Rapport du jury de Réflexion sur un texte court, session 2005. 2445 candidats ayant composé, la moyenne s’est établie à 8,10. Parmi les copies qui ont mérité des notes excellentes (ou presque), deux ont fait preuve d’une hardiesse qu’il faut saluer. L’une a examiné le texte sous la forme d’un dialogue philosophique tout en nuances. L’autre, dans le cadre d’un pastiche, d’une parodie des rapports de jury des années précédentes, a fustigé les erreurs d’interprétation – savoureuse anticipation du présent rapport. Mais que les candidats n’aillent surtout pas se méprendre ! Nous n’attendons pas d’eux d’acrobatiques exploits mais qu’ils analysent le texte avec finesse et rigueur, et ils doivent être conscients qu’il est des prises de risque qui mènent à la catastrophe. La formule d’André Gide – « Et quoi que ce soit qu’on me raconte, je pense irrésistiblement que cela ne s’est pas passé comme ça » – a donné lieu à des contresens inattendus. D’aucuns, y compris des étudiants de philosophie, ont fait de Gide un esprit cartésien et l’ont vu en proie au doute. Plusieurs de ses textes leur donnent raison, mais pas celui-ci. Gide n’a pas écrit : « Je me demande si… » Son « je pense irrésistiblement », contradictoire voire aberrant, suggérait plutôt qu’il cédait à des réflexes irréfléchis, pulsions ou préjugés, qui n’avaient pas grand rapport avec le questionnement philosophique. N’aurait-il pas fait preuve de plus de lucidité en écrivant : « Et quoi que ...