Les deux poètes
129 pages
Français

Les deux poètes

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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Deuxième livre, Scènes de la vie de province - Tome IV. Huitième volume de l'édition Furne 1842. Extrait : David s’aperçut qu’il n’y avait pas moyen de discuter avec son père. Il fallait tout admettre ou tout refuser, il se trouvait entre un non et un oui. Le vieil Ours avait compris dans l’inventaire jusqu’aux cordes de l’étendage. La plus petite ramette, les ais, les jattes, la pierre et les brosses à laver, tout était chiffré avec le scrupule d’un avare. Le total allait à trente mille francs, y compris le brevet de maître imprimeur et l’achalandage. David se demandait en lui-même si l’affaire était ou non faisable. En voyant son fils muet sur le chiffre, le vieux Séchard devint inquiet 

Informations

Publié par
Nombre de lectures 36
EAN13 9782824710181
Langue Français

Extrait

HONORÉ DE BALZA C
LES DEUX POÈT ES
BI BEBO O KHONORÉ DE BALZA C
LES DEUX POÈT ES
Un te xte du domaine public.
Une é dition libr e .
ISBN—978-2-8247-1018-1
BI BEBO OK
w w w .bib eb o ok.comLicence
Le te xte suivant est une œuv r e du domaine public é dité
sous la licence Cr e ativ es Commons BY -SA
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distribuer , l’ env o y er à v os amis. V ous êtes d’ailleur s
encourag é à le fair e .
V ous de v ez aribuer l’ o euv r e aux différ ents auteur s, y
compris à Bib eb o ok. ,   le privilég e des Raphaël et des Pi, étiez déjà
grand p oète à l’âg e où les hommes sont encor e si p etits, v ousV av ez, comme Chate aubriand, comme tous les v rais talents, lué
contr e les envieux embusqués der rièr e les colonnes, ou tapis dans les
souter rains du Jour nal. A ussi désiré-je que v otr e nom victorieux aide à la
victoir e de cee œuv r e que je v ous dé die , et qui, selon certaines p er sonnes,
serait un acte de courag e autant qu’une histoir e pleine de vérité . Les
journalistes n’ eussent-ils donc p as app artenu, comme les mar quis, les
financier s, les mé de cins et les pr o cur eur s, à Molièr e et à son éâtr e  ? Pour quoi
donc la Comé die Humaine , qui castig at ridendo mor es, e x cepterait-elle
une puissance , quand la Pr esse p arisienne n’ en e x cepte aucune 
Je suis heur eux, monsieur , de p ouv oir me dir e ainsi
V otr e sincèr e admirateur et ami,
DE BALZA C.
n
1Les deux p oètes
’  commence cee histoir e , la pr esse de Stanhop e et
les r oule aux à distribuer l’ encr e ne fonctionnaient p as encor eA dans les p etites imprimeries de pr o vince . Malgré la sp é cialité
qui la met en rapp ort av e c la ty p ographie p arisienne , Ang oulême se
servait toujour s des pr esses en b ois, aux quelles la langue est r e de vable du
mot fair e g émir la pr esse , maintenant sans application. L’imprimerie
arriéré e y emplo yait encor e les balles en cuir fr oé es d’ encr e , av e c
lesquelles l’un des pr essier s tamp onnait les caractèr es. Le plate au mobile où
se place la forme pleine de ler es sur laquelle s’applique la feuille de p
apier était encor e en pier r e et justifiait son nom de marbre . Les dé v orantes
pr esses mé caniques ont aujourd’hui si bien fait oublier ce mé canisme ,
auquel nous de v ons, malgré ses imp erfe ctions, les b e aux liv r es des Elze vier ,
des P lantin, des Alde et des Didot, qu’il est né cessair e de mentionner les
vieux outils aux quels Jérôme-Nicolas Sé chard p ortait une sup er stitieuse
affe ction  ; car ils jouent leur rôle dans cee grande p etite histoir e .
Ce Sé chard était un ancien comp agnon pr essier , que dans leur ar g ot
ty p ographique les ouv rier s char g és d’assembler les ler es app ellent un
Our s. Le mouv ement de va-et-vient, qui r essemble assez à celui d’un our s
en cag e , p ar le quel les pr essier s se p ortent de l’ encrier à la pr esse et de
2Les deux p oètes Chapitr e
la pr esse à l’ encrier , leur a sans doute valu ce sobriquet. En r e vanche ,
les Our s ont nommé les comp ositeur s des Sing es, à cause du continuel
e x er cice qu’ils font p our arap er les ler es dans les cent
cinquante-deuxp etites cases où elles sont contenues. A la désastr euse ép o que de 1793,
Sé chard, âg é d’ envir on cinquante ans, se tr ouva marié . Son âg e et son
mariag e le fir ent é chapp er à la grande ré quisition qui emmena pr esque
tous les ouv rier s aux ar mé es. Le vieux pr essier r esta seul dans
l’imprimerie dont le maîtr e , autr ement dit le Naïf, v enait de mourir en laissant
une v euv e sans enfants. L’établissement p ar ut menacé d’une destr uction
immé diate  : l’Our s solitair e était incap able de se transfor mer en Sing e  ;
car , en sa qualité d’imprimeur , il ne sut jamais ni lir e ni é crir e . Sans av oir
ég ard à ses incap acités, un Représentant du Peuple , pr essé de rép andr e les
b e aux dé cr ets de la Conv ention, inv estit le pr essier du br e v et de maîtr e
imprimeur , et mit sa ty p ographie en ré quisition. Après av oir accepté ce
p érilleux br e v et, le cito y en Sé chard indemnisa la v euv e de son maîtr e en
lui app ortant les é conomies de sa femme , av e c lesquelles il p aya le
matériel de l’imprimerie à moitié de la valeur . Ce n’était rien. Il fallait
imprimer sans faute ni r etard les dé cr ets républicains. En cee conjonctur e
difficile , Jérôme-Nicolas Sé chard eut le b onheur de r encontr er un noble
Mar seillais qui ne v oulait ni émigr er p our ne p as p erdr e ses ter r es, ni se
montr er p our ne p as p erdr e sa tête , et qui ne p ouvait tr ouv er de p ain
que p ar un travail quelconque . Monsieur le comte de Maucomb e endossa
donc l’humble v este d’un pr ote de pr o vince  : il comp osa, lut et cor rig e a
lui-même les dé cr ets qui p ortaient la p eine de mort contr e les cito y ens
qui cachaient des nobles  ; l’Our s de v enu Naïf les tira, les fit afficher  ; et
tous deux ils r estèr ent sains et saufs. En 1795, le grain de la T er r eur étant
p assé , Nicolas Sé chard fut oblig é de cher cher un autr e maîtr e Jacques qui
pût êtr e comp ositeur , cor r e cteur et pr ote . Un abbé , depuis é vê que sous la
Restauration et qui r efusait alor s de prêter le ser ment, r emplaça le comte
de Maucomb e jusqu’au jour où le Pr emier Consul rétablit la r eligion
catholique . Le comte et l’é vê que se r encontrèr ent plus tard sur le même
banc de la Chambr e des Pair s. Si en 1802 Jérôme-Nicolas Sé chard ne
savait p as mieux lir e et é crir e qu’ en 1793, il s’était ménag é d’assez b elles
étoffes p our p ouv oir p ay er un pr ote . Le comp agnon si insoucieux de son
av enir était de v enu très-r e doutable à ses Sing es et à ses Our s. L’avarice
3Les deux p oètes Chapitr e
commence où la p auv r eté cesse . Le jour où l’imprimeur entr e vit la p
ossibilité de se fair e une fortune , l’intérêt dé v elopp a chez lui une intellig ence
matérielle de son état, mais avide , soup çonneuse et p énétrante . Sa
pratique nar guait la thé orie . Il avait fini p ar toiser d’un coup d’ œil le prix
d’une p ag e et d’une feuille selon chaque espè ce de caractèr e . Il pr ouvait à
ses ignar es chalands que les gr osses ler es coûtaient plus cher à r emuer
que les fines  ; s’agissait-il des p etites, il disait qu’ elles étaient plus
difficiles à manier . La composition étant la p artie ty p ographique à laquelle il
ne compr enait rien, il avait si p eur de se tr omp er qu’il ne faisait jamais
que des mar chés lé onins. Si ses comp ositeur s travaillaient à l’heur e , son
œil ne les quiait jamais. S’il savait un fabricant dans la gêne , il achetait
ses p apier s à vil prix et les emmag asinait. A ussi dès ce temps p ossé dait-il
déjà la maison où l’imprimerie était log é e depuis un temps immémorial.
Il eut toute espè ce de b onheur  : il de vint v euf et n’ eut qu’un fils  ; il le
mit au ly cé e de la ville , moins p our lui donner de l’é ducation que p our
se prép ar er un successeur  ; il le traitait sé vèr ement afin de pr olong er la
duré e de son p ouv oir p ater nel  ; aussi les jour s de cong é le faisait-il
travailler à la casse en lui disant d’appr endr e à g agner sa vie p our p ouv oir
un jour ré comp enser son p auv r e pèr e , qui se saignait p our l’éle v er . A u
dép art de l’abbé , Sé chard choisit p our pr ote celui de ses quatr e comp
ositeur s que le futur é vê que lui signala comme ayant autant de pr obit

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