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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 33 |
EAN13 | 9782824712307 |
Licence : | Libre de droits |
Langue | Français |
Extrait
P A U L ARÈN E
CON T ES DE
P RO V ENCE
BI BEBO O KP A U L ARÈN E
CON T ES DE
P RO V ENCE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1230-7
BI BEBO OK
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Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok. A A né en 1843 à Sister on au milieu des
montagnes p arfumé es de cee Pr o v ence , à laquelle ses v er s etP sa pr ose de vaient à jamais r ester fidèles. Après un court p assag e
dans l’Univ er sité , il débute à l’O dé on p ar un acte en v er s, Pierrot héritier
(1865). T out Paris fait fête aussitôt au jeune pr o vincial. À vingt-deux ans
p ar sa pr ose fluide et coloré e , d’une grâce aique et comme embaumé e
des senteur s du p ay s natal, il se place au pr emier rang des é crivains. En
1870 il donne un de ses chefs-d’ œuv r e , Jean des Figues , puis les Comédiens
errants (1873), le Duel aux lanternes , dont la virtuosité est étourdissante , et
l’Ilote deux ans plus tard à la Comé die Française . D ans la chr onique , dans
la fantaisie , dans la nouv elle , au théâtr e , p artout se multiplie son clair et
spirituel g énie de latin. En 1878, c’ est le Prologue sans le savoir, l’anné e
suivante , la Vraie tentation de Saint-Antoine , puis ses Contes de Noël et ses
Contes de Paris et de Provence , tendr es ou ir oniques et toujour s e x quis, la
Chèvre d’or enfin en 1889 et en 1894 un autr e r oman, Domnine .
and il mour ut en 1896 à Antib es, où il était allé r e v oir le soleil de la
Pr o v ence p our en emp orter la der nièr e imag e sous ses p aupièr es closes,
la liératur e contemp oraine p erdait en lui un de ses maîtr es.
Contes de Provence.
1Contes de Pr o v ence Chapitr e
n
2CHAP I T RE I
Le fifr e r oug e
« Hé ! p etit fifr e , que fais-tu là ? cria le ser g ent La Ramé e qui s’ en allait
à la ville v oisine quérir la fricassé e d’un p or c, p our le ré v eillon du colonel.
— V oici ce que c’ est, monsieur le ser g ent, rép ondit le p etit fifr e : Sa
Majesté le Roi se tr ouvant dans un b esoin pr essant d’ar g ent et désirant
offrir un châte au tout neuf en étr ennes à sa nouv elle r eine , il a été dé cidé
p ar la Cour des comptes que le régiment, musiciens et soldats, ne
toucheraient p as encor e de solde ce mois-ci. Alor s, comme mèr e-grand est
p auv r e et que je n’avais p as un liard en p o che p our lui acheter son dinde
à Noël, je suis v enu jusqu’à la courtine casser la glace du fossé et v oir s’il
n’y aurait p as mo y en de pê cher un plat de gr enouilles.
— Compte là-dessus ! dit La Ramé e . En hiv er , les gr enouilles dor ment.
— Je le sais bien, rép ondit le p etit fifr e , mais le ciel est bleu, malgré la
g elé e ; p eut-êtr e que ce b e au soleil les ré v eillera ! »
Et tandis que le ser g ent La Ramé e r epr enait sa r oute en gr ommelant,
le p etit fifr e , av e c courag e , se r emit à casser la glace .
3Contes de Pr o v ence Chapitr e I
Ce p etit fifr e , qui aimait tant sa mèr e-grand, était bien le plus joli p etit
fifr e que l’ on pût r encontr er . Pas plus haut qu’une b oe et vêtu de r oug e ,
du tricor ne aux guêtr es, comme tout le monde au régiment, il avait si
b onne grâce , av e c ses y eux bleus et ses cadenees, à siffler des air s, en
mar quant le p as, de vant les hallebardier s barbus, que p our le v oir p asser ,
dans les entré es de ville , les dames aux fenêtr es oubliaient de r eg arder le
tamb our-major .
Pr esque autant qu’aux r ythmes guer rier s, le fifr e s’ entendait à la
pê che aux gr enouilles. A ussi quand la glace fut p er cé e , le tr ou déblayé
et qu’un joli r ond clair app ar ut, le fifr e eut-il bientôt fait d’impr o viser sa
ligne av e c un p eu de fil qu’il avait app orté et un r ose au se c qu’il coup a.
L’appât seul manquait au b out du fil. D’ ordinair e , notr e pê cheur ne s’ en
inquiétait guèr e , se ser vant p our cela du pr emier co quelicot v enu, car les
gr enouilles sont g oulues au p oint que tout objet r oug e les air e . Mais les
co quelicots ne fleurissent p as sous la neig e et vainement il en cher cha
quelqu’un d’aardé , le long des glacis, dans l’herb e transie .
Il allait p artir , fort ennuyé , quand pré cisément, au-dessus de l’ e au, une
gr enouille le va la tête . Par esseuse , comme endor mie , elle p osa ses p aes
de de vant sur les b ords, ouv rit l’un après l’autr e ses jolis y eux d’ or au
soleil, puis g onfla doucement sa g or g e blanche , et p oussa un lég er coax
auquel, p ar-dessous la glace , dans toute l’étendue des fossés g elés aussi
vastes qu’un grand étang, d’autr es coax lointains rép ondir ent.
« Ce doit êtr e la mèr e des gr enouilles, se dit le p etit fifr e , qui n’avait
jamais v u une gr enouille si gr osse ; quelle o ccasion et quel dommag e de
la laisser é chapp er ainsi ! »
T out à coup il eut une inspiration :
« Si je pr enais, en guise d’appât, la p ae qui ser r e mon
haut-dechausses ? Elle est en b e au drap r oug e d’ ordonnance , et certes ! les gr
enouilles y mordraient. »
A ussitôt dit, aussitôt fait ; et la p ae en drap r oug e d’ ordonnance se
met à danser sur l’ e au clair e , qu’ég ayait un jo y eux ray on, de vant le nez
de la gr enouille . La gr enouille mord, le pê cheur tir e , le fil casse , et la gr
enouille plong e , emp ortant le drap . Par b onheur , la p ae était double : on
p ouvait hasarder la se conde moitié . La gr enouille r ep araît sur l’ e au, mord
encor e , le fil casse encor e , et la se conde moitié va r ejoindr e la pr emièr e .
4Contes de Pr o v ence Chapitr e I
« Bah ! song e a le pê cheur , quel mal y aurait-il à coup er un tout p etit
mor ce au de ceintur e ? Per sonne ne viendra r eg arder sous les basques de
mon justaucor ps. »
Et, tirant son coute au, il coup a un p etit mor ce au de ceintur e que la
gr enouille , hélas ! emp orta comme les autr es, et puis encor e un, et puis un
encor e plus bas ; puis il entama le gras des chausses, tant qu’à la fin, la nuit
ar rivant, il s’ap er çut que sa chemise floait et que l’énor m