La lecture à portée de main
Description
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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 46 |
EAN13 | 9782824712437 |
Licence : | Libre de droits |
Langue | Français |
Extrait
I NCON N U( E)
D OUCE LUMI ÈRE
BI BEBO O KI NCON N U( E)
D OUCE LUMI ÈRE
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1243-7
BI BEBO OK
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– Gabriel Cab os
Fontes :
– P hilipp H. Poll
– Christian Spr emb er g
– Manfr e d KleinLicence
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compris à Bib eb o ok.CHAP I T RE I
, tout comme les autr es jour s, elle joue av e c son
chien. Elle joue à courir dans le v er g er qui entour e la très vieilleD maison où, p ar un clair matin de mai, sa v enue au monde app orta
aux siens l’ang oisse , le deuil et un désesp oir sans limite .
A ujourd’hui, elle a sept ans et c’ est encor e un clair matin de mai. Et
si la vieille maison r este grise et triste sous les ray ons du frais soleil, le
v er g er brille , embaume et jee au v ent les mille et une fleur ees qui se
sép ar ent, comme à r egr et, des fr uits naissants.
La fillee court pie ds nus, tête nue , bras nus, n’ayant p our tout
vêtement qu’une souquenille de gr osse toile toute r ong é e p ar le bas, et dont
les accr o cs mal r e cousus menacent de s’ ouv rir , au moindr e effort. Elle
court le long de la haie d’aubépine taillé e à hauteur d’homme et aussi
imp énétrable qu’un gr os mur . Elle court sous les arbr es, les contour nant l’un
après l’autr e et p arfois, grimp ant sur l’une des gr osses branches, elle r este
là , p er ché e , à rir e au nez du chien qui s’ essouffle en des b onds énor mes
1D ouce Lumièr e Chapitr e I
et pleur e de ne p ouv oir la r ejoindr e . Parfois aussi tout en courant elle se
baisse p our ramasser une p oigné e de fleur ees qu’ elle lance adr oitement
dans la gueule de son comp agnon, rien que p our le v oir éter nuer , souffler ,
et r ejeter les fleur ees, puis b ondir sur elle , la r env er ser et la p ousser du
muse au jusqu’à ce qu’ elle soit deb out p our r ep artir . Elle joue sans br uit, la
b ouche seulement ouv erte p our des rir es muets ; car si elle ignor e la p eur
de r ester seule dans sa maison isolé e , elle craint les g amins qui rô dent
dans les champs d’alentour et viennent lui jeter des pier r es comme à un
vilain animal. À cause d’ eux, depuis longtemps déjà elle a pris l’habitude
du silence . Il y a encor e , der rièr e la maison, l’ entré e du p otag er qui lui
donne des soucis, malgré sa lar g e et forte grille dont les bar r e aux se
terminent en lances p ointues comme des fuse aux. Cee entré e-là fait face à
une haute et vaste sapinièr e dont on ne v oit p as la fin. Cee grille , elle ne
l’a jamais v ue ouv erte . Cep endant elle a dû s’ ouv rir autr efois p our laisser
entr er et sortir des char r ees dont on v oit encor e la trace à deux or nièr es
qui se p erdent au loin, entr e les sapins. Elle ne joue plus de ce côté depuis
qu’ elle a v u un homme à b esace s’achar ner contr e la ser r ur e massiv e et
r ouillé e , et cela sans s’inquiéter des ab oiements furieux du chien qui
disaient clair ement que p er sonne n’avait le dr oit d’ entr er p ar là . La ser r ur e
avait résisté , mais l’homme était p arti av e c des jur ons et des menaces qui
avaient ép ouvanté l’ enfant et la laissaient sous la crainte constante d’ elle
ne savait quel dang er . Et v oici qu’à l’instant même où elle y p ensait, et
sans qu’aucun br uit de la grille ne l’ eut av ertie , elle ap er ce vait tout à coup ,
v enant du p otag er , un jeune g ar çon qui s’avançait en lui souriant comme
à une amie de toujour s. Le chien, lancé p our une nouv elle cour se , s’ar rêta
net et gr onda ; mais il s’ap aisa vite ; sa p etite maîtr esse , comme airé e p ar
le sourir e jo y eux de l’ar rivant, mar chait lentement à sa r encontr e .
— T u es donc toute seule av e c lui ? demanda le jeune g ar çon en
désignant le chien.
— Oui, dit la p etite , il joue av e c moi et il n’ est p as mé chant.
— J’ai bien v u qu’il n’était p as mé chant, r eprit le g ar çon, et j’ai sauté
p ar-dessus la grille p our v enir jouer av e c v ous deux.
Et comme si cela eût été une chose conv enue depuis longtemps, les
deux enfants se prir ent p ar la main et se mir ent à courir de toutes leur s
for ces, suivis du chien qui les dép assait, r e v enait en ab o yant, manquait
2D ouce Lumièr e Chapitr e I
de les fair e tomb er , et r ep artait p our r e v enir encor e . À b out de souffle , ils
s’ar rêtèr ent enfin. Assis près des p ommier s dont les fleur s tour no yaient
au-dessus de leur s têtes comme de fins p apillons, ils jouaient à les arap er .
Puis, subitement lassé de ce jeu, le g ar çon p osa des questions pré cises.
« Pour quoi était-elle seule à la maison ? Comment s’app elait-elle ? Et
son chien, comment s’app elait-il ? Et ses p ar ents, où étaient-ils ? »
Les rép onses étaient faciles et la p etite les faisait au fur et à mesur e
des demandes. Elle était seule p ar ce que son grand-pèr e travaillait loin du
v er g er . Elle s’app elait D ouce et son chien s’app elait T ou. Elle n’avait p as
de p ar ents p ar ce qu’ elle était né e sans pèr e ni mèr e .
Et p our s’ e x cuser de n’êtr e p as semblable aux autr es enfants, elle
ajouta très vite :
— T ou aussi est né sans pèr e ni mèr e . Je l’ai tr ouvé dans le b ois, sur
la mousse . Mèr e Clarisse a dit qu’il était tout frais naissant et qu’il était
mon p etit frèr e puisqu’il n’avait p as de p ar ents non plus.
La v oix était de v enue si grav e en disant cela que le g ar çon n’ osa même
p as sourir e . Et tous deux, comme à l’annonce d’un malheur , fir ent silence
un long moment. Puis le g ar çon p arla de lui-même . Il s’app elait Noël
Barray . Il était aussi du villag e de Blér oux, et demeurait av e c ses p ar ents dans
une fer me , de l’autr e côté de la sapinièr e , une grande fer me où il y avait
b e aucoup de che vaux, b e aucoup de vaches et b e aucoup de moutons, il y
avait encor e tr ois chiens, mais c’étaient des chiens mé chants qui r estaient
à l’aache et ne sauraient p as jouer comme T ou. Et depuis que Luc, son
grand frèr e , était p arti p our le régiment, il s’ ennuyait à la maison où ne v
enaient p as de p etits camarades ; mais maintenant qu’il connaissait D ouce