritique :
« La science peut être absorbée en tant que vie par l’Unique, dans la mesure où le « quoi » de ses spéculations se spécifie en « tel » et « tel » qui ne cherche plus à se reconnaître dans le verbe, dans le logos, dans le prédicat. » (Ibid. page, 404).

Cela rejoint une des thèses fondamentales de l’ « Unique et sa propriété » : s’approprier (une lecture) n’est pas autre chose que (la) consommer. Dans l’histoire des différentes interprétations de la pensée stirnérienne, il existe un poids fondamental qui ne peut être pesé et qui est le poids de cette « science absorbée en tant que vie ». Devant cet obstacle « méthodologique » , certains lecteurs ont cru à l’instar de l’ethnologue ou de l’historien mesurer l’inconnue par ses effets. En découle la situation presque tragi-comique d’un homme comme Helms qui se lance dans une épreuve de force qui peut susciter l’admiration comme la dérision : faire une véritable histoire générale de l’idéologie depuis le dix-neuvième siècle en Europe pour pouvoir situer « l’effet » idéologique du stirnérisme. Il y a là véritablement un piège qu’aucune prétention scientifique ne saurait cacher quand on sait que du grandiose au dérisoire la frontière est souvent imprécise. Nous voilà conduits à reconnaître qu’il faut moins souvent se poser la question « comment a-t-on interprété Stirner ? » que la question « comment a-t-on utilisé le discours stirnérien, voire consommé ? » et surtout « Qui a lu Stirner ? ». De ce point de vue, la critique contemporaine a fait quelques pas décisifs dans cette voie : par exemple, le remarquable travail d’Hervé-Marie Forest cherchant à faire réapparaître un Marx lecteur de Stirner ( « Marx au miroir de Stirner » Editions Le Sycomore – 1979).

Partant, il nous faut déjà faire ce constat : Stirner a plus été l’objet de jugements sommaires, d’opinions de se

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents