René, docte médecin à la retraite, assiste à une conférence sur les phénomènes plus ou moins naturels restés à ce jour inexpliqués. De retour chez lui, il est soudain victime de cécité totale.Que s'est-il réellement passé ?
AVIS AUX LECTEURS : Grand JEU de l’Été « Qu’icilesyeuxsetrompent,nousnel’admettonspas! «Voirlalumièreetl’ombre,oùqu’e l essetrouvent,voilàleurfonction . «Maisest-celamêmelumièreounon?Est-celamêmeombrequiétaiticietcourtai l eurs?« C’estàlaraisonseuled’endécider,lesyeuxnesauraientdécouvrirlanaturedeschoses. « N’imputedoncpasauxyeuxl’erreurdel’esprit! » LUCRCE, « La Nature » , livre IV , vers 379 -399 Cet extrait d’œuvre poétique classique devrait permettre aux lecteurs de comprendre ce qui est réellement arrivé à René au chapitre 3 du présent récit . Les dix premiers qui auront découvert la solution de l’énigme recevront , en cadeau des Éditions de la Corne d’Or , à télécharger, les sept premières des « Aventures Singulières de René » , malheureusement épuisées à ce jour en librairie en raison de leur vif succès littéraire . L’ Éditeur .
CHAPITRE 1 « ApprochezMesdamesetMessieurs,n’ayezpaspeur!Jenesuispasvenusurcetteplacepubliquepourvousvendredescrottesdelapinrouléesdansdelafarine,maispourvousprésenterl’uniqueremèdevraimentefficacecontrelestress,lamorosité,l’ennui etlapauvretéinte l ectue l e……Approchez, Approchezn’ayezpaspeur » Le camelot qui interpellait ainsi la foule nombreuse venue visiter la brocante organisée par le LIONS CLUB de Saint-Germain-en-Laye en cette belle matinée ensoleillée du mois de mai 1999 avait fière allure et son accoutrement ne pouvait pas passer inaperçu ! Vêtu d’un pantalon de zouave rouge sang , d’une veste militaire verte brocardée d’imposantes décorations multicolores , il devait toute sa superbe à son couvre chef d’un autre âge , un authentique chapeau claque sur lequel était fichée une gigantesque plume de paon . Les badauds commencèrent peu à peu à s’agglutiner autour de lui , la curiosité aiguisée non seulement par le baratin mais surtout par l’accoutrement du personnage qui dénotait au milieu des notabilités locales de cette manifestation annuelle destinée à recueillir des fonds pour les œuvres sociales du LIONS CLUB . Ils se demandaient également ce que ce bizarre orateur voulait leur vendre , car son stand se réduisait à une simple petite table rectangulaire , recouverte d’un tissu de velours noir , sur laquelle étaient disséminés quelques objets disparates allant de la boite de conserve ouverte et vide au verre à pied en cristal empli de liquide coloré . Lorsqu’il estima que son auditoire était en nombre suffisant , René (car c’était bien lui , déguisé et grimé ) commença alors un discours à peu près en ces termes : «Mesdames,Mesdemoise l es,Messieurs,jenevaispasvousracontermavie,puisquevousn’êtespasvenusicipourl’entendre,bienqu’e l efutjusqu’alorstrèspassionnante.Maisparmitouteslesaventuressingulièresquimesontarrivées,ilenestaumoinsunequiméritevotreattention.Carj’aieul’extrêmeprivilèged’apprendreunsecretquevousnedécouvrireznidansleslivres,nidanslesjournaux,niàlatélévision,nimêmesur leWeb». Prenant subitement son chapeau d’une main , et un verre de liquide coloré de l’autre , René se mit alors à renverser doucement dans son couvre chef la totalité du liquide en élevant son bras comme le font les serveurs de thé à la menthe dans les restaurants marocains . Le public , en le regardant faire , comprit alors que ce camelot était venu pour animer la brocante avec quelques trucs de prestidigitateur , et il ne put s’empêcher d’être un peu narquois en le voyant remettre vivement son chapeau sur sa tête , espérant secrètement , mais en vain , quele liquide se mette à dégouliner sur son visage . Puis il applaudit le bonimenteur bien que ’étant pas dupe devant la simplicité du tour . Seuls quelques petits n enfants s’étonnèrent de la disparition du liquide et en restèrent bouche bée .
Sans désemparer , René ôta son chapeau et le posa à l’envers sur la table . Puis il en sortit , à la stupéfaction générale, un bouquet de roses à longues tiges dont il détacha les fleurs pour les offrir une à une aux femmes de l’assistance les plus proches de lui . Sous les remerciements il retournaà son chapeau , et cette fois -ci il en ressortit d’abord de longs foulards de soie multicolores , ensuite un réveil matin au ressort bloqué, un calendrier des postes de l‘année écoulée , deux bouteilles de vin de Bordeaux piqué , un sifflet scout , une longue vue de marin dont une lentille manquait , un bocal de cornichons à demi entamé , un fer à friser à la résistance cassée , le premier roman de San Antonio , une paire de bésicles veuve d’un verre , un quarante cinq tours rayé de Johnny Hallyday , une statuette égyptienne en plâtre , un exemplaire écorné du lutrin de Boileau , un cou -cousuisse sans son balancier , et pour finir un lapin de garenne vivant qui gigotait comme un beau diable furieux d’être tenu par les oreilles . Devant cet exploit , la foule enthousiasmée battait des mains à n’en plus finir , subjuguée par la virtuosité du prestidigitateur , ne réussissant pas , cette fois ci , à comprendre comment il avait pu réaliser une tel tour de passe-passe . Comblé par tant de gratitude de la part de son public , René reprit alors le discours qu’il avait préalablement commencé : « Jenevousavaispasracontédessornettes,toutàl’heure,envousparlantd’unsecret.Etvousn’avezvuqu’unetoutepetitepartiedecequelesMagesdel’Orient,Chaldéens,Grecs,ÉgyptiensetArabessaventfairedepuisdesmi l énaires.Vousvousdoutezbienquejenesuispasvenuicipourvousrévélercommentj’aiexécutéce tourdemagie.JesuislàuniquementpourvousdistrairependantquevousfaitesvosachatsauprofitdesŒuvresSocialesduLIONSCLUB. Touslesobjetsquej’aisortisdemonchapeausont,bienentendu,àvendresauflelapinquemonépouseal’intentiondetransformerdèsdemainencivet.Avotreboncœur,Mesdames,Mesdemoise l es,Messieurs,et…passezlamonnaie. » L’assistance s’empressa alors d’acquérir , sans trop marchander , les rebus sortis du chapeau et étalés sur la table , à la grande satisfaction de René qui n’avait pas espéré faire un tel chiffre d’affaires avec une si pitoyable marchandise . La brocante annuelle du LIONS CLUB de Saint Germain en Laye commençait bien , et René se promit de refaire son numéro dans une demi -heure , après avoir ré-approvisionné discrètement la cache secrète de sa petite table de prestidigitation et calmé la nervosité de son lapin . Pour l’heure , il était pleinement ravi de l’efficacité de son discours qu’il avait préparé la veille et appris par cœur . En outre , personne ne semblait l’avoir reconnu ! Il souriait donc intérieurement , heureux de son déguisement et de sa métamorphose .
CHAPITRE 2 A quelques pas de là , un homme distingué sombrement vêtu avait regardé en silence René pendant qu’il exécutait son numéro de prestidigitateur . Dès que le public se fut dispersé , il s’approcha de lui et l’aborda courtoisement : -« CherMonsieur,jeviensd’admirerlepetittourdepasse -passequevousvenezdefaire,etilm’abeaucoupamusé.Vousnemanquezpasdetalentpourdistrairevotreauditoire,etjetiensàvousenféliciter.J’aimoi -mêmequelqueexpérienceenlamatière,etjesuisàvotredispositionsivoussouhaitezperfectionnervotreconnaissanceàcesujet.» Surpris par cette invitation pour lui inattendue , René tenta de discerner quel était la personnalité de ce chaland qui semblait si bien disposé à son égard . Et , ne sachant qu’en penser mais ne voulant pas faire montre d’impolitesse , il lui répondit : -« Vousêtesbienaimabledemeféliciter,carjeneconnaisquequelques tours,apprisrécemment,pourlesbesoinsdecettebrocante.J’aimeraisbienensavoirquelquesautres,carcelapourratoujoursmeserviràl’occasion » . Ils continuèrent alors leur conversation , René s’efforçant de lui louer les mérites du LIONS CLUB dont les membres bénévoles et désintéressés tentaient d’apporter aide et soutien aux personnes en difficulté . Au fur et à mesure qu’il parlait , son interlocuteur l’approuvait de chercher à améliorer le sort de l’humanité , et René avait la curieuse impression qu’il lui était familier , comme un vieil ami qu’il aurait perdu de vue et dont il ne se rappellerait même plus le visage . Mais il avait beau réfléchir , il n’arrivait pas à se remémorer où et quand il l’avait déjà rencontré . Finalement , au bout d’une dizaine de minutes de bavardage , ils s’informèrent mutuellement de leurs prénoms et patronymes puis s’échangèrent leurs numéros de téléphone en se promettant de se re contacter prochainement . Quelques semaines plus tard , René reçut par la poste une curieuse missive ainsi libellée : « Monsieur , « Si vous témoignez toujours autant d’intérêt pour les sciences magiques , je serais très honoré de votre présence Mercredi prochain , 18 Août , à 10 heures 30 au « Syndicat International des Mages » situé 7 rue Merlin , 75011 PARIS . « Vous pourrez y recevoir des explications sur leur utilité qui , je l’espère , ne manqueront pas de vous intéresser . « Dans cette attente , je vous adresse mes salutations distinguées . Albert Legrand »
Lorsqu’il lut cette invitation , René mit un certain temps à se remémorer quel pouvait bien être ce Monsieur Legrand , ayant depuis la Brocante du LIONS CLUB vaqué à des occupations nombreuses et prenantes qui lui avaient fait totalement oublier sa sympathique rencontre . Mais , poussé par la curiosité et l’envie d’apprendre de nouveaux tours de prestidigitation , il se rendit le matin fixé , en voiture afin de pouvoir plus facilement regagner ensuite son domicile de Saint-Germain-en-Laye , au siège de ce syndicat international dont il découvrait pour la première fois l’existence . L’immeuble du 7 rue Merlin à Paris lui fit bonne impression , car il s’agissait d’un élégant petit hôtel particulier du siècle dernier , de part et d’autre duquel se trouvaient deux imposants clapiers de type HLM faussement qualifié « de luxe » , purs produits de l’architecture spéculative et pseudo moderniste des années soixante . Sur l’huis , une plaque de cuivre étincelante de propreté mentionnait l’existence en ces lieux du siège social du syndicat , et un interphone interdisait l’entrée à quiconque n’y était pas invité . Dès qu’il y déclina son nom , la porte s’ouvrit automatiquement , donnant sur un hall dont le baroque de la décoration orientaliste créait une ambiance plus proche d’un antique caravansérail que d’un salon parisien mondain , laissant tout de suite entrevoir l’univers dans lequel devaient évoluer ces distingués syndiqués . Le brouhaha des conversations des nombreuses personnes cosmopolites présentes dans ce hall enveloppa immédiatement René , et il tenta de reconnaître parmi la foule son hôte . Ne le voyant pas , et ne connaissant personne , il commença à se demander ce que pouvaient bien attendre tous ces gens qui discouraient entre eux par petits groupes , jusqu’au moment où il entendit une sonnerie stridente retentir . Des portes s’ouvrirent alors , et la foule s’avança sans se presser vers une pièce contiguë . René la suivit et se retrouva dans une petite salle de spectacle , devant une estrade sur laquelle étaient installés une table et un écran de conférencier . Puis sous les applaudissements Albert Legrand fit son entrée en scène , s’assit et commença à parler . Le public , si bavard avant l’arrivée du conférencier , s’arrêta immédiatement de faire le moindre bruit , n’ayant plus d’ouie que pour les paroles étonnantes qui sortaient de sa bouche . Totalement envoûté par celles-ci , il n’émettait plus aucune respiration comme s’il était devenu soudainement privé de vie . René lui-même passait de la curiosité à l’étonnement puis à la stupéfaction en écoutant Albert Legrand , n’ayant jamais imaginé de telles explications , croyant d’abord à des affabulations d’un conteur hors du commun , mais se rendant peu à peu compte que, pour aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les faits décrits par lui étaient plausibles et très vraisemblablement rée l ementvécus. D’ailleurs il accompagnait son récit par des diapositives constituant des preuves tangibles de la véracité de ses propos , s’agissant tantôt de photographies de lieux et de personnages , tantôt d’extraits de textes anciens et de journaux . Et ce qu’apprit René ce matin là , il n’est pas prêt de l’oublier !