L économie entre performativité, idéologie et pouvoir symbolique
280 pages
Français

L'économie entre performativité, idéologie et pouvoir symbolique , livre ebook

280 pages
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Description

La « performativité » est devenue une notion en vogue, particulièrement en sociologie économique. Cette terminologie du "performatif" désignerait les simples conséquences résultant de la mise en oeuvre d'un discours économique donné, qui a pour objet de modifier le cours du monde pour obtenir certains changements. Ce dossier revient sur les fondements philosophiques et théoriques de cette notion initiée par Austin et développée par Bourdieu. Si l'apport de cette notion est indéniable, elle peut parfois évincer des concepts tels que "économisme", "idéologie", "fétichisme", "réification", "pouvoir symbolique"...

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Publié par
Date de parution 15 mars 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140004452
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

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Extrait

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L’homme et la société
L’homme et la société Revue internationale de recherches et de synthèsesen sciences sociales
L’économie entre performativité, idéologie et pouvoir symbolique
C.N.L et du C.N.R.S Publié avec le concours du
Coordonné par Bruno Ambroise, Grégory Salle et Richard Sobel
L'économie entre performativité, idéologie et pouvoir symbolique
L’homme et la société Revue internationale de recherches et de synthèses en sciences sociales
L'économie entre performativité, idéologie et pouvoir symbolique
Coordonné par
Bruno Ambroise, Grégory Salle et Richard Sobel
Revue soutenue par l’Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS et le CNL
L’Harmattan
L’homme et la société Revue internationale de recherches et de synthèses en sciences sociales
Fondateurs DirecteursSerge JONASet Jean PRONTEAUClaude DIDRYet Michel KAILComité de rédaction
Michela BARBOT Gaëtan FLOCCO Louis CNRS - ENS Cachan - Université d’Évry ValMOREAU DEBELLAINGIDHES d’Essonne - Centre Pierre Université de Caen NavilleNuma MURARDPierre BRASUniversity of CaliforniaJean-Pierre GARNIERUniversité Paris 7 - LCSP Thierry POUCHParis CNRS Université de Reims Dominique GLAYMANNFrancesca BRAYChampagne-Ardenne Université Paris Est - Lipha University of Edinburgh REGARDS Bernard HOURSPatrick CINGOLANIPierre ROLLEUniversité Paris 7 -IRD -Université Paris 7 - LCSP Université Paris X INALCO-CESSMA Ioana CIRSTOCEAAziz JELLAB Laurence Université de Strabourg OULLEAU ERGER Inspection générale deR -B SAGE l’Éducation nationale - Trian ENSLyon gle Deldphine Corteel Moni SELIMSalvador Juan que CNRS - ENS Cachan -Université de Caen Université Paris 7 - IRD -IDHES INALCO-CESSMA Michel KAILLaurence COSTES hard SOBEL Ric Université Paris V Université Évry-Val-Université de Lille 1 Pierre LANTZd’Essonne - Centre Pierre CLERSE Université Paris VIII Naville Mahamet TIMERAFlorent LEBOTChristophe DAUMUniversité Paris 7 -Université d’Évry Val Université de Rouen URMIS d’Essonne - IDHES Claude DIDRYDominique VIDALCorine MAITTECNRS - Ens Cachan -Université Paris 7 -Université Paris-Est IDHES URMIS Marne-la-Vallée - ACP Camille DUPUY Sophie WAHNICHMargaret MANALEENS Cachan - IDHES CNRS - EHESS - TRAM CNRS Jean-Pierre DURANDW Claudie EILLStéphane MICHONNEAUUniversité d’Évry - Centre EHESS Université Lille 3 - IRHiS Pierre Naville Comité scientifique Michel ADAM, Pierre ANSART, Elsa ASSIDON, Solange BARBEROUSSE, Denis BERGER, Alain BIHR, Monique CHEMILLIER-GENDREAU, Catherine COLLIOT-THÉLÈNE, Catherine COQUERY-VIDROVITCH, Christine DELPHY, René GALLISSOT, Michel GIRAUD, Gabriel GOSSELIN, Madeleine GRAWITZ, Colette GUILLAUMIN, Serge LATOUCHE, Jürgen LINK, Richard MARIENSTRAS, Sami NAÏR, Gérard RAULET, Robert SAYRE, Benjamin STORA, Nicolas TERTULIAN. Secrétariat de rédaction Jean-Jacques Deldyck - Université Paris 7 - Boîte courrier 7027 75205 Paris Cedex13-Téléphone 01 57 27 64 86 E-mail : deldyck@univ-paris-diderot.fr
© L’Harmattan, 20165-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-08304-9 EAN : 9782343083049
L’homme et la société Revue internationale de recherches et de synthèses en sciences sociales
N° 197
2015/3
Éditorial. Le 11 janvier. Avant, après……………………………………. 7 * * * L’ÉCONOMIE ENTRE PERFORMATIVITE,IDEOLOGIEET POUVOIR SYMBOLIQUEBruno Ambroise, Grégory Salle et Richard Sobel L’économie entre performativité, idéologie et pouvoir symbolique…. 13 Nicolas Brisset, Comment (et pourquoi) repenser la performativité des énoncés théoriques ?…………………………………………………………… 31 Frédéric Lebaron Discours d’institution et pouvoir symbolique. Le cas des banques centrales…………………………………………. 65
Philippe Batifoulier Performativité et théorie conventionnelle. Une application à l’assurance santé ………………………………….. 79
Florence Jany-Catrice La légitimation académique d’un projet politique. Le cas de la création des « services à la personne »………………….105
François Flahault Quand la science contribue à créer l’ordre du monde………………..131
* * *
HORS DOSSIERCatherine Brégianni et Antonis Antoniou Mémoire et oubli des institutions associatives : micro-analyse de réseaux coopératifs dans la Grèce de l’entre-deux-guerres et politique centrale………………………………………………………………. 147 DEBATS ET CONTROVERSESJean-Pierre Garnier L’invisibilisation urbaine des classes populaires……………………. 169
Sophie Wahnich Faire face……………………………………………………………. 191 NOTES CRITIQUESBruno Ambroise À propos de Fabian MUNIESA,The Provoked Economy : Economic reality and the performative turn(Routledge, 2014).………………. 205 Grégory Salle Une dissonance cognitive bien ordonnée : les économistes et la crise du néolibéralisme……………………….. 217 REVUE DES REVUES……………………………………………………227 COMPTES RENDUS……………………………………………………... 245
Résumés/Abstracts……………………………………………………. 271
* * *
Toute la correspondance — manuscrits (double interligne, 35 000 signes maximum pour les articles, 4 200 pour les comptes rendus), livres, périodiques — doit être adressée à laRédaction: L’homme et la société -ABONNEMENTS ET VENTES AU NUMEROÉditions L’Harmattan 5-7 rue de l’École-Polytechnique 75005 PARISUn abonnement annuel couvre 3 numéros dont 1 double (joindre un chèque à la commande au nom de L’Harmattan) France : 60— Étranger par avion : 65
Le 11 janvier. Avant, après
Éditorial
Je ne souhaite pas ici dérouler une analyse de la réaction aux attentats des 7 et 9 janvier 2015 à Paris — avec le texte de Sophie Wahnich, une telle analyse est proposée, du point de vue d’une historienne de la Ré-volution française dont l’auteure revendique à juste titre la pertinence. Je vais plutôt essayer quelques remarques de méthode, au sens large de ce dernier thème. Une première caractéristique me semble devoir être signalée, et peut-être commande-t-elle toutes les autres, la participation massive aux ma-nifestations du 11 janvier 2015. Ce grand nombre dans une période de basse mobilisation militante, politique et syndicale, est à soi seul remar-quable : la quantité fait ici qualité. Non qu’il s’agisse de rejouer par là la dialectique en vertu de laquelle le quantitatif se mue en qualitatif comme le plomb se transforme en or. Non, simplement le caractère massif des manifestants, peut-être du jamais vu, indique la spécificité de ce qui s’est passé le 11 janvier. Ce qui s’est passé alors mérite d’être rangé dans la catégorie de l’imprévisible. En quoi ce qui s’est passé a fait événement. Aussi,lesanalysesne doivent-elles pas — ce que majoritairement elles s’empressent de faire — réinscrire un tel événement dans les schèmes de la prévisibilité. N’imitons surtout pas ces économistes orthodoxes qui, dans l’après-coup confortable de leurs préjugés, restituent la crise dite des subprime mortgagesun cours des choses dont ils prétendent pos- dans séder la clef alors qu’ils n’ont rien vu venir. Il faut, au contraire, tenter de dérouler des explications qui soient capables de respecter cette imprévi-sibilité, de l’intégrer sans la réduire. Nous devons faire nôtre le défi que Sartre se lance à lui-même lorsqu’il énonce le principe du genre biogra-phique : alors que celui ou celle dont on s’attache à raconter la vie n’existe plus que sur le mode de l’être-pour-autrui, il convient de ressaisir le mouvement de l’être-pour-soi de cet existant, maintenant disparu, dans son projet. Pour suivre cette recommandation, valant tant pour un sujet individuel que pour un sujet collectif, il importe de se défaire de l’illusion du déter-minisme social sous l’emprise de laquelle trop de discours sociologiques
o L’homme et la société197, juillet-septembre 2015, n
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Éditorial
ouhistoriquess’abritent.Loin d’être explicative, la catégoriedu«détermi-nisme social» a vocation normative, elle se retrouve en bonne place dans toute idéologie de la domination invitant, à vrai dire sous une forme in-jonctive, au conformisme social et à l’irresponsabilité. Qui en appelle au déterminisme laisse apparaître par là-même la con-tradiction de sa thèse car en la posant il s’en exempte. Cette exemption est préalable, elle est la condition même de l’énonciation du détermi-nisme. Celui ou celle qui se libère du déterminisme en en faisant un objet de connaissance accède à cette position qu’il s’est préalablement ména-gée. En quoi le déterminisme est un « finalisme honteux » dans la mesure où sa vocation est de légitimer la position de qui l’énonce. Le déterminisme social, c’est toujours pour les autres. Pas pour l’ana-lyste tout imbu de son objectivité, et moins encore pour le dominant plein de sa légitimité. Lerefusdetoutrecours à cette pseudo-notion ne signifie enrienl’igno-rance des déterminations sociales, comme le déclare fortement la présen-tation de la revue,
« […] notre revue entend assumer aujourd’hui la même ambition de sortir les sciences sociales de conceptions transcendantes tendant à enfermer l’activité so-ciale dans des cadres indépassables tels la “mondialisation”, la “société post-industrielle”, la “société de l’information”, etc. À ce titre, elle se revendique d’un matérialisme visant à élucider les déterminations de l’activité sociale, ses oppres-sions mais aussi les ouvertures qui s’y révèlent pour les acteurs. Son projet est simultanément théorique — par son ambition de déjouer les pièges de la trans-cendance —, empirique — par son attention aux déterminations des situations sociales — et pratique — par son attention à l’expérience et aux attentes des acteurs dans une perspective de transformation sociale. »
Le déterminisme social délimite un contexte tandis que les détermina-tions sociales opèrent en situation. Le « contexte » est conçu pour encer-cler les acteurs historiques-sociaux, les enfermer dans une époque, qui pèse sur eux de l’extérieur, mécaniquement ; contexte et acteurs sociaux sont deux entités d’abord indépendantes que la sagacité de l’historien(ne) réunit après coup, mais quelle que soit sa dextérité il n’empêche qu’elle a manqué l’essentiel en s’exerçant dans l’après-coup. Essentiel que la « si-tuation » préserve pour sa part en ce qu’elle ne peut être pensée indépen-damment des sujets sociaux-historiques ; l’une et les autres sont stricte-ment contemporains. Les déterminations sociales ne sont pas des élé-ments constituants de la situation — laquelle, en les accueillant à ce titre exclusif, se dégraderait en contexte — car elles jouent dans l’ordre même de la relation entre sujets et déterminations — relation qui est à elle seule
Le 11 janvier. Avant, après
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toute la réalité socio-historique.À la fois et tout en mêmetemps, les dé-terminations socialesfontles sujets historiques-sociaux etsontces mêmes sujets. Opter pour la situation au détriment du contexte, pour les détermina-tions sociales contre le déterminisme, rend attentif et sensible au fait que les raisons qui ont conduit à participer à la manifestation du 11 janvier ou ont servi à justifier cette participation ont été pour le moins diverses.
Deux ou trois évidences.
La typologie des collectifs dépend du mode, plus ou moins durable, de se rapporter aux autres. Se rapporter aux autres n’est pas occasionnel, nous nous rapportons aux autres en permanence, mais selon des modalités très variables. De plus, ce mode de se rapporter aux autres n’est jamais seulement une relation duale, il implique toujours un tiers. Lequel circule, si bien que les rôles sont interchangeables. Lorsqu’on prétend qu’un « esprit républicain » a présidé aux rassem-blements du 11 janvier, on fait l’hypothèse que le tiers (l’esprit répu-blicain, donc) est hypostasié, les manifestants étant ainsi confondus avec des émanations de ce tiers. Une telle représentation des rassemblements d’alors vient conforter les instances du pouvoir étatique, lequel peut ainsi se croire l’initiateur de ces manifestations et son principal bénéficiaire puisque de telles instances s’auto-présentent comme l’incarnation de cet esprit républicain. Pour contrer une telle mainmise présidentielle et gou-vernementale sur les manifestations qu’il suffise de rappeler que des ras-semblements ont eu lieu dès le 7 janvier sans que l’État et le gouver-nement, ni d’ailleurs une quelconque organisation, y soient pour quelque chose. L’intervention étatique-gouvernementale a seulement tenté de pro-fiter de ces premières mobilisations pour faire croire, et se faire croire — tout autant et sans doute plus encore — qu’il était capable d’organiser une riposte populaire aux attentats. Avec l’arrière-pensée politique de prouver, et plus encore de se prouver, qu’il bénéficierait d’un soutien populaire en dépit de tous les indicateurs qui le montrent isolé du fait de sa non-politique et de son attitude de technicien gestionnaire seulement soucieux de la bonne marche d’une économie censée fonctionner en toute 1 autonomie, en toute extériorité, et de la seule manière possible.
1. Dans cette conception, l’économie est un ensemble qui n’est pas à proprement parler social, plutôt un dispositif neutre, comme à côté de la société et cependant apte à répondre aux besoins de celle-ci. Or, ce qui est communément appelé « économie » est avant tout une structure de pouvoir.
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