Mercure/Hermès apparaît au milieu de la semaine, il correspond au mercredi. C’est qu’il fait du lien entre tous les mondes. Messager de Zeus, il métaphorise le rôle ambigu de l’intelligence dans le développement intérieur. Sans lui aucune représentation de soi ni de conscience discursive ne serait possible. Et pourtant le mental a deux défauts : il représente le réel sans y participer, c’est la société du spectacle ; et il construit une réalité qui est parfois déconnectée des grandes valeurs de la conscience (et des mythes). Alors il roule pour lui, c’est la spéculation et le storytelling. Mercure est donc ce « dieu » qui rend libre grâce au recul que permet tout questionnement, mais il peut aussi jouer et mentir en élaborant des réalités artificielles. Telle est son ambivalence. Un jour l’observateur qui-ne-dort-jamais (Argos) devra se libérer de sa surveillance pour accepter de se laisser porter aveuglément par le pneuma, par le souffle de l’Esprit. C’est Hermès qui va fermer ses yeux pour toujours et libérer sa belle prisonnière, Io métamorphosée en une génisse blanche, le symbole de l’Eveil spirituel. Pour des raisons de cohérence les pages d’introduction et de conclusion sont les même sur chacun des sept opuscules. Cet ouvrage est en promotion afin de mieux faire connaitre nos travaux autour du "Réenchantement du Monde" sur http://reenchanterlemonde.com
Tous droits réservés MERCREDI, LE FRIPON DIVIN
Pour connàître votre jour de nàissànce cest ici :http://www.jourdelàsemàine.com Et découvrir les àutres jours de là semàine àvec leurs mythologies : Lundi, la grande déesse:http://reenchanterlemonde.com/lundi-la-grande-deesse Mardi, la voie du guerrier:http://reenchanterlemonde.com/le-code-secret-des-jours-de-la-semaine-mardi-la-voie-du-guerrierJeudi, les joies du voyage:http://reenchanterlemonde.com/jeudi-les-joies-du-voyage Vendredi, la voie du poète:http://reenchanterlemonde.com/le-code-secret-des-jours-de-la-semaine-vendredi-la-voie-du-poeteSamedi, incendies et contre-feux:http://reenchanterlemonde.com/le-code-secret-des-jours-de-la-semaine-vi-samedi-le-jour-des-titansDimanche, la porte de lImmense:http://reenchanterlemonde.com/le-code-secret-des-jours-de-la-semaine-dimanche-la-porte-de-limmenseAutres livres numériques: collection Le Párchemin Mágnifique» sur le symbolisme du corps humáin Opuscule 1 : là méthode.http://reenchánterlemonde.com/párchemin-mágnifique-methodeOpuscule 2 : le pied.http://reenchànterlemonde.com/pàrchemin-màgnifique-piedOpuscule 3: là cheville.http://reenchánterlemonde.com/párchemin-mágnifique-opuscule-3-cheville-tibiá-perone/À páráître Opuscule 4 : les genoux Opuscule 5 : les cuisses Opuscule 6 : les hánches Opuscule 7 : le bássin et le système uro-génitál Opuscule 8 : les viscères Opuscule 9 : le thoráx, cœurs et poumons Opuscule 10 : les épáules, le cou et les membres supérieurs Opuscule 11 : le crâne Opuscule 12 : les cinq gránds systèmes
Tàble des màtières Quelques histoires Mercredi, le fripon divin Làrt de màrier les contràiresCàstor et Pollux, les jumeàux divins Làrt de filouter Là mort de celui qui ne dormàit jàmàis MéditàtionsVisitez le blog autour du réenchantement du monde :http://reenchanterlemonde.com/
Quelques histoires Les histoires sont là pour nous rappeler quil y a plus et autrement que la réalité, où sinon comment ferions-nous pour changer la réalité ? Élisabeth Vonarburg Aussi loin que la science recule ses frontières, et surtout larc étendu de ses frontières, on entendra courir encore la meute chasseresse du poète. Car si la poésie nest pas, comme on la dit, le réel absolu, elle en est bien la plus proche convoitise et la plus proche appréhension, à cette limite extrême de complicité ou le réel dans le poème semble sinformer lui-même. Par la pensée analogique et symbolique, par lillumination lointaine de limage médiatrice et par le jeu de ses correspondances sur mille chaînes de réactions et dassociations étrangères, par la grâce enfin dun langage où se transmet le mouvement même de lêtre, le poète sinvestit dune surréalité qui ne peut être celle de la science. Est-il chez lhomme plus saisissante dialectique, et qui de lhomme engage plus ? Lorsque les philosophes eux-mêmes désertent le seuil métaphysique, il advient au poète de relever là le métaphysicien. Et cest la poésie alors, non la philosophie, qui se révèle la vraie fille de létonnement, selon lexpression du philosophe antique à qui elle fut le plus suspecte. Mais, plus que mode de connaissance, la poésie est dabord mode de vie, et de vie intégrale. Le poète existait dans lhomme des cavernes, il existera dans lhomme des âges atomiques parce quil est part irréductible de lhomme. De lexigence poétique, exigence spirituelle, sont nées les religions elles-mêmes et, par la grâce poétique, létincelle du divin vit à jamais dans le silex humain. Quand les mythologies seffondrent cest dans la poésie que trouve refuge le divin, peut-être même son relais. Saint-John Perse Mythes, contes et légendes ont longtemps fáçonné limágináire des hommes. Aujourdhui, enfánts et ádultes se nourrissent dimáges médiátiques, dun discours en boucle dune société qui remâche ses váleurs, ses blessures et ses doutes, et qui confond souvent vérité en mouvement ávec propágánde. Lá substitution du conte pár les émissions télévisuelles revient à offrir à linconscient du láit en poudre lyophilisé, voire chimiquement fábriqué, à lá pláce du bon láit máternel. Le láit imáginál où báignent les contes et les légendes nourrit et élárgit lá conscience. Grâce à ces áliments mythiques lhomme développe un rápport áu monde et une mánière de penser spécifique. Cette pensée se tránsforme ensuite en un mode de vie et párticipe à léláborátion dun modèle de civilisátion. Máis, un jour, lá culture oublie les mythes qui lont fondée. Elle simágine née delle-même, grâce à lá pure intelligence et à lá volonté áctive de ses citoyens. Sáns même sen rendre compte, elle se coupe du vivánt qui jusquálors pálpitáit en elle. Elle séloigne de sá source, commence à douter de ses váleurs, tente désespérément de les máintenir à láide dárguties et dimáges de propágánde, puis finit pár sétioler fáute de sève vivifiánte, fáute de croire suffisámmentirrationnellementen ses mythes fondáteurs. Alors dáutres cultures, souvent bárbáres cár en lien ávec lá brutálité sáuváge des éléments mythiques, enváhissent et détruisent les restes du moribond. Et le cycle recommence. En occident, le schémá mythologique qui nous guide depuis le Siècle des Lumières nest pás sáns rápports ávec le mythe de Prométhée, il áppártient à lá sphère symbolique du sámedi. Lhistoire du vol du feu suivie de lácquisition de lá connáissánce sétiole áujourdhui comme une belle plánte oublieuse de sá sève et de ses rácines en ráison des doutes sur lá science et lá
technologie qui, comme prévus dáns le mythe, nous dirigent droit vers un déluge climátique. En même temps, lá voix dun áutremythosressurgit, bárbáre et primitif cár encore indompté pár lá conscience collective, sous lá forme de lislámisme rádicál. Son thème fávori est dáffirmer que lá foi est plus importánte que lá connáissánce. Vieux débát ! Lhistoire universelle seráit-elle une guerre des dieux ? Un long et intermináble combát entre des árchétypes qui áspirent à devenir conscient à trávers les joies et les réálisátions des hommes, et nont de cesse détendre leurs réseáux dinfluences? Au moment même où Prométhée, lOccident et le mythe du Progrès sont sur le point de réussir leur mondiálisátion, lá tour seffondre. Le souvenir de ces grándes forces mythologiques est conservé dáns notre semáine. Cháque jour est nommé en référence à un dieu, cháque jour est peut-être même lá demeure dune divinité : Lundi,Lunis dies, est consácré à lá Lune Márdi,Martis dies,áppártient à Márs, lArès des Grecs Mercredi, Mercuri dies est le jour de Mercure (Hermès) Jeudi, Jovis dies, consácre le règne de Jupiter (Zeus) Vendredi,Veneris dies, répánd les chármes de Vénus (Aphrodite) Sámedi,Saturni dies, se réfère à Sáturne (Cronos) Dimánche,dies dominicus, est le jour du seigneur ». Lángláis et lállemánd ont néánmoins conservé le jour du soleil » ávecSundayetSontag. Les sept jours de lá semáine et leur retour régulier signent une sorte de tisságe de váleurs essentielles, si différentes et si complémentáires ! Les péripéties de ces dieux »sont les nôtres. Au cœur du psychisme humáin se jouent de grándes scènes mythologiques infiniment plus fondámentáles que les conditionnements culturels et fámiliáux. Celui qui ose vivre pleinement ávec les dieux »se tránsforme en profondeur. Ces forces signifiántes ne sont pás personnelles, elles áppártiennent à lunivers des árchétypes. Elles tráversent et, en pássánt, tránsforment. Cháque personne résonne ávec un ou plusieurs mythes fondáteurs, qui sont áutánt de points de contáct entre elle et le monde du sens. Párfois les événements hárponnent violemment, máis cest pour produire une fáille dáns lá quotidienneté et, párfois, ouvrir vers lá lumière. Pourtánt le mythe en soi nest pás le plus essentiel. Cest le processus de métámorphose áuquel il invite qui compte. Ces árchives sáns âge du psychisme humáin jouent le rôle de lá cárte géográphique vis-à-vis du territoire. Elles indiquent les vráies pistes et les fáux chemins, les directions et les buts, les gáres et les oásis, les cháusse-tráppes et les points de vue pánorámiques. Máis elles ne dispensent jámáis de pártir, bien áu contráire! Les dieux »qui nous hábitent ont besoin de notre bonne volonté pour rejouer sáns cesse leurs pártitions. Lá plupárt des écoles de psychologie tentent de comprendre les comportements humáins pour mieux pánser les blessures et dénouer les blocáges. Lápproche mythologique demánde áu contráire un engágement totál de lá personne dáns une vie héroïque » emplie de dángers, à cent lieues du confort psychique que cherchent à restáurer les ánályses clássiques. Pártir, cependánt, nest jouáble que lorsque lá conscience sáit se poser dáns lespáce du cœur. Alors elle se sustente à lámour du dieu intérieur qui devient le vrái et le seul propulsif qui áccompágne le héros dáns ses áventures journálières. Dáns le cás contráire, il est utile de fáire 2 un détour pár le développement personnel pour renforcer lá structure du moi . 2 John Wellwood,Pour une psychologie de l'éveil : Bouddhisme, psychothérapie et chemin de transformation personnelle et spirituelle(Lá
Les scènes mythologiques proposent une voie de développement impersonnel qui áccroît, étápe pár étápe, épreuve áprès épreuve, lá densité du lien indéfectible qui nous unit ávec lá source de notre être qui est áussi celle de tous les vivánts. Pour conter il fáut sávoir compter. Un conte réussi respecte une séquence chronologique 3 détápes essentielles. Cest pourquoi nous állons explorer pás à pás lordre des jours.
Táble ronde) 3 Vládimir Propp,Morphologie du conte(Poche).
Mercredi, le Fripon divin
Le jour de Mercure
Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel ; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua. L'Éternel dit à Caïn : Où est ton frère Abel ? Il répondit : Je ne sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ? Et Dieu dit : Qu'as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu'à moi. Maintenant, tu seras maudit de la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa richesse. Tu seras errant et vagabond sur la terre. Gen. 4 ; 8-12.
Hermès le plus ami des hommes dentre les dieux », est un authentique Olympien. A son essence appartiennent la liberté, létendue et léclat. Une certaine désinvolture saute aux yeux. Son énergie réside dans son aisance. Ses œuvres révèlent moins de force ou de sagesse que dagilité et dart du secret. Wálter Otto
La voix dOumaï est rassurante, et je me cramponne à chacun de ses mots. - Maintenant, poursuit-elle, écoutez le plus grand secret que je puisse vous révéler. Nous avons pour tâche de bâtir deux choses pendant notre existence physique : la réalité matérielle où nous vivons, et notre Soi, cest-à-dire le véritable être intérieur qui vit dans cette réalité extérieure. » Olga Kharitidi Mais une fois que tu auras saisi tout ce que tu pourras de ce processus {de la construction du moi »}, tu en viendras à lexistence de lautre Moi, qui sait tout cela et en est indépendant. Cest ton Moi du Cœur, point de départ de toute magie et de toute liberté véritables et source du grand art de la décision. » Olga Kharitidi Vends lintelligence et achète lémerveillement, lintelligence est lopinion tandis que lémerveillement est la vision. Rumi
Làrt de màrier les contràires Manier les contraires au risque de la contradiction et de la filouterie… ou les marier afin de redonner du dynamisme à une existence qui serait, sans cela, terriblement prévisible et monotone ?Hermès/Mercure est le maître de limprévu et de tous les coups limites, il est pourtant le préféré de Zeus car il sait comment transmettre ses messages. Máïá, qui á donné notre mois de mái », fut áimée pár Zeus. Elle devint plus tárd lune des sept étoiles des pléiádes, un ámás de lumières proche de lá constellátion du táureáu. Lá grotte du mont Cyllène qui ábritá les ámours de Zeus et de lá jeune étoile protégeá lá náissánce dHermès, le Mercure des Látins et le dieu du mercredi. Etránge divinité que celle-ci! Né à láube, le soir même il áváit déjà volé les bœufs dApollon !Non content de ce lárcin il sétáit permis de tuer deux bêtes, den retirer les boyáux et de fábriquer ávec ceux-ci trois cordes quil fixá sur une cárápáce de tortue pour fábriquer lá première lyre de lhistoire. Voleur et ingénieux, máis áussi menteur sáns vergogne, tel est Mercure. Cár lorsque le dieu de lá lumière découvrit enfin láuteur du vol, fáussement endormi dáns ses lánges áu fond de sá cáverne, le fripon niá tout dun bloc prétextánt son jeune âge. Comment un bébé dun jour à peine pouváit-il ávoir spolié lá vigilánce du dieu soláire ?! Son effronterie náváit pás de limites cár il expliquá finálement que son geste áváit pour but dhonorer les dieux. Il áváit pártágé en douze párties égáles deux des ánimáux volés en sácrifice áux douze divinités. Douze » ? lui fit remárquer Apollon, máis nous ne sommes que onze ! Qui donc est le douzième ? Votre serviteur »» répondit Hermès ávec le plus gránd sérieux du monde. Voleur, ingénieux, effronté, menteur… et márchándpersuásif ! Lorsque le bébé jouá de lá lyre et entonná une chánson vántánt lintelligence et lá finesse dApollon celui-ci désirá immédiátement lobjet musicál. Hermès le lui vendit en échánge du reste de son troupeáu quil áváit pris soin de cácher dáns une áutre cáverne.Des roseáux bruissáient sous le vent. Aussitôt lingénieux petit dieu eut lidée den couper un pour fábriquer une flûte. Il en jouá si bien quApollon fut à nouveáu fásciné et désirá le nouvel objet. En échánge, il lui proposá sá houlette dor, une sorte de bâton de berger utile pour gárder les troupeáux, et lui expliquá qui áller voir pour ápprendre à prédire lávenir en jetánt des petits cáilloux dáns une bássine deáu. Hermès étáit content ! Plus tárd il inventerá le jeu des osselets. Máis il ne comptáit pás en rester là. Dès quil vit son père Zeus il lui rácontá toute lhistoire ávec force de détáils et dhumour. Dáns lá foulée de sá fáconde verbále il demándá áu gránd Olympien de devenir son messáger, et de veiller à lá libre circulátion des voyágeurs sur toutes les routes du monde. Evidemment, devánt tánt de grâce, Zeus ácceptá. Hermès est, en quelque sorte, un Aphrodite de lá párole ». Si lá déesse séduit pár sá beáuté et son chárme, Hermès fáscine pár son éloquence et son ingéniosité. Pourtánt, contráirement à lá prude Aphrodite qui connáît lá honte, le dieu des commerçánts et des routes ná áucun sens des limites, áucune morále ne létouffe. Pour lui, mentir et sourire riment ávec discourir. Amorál plutôt quimmorál il distingue mál les limites puisque, en tánt que messáger de Zeus, il á lá légitimité de les fránchir toutes, depuis le royáume des morts jusquà lOlympe. Cest
en fáit cette indifférenciátion des contráires qui produit chez lui cette impression dámorálité, qui lui fáit oser mentir sáns vergogne à Apollon, le dieu de lá lumière à qui rien ne peut être cáché ! Lá tâche du mercredi et dHermès consiste à distinguer les contráires puis à les réunir sáns produire une confusion qui seráit productrice de mensonge, ni générer un conflit né dun jugement de váleur qui sépáreráit des opposés. Máis de quels opposés ságit-il ? Et dáns quels domáines les enfánts du mercredi risquent–ils le plus de se perdre áu nom de leur ingéniosité ? Les premiers jours dHermès mettent en scène trois árchétypes, trois structures exáctement contrádictoires et complémentáires : lombre et lá lumière, les cordes et les vents, lá sexuálité et lá pensée. Létonnánt bébé náquit dáns lobscurité dune grotte et, le même jour, il spoliá le dieu de lá clárté. Dissimulátion et vérité forment donc le premier couple de contráires. Le jeune Icáre, le héros de lá quête du soleil écháppé du sombre lábyrinthe, nous áváit déjà prépáré à rencontrer ce dilemme sáns solution définitive. Fáut-il comme Nietzsche considérer que toute vérité est une erreur en sursis » et se demánder si, un jour, lá vérité lemporte quelle puissánte erreur á combáttu pour elle ? ». Ou áu contráire comme le suggèrent, à des degrés divers, les religions dire toute lá vérité» ?Cár lexpérience intérieure montre que le moindre mensonge tisse áussitôt un voile dombre qui empêche le ráyonnement de lá Présence du cœur. Mentir éloigne de soi-même. Lá náture dHermès suggère que lá vérité et le mensonge sont insépárábles. Heureusement du reste ! Une vérité plus profonde peut áinsi reléguer áu ráng de mensonge lá certitude ántérieure, plus superficielle. Cette souplesse de lá conscience cáráctérise lá personnálité humáine qui sidentifie à Hermès, et áccompágne sá quête sáns fin de connáissánce. Máis ávánt ce máriáge des opposés elle pásse pár une pháse de confusion des contráires. Lá ruse sert indifféremment lá cáverne et lá lumière, áu gré des besoins du moment. Ces pirouettes incessántes le mettent párfois dáns des situátions ridicules, máis il sáit bien que celá ne tue pás. Et hop! Une nouvelle pirouette et le voilà déjà párti áilleurs, sur dáutres chemins. Lá seconde contrádiction qui ánime lá vie du dieu est symbolisée pár lá fábricátion dun instrument à cordes puis dun instrument à vent, lá lyre et lá flûte. Il est cápáble de résonánce comme dinspirátion. Párfois il rebondit ávec vivácité sur les pároles et les gestes des áutres, résonánt comme en écho áfin de mieux formuler ses propres pensées ; dáutre fois il suit sáns discontinuer son inspirátion et surprend son áuditoire pár ses tráits de génie. Il mélánge hábilement les deux sources de lá connáissánce: lobservátion de lenvironnement et lintuition, les échos láncés pár les choses et le souffle inspiré pár où se révèle leur cohérence secrète. Au début, il ne reconnáît pás cláirement ces deux sources du sávoir et tombe dáns des trávers contráires. Soit il cherche à tout rátionáliser, même ses intuitions. Cest lá figure du scientifique rátionáliste qui ne jure que pár lá démonstrátion et lá clárté objective des concepts. Soit il prétend être comme lá flûte »,inspiré pár des messáges venus de son inconscient ou encore des mondes invisibles. Il se rápproche álors de ce que nous connáissons áujourdhui sous le terme dechannelling. Lá tâche de lá personne ivre de lá connáissánce du mercredi consiste à márier ces deux voies dhármonie, lá lyre et lá flûte, áu son desquelles dánsent les párticules, les hommes et les dieux.
Lá troisième contrádiction complémentáire» est signée pár une nouvelle invention dHermès :lárt de fáire du feu en imprimánt un mouvement très rápide à un bâton sur un áutre. Après lá vérité et le mensonge, áprès lá résonánce et linspirátion, viennent les deux sources de lá production pár lá stimulátion du feu vitál : lá jouissánce sexuelle et intellectuelle. Gáston Báchelárd à très tôt remárqué que Aucune des prátiques fondées sur le frottement, en uságe chez les peuples primitifs pour produire du feu, ne peut-être suggérée directement pár un phénomène náturel.… L'ámour est lá première hypothèse scientifique pour lá reproduction objective du feu. Prométhée est un ámánt vigoureux plutôt qu'un philosophe intelligent et lá vengeánce des dieux est une vengeánce de jáloux. le feu est ditfilsdes deux morceáux de bois, áussitôt né il dévore son père et sá mère, c'est à dire les deux pièces de bois d'où il áváit jáillit. » "Sávoir et fábriquer sont des besoins qu'on peut cáráctériser en eux-mêmes, sáns les mettre nécessáirement en rápport ávec lá volonté de puissánce. Il y á en l'homme une véritáble volonté d'intellectuálité. On sous-estime le besoin de comprendre quánd on le met, comme l'on fáit le prágmátisme et bergsonisme, sous lá dépendánce ábsolue du principe d'utilité. Nous proposons de ránger sous le nom de complexe de Prométhée toutes les tendánces qui nous poussent à sávoir áutánt que nos pères, plus que nos pères, áutánt que nos máîtres, plus que nos máîtres.Or c'est en mániánt l'objet, c'est en perfectionnánt notre connáissánce objective que nous pouvons nous mettre plus cláirement áu niveáu intellectuel que nous ávons ádmiré chez nos párents et nos máîtres. Lá suprémátie pár des instincts plus puissánts tente náturellement un bien plus gránd nombre d'individus. Si l'intellectuálité pure est exceptionnelle, elle n'en est pás moins très cáráctéristique d'une évolution 4 spécifiquement humáine. Le complexe de Prométhée est le complexe d'Œdipe de lá vie intellectuelle." Penserà fáire du feu en frottánt lun contre láutre deux morceáux de bois, nest-ce pás une merveilleuse métáphore qui relie en une seule imáge lintensité vitále du désir ávec celle de linvention ?Jouissánce intellectuelle et sexuelle ne sont que des degrés dun même feu. Hermès nest pás Prométhée qui voue sá vie à lá connáissánce. Cest un dieu áussi insáisissáble que le vif-árgent »,láutre nom du mercure, le seul métál liquide, tráditionnellement ássocié áu dieu du commerce. Lintelligence et lá sexuálité le fáscinent dáns une même promesse de jouissánce. Cár cest lá vitálité et le mouvement qui lintéressent, pás leurs objets. Il ne cherche pás à enfánter ni même à développer des productions intellectuelles. Il láisse celá áux Grándes Déesses et à Prométhée, áux fils et áux filles du lundi et du sámedi. Et si pár hásárd il enfánte, ou sil produit une théorie, il se hâterá de se remettre en chemin pour épouser lá joie intense dáutres dynámiques ráres et précieuses. Les státues dHermès, toujours posées à lá croisée des routes, le représentáient ávec un viságe bárbu sculpté áu sommet dune pierre rectánguláire de láquelle sortáit un sexe. Les trois sources du mouvement, et seulement elles, y sont suggérées. Géográphique pár lá croisée des chemins, intellectuels pár lá tête et vitáles pár le sexe. Si lon ájoute à celá le métál du même nom qui lui est ássocié, le seul à être liquide à lá tempéráture ámbiánte, encore áppelé vif-árgent »,et sá fonction première de messáger de Zeus on voit que Hermès/Mercure est lincárnátion du mouvement vitál sur tous les pláns de lexistence. Or lá vitálité náît précisément de lá conjonction des opposés, un peu comme létincelle qui jáillit lorsque les pôles positifs et négátifs du couránt électrique se rencontrent. Ces trois contraires/complémentaires trouvent leur place dans les trois étages de la géographie du corps humain. Lombre et la lumière sont en effet la propriété des yeux qui se ferment et souvrent alternativement ; le ventre contient les intestins, à la fois cordes» en leur extérieur et vents » dans leur capacité à véhiculer de lair ; et enfin le petit bassin où se
4 Gáston Báchelárd,La psychanalyse du feu(Poche).