Les citadins et la forêt : l'exemple du Parc du Pilat (Loire) - article ; n°2 ; vol.50, pg 151-165

Jean-Paul Bravard

Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1975 - Volume 50 - Numéro 2 - Pages 151-165
The forest of Pilat, one of the main elements of the Regional Natural Park, cover an area of roughly 20 000 hectares and belong mostly to urban owners from Saint-Etienne or Lyon. The distribution of this property is very disparate, consisting in some large domains, but mainly in numerous smalt lots held by urbans of recent rural origin. From 1950 to 1965 near 2 000 hectares have been planted again, but the land speculation and the SAFER policy have impeded this trend, with various but distinct finalities and motivations.
Les forêts du Pilat, élément essentiel du Parc Naturel Régional, couvrent environ 20 000 ha et sont détenues en grande partie par des propriétaires urbains, stéphanois ou lyonnais. L'assiette de cette propriété est des plus disparates, avec quelques grands domaines mais surtout de nombreuses parcelles détenues par des urbains d'origine rurale récente. De 1950 à 1965, près de 2 000 ha ont été reboisés, mais la spéculation foncière et l'action des SAFER ont bloqué ce mouvement avec des finalités et des motivations différentes.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_DE_GEOGRAPHIE_DE_LYON
• Publié le: 01 janvier 1975
• Nombre de lectures: 35
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Jean-Paul Bravard
Les citadins et la forêt : l'exemple du Parc du Pilat (Loire)
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 50 n°2, 1975. pp. 151-165.
Abstract
The forest of Pilat, one of the main elements of the Regional Natural Park, cover an area of roughly 20 000 hectares and belong
mostly to urban owners from Saint-Etienne or Lyon. The distribution of this property is very disparate, consisting in some large
domains, but mainly in numerous smalt lots held by urbans of recent rural origin. From 1950 to 1965 near 2 000 hectares have
been planted again, but the land speculation and the SAFER policy have impeded this trend, with various but distinct finalities
and motivations.
Résumé
Les forêts du Pilat, élément essentiel du Parc Naturel Régional, couvrent environ 20 000 ha et sont détenues en grande partie
par des propriétaires urbains, stéphanois ou lyonnais. L'assiette de cette propriété est des plus disparates, avec quelques grands
domaines mais surtout de nombreuses parcelles détenues par des urbains d'origine rurale récente. De 1950 à 1965, près de 2
000 ha ont été reboisés, mais la spéculation foncière et l'action des SAFER ont bloqué ce mouvement avec des finalités et des
motivations différentes.
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Bravard Jean-Paul. Les citadins et la forêt : l'exemple du Parc du Pilat (Loire). In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 50 n°2,
1975. pp. 151-165.
doi : 10.3406/geoca.1975.1674
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1975_num_50_2_1674LES CITADINS ET LA FORET :
L'EXEMPLE DU PARC DU PILAT (Loire)
par Jean-Paul Bravard
Promu au rang de Parc Naturel Régional, le Massif du Pilât doit l'essent
iel de son attrait à sa parure forestière : un taux de boisement qui atteint
localement 50 à 70 % confère une allure quasi vosgienne à ce moyen massif
hercynien qu'arrosent tour à tour les pluies océaniques et les orages médi
terranéens.
Cette forêt constitue-t-elle le témoin d'un boisement très ancien qui aurait
résisté à des siècles de défrichement ? S'agit-il au contraire d'une reconquête
de la forêt sur un milieu rural en déclin ? Et que peuvent être les rapports
d'espace entre ce massif de 570 km2 où ne vivent que 30 000 habitants et
l'agglomération stéphanoise toute proche avec ses 600 000 citadins ? Les
réponses que l'on peut donner à ces questions s'inscrivent au terme d'une
histoire longue et obscure, que l'étude du reboisement récent permet seule
d'éclairer partiellement *.
I. — LE PAYSAGE FORESTIER
A) Une superficie forestière mal précisée
II est difficile de définir avec précision l'espace couvert par la forêt, faute
de posséder des statistiques précises concernant la propriété privée.
Les statistiques cantonales du Ministère de l'Agriculture font état de
18 789 ha pour 38 communes (il convient d'y ajouter Châteauneuf avec 158 ha).
L'Etude de reconnaissance du Parc du Pilât recense 22 771 ha.
* Nos remerciements vont aux Services du Cadastre et à tous les spécialistes de la forêt
qui ont bien voulu nous recevoir : MM. Brun (Directeur départemental de l'O.N.F. à Saint-
Etienne), Claudel (Directeur du Centre Régional de la Propriété Forestière à Lyon), Dancer,
Gâche. Gonon (Direction départementale de l'Agriculture), Laneyrie (C.R.E.S.A.L.) et Paliard
(Chambre d'Agriculture de la Loire). 152 JEAN-PAUL BRAVARD
L'Institut Forestier National a procédé à l'étude de la couverture photo
aérienne en 1967 puis à des sondages sur le terrain afin d'effectuer des véri
fications ; l'étude étant faite par régions naturelles, le Parc est écartelé entre
le Pilât proprement dit, le Vivarais-Nord et le Forez (plateaux limitant au
Sud la plaine du Forez) ; par recoupement on obtient environ 24 000 ha.
L'Institut Forestier National intègre dans ce calcul les boqueteaux, bois de
fermes et les haies, ce qui peut expliquer l'écart par rapport aux chiffres
précédents.
Le Centre Régional de la Propriété Forestière, quant à lui, a mesuré les
tâches vertes portées sur les cartes topographiques au 1 /50 000e en utilisant
un quadrillage à mailles de 4 mm de côté. La méthode est assez précise (1,5 %
d'erreur environ) mais porte sur un document d'âge variable. La surface
obtenue est de 20 000 ha.
Nous avons personnellement procédé au dépouillement exhaustif des mat
rices cadastrales des 39 communes du Parc. Le recensement systématique des
parcelles boisées fournit un tableau assez précis de la situation en 1974 ;
l'utilisation de fiches a permis de regrouper, pour chaque propriétaire, les dispersées à travers le massif.
Les matrices fournissent aussi des indications sur le reboisement volont
aire, la progression spontanée des taillis n'étant pas mesurable ; en effet il
est indiqué pour chaque parcelle la date limite de l'exemption fiscale accordée
pour 30 ans ce qui, par simple soustraction, permet d'obtenir la date de plan
tation. Ces valeurs peuvent être sujettes à caution dans le détail (certains
ignorent la loi, diffèrent la déclaration de plantation auprès de la mairie du
lieu) mais reflètent bien la physionomie d'ensemble ; les taillis, taillis-sous-
futaie et futaies couvriraient alors 1 9 662 ha pour une surface totale de
57 063 ha soit 34 % du sol.
Fig. 1. — Communes situées dans le Parc du Pilât
• partie du canton de Rive-de-Gier L - Lupé
Mac - Maclas Rive-de-Gier Véra - Véranne F - Farnay SA - St-Appolinard SP - St-Paul-en-Jarez
SC - Ste-Croix-en-Jarez • canton de Bourg-Argental
P - Pavezin G - Graix
С - Colombier • partie du canton de St-Chamond T - Thélis-la-Combe La T - La Terrasse-s.-Dorlay La V - La Versanne D - Doizieux SJ - St-Julien-Molin-Molette La V - La Valla-en-Gier Bu - Burdignes Le В - Le Bessat SS - St-Sauveur-en-Rue
• canton de Pélussin • partie du canton de St-Etienne Sud-Est
La С - La Chapelle-Villars R - Rochetaillée
Véri - Vérin
• canton de St-Genest-Malifaux Chu - Chuyers
SM - St-Michel-s.-Rhône P - Planfoy
S Ro - St-Romain-les-Atheux Pélussin
Cha - Chavanay St-Genest-Malifaux
T - Tarentaize R - Roizey
В - Bessey J - Jonzieux
Mal - Malleval M - Marlhes
SP - St-Pierre-de-Bceuf S Re - St-Régis-du-Coin pourcentage de bois
possédés par
taux de boisement la commune
total des bois
de la commune
pourcentage de bois taux de reboisement possédés par de 1950 à 1972 l'agglomération
de S T -ETIENNE surface reboisée
total des bois
commune
5 10 km 25 154 JEAN-PAUL BRAVARD
La densité forestière est en réalité peu homogène : l'examen de la carte
topographique et de la carte du taux de boisement (fig. 1) permet de distinguer
grossièrement trois grandes masses dans le cadre du Parc.
A l'Ouest des communes rurales dont le terroir est cerné par des bois
discontinus ; chaque village pratique essentiellement des activités d'élevage
au centre de sa clairière.
La retombée orientale des monts, les communes du Gier et le piémont
rhodanien qui ne sont pas des pays forestiers ; un défrichement beaucoup plus
poussé a voué le pays à une polyculture intensive : les pâturages et les châtai
gniers des hauts versants font place à la vigne et aux arbres fruitiers vers
4-500 m. Le taux de boisement peut approcher les 30 % grâce aux châtai
gneraies et aux bois communaux d'altitude ; l'essentiel du couvert forestier
consiste en médiocres taillis qui colonisent les friches et les versants trop
pentus.
La véritable forêt, la futaie de résineux, haute et profonde, se rencontre
au-dessus de 800-1 000 m c'est-à-dire sur le faîte du massif et en position
d'ubac : le taux de boisement est alors très élevé : près de 64 % à Tarentaize,
plus de 69 % au Bessat. Quelle est la part des facteurs physiques et humains
dans l'explication de cette physionomie ? Tout oppose le haut pays et le ver
sant rhodanien mais le plateau occidental n'est-il pas doué pour la forêt à
l'égal des sommets ?
B) Un milieu aux dons variés
Le massif du Pilât pourrait illustrer l'influence de l'exposition sur la vie
d'une montagne où s'opposent deux secteurs aux caractères assez homogènes :
— Le plateau occidental et le faîte du massif sont des pays à vocation
forestière ; les rivières s'encaissent vers le Nord e