Opérations CF
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écrit il y a quelques années, quand on ne parlait pas encore beaucoup d'informatique quantique

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Publié le 12 juin 2013
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Langue Français

Extrait

Opérations Charlie Fox-Trot Pierre Merlin
Du papier, de l’écriture et du monde Si tu lis ces lignes pour la première fois, sur ce papier que tu croyais réservé aux musées, il faut d’abord que je t’explique comment j’ai pu les écrire. Il faut que tu saches de quelle obstination et de quelle patience j’ai dû faire preuve. Tu penseras peut-être que je suis aussi le pire paranoïaque qui ait jamais existé. Moi aussi je l’ai d’abord pensé, tu verras pourquoi. Ensuite, je te décrirai brièvement dans quel monde j’ai vécu cette histoire. Tu verras que si je voulais survivre, soit à ma folie, soit à ma découverte, je n’avais pas d’autre solution. Enfin j’essaierai de te convaincre de ne rien changer à ta vie, même si tu crois à mon histoire ; je
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rcains que ce osti une condition de al 
survie de notre espèce. Donc, quand j’écris ces premières lignes, il y a au moins cinquante ans que même les plus âgés n’écrivent plus, jamais, pas le moindre mot, nulle part sur cette terre, sauf pour le plaisir. Il y a trois ans, je me suis inscrit au club de papeterie et de calligraphie de ma ville. J’ai d’abord appris à fabriquer la pâte à papier à partir de bois pur, puis le papier à la forme, feuille à feuille. Heureusement, j’ai pris beaucoup de plaisir à retrouver ces gestes anciens et ces odeurs de papier et de colle. J’ai commencé à stocker des feuilles chez moi et chez ma femme en déclarant que je voulais dessiner et peindre pour me détendre. Puis je me suis initié à l’écriture à la plume, ce n’est pas une petite difficulté pour moi qui suis tellement maladroit. J’en avais des crampes terribles. Quand mon écriture est devenue régulière et facilement lisible, j’ai écrit des poèmes, à la manière des anciens. J’y racontais des
histoires anodines et j’essayais de les faire lire à toutes mes connaissances, au bureau, et dans tout mon environnement. Je ne les trouvais pas si mauvais, mais, à la longue, j’ennuyais tout le monde. Je continuai jusqu’à ce que tous me fuient ou me rabrouent sans scrupule. Je voulais qu’on me laisse écrire, cette activité tellement étrange et archaïque, sans m’observer ni rien me demander. Je cessai progressivement d’en parler, pour voir si on allait s’intéresser encore à ma lubie. Puis, j’arrêtai d’aller au club, où je risquais le plus de rencontrer des gens atteints de la même curieuse passion. Mais je continuai à fabriquer mon papier et à écrire. Il me fallût trois ans pour être sûr de n’éveiller la curiosité de personne, même pas des services de sécurité. Et voilà, je suis au pied du mur. Comme je ne sais pas le nombre d’années qui se sont écoulées quand tu commences à lire, que je ne sais pas dans quel environnement technologique tu vis, je vais essayer de te décrire
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rapidement le mien. C’est simple : tout est informatisé, tout est communiquant. Le plus facile, pour ne rien oublier, est peut-être de te raconter en détail une journée ordinaire. Mon mur, dans ma chambre, me réveille en allumant progressivement la lumière, en ouvrant les volets, et la fenêtre si la saison le permet. Il met aussi un peu de musique, souvent quelques “ Variations Goldberg ”, que j’adore par dessus tout. Il me rappelle l’heure et le lieu de mon premier rendez-vous. Comme je suis très monotone en matière de petit déjeuner, il ne me demande rien mais tout est prêt quand je sors de la chambre. Mon thé vert fume, mes tartines sont grillées à point, mais c’est moi qui mets la confiture, je préfère. Ma toilette s’est déroulée comme je le veux, c’est moi qui me frictionne et me lave, mais je pourrais me laisser faire par les palpeurs de ma douche. Quand je m’habille, mes vêtements transmettent aussitôt mes paramètres biologiques au central de santé, qui
prendra contact si quelque chose ne va pas, ou qui me proposera de programmer un peu de sport ou des aliments allégés si nécessaire. Mon linge sale est ramassé et jeté ou nettoyé sans que je m’en occupe. Mon mur, quand je le demande, me passe les infos et mes mails, il me rappelle aussi l’heure, quand c’est utile. Dès que je quitte mon appart, il est nettoyé et rangé. En même temps, une auto, du modèle que je préfère, se présente au pied de l’immeuble. Bien sûr, mon télécom ou plus exactement mon seul numéro, me suis toujours, dans mon appart, dans mes vêtements, dans l’auto, et ensuite au bureau. Chaque appel est identifié immédiatement et trié sur les critères que j’ai fixés, je peux répondre ou détourner d’un simple mot, je peux voir ou non, être vu ou non. Je ne conduis pas, l’auto s’en charge elle-même, je peux préparer mon travail ou lire en écoutant de la musique. Je peux aussi, si je le souhaite, utiliser les transports en commun ou marcher à pied.
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Au bureau, il y a beaucoup de télé-réunions (en abrégé : télé), soit depuis mon bureau lui-même si nous ne sommes que trois au plus, deux sur mon mur et moi, soit en salle de télé. Cela évite de nombreux déplacements. Mais chaque jour, nous avons une réunion physique, c'est une question de bonne santé du travailleur et de l’entreprise. J’en sais quelque chose, je suis maintenant Ingénieur Systèmes en Ergonomie du Travail (ISET) - ne m’impute pas le pléonasme, dans mon monde on croit plus vraie une répétition -. Ici, je peux bien l’écrire, personne n’a beaucoup de travail, les “ machines ” font tout. Nous nous contentons d’être là, et d’avoir des idées. Quand je suis seul au bureau, je parle à mon mur. Quand j’ai une idée, mon mur recherche et m’expose toutes ses conséquences après avoir articulé et simulé avec tout l’environnement du problème sur lequel je travaille. Il arrive, mais c’est très rare, que je propose à mon tour une étude complémentaire. Au
début, cette interactivité immédiate est stérilisante, mais quand on s’y est habitué et qu’on a bien pris conscience que rien n’est fait, au contraire elle permet de laisser divaguer son esprit et d’imaginer les solutions les plus farfelues. Si un sujet me préoccupe trop, mes vêtements rendent compte, mon mur s’en aperçoit peut-être aussi à mes sourcils froncés. Il me propose autre chose, ou trouve rapidement une solution intermédiaire qui me tranquillise et me permet de changer de tâche. Parfois je n’ai pas conscience moi-même que j’ai besoin de compagnie. Dans l’étage ou dans l’immeuble, il y a toujours quelqu’un dans la même situation. Il me rend visite ou bien mon mur me demande d’aller le voir. Il me propose aussi d’aller à la machine à café, dans le couloir, et, toujours, j’y rencontre quelqu’un “ à l’improviste ”. Je suis bien placé pour savoir que rien n’est improvisé et que c’est justement la personne que je devais voir pour mon
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problème ou pour le sien. C’est moi qui ai imaginé ce système, qui fait référence à toutes les connaissances accumulées, presque depuis la naissance, sur les deux personnes qui se rencontrent là. C’est moi qui ai introduit le facteur “ étranger ” dans le calcul (c’est la machine à café qui est l’attracteur étrange …), de manière à rapprocher souvent des personnes qui a priori n’ont rien à voir l’une avec l’autre. C’est moi aussi, avec “ La Machine ”, qui l’ai suivi et amélioré en fonction des résultats obtenus des deux cotés en matière de productivité (on ne fait pas grand chose, mais on “ produit ” beaucoup). La Machine nous suit en permanence et en croisant le travail et les données biométriques, sait exactement si nous sommes en phase de créativité, de réalisation ou si nous avons besoin de détente. Pour les repas, c’est la même chose. La Machine nous propose des menus qui sont construits en fonction de nos besoins et de nos envies, qu’elle finit par
connaître à force de corrélations. Elle choisit la personne qui viendra nous servir en fonction de notre humeur, et elle fait venir qui “ doit ” me rencontrer. Rien n’est obligatoire, mais nous nous sentons mieux si nous suivons les suggestions. Et si nous ne les suivons pas, il n’est pas impossible qu’elle ait aussi prévu que nous avions besoin d’indépendance : sa proposition était faite pour ne pas être suivie. Dans l’industrie de fabrication, c’est à peu près la même chose. Mais les machines en font encore plus. Elles s’approvisionnent, s’entretiennent, se réparent, se remplacent elle-même. Les ruptures de charges sont exceptionnelles. C’est là-dessus que l’investissement a été maximal. L’homme intervient peu, il contrôle, assure la sécurité ou simplement de la présence. L’homme, grâce à son attention “ fluide ” et incertaine, voit des choses que la machine ne voit pas malgré tous ses capteurs, et grâce à son œil “ extérieur ”, il trouve des innovations, que les
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recherches automatiques trop linéaires ne trouvent pas. Souvent ma journée finit tôt, je peux aller monter à cheval ou marcher, avant de rentrer. C’est La Machine qui me propose d’arrêter, elle constate que ma concentration devient insuffisante ou que la tâche en cours s’achève et qu’un changement de sujet serait inefficace ; je peux aussi dire simplement : “ J’en ai marre ”. Il est exceptionnel qu’elle insiste pour me maintenir au travail. Si c’est le cas, je lui fais confiance, il y a certainement quelque part des circonstances qui le justifient, ou bien c’est moi qui ai besoin de me sentir utile. Mon mur ne manque pas de me remercier chaudement à mon départ. Ma femme habite deux étages au-dessus de moi, elle a voulu garder les enfants quand nous avons cessé de vivre ensemble. Je passe tous les soirs quelques heures avec eux, souvent je dîne là. Mais nos horaires naturels sont trop différents. J’aime l’activité physique et les longues marches solitaires, elle
aime son intérieur et les longs bavardages en famille. En vacances, je pars avec mes deux enfants les plus sportifs, faire de la randonnée en montagne. Là, rien n’a changé depuis des millénaires, mais nous sommes quand même surveillés par nos vêtements, guidés par satellite et reliés avec le monde entier, comme partout. En cas d’accident, le médecin arriverait avec tout ce qu’il faut, sans incertitude. Un geste urgent nous serait conseillé en cas de besoin immédiat. Nous sommes en permanence assistés par les machines, dans tous nos actes, même les plus privés. Tout nous permet de croire que cette assistance a pour unique but de devancer le moindre de nos désirs, tout en les harmonisant avec ceux des autres, en priorité avec ceux que nous aimons, évidemment. Nous savons aussi que cette aide a pour objectif de mieux nous insérer dans notre société, mais comment pourrions-nous être heureux, si nous étions en lutte avec notre environnement ?
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Je me demande encore si, par exemple, notre désir d’enfant n’est pas lui aussi orienté insensiblement par “ La Machine ”, en fonction des intérêts de la société. Je n’ai rien trouvé sur ce sujet. On peut aussi penser qu’il s’agit de l’intérêt supérieur de l’espèce ; depuis toujours, comme tous les êtres vivants, l’homme obéit, en moyenne, aux nécessités de survie de son espèce. Voilà, j’espère que cette description est suffisante, tout dépend du niveau technologique de la société dans laquelle tu vis. Il est temps maintenant d’aborder l’incident qui m’a entraîné dans cette aventure. Du voleur et du policier Je n’étais pas encore ISET, j’étais Informaticien Systèmes Et Réseaux (ISER). Le “ Langage Machine ” (LM, elle aime …) n’avait pas de secret pour moi. Et comme je suis à la fois curieux et enthousiaste, je passais parfois des heures à m’émerveiller des procédures trouvées par les machines elles-mêmes
pour communiquer, pour améliorer les fonctionnements. Souvent aussi, quand une solution provoquait mon admiration, elle me stimulait pour essayer d’en imaginer une encore meilleure. C’est ainsi que je fonctionne. J’étais pleinement heureux dans mon métier, et j’étais apprécié pour ça. Un matin comme un autre, c’était un mardi je crois, je quittais mon immeuble, l’auto s’arrêtait en douceur et en silence au bord de la chaussée. Je changeai d’avis et décidai de marcher jusqu’au bureau, l’heure de ma première télé m’en laissait le temps. “ Excuse-moi, dis-je à l’auto, pour finir, je vais marcher ”. Et j’empruntai le trottoir vers la gauche. L’auto me dépassa après quelques pas, guidée vers son futur utilisateur je suppose, et se noya très vite dans la circulation dense mais parfaitement régulière et presque silencieuse, comme tous les jours. Je marchais depuis une ou deux minutes, heureux de profiter du matin frais, des odeurs du printemps. La porte d’un immeuble s’ouvrit brutalement
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sous la poussée d’un homme jeune, qui me bouscula et partit en courant devant moi sans un mot d’excuse. Il avait à la main une serviette de cuir qui paraissait un peu lourde. Il avait fait une cinquantaine de mètres quand une auto-police s’arrêta à sa hauteur. Deux policiers en descendirent et le plaquèrent au sol en s’aidant de leur matraque électrique. L’un des deux éleva encore sa matraque et s’apprêtait à lui asséner un coup violent. Il reçut visiblement de sa propre matraque une forte décharge électrique qui le terrassa et évita au “ voleur ” d’avoir la nuque fracassée par l’engin. Sans s’émouvoir, l’autre policier menotta et guida le voleur vers l’auto-police, dès qu’il lui parut en état de se tenir debout. Le policier brutal avait plus de mal à récupérer, une ambulance s’arrêta à sa hauteur et il fut emmené par deux hommes en blanc. Toute cette scène dura exactement trente six secondes, le temps que je parcoure les cinquante mètres qui m’en
séparait. Elle gâcha ma promenade et changea ma vie. C’est en informaticien, évidemment, que je revoyais les faits : L’immeuble faisait huit étages, au plus. L’appart visité, si cet homme était un voleur, avait immédiatement signalé sa présence, l’avait identifié grâce à son Informatique Vestimentaire (IV). Cela ne lui laissait qu’une minute ou deux pour accomplir son vol et quitter l’immeuble. Il n’avait aucune chance de parcourir plus de quelques dizaines de mètres. Son IV avait dû signaler, avant même son infraction, la perturbation de ses données biométriques, rythme cardiaque, température de la peau, etc., bouleversées par ce qu’il s’apprêtait à faire. L’immeuble aurait pu bloquer sa sortie, sinon son entrée. Du coté de l’administration, les questions sans réponse étaient aussi nombreuses : Si la matraque du policier violent pouvait le contrôler en quelques millisecondes, on pouvait aussi bien éviter de le mettre dans cette situation. A l’évidence,
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l’ambulance était presque arrivée quand l’arrestation se déroula, mais l’ambulance était pour le policier qui n’était pas encore terrassé ! Tout le reste du chemin j’essayai d’analyser la scène, je n’en trouvai pas la logique. J’arrivai au bureau complètement perplexe et terriblement mal à l’aise, je ne pensais pas le moins du monde à mon travail. La Machine ne me laissa pas longtemps dans cette situation : Cathy pénétra dans mon bureau. Cathy, c’était “ mon ergonomie à moi ”, comme je pensais souvent. C’était une brune pétillante qui arborait toujours un sourire complice ou une expression émerveillée dès que j’ouvrais la bouche, par, je ne sais pas, mon intelligence, mon charme ou mon génie… Je crois que personne dans notre service n’avait vraiment cherché à connaître ses fonctions et son rang. Sa simple arrivée dans une réunion en changeait l’ambiance. J’ai complètement oublié de quoi elle était venu me parler, mais dans l’instant cela
me paru capital et j’oubliai tout de mes interrogations. La journée se déroula normalement. Je travaillais avec quelques collègues sur un programme de “ vigilance ” des contrôleurs de machines de fabrication métallique. En fait il s’agissait plutôt d’un programme de distraction pour des gens qui devaient être là où il ne se passait rien. Cela développait en même temps leurs fonctions cérébrales et les exerçait à imaginer des procédés pour améliorer la productivité de leur travail… Nous réalisions pour les ergonomes les interconnexions et les partages de tâches nécessaires entre les moyens variables de contrôle des machines et les stimulations des contrôleurs. Ce n’était pas une mince affaire : il fallait quand même que les contrôleurs contrôlent, entre les “ jeux ” vidéos. Mais, dès que j’avais quelques secondes de vacuité, la scène du matin revenait me troubler. Le soir, je décidai de faire une promenade à cheval. Mon cerveau pourrait fonctionner, mes fonctions
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biologiques seraient normalement stimulées par mon compagnon de promenade. Il ne signalerait pas lui-même ma distraction, il n’était pas “ branché ” lui, et très content que je ne lui demande pas trop d’efforts. Je ne pouvais pas admettre que cet incident soit inévitable. Et je n’en découvrais pas l’intérêt, ni pour le voleur, ni pour les policiers, ni pour la collectivité, ni pour moi. D’ailleurs, seule ma présence sur le trottoir était réellement imprévue, puisque c’était à la dernière seconde que j’avais changé de moyen de déplacement. Cette découverte : j’étais le “ grain de sable ”, bizarrement, me rasséréna. Mais il restait que cet incident qui aurait pu être interrompu à toutes les phases de son déroulement par la machine, ne le fut pas. Il était “ voulu ” ! Et il m’était impossible de savoir par qui, ou alors, il fallait imaginer un psychologue qui aurait eu à soigner simultanément le voleur et le policier ! Fantaisiste, comme thérapeutique !
Des machines et des flux Ma vie ne changea pas instantanément, les jours qui suivirent furent apparemment comme les autres. Seule, ma femme remarqua que j'étais plus distrait. Elle me reprocha de m’intéresser moins aux enfants, d’avoir l’air de m’ennuyer quand je les visitais. Mais ma vision du monde avait changé. Tout me paraissait étrange, comme doublé par une image invisible, “ derrière le miroir ”. Il faut que je revienne un peu sur ma formation d’informaticien : j’avais beaucoup travaillé sur les statistiques dans ce domaine. J’avais imaginé une méthode pour améliorer les vitesses de fonctionnement et les débits à partir de l’étude statistique des fonctions et des tâches élémentaires, j’étais même descendu jusqu’au niveau des caractères transmis, cela pouvait déboucher sur des algorithmes de compression totalement inédits. A l’époque, je voulais encore présenter ma thèse, je passais beaucoup de temps à observer les réseaux et à
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concevoir des outils logiciels pour le faire à ma place. Je me faisais parvenir des études semblables du monde entier. En horodatant avec la plus grande précision toutes ces observations, je constatai des variations de quantités d’informations entre machines très importantes et, curieusement, presque synchronisées au niveau mondial. Ces augmentations multipliaient à la fois les machines concernées et les quantités d’informations d’un facteur de plusieurs puissances de dix. Cela ne correspondaient pas du tout aux variations régulières liées aux heures ou aux dates. Je remarquai en particulier des augmentations de flux dont la décroissance brutale était parfaitement synchrone. Je pensai d’abord à trouver l’origine de ces événements ou au moins des similitudes. Je lançai des recherches bibliographiques et historiques en recherchant autour de ces pics de flux, soit des événements précédant les sommets, du genre catastrophe naturelle
ou accidentelle qui n’avaient, à priori, aucune raison d’être précédée par une activité des machines, ou des manifestations les suivant, du genre Jeux Olympiques, qui, eux, nécessitaient une longue préparation et suscitaient beaucoup d’agitations. Je ne trouvai pas de corrélations significatives. J’essayais ensuite de trouver une origine locale. Ce fût un peu plus déterminant, mais pas réellement probant. Je sélectionnais tout de même tous les pics dont l’origine locale pouvait être repérée, sur une dizaine d’années. Je tentais là-dessus d’identifier le ou les hommes à l’origine de ces tâches nouvelles. Là, ce fut très clair : Dans tous les cas, ces pics de flux d’origine locale naissaient “ au plus loin ” d’un opérateur humain, à un niveau ou les interventions humaines étaient d’une fréquence très voisine de zéro. Il pouvait s’agir sans doute d’un changement de procédure machine ” ? Je recherchais, dans les heures suivant ces anomalies de débit des changements de graphes des réseaux (des
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changements d’organisation ou de hiérarchisation), dans les jours et les semaines suivantes des ralentissements ou des accélérations de production qui auraient pu correspondre à des changements de programme. Je ne trouvai rien. Je recherchais aussi des changements coordonnés de matériels, sans plus de succès. Je n’imaginais rien d’autre qui aurait pu provoquer ce genre de sursaut de flux d’informations. C’est à ce moment que se produisit l’arrestation du voleur. Je ne sais pas pourquoi, peut-être parce que le mystère s’épaississait des deux cotés, je rapprochai mes deux préoccupations : je tentais de trouver avant et après mon aventure un pic de flux d’informations même petit, même très local. Rien ! Je descendis au niveau des caractères transmis et tentai d’établir une corrélation entre mes pics et les caractères. Là, je fus saisi par l’excès. Il y avait bien des corrélations entre les fréquences des caractères et les pics de flux, mais elles étaient assez nombreuses et les
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