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Publié par | bibebook |
Nombre de lectures | 24 |
EAN13 | 9782824710303 |
Langue | Français |
Extrait
HONORÉ DE BALZA C
MELMO T H
RECONCI LI É
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
MELMO T H
RECONCI LI É
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1030-3
BI BEBO OK
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compris à Bib eb o ok.MELMO T H RECONCI LI É
A MONSI EU R LE GÉN ÉRAL BARON DE POMMEREU L,
En souv enir de la constante amitié qui a lié nos pèr es et qui
subsiste entr e les fils
DE BALZA C.
natur e d’hommes que la Civilisation obtient dans le
Règne So cial, comme les fleuristes cré ent dans le Règne vég étalI p ar l’é ducation de la ser r e , une espè ce hybride qu’ils ne p euv ent
r epr o duir e ni p ar semis, ni p ar b outur e . Cet homme est un caissier ,
véritable pr o duit anthr op omor phe , ar r osé p ar les idé es r eligieuses, maintenu
p ar la guillotine , ébranché p ar le vice , et qui p ousse à un tr oisième étag e
entr e une femme estimable et des enfants ennuy eux. Le nombr e des
caissier s à Paris sera toujour s un pr oblème p our le phy siologiste . A -t-on
jamais compris les ter mes de la pr op osition dont un caissier est l’X connu ?
T r ouv er un homme qui soit sans cesse en présence de la fortune comme
un chat de vant une souris en cag e ? T r ouv er un homme qui ait la pr
opriété de r ester assis sur un fauteuil de canne , dans une log e grillag é e ,
sans av oir plus de p as à y fair e que n’ en a dans sa cabine un lieutenant
de vaisse au, p endant les sept huitièmes de l’anné e et durant sept à huit
1Melmoth r e concilié Chapitr e
heur es p ar jour ? T r ouv er un homme qui ne s’ank ylose à ce métier ni les
g enoux ni les ap ophy ses du bassin ? Un homme qui ait assez de grandeur
p our êtr e p etit ? Un homme qui puisse se dég oûter de l’ar g ent à for ce
d’ en manier ? D emandez ce pr o duit à quelque Religion, à quelque
Morale , à quelque Collég e , à quelque Institution que ce soit, et donnez-leur
Paris, cee ville aux tentations, cee succur sale de l’Enfer , comme le
milieu dans le quel sera planté le caissier ? Eh ! bien, les Religions défiler ont
l’une après l’autr e , les Collég es, les Institutions, les Morales, toutes les
grandes et les p etites Lois humaines viendr ont à v ous comme vient un ami
intime auquel v ous demandez un billet de mille francs. Elles aur ont un air
de deuil, elles se grimer ont, elles v ous montr er ont la guillotine , comme
v otr e ami v ous indiquera la demeur e de l’usurier , l’une des cent p ortes
de l’hôpital. Né anmoins, la natur e morale a ses caprices, elle se p er met de
fair e çà et là d’honnêtes g ens et des caissier s. A ussi, les cor sair es que nous
dé cor ons du nom de Banquier s et qui pr ennent u ne licence de mille é cus
comme un forban pr end ses ler es de mar que , ont-ils une telle
vénération p our ces rar es pr o duits des incubations de la v ertu qu’ils les encag ent
dans des log es afin de les g arder comme les g ouv er nements g ardent les
animaux curieux. Si le caissier a de l’imagination, si le caissier a des p
assions, ou si le caissier le plus p arfait aime sa femme , et que cee femme
s’ ennuie , ait de l’ambition ou simplement de la vanité , le caissier se
dissout. Fouillez l’histoir e de la caisse ? v ous ne citer ez p as un seul e x emple
du caissier p ar v enant à ce qu’ on nomme une position . Ils v ont au bagne ,
ils v ont à l’étrang er , ou végètent à quelque se cond étag e , r ue Saint-Louis
au Marais. and les caissier s p arisiens aur ont réflé chi à leur valeur
intrinsè que , un caissier sera hor s de prix. Il est v rai que certaines g ens ne
p euv ent êtr e que caissier s, comme d’autr es sont invinciblement frip ons.
Étrang e civilisation ! La So ciété dé cer ne à la V ertu cent louis de r ente
p our sa vieillesse , un se cond étag e , du p ain à discrétion, quelques
foulards neufs, et une vieille femme accomp agné e de ses enfants. ant au
Vice , s’il a quelque hardiesse , s’il p eut tour ner habilement un article du
Co de comme T ur enne tour nait Monté cuculli, la So ciété légitime ses
millions v olés, lui jee des r ubans, le far cit d’honneur s, et l’accable de
considération. Le Gouv er nement est d’ailleur s en har monie av e c cee So ciété
pr ofondément illogique . Le Gouv er nement, lui, lè v e sur les jeunes
intelli2Melmoth r e concilié Chapitr e
g ences, entr e dix-huit et vingt ans, une conscription de talents pré co ces ;
il use p ar un travail prématuré de grands cer v e aux qu’il conv o que afin de
les trier sur le v olet comme les jardinier s font de leur s graines. Il dr esse
à ce métier des jurés p eseur s de talents qui essaient les cer v elles comme
on essaie l’ or à la Monnaie . Puis, sur les cinq cents têtes chauffé es à l’
esp érance que la p opulation la plus avancé e lui donne annuellement, il en
accepte le tier s, le met dans de grands sacs app elés ses Écoles , et l’y r emue
p endant tr ois ans. oique chacune de ces gr effes r eprésente d’énor mes
capitaux, il en fait p our ainsi dir e des caissier s ; il les nomme ing énieurs
ordinair es, il les emploie comme capitaines d’artillerie ; enfin, il leur
assur e tout ce qu’il y a de plus éle vé dans les grades subalter nes. Puis, quand
ces hommes d’élite , engraissés de mathématiques et b our rés de science ,
ont aeint l’âg e de cinquante ans, il leur pr o cur e en ré comp ense de leur s
ser vices le tr oisième étag e , la femme accomp agné e d’ enfants, et toutes les
douceur s de la mé dio crité . e de ce Peuple-Dup e il s’ en é chapp e cinq à
six hommes de g énie qui gravissent les sommités so ciales, n’ est-ce p as un
miracle ?
Ce ci est le bilan e x act du T alent et de la V ertu, dans leur s rapp orts
av e c le Gouv er nement et la So ciété à une ép o que qui se cr oit pr ogr essiv e .
Sans cee obser vation prép aratoir e , une av entur e ar rivé e ré cemment à
Paris p araîtrait inv raisemblable , tandis que , dominé e p ar ce sommair e ,
elle p our ra p eut-êtr e o ccup er les esprits assez sup érieur s p our av oir
deviné les véritables plaies de notr e civilisation qui, depuis 1815, a r emplacé
le princip e Honneur p ar le princip e Ar g ent.
Par une sombr e jour né e d’automne , v er s cinq heur es du soir , le
caissier d’une des plus fortes maisons de banque de Paris travaillait encor e
à la lueur d’une lamp e allumé e déjà depuis quelque temps. Suivant les
us et coutumes du commer ce , la caisse était situé e dans la p artie la plus
sombr e d’un entr esol étr oit et bas d’étag e . Pour y ar riv er , il fallait
trav er ser un couloir é clairé p ar des jour s de souffrance , et qui long e ait les
bur e aux dont les p ortes étiqueté es r essemblaient à celles d’un
établissement de bains. Le concier g e avait dit flegmatiquement dès quatr e heur es,
suivant sa consigne : ― La Caisse est fermée . En ce moment, les bur e aux
étaient déserts, les cour rier s e xp é diés, les emplo yés p artis, les femmes des
chefs de la maison aendaient leur s amants, les deux banquier s dînaient
3Melmoth r e concilié Chapitr e
chez leur s maîtr esses. T out était en ordr e . L’ endr oit où les coffr es-forts
avaient été scellés dans le fer se tr ouvait der rièr e la log e grillé e du
caissier , sans doute o ccup é à fair e sa caisse . La de vantur e ouv erte p er meait
de v oir une ar moir e en fer moucheté e