Les journalistes face aux réseaux sociaux ?
176 pages
Français

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Les journalistes face aux réseaux sociaux ? , livre ebook

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Description

Les réseaux sociaux ont contribué à modifier en profondeur les pratiques de communication politique. Avec l’évolution permanente des formats et la rapidité de circulation des informations, les journalistes sont obligés d’adapter leur métier pour le meilleur (plus grande visibilité, accessibilité...) et pour le pire (course à l’audience, fake news...).


Dans le même temps, les hommes politiques et leurs équipes de communication ont cherché à se rapprocher des citoyens. À leur tour, ils se sont emparés de Facebook, Twitter, Instagram ou encore Snapchat. Une situation délicate pour les journalistes dont le métier consiste à analyser et enquêter, et pas uniquement commenter ou diffuser des opinions de personnalités politiques.


L’équation est complexe. Les réseaux sociaux se présentent comme de merveilleux outils d’expression démocratique et de diffusion de l’information. Mais ils contribuent aussi à la perte de confiance des citoyens dans les médias et dans les politiques.


Ce sont toutes ces questions que Valérie Jeanne-Perrier aborde dans ce livre. Spécialiste des transformations des métiers du journalisme, elle apporte un éclairage documenté et critique sur un sujet brûlant à l’heure d’une reconfiguration de la vie numérique et politique des citoyens.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 62
EAN13 9791092305463
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les
journalistes
face aux
réseaux sociaux ?
[Une nouvelle relation entre médias et politiques]
Introduction
[Sommaire]
I. L’apparition des réseaux sociaux ou le journalisme en pièces détachées ?
Les dlogs Dépassés par les tweets, les posts, les s naps et autres lives
À la recherche Du don ton et Du don format sur le d on réseau
Vers une professionnalisation Des écritures numériq ues
II. L’avènement des réseaux sociaux dans la pratique du journalisme politique
es Dispositifs instadles et en constantes évolutio ns
La Domination croissante De l’image
Le goût De l’innovation méDiatique
III. L’appropriation des réseaux par les journalistes, des relations revues aux politiques ?
Installer une iDentité, se créer un réseau, faire é voluer sa carrière
es contacts Directs avec les pudlics et les équipe s politiques
Le mariage De raison, l’exploration permanente Des limites professionnelles
IV. L’institutionnalisation des réseaux et de leurs usages, destins partagés entre les journalistes et les politiques
La communication politique s’empare Des réseaux soc iaux
La maîtrise partagée Des agenDas
Un journalisme De commentaire et D’opinion uniqueme nt ?
Conclusion
[collection les essais médiatiques]
dirigée par Michaël Bourgatte
L'AUTEUR : Valérie Jeanne-Perrierest chercheure au GRIPIC (groupe de recherche sur les processus d’information et de communication ). Ses travaux portent sur les mutations digitales des pratiques professionnelles des médias et des journalistes. Elle est co-responsable de l’école de journalisme du Cel sa - Sorbonne Université.
www.mkfeditions.com
© MkF éditions, 2018 Edition Papier : 979-10-92305-45-6 Droits de reproduction réservés aux organismes agré és ou ayants droit.
[La collection]
Les Essais médiatiquesnjeuxdonnent aux lecteurs les clefs d’un débat sur les e culturels, économiques, politiques et sociologiques liés aux médias et à la médiation. L’objectif est de permettre à chacun de se forger u ne opinion et d’appréhender ce qui se joue actuellement dans notre société, dans le ca dre d’une réflexion ouverte et critique. Chaque pan de notre vie est aujourd’hui concerné pa r les médias et les systèmes médiatiques. Ils nous entourent et sont omniprésents dans notre quotidien : la presse, la radio ou la télévision, bien évidemment. Mais ég alement tout un ensemble de formes médiatiques telles que les rassemblement citoyens, les festivals, les expositions… Par ces biais, nous nous distrayons, nous nous informon s, nous nous cultivons, nous façonnons nos représentations et nos idéologies. Il s’avère aujourd’hui essentiel de s’interroger su r la relation que chaque individu entretient avec ces formes médiatiques. Il importe également de se pencher sur les mutations de notre société façonnée par des médias et des médiations qu’elle a elle-même fabriquées.
Pourquoi une importance toujours plus grande est-el le donnée aux systèmes médiatiques dans notre société ? De quelle manière impactent-ils notre relation au monde ? Quel portrait dressent-ils des événements q ui ponctuent notre quotidien ? La collection souhaite mettre l’ensemble de ces que stions en débat. Pour y répondre, nous souhaitons privilégier une réflexion pluridisc iplinaire et transversale. Ainsi, des approches anthropologiques, communicationnelles, éc onomiques, ethnologiques, historiques, philosophiques ou encore sociologiques vont se croiser et se côtoyer. Il importe à la collection de mettre en discussion un phénomène complexe afin que Les Essais médiatiques rencontrent un écho tant par leu r capacité à poser des questions que par leur intention de réunir une somme d’exposé s lucides et éclairés sur le sujet.
À la mémoire d’Émile Jeanne (1946-2013).
« Les grands pays, quel que soit leur régime, ont à faire face aujourd’hui aux risques de la bureaucratie et de la technocratie, ce qui pe ut conduire à de nouvelles formes d’écrasement de l’individu et du citoyen. Si les hommes des pays occidentaux ne veulent pas s e retrouver un jour dans une des sociétés effrayantes que décrivent les romans d’anticipation, société d’insectes spécialisés, hiérarchisés et indifférents du Meille ur des Mondes, société totalitaire, mécanisée et terrorisante du Talon de fer, il leur faut procéder à un grand renouvellement dans leur conception et dans leur pratique de la démocratie. » Pierre Mendès France, chapitre « La part du citoyen »,La république moderne, Idées NRF, 1962
[...]
« Tout penser en termes de politique, tout recouvri r par ce mot (en s’inspirant de Platon et de quelques autres, pour les intellectuels), tou t remettre entre les mains de l’État, faire appel à lui en toute circonstance, déférer le s problèmes de l’individu à la collectivité, croire que la politique est au niveau de chacun, que chacun y est apte : voilà la politisation de l’homme moderne. Elle a do nc principalement un aspect mythologique. Elle s’exprime dans des croyances et prend conséquent aisément une allure passionnelle » Jacques Ellul, introduction àL’illusion politique, Robert Laffont, 1965
[Introduction]
Les estins des journalistes et des politiques se croisent sans cesse dans les médias. Interviews, éditoriaux ou émissions dédiées : la pa role politique est souvent captée par les journalistes, puis éditorialisée. Politiques et journalistes sont habitués à des relations réglées par les normes professionnelles d es deux univers et mises en scène. Ces destinées croisées se renforcent sur les réseau x sociaux numériques. Sur ces derniers, les profils de journalistes et de femmes/hommes politiques prolifèrent pendant que le climat général de perte de confiance des publics envers les médias et les politiques continue de croître. Les enquêtes me nées par le Cevipof avec le soutien de l’Institut Pierre Mendès France le soulignent ré gulièrement depuis presque dix ans : « la défiance reste majoritaire dans la population française et définit les contours de ce que les économistes Yann Algan et Pierre Cahuc appe llent une “société de défiance’’ (…). Elle peut être généralisée, multi-sectorielle ou essentiellement réservée au monde 1 politique, économique et institutionnel » . De la même manière, entre novembre 2016 et mars 2017, trois articles aux titres apocalyptiq ues du journalLeMondedonnent la 2 tonalité générale : « L’image des acteurs politique s au plus bas » , « Les Français de 3 plus en plus sévères avec les responsables politiqu es » ou encore « La grande 4 fatigue démocratique des Français » .
Bien que souvent décrite comme une passion français e, la politique apparaît comme un système et un univers fragilisés, souffrant d’un e image désastreuse auprès de l’opinion publique, construite par des médias extrê mement critiques. Dans ce contexte, les réseaux sociaux ont suscité un immense espoir, celui de retendre le lien de confiance et d’intérêt entre les médias, les politiciens et les journalistes. Nous avons évoqué avec d’autres les vertus démocratiques de ce s technologies (Casilli, 2010, Jeanne-Perrier, 2013). Pourtant, cette opportunité relationnelle ne s’est pas réalisée. La force d’imposition des formats des réseaux socia ux, devenus eux aussi des médias massifs en moins de dix années, encadre l’inventivi té du discours politique. Elle contraint les journalistes à suivre les mutations d e la communication politique qui s’est elle-même adaptée à ce système imbriqué des anciens médias et des réseaux sociaux (notés RS dans la suite du texte) tels que Facebook , Twitter, YouTube ou encore Snapchat. Nous soutenons l’idée que sur ces RS, les journalistes sont devenus holographes.
Ils sont présentsen même tempssur plusieurs scènes médiatiques. Chacun et chacune doit tenir toutes les tâches liées à son mé tier, en l’écrivant et en l’incarnant dans plusieurs espaces numériques à la fois. L’ense mble des profils semés sur les réseaux doit, pour un politique comme pour un journ aliste, former un tout, qui est lié par différents types d’activités d’écritures, terme ici entendu au sens large (produire un tweet, un post, activer une présence en direct via un flux sous Facebook, Twitter ou Instagram, maîtriser Snapchat, construire une vidéo sur YouTube ou Vimeo, voire Dailymotion). Les journalistes sont donc ainsi acti fs dans leurs rédactions et présents sur un plusieurs RS sur lesquels ils déterminent le urs identités discursives. De 2015, début de l’institutionnalisation des RS dans les ré dactions, à 2017, année électorale, ils sont devenus des journalistes présents au sein d’éq uipes rédactionnelles tout en étant aussi à distance et plus solitaires sur une ou plus ieurs plateformes. Ils se doivent en effet d’être à la fois présents dans leurs médias d e rattachement pour y tenir leur rôle classique de professionnels de l’information, penda nt que les dispositifs techniques et les cadres de production imposés par les plateforme s exigent leur présence sur le terrain numérique en devenant à tout instant les an imateurs réguliers de profils aux tons plus personnels, engagés et plus proches des p ublics. Les journalistes sont alors présents à la fois dans leurs rédactions et dans le numérique.
Par ailleurs, il leur faut faire preuve d’une grand e inventivité et d’une forte dextérité pour adapter les messages aux contextes changeants des plateformes sociales. D’une version à l’autre, une application ou un site de ré seau social changent leur façon de montrer l’information et leurs conditions d’usages. Parfois même, les plateformes disparaissent, faute d’usagers ou de financements. Elles ferment de but en blanc, sans laisser beaucoup de marge de manœuvre de sauvegarde . À cet égard, on peut penser à des outils comme Vine, ou Periscope, marques fill es de Twitter que leur maison-mère a ensuite intégrées directement dans son applicatio n principale, toujours dans le souci de maintenir au sein de son espace, la disponibilité et le travail numérique de ses utilisateurs. On peut aussi penser à la montée en p uissance deFacebook-live introduisant un flux d’images provenant d’un direct activé directement dans l’espace du « mur » de chaque abonné, sans décision de sa part. La détermination de l’intérêt potentiel pour le profil ciblé, sans que ce dernier ne le déclenche, est calculée par les algorithmes de la plateforme qui l’imposent alors d ans le flux consulté. Dès lors, les journalistes, comme les politiques sont susceptible s de prolonger leurs présences dans une émission ou dans un studio sur ceslives(principe d’ouverture d’un flux en streaming mimant la logique du direct télévisuel) p our lesquels la plateforme n’hésite pas à équiper les rédactions des médias traditionne ls de matériel et de conseils en échange de sa mobilisation. Les RS, en tant qu’entités industrielles, sont désormais des co-énonciateurs des médias.
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