Des bouveries
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Des bouveriesHenri Bascoul1870 École Impériale Vétérinaire de ToulouseINTRODUCTIONSeuls, les animaux sauvages peuvent se passer d’habitations, car la nature pourvoità leurs besoins, soit en augmentant le pelage, soit en leur donnant l’instinct et lesmoyens de quitter le pays ou la région que les vicissitudes atmosphériques vontleur rendre momentanément inhabitable Ils émigrent vers des parages plushospitaliers, s’y installent, et les abandonneront plus tard, si les conditionsnécessaires à leur existence viennent à faire défaut.Il en est tout autrement des animaux domestiques. Contraints d’habiter, toutel’année, les lieux où le hasard les a placés, ils ne pourraient éviter les intempériesdes saisons et auraient trop à souffrir des écarts météorologiques, sans le secoursdes habitations que l’intérêt du maître leur prépare et leur entretien. Si les animauxne sont pas logés ou parqués, ils ne peuvent être facilement utilisés, l’agricultureperd la principale source des engrais, et on ne peut développer en eux les diversesaptitudes desquelles on tire, de nos jours, un si grand profit.Mais il ne suffit pas d’avoir des logements ; il faut encore qu’ils présentent certainesconditions indispensables pour remplir d’une façon avantageuse et économique lebut auquel on les destine. Et malgré les progrès de la science, malgré les efforts detant d’hommes éminents qui ont fait de l’hygiène leur étude spéciale, la routine etl’ignorance, ennemies de toute innovation, ...

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Des bouveriesHenri Bascoul0781 École Impériale Vétérinaire de ToulouseINTRODUCTIONSeuls, les animaux sauvages peuvent se passer d’habitations, car la nature pourvoità leurs besoins, soit en augmentant le pelage, soit en leur donnant l’instinct et lesmoyens de quitter le pays ou la région que les vicissitudes atmosphériques vontleur rendre momentanément inhabitable Ils émigrent vers des parages plushospitaliers, s’y installent, et les abandonneront plus tard, si les conditionsnécessaires à leur existence viennent à faire défaut.Il en est tout autrement des animaux domestiques. Contraints d’habiter, toutel’année, les lieux où le hasard les a placés, ils ne pourraient éviter les intempériesdes saisons et auraient trop à souffrir des écarts météorologiques, sans le secoursdes habitations que l’intérêt du maître leur prépare et leur entretien. Si les animauxne sont pas logés ou parqués, ils ne peuvent être facilement utilisés, l’agricultureperd la principale source des engrais, et on ne peut développer en eux les diversesaptitudes desquelles on tire, de nos jours, un si grand profit.Mais il ne suffit pas d’avoir des logements ; il faut encore qu’ils présentent certainesconditions indispensables pour remplir d’une façon avantageuse et économique lebut auquel on les destine. Et malgré les progrès de la science, malgré les efforts detant d’hommes éminents qui ont fait de l’hygiène leur étude spéciale, la routine etl’ignorance, ennemies de toute innovation, dictent encore de nos jours les seuleslois qui président à la construction de la plupart des étables. Aujourd’hui, commeautrefois, l’espace y est en général trop restreint ; si l’aérage n’est pas oublié, il estmal compris et surtout mal entretenu, aussi voit-on souvent ces abris, qui avant toutdevraient être salubres, transformés en étuves infectes et malsaines. Ces locauxaltèrent peu à peu la constitution de leurs habitants, qui deviennent plusimpressionnables à l’action des causes morbifiques, et lorsqu’ils sont atteints, leursmaladies revêtent presque toujours les caractères redoutables des affectionstyphoïdes.Tous ces inconvénients, toutes ces imperfections forment sans contredit l’apanagedes habitations destinées aux grands ruminants. C’est à elles que s’appliquent lesconsidérations qui précédent, et je les aurai exclusivement en vue dans ce qui vasuivre.DES BOUVERIES« La santé du bétail est la fortune del’éleveur. »GAYOT.On appelle Bouveries, les locaux destinés aux grands Ruminants des deux sexesutilisés pour le travail et la reproduction ; et Vacheries, ceux qui ne logent que lesfemelles spécialement entretenues en vue de la production du lait. Le mot Étable,qui d’après son étymologie s’applique exactement aux habitations de tous lesanimaux domestiques, mais dont l’usage a restreint la signification, embrassecollectivement les bouveries et les vacheries. Dans ce qui suit, les expressions
bouveries et étables sont considérées comme synonymes et employéesindifféremment l’une pour l’autre ; le mot vacherie conserve seul sa véritablesignification.Emplacement.Lorsqu’on veut élever une bouverie d’après les règles de l’hygiène, il importe detenir compte de la météorologie locale ou de l’orientement, de la disposition desautres bâtiments de la ferme, enfin des voisinages nuisibles qu’on doit s’attacher àéviter. Ces points ne sont ni méconnus ni négligés par le propriétaire qui prend àcœur la santé des hommes et des animaux, la commodité et la facilité du service.À chacune des expositions correspondant aux quatre points cardinaux, incombent,dans notre climat, des avantages et des inconvénients. Celle du Nord et mêmecelle de l’Est entraînent le froid ; celle de l’Ouest, l’humidité ; enfin, celle du Suddonne la chaleur. L’humidité est nulle part favorable ; l’exposition au couchant doitdonc être évitée. Restent les trois autres, pour le choix desquelles on se décided’après les conditions de la localité. Dans les pays chauds, où il n’y a presque pasde mauvaise saison, on peut donner l’exposition septentrionale ; mais, si rien nel’empêche, on exposera à l’Est, car c’est de là que viennent l’air le plus pur et latempérature la plus convenable. Avec le pays les conditions changent, etl’exposition Sud aura la préférence dans les régions froides, où l’hiver est aussilong que rigoureux ; la chaleur qu’elle entraîne peut neutraliser, dans une certainemesure, les inconvénients inhérents au climat. Sur le sol de la France où règne, engénéral, une température assez douce, on doit exposer autant que possible lesétables au levant ; on favorise ainsi la complète aération des locaux, sauf à établirdes abris pour combattre le froid que cette exposition entraîne.Les vents et l’influence qu’ils exercent doivent être étudiés quand on s’occupe de ladistribution des bâtiments ruraux. Lorsque les vents de l’Est soufflent, la fumée etles vapeurs tendent à s’élever et à se perdre dans l’espace ; tandis que pendant lerègne de ceux de l’Ouest, le temps est plus humide, le baromètre est bas et lescorps dont l’air est chargé sont entraînés horizontalement. En ajoutant que dans noscontrées ces derniers sont les plus fréquents, on aura assez de motifs pourconseiller de construire les étables à l’Est de l’habitation des hommes, de la laiterieet autres bâtiments qui demandent un air pur. On les placera, au contraire, à l’Ouestde la fosse à purin, du fumier, des égouts et autres établissements dont lesémanations altèrent l’atmosphère.Les magasins à fourrages, les meules de paille, etc., seront rapprochés desbouveries si on tient à faciliter le service et à rendre moins pénible la tâche despersonnes chargées des soins du bétail. En outre, on place les étables assez prèsde l’habitation du fermier pour que celui-ci puisse aisément exercer unesurveillance active et de tous les instants sur les bêtes et parer à toutes leséventualités. Par contre, si dans l’exploitation il y a plusieurs espèces d’animaux,leurs logements réciproques seront assez éloignés les uns des autres. On éviteainsi les accidents, souvent graves, qui résultent de la présence simultanée, qu’onne peut toujours empêcher, des divers animaux dans la même partie des cours.Les étables doivent être à proximité des pâturages. Si elles en sont éloignées, lesbœufs se fatiguent inutilement pour s’y rendre, et dans certains cas, c’est à peine sila nourriture qu’ils vont y chercher compense les pertes en temps et en fumieroccasionnées par la route. Les mêmes inconvénients résultent de l’éloignementdes terres d’exploitation parfois inévitable à cause du morcellement du sol. Danstous ces cas, on devrait établir des abris sur les pâturages, les terres arables tropdistantes des bouveries ; les dépenses du propriétaire seraient largementcouvertes par la bonne santé, l’embonpoint et la plus value des produits de sesbestiaux.Les frais de construction d’une conduite d’eau pourraient aussi être compensés parles avantages qui résulteraient d’un abreuvoir attenant aux étables ; le bétail sortant,en hiver, d’un lieu chaud et humide pour aller boire, n’aurait pas le temps de serefroidir, et de nombreuses maladies dues aux arrêts de transpiration seraient ainsiévitées.Restent les voisinages malfaisants dont il faut se garder ; voyons en quelques motsce qui concerne les principaux. En première ligne se trouvent les marais, c’est-à-dire ces terrains bourbeux couverts d’eau stagnante, peuplés d’une quantitéprodigieuse d’animaux, et où pousse une végétation d’autant plus riche que le
climat est plus chaud. Sous l’influence des fortes chaleurs, les bords, sinon toute lasuperficie des marécages, se dessèchent et laissent exposées à l’air des matièresvégéto-animales qui engendrent, en se putréfiant, des émanations malsaines, diteseffluves, inconnues dans leur nature, mais qu’on a pu apprécier par lesdésastreuses épizooties dont elles sont la cause.Les rivières et autres cours d’eau saturent d’humidité l’atmosphère des lieuxenvironnants ; de plus, s’ils sont sujets à des débordements, leur proximité est aussidangereuse que celle des marécages dont ils produisent les effets. Les bords duNil, périodiquement submergés et ravagés par la peste, fournissent un exemple desfâcheux inconvénients de ces entourages.On peut en dire autant des clos d’équarrissages et autres endroits choisis pourréceptacle des restes des animaux et d’où se dégagent des gaz malfaisants et desmiasmes putrides non moins dangereux que les effluves.Il n’est pas toujours possible d’éloigner autant qu’on le voudrait les étables de cesvoisinages ; il reste alors à se prémunir contre leur désastreuse influence. On yarrive quelquefois par des moyens assez simples sur lesquels l’observation de tousles jours permet de compter : des rideaux d’arbres, des collines, des constructionsmême, arrêtent souvent les effluves ou les miasmes, et empêchent qu’emportés parles vents ils ne se répandent au loin.Construction.La construction des bouveries doit être économique tout en réunissant cependant lasolidité aux qualités que réclame l’hygiène. il ne faut pas oublier que le but deshabitations est de soustraire les animaux aux intempéries ; à cet effet, les parois oules murs doivent être imperméables aux agents atmosphériques, mieux vaudraitlaisser les animaux sans abris que de les loger dans des locaux où les vents, lapluie, la neige, etc., auraient un libre accès.La matière première utilisée pour élever les murs varie avec le pays et lesressources du propriétaire. C’est ainsi que de simples branchages, les nattes depaille, les planches, le pisé (terre tassée), le briquetage, les cailloux, les pierres,sont tour-à-tour employés et préférés les uns aux autres. On voit dans une mêmecontrée des étables construites avec des planches, à côté d’autres dont les mursen pisé, en briques ou en pierres procurent un abri, sinon plus économique, tout aumoins plus solide. Dans celles-ci, on est mieux en mesure de régler la températureintérieure et de favoriser, chez les animaux, telle aptitude avantageuse aupropriétaire. Le climat peut faire donner la préférence au pisé ou aux briques plutôtqu’aux nattes de paille et aux branches ; aux cailloux ou aux pierres plus tôt qu’auxplanches. Dans les régions chaudes, où les grands écarts de température sontpresque inconnus, les substances peu résistantes pourront suffire ; tandis que si lesvicissitudes atmosphériques sont fréquentes et redoutables, les constructions enpisé, en briques, en cailloux, etc., seront à la fois et plus durables et mieuxappropriées à leur but. Quant au choix à faire entre ces dernières substances, onne peut s’empêcher de recommander les pierres : les murs qu’on en construit sontimperméables et plus solides ; ils exigent néanmoins quelques précautions afin degarantir les animaux de la trop grande fraîcheur de leur contact.Le pisé, si on n’a pas à craindre les crevasses des murs par suite des fortesgelées succédant aux pluies torrentielles, n’est pas à dédaigner et peut êtreemployé. À plus forte raison construira-t-on avec des briques, des cailloux, si cessubstances sont moins coûteuses et plus à portée que les autres matériaux. Dansquelques pays pauvres, on se contente d’élever de simples cloisons entrelesquelles on interpose de la mousse tassée, de la terre fine, ou autres agentsmauvais conducteurs du calorique.Quelle que soit la matière employée, il faut éviter que les murs soient froids ethumides, ou tout au moins qu’ils fassent ressentir leur fâcheuse influence auxhabitants de la bouverie. Pour atteindre ce but, on laisse inoccupées les placesrapprochées des murailles, ou bien on garnit la base de ces dernières avec desplanches, des nattes de paille, etc.; de la sorte on écarte des rhumatismes et autresdouleurs dont la cause passe bien souvent inaperçue.Quelques-uns des matériaux indiqués pour les murs, sont aussi employés pour lestoitures des bouveries. Dans le Nord, on se sert quelquefois de toiles goudronnéeset sablées, ou bien de simples cartons enduits d’une couche imperméable ; mais
leur grande combustibilité doit les faire écarter.Le chaume, autrefois d’un usage si fréquent, est encore employé dans quelquescontrées, notamment en Bretagne, pour recouvrir les logements des animaux. Ilpermet, si on a le soin de mettre de la bonne paille, de faire des toits trèséconomiques en même temps qu’imperméables. On leur donne une très forte penteafin que la pluie puisse s’égoutter facilement et pour empêcher un trop long séjourde la neige ; les couches supérieures seraient vite altérées si on ne prenait cetteprécaution.Les tuiles et les ardoises sont préférables à tout ce qui précède, et recouvrentpresque exclusivement les étables de nos contrées. On leur reproche bien delaisser passer le froid en hiver et la chaleur en été ; mais avec peu de soins, onremédie à cet inconvénient que compensent largement les conditions de durée etde solidité.Les étables, d’ailleurs, sont situées le plus souvent sous l’habitation du fermier,sous le fenil ou tout autre magasin, et par conséquent à l’abri des avantages et desinconvénients des toits bien ou mal construits. Un simple plancher les sépare alorsdes étages supérieurs, plus rarement un plafond ou une voute établit la délimitation.Le plafonnage est ce qui convient le mieux et on doit regretter que son prix enrestreigne l’emploi ; je ne citerai que pour mémoire les voûtes en pierre, travail horsde proportion avec le genre de construction qui m’occupe ; de plus, très chaudes enhiver, elles sont froides en été pour les animaux qui, comme le bœuf, ont besoind’une température à peu près constante.Plus communs que les plafonds et les voûtes, les planchers, tels qu’ils existentcommunément, ont de nombreux inconvénients. Séparent-ils l’habitation du fermierdes étables ? ils sont préjudiciables aux personnes attachées à l’exploitationcomme aux animaux ; en effet, ces planchers, ordinairement très mal exécutés,présentent des fentes, des espaces vides, parfois même il est laissé tout exprèsune ouverture pour faire passer les balayures. À leur faveur, la poussière, lesordures du ménage tombent directement dans l’étable, dans les crèches, lesrâteliers, salissent les aliments et dégoûtent les animaux de leur nourriture ; en outrela peau, soumise à leur contact irritant, devient le siège de maladies d’autant plusgraves que la cause qui les a produites agit en permanence. D’un autre côté,l’étage supérieur n’a pas moins à souffrir des inconvénients d’un plancher construitavec autant de négligence. Les émanations malsaines de l’étable y trouvent uneroute facile et deviennent pour les personnes une cause active d’insalubrité.Si c’est le fenil qui est placé au dessus de la bouverie, les planchers reçoivent bienmoins de soins encore ; on en voit qui ne sont constitués que par des perches derebut placées ça et là sur les poutres, laissant entre elles de grands interstices quebouchent les fourrages. On comprend tout ce qu’a de défectueux une pareilledisposition, elle expose le foin à des émanations qui l’altèrent et le déprécient, etelle permet aux graines de se mélanger avec le fumier, et plus tard d’infester leschamps où on le transportera.Lors même que l’exécution ne laisse rien à désirer, les planchers ont ledésavantage d’être peu faciles à nettoyer en même temps que perméables àl’humidité, et de pouvoir servir de réceptacle aux virus qui s’y conservent parfoistrès longtemps.Le propriétaire intelligent doit, pour parer aux inconvénients signalés, établir desplanchers unis et rendus imperméables, soit par un carrelage ou tout autre moyenmoins coûteux, ou planchéier d’après le procédé économique décrit par M.Joigneaux dans la Feuille du Cultivateur.« Vous prenez, dit l’auteur, des perches ou des rondins d’un petit diamètre, afin dene pas surcharger inutilement les poutrelles des étables ; vous les sciez sur unelongueur de un mètre et demi à 2 mètres au plus, de façon que les deux extrémitésportent sur le milieu de deux poutrelles, après la pose. Cela fait, vous préparez unmortier avec de la terre argileuse, de l’eau et du foin haché ; puis vous étendez unecouche mince de paille d’avoine sur une table ; vous recouvrez cette couche depaille d’une couche de mortier de 2 à 2 centimètres et demi d’épaisseur ; vousplacez le rondin ou le morceau de perche sur ce mortier et en travers de la paille, etvous roulez de manière à envelopper le bois avec la boue et la paille. Il ne reste plusqu’à disposer et à serrer les rondins l’un contre l’autre sur les poutrelles et àrecouvrir le tout de mortier, comme s’il s’agissait de préparer une aire de grange.On peut également plafonner le dessous de la même façon. » Il serait à désirer quela pratique s’empare de ce système peu coûteux et solide.
Ouvertures.Les ouvertures ont pour but de livrer passage aux hommes et aux animaux, delaisser pénétrer l’air et la lumière, et de permettre de régler la température du local.C’est là le rôle dévolu aux portes et aux fenêtres, auxquelles on adjoint quelquefoisd’autres baies destinées à rendre l’aération plus commode et plus efficace : tellessont les barbacanes et les cheminées d’appel. Les premières sont de nécessitéabsolue ; les autres ne sont pas toujours indispensables, mais elles sont souventutiles pour faciliter le renouvellement de l’air et équilibrer la température intérieure,sans exposer les bœufs à des courants nuisibles. Pour atteindre leur but, lesouvertures doivent réunir certaines conditions qu’il est bon de signaler. Les portes seront percées dans la façade la mieux abritée, car devant être ouvertesplusieurs fois dans la journée à cause du service, elles seraient nuisibles si à leurfaveur les vents, la pluie et la neige pouvaient pénétrer dans l’étable ; la santé desanimaux en souffrirait. Si l’exposition Est n’a pas d’inconvénients marqués, on luidonnera la préférence. En outre, il faudra les disposer de façon que le service soitfacilité et que la sortie comme la rentrée des animaux puisse se faire sansencombre et sans embarras.Le seuil doit être au-dessus du niveau du sol environnant, afin que les eaux despluies ou de la fente des neiges ne puissent pénétrer à l’intérieur. Les huisseries,qui sont en bois ou en pierres de taille, auront les angles arrondis ou rendusinoffensifs par un cylindre en bois de 12 à 15 centimètres de diamètre, tournant surun pivot. On évite ainsi que les animaux, pressés et rentrant en foule, ne soientblessés par les saillies des montants, ce qui est surtout préjudiciable aux femellespleines, chez lesquelles les moindres compressions ou heurts suffisent quelquefoispour provoquer l’avortement.Les dimensions à donner aux portes sont assez difficiles à préciser ; la largeur serasuffisante pour permettre à deux bœufs réunis par le joug de passer facilement.Quant à la hauteur, on la proportionne à la largeur dont elle excède la mesure.Enfin la fermeture peut être pleine, non brisée, à deux battants, ou mieux à deuxventaux. Ce dernier mode est préférable, car il permet d’employer l’ouverture àl’aération, et on n’a qu’à laisser le ventail supérieur ouvert pour avoir une fenêtre.Les portes servent bien effectivement à l’aération, puisqu’elles donnent passage àde fortes colonnes d’air qui déplacent une certaine masse de l’atmosphèreintérieure ; mais leur action n’est que momentanée, irrégulière. Trop vive et tropbrusque quand on ouvre, elle est nulle et tout-à-fait impossible lorsqu’elles sontcloses, et il y aurait de graves inconvénients, de nature très différente, à les laisserouvertes. Il faut donc d’autres baies pour faciliter l’entrée graduelle de l’air extérieur,de là l’utilité des fenêtres.Les fenêtres font défaut dans le plus grand nombre des étables, ou bien en nombreinsuffisant, trop étroites, basses ou mal disposées, elles sont plus nuisiblesqu’utiles et ne laissent passer convenablement ni l’air ni la lumière. Au lieu de lesmultiplier, on s’attache à en restreindre le nombre et les dimensions, et si tant debouveries sont malsaines, c’est dans cette fâcheuse disposition qu’il faut enrechercher la cause.Dans la majorité des cas, les fenêtres se trouvent du côté opposé à la porte ; ilserait à désirer que chaque mur en eût sa part, ce qui permettrait, jusqu’à un certainpoint, de parer aux inconvénients de l’orientation parfois difficile à bien établir dansla pratique, et on pourrait ainsi, presque à volonté, se garantir du chaud ou du froid.De plus, lorsqu’on distribue ces ouvertures, il faut tenir compte des abris qui setrouvent quelquefois autour de l’étable. Est-elle derrière un mur qui arrête les ventsseptentrionaux, ou sur un terrain en pente exposé au Sud ? les fenêtres tournées auMidi donnent trop de chaleur et sont presque toujours nuisibles. Le contraire auraitlieu si l’exposition était au Nord.La place déterminée, il reste à fixer la hauteur à laquelle on doit les établir, lesdimensions et la forme qui leur conviennent. Il faut les placer assez haut pour quel’air et la lumière n’arrivent pas directement sur les animaux ; les yeux des bœufsqui sont en face des fenêtres par où pénètre une vive lumière, sont surexcités et degraves ophthalmies peuvent en être la conséquence. Tandis que si ces ouverturessont rapprochées du plancher, la lumière est diffuse et l’air n’arrive à la hauteur desanimaux qu’après avoir traversé les couches les plus chaudes de l’atmosphère
intérieure et leur avoir emprunté assez de chaleur pour ne plus être nuisible enarrivant dans les couches moyennes ou inférieures de l’habitation.Les fenêtres de 70 à 80 centimètres de côté sont les plus avantageuses, sauf à enfaire un plus grand nombre si la bouverie est grande.La forme varie beaucoup : on en voit de demi-rondes, de carrées, etc. ; lesrectangulaires sont préférables. On leur donne plus de largeur que de hauteur, cequi permet de les percer plus près du plancher. Elles sont garnies d’un châssis enfer ou plus communément en bois, et s’ouvrent en tabatière par la partie supérieure,pour que les colonnes d’air ne descendent pas trop directement sur les animaux.En été, on peut laisser tomber le châssis ; des stores en jonc ou de légerspaillassons garnissent alors l’ouverture, modèrent l’action de la lumière etempêchent les mouches et autres insectes de pénétrer à l’intérieur.Lorsque les bouveries logent beaucoup d’animaux, les portes et les fenêtres nesuffisent plus pour entretenir l’aération et maintenir une température à peu prèsconstante. Pour suppléer alors à leur insuffisance, on établit les barbacanes et lesventilateurs.Les barbacanes sont des ouvertures de forme rectangulaire placées au niveau dusol, quelquefois à 10 ou 15 centimètres de ce dernier, et distribuées dans lespoints où l’action des portes et des fenêtres n’est pas suffisante pour lerenouvellement de l’air. On leur donne généralement 0m10 de large sur 0m25 dehauteur. Une botte de paille, une planche, ou mieux une plaque en tole, les ferme endedans lors des grands froids ou quand il y a lieu d’annuler leur usage. Il faut avoirle soin, lorsqu’on les établit, de les disposer de façon qu’elles ne débouchent pasdirectement sur les animaux attachés. On obvie à cet inconvénient, qu’on leurreproche avec raison, en plaçant une planche inclinée vers le haut et fixée à lamuraille au devant des orifices.Les ventilateurs ou cheminées d’appel sont de longs tuyaux évasés en entonnoir àla partie inférieure et destinés à conduire au dehors de l’habitation l’air chaud etvicié par les diverses émanations. S’étendant du plafond au toit de l’étable, lesventilateurs établissent un tirage de bas en haut au moyen duquel l’aération estactive et complète, sans être cependant préjudiciable aux habitants du logis. Laforme en était très simple lorsqu’on commença à les préconiser ; ils consistaient endeux ouvertures, l’une au plafond, l’autre à la toiture, réunies par un conduit enplanches ; mais bientôt on reconnut qu’ainsi construits, ils présentaient denombreux inconvénients. L’orifice supérieur largement ouvert permettait aux vents,à la pluie, à la neige, etc., de pénétrer à l’intérieur. Aujourd’hui on réduit le diamètresupérieur de la cheminée, et pour rendre moins facile la pénétration des agentsextérieurs, l’orifice de sortie est surmonté d’une petite construction à jour,recouverte d’un toit léger et dont les quatre faces sont garnies de persiennes. Ceprocédé est plus avantageux que le premier ; mais quand il fait très froid, il s’établitdans ces cheminées un courant de haut en bas faisant obstacle à la sortie de l’airvicié et des vapeurs, dont une partie se condense sur les parois du ventilateur etretombe dans l’étable. Dans le mode perfectionné, l’orifice inférieur est 2 ou 3 fois plus grand que lesupérieur, auquel on adapte un ajutage dans le but d’augmenter la vitesse de l’airsortant. La petite construction à jour est remplacée par un chapeau de formevariable dont les bords, d’un diamètre plus grand que celui du tuyau, descendent unpeu au-dessous de l’orifice de sortie, empêchent les eaux pluviales de pénétrer àl’intérieur et évitent que les vents nuisent au tirage. Les deux orifices sont mis encommunication par un tuyau en bois ou en zinc dont la section varie : carrée ouprismatique pour ceux qui sont en bois, elle est circulaire lorsqu’on a employé unmétal. Enfin, dans l’intérieur des conduits existent des soupapes dites modérateursqui permettent de régler le tirage suivant l’exigence des cas.Si le plafond est en voûte, une seule cheminée au point le plus élevé peut suffire :mais il en faut plusieurs s’il est horizontal. Du reste, le nombre de ces ouverturesdoit être subordonné à la grandeur des locaux, et leur place varie avec ladisposition des portes, des fenêtres et des barbacanes. C’est au constructeur deles disposer d’une manière convenable et d’éviter surtout que les animaux setrouvent directement entre les barbacanes et les ventilateurs.Si toutes les ouvertures sont disposées d’après les règles ci-dessus, un courantascensionnel s’établit dans l’intérieur des habitations ; l’air frais introduit par lesportes, les fenêtres et les barbacanes, s’échauffe par son contact avec les animaux,en même temps qu’il est altéré par leurs divers produits d’excrétion et d’exhalaison.Devenant moins dense, il s’élève peu à peu vers les régions supérieures, d’où il estconduit au dehors par les ventilateurs dans lesquels le courant, ainsi que le
conduit au dehors par les ventilateurs dans lesquels le courant, ainsi que ledémontre la pratique, est d’autant plus rapide que le diamètre de l’orifice supérieurest plus petit par rapport à l’inférieur.Tel est, en peu de mots, le mécanisme important de l’aération, méconnu encore denos jours dans les campagnes, où on devrait le vulgariser.Aire des Bouveries.L’aire ou sol des bouveries est généralement loin de présenter les conditionsnécessaires à la salubrité des habitations, et d’être uni et facile à nettoyer ; il pêchesouvent par un de ces points que la pratique ne devrait pas cependant perdre devue. D’abord, il faut qu’il soit salubre, et, ni les terrains où ont été enfouis descadavres ou autres débris organiques, ni ceux qui sont naturellement humides, nejouissent de cette propriété ; ils peuvent être cause d’affections redoutables.De plus, le niveau de l’aire doit se trouver au-dessus du sol extérieur ; le bœuf doitmonter et non descendre lorsqu’il pénètre dans son habitation. Lorsque les établessont enfoncées, l’aération n’est plus aussi facile, les urines et autres déjections nepouvant s’écouler au dehors, s’infiltrent dans la terre et deviennent la sourced’émanations malfaisantes, sans compter que les eaux météoriques peuvent ypénétrer. Il n’est pas rare de voir des étables dont le côté d’entrée est assez biendisposé, tandis que sur un autre point elles sont terrassées, adossées à un tertre ouà une colline. On comprend la défectuosité d’une pareille construction, où ladisposition des ouvertures est gênée et dont les murs froids et humides sont pourles bœufs des causes de rhumatismes.Le remède à la plupart de ces défauts est simple et peu coûteux : il suffit dedéblayer les murs terrassés et de les entourer d’un fossé ; d’exhausser les airesenfoncées avec des matériaux salubres ; enfin, de dessécher les terrains humidespar des drains ou par leur mélange avec des matières appropriées à lacirconstance.Là où les animaux vivent attachés à la mangeoire, il est nécessaire d’incliner l’airedans le sens de la longueur du bœuf, afin que les urines tendent toujours à s’écouleren arrière. La pente à donner doit être uniforme et à quelques centimètres enarrière des animaux, elle aboutira à une rigole ménagée à dessein et destinée àconduire les urines au dehors. Une inclinaison de 0m015 par mètre est suffisantepour arriver au but qu’on se propose ; si elle dépassait cette mesure, elle seraitnuisible et aurait l’inconvénient de fausser les aplombs et de ruiner les membrespostérieurs chez les bœufs, et de pouvoir provoquer, en outre, l’avortement et lerenversement de la matrice chez les vaches pleines.La rigole de déversement doit se trouver dans toutes les étables bien tenues ; sonutilité vient de ce que les grands ruminants, nourris une grande partie de l’annéeavec des fourrages verts et aqueux, rendent, et surtout les vaches, une grandequantité d’urine qui inonderait l’étable si elle n’était retenue et conduite au dehorspar la rigole. On donne communément à celle-ci quelques centimètres deprofondeur sur 15 ou 20 de large ; une pente dans le sens de sa longueur et égale àcelle déjà mentionnée, lui est nécessaire, surtout si les animaux sont en nombre.Indépendamment de ce qui précède, l’aire de l’étable doit être unie, résistante etimperméable ; c’est pour réaliser ces diverses conditions qu’on pratique le pavage.Celui-ci peut se faire avec diverses matières plus avantageuses les unes que lesautres ; il serait trop long de les passer toutes en revue, les principales seulesméritent l’attention. Les cailloux à grosse tête, si souvent employés, ont l’inconvénient de laisser desvides où les déjections s’accumulent et se décomposent plus tard. On leur reprocheégalement de former des sols difficiles à nettoyer, irréguliers, et d’exigerd’épaisses litières pour préserver les animaux des saillies qu’ils présentent. Lepavage avec des petits cailloux, et surtout le pavé à l’alsacienne, sont sous tous lesrapports préférables, vu qu’ils laissent moins de vides et que la surface est plus.einuLes briques disposées de champ ont la supériorité sur les précédents matériaux ;mais leur prix élevé les fait trop souvent écarter. L’asphalte est quelquefois utilisépour les vacheries ; il constitue un sol excellent, mais non exempt de reproches ; carmouillé il devient glissant, la chaleur le ramollit, et finalement il présente desexcavations. Le béton n’est pas assez employé, il coûte peu et rend de bons
services.Dans les pays où le bois est à bas prix, un plancher remplace le pavage. On se sertà cet effet de madriers, de plateaux ou de liteaux placés de champ ; mais le bois selaisse pénétrer par l’humidité et les déjections, et devient par suite insalubre si onn’a la précaution de le renouveler assez fréquemment. Dans le but d’économiser lalitière, on a construit en Angleterre, il y a quelques années, des planchers à claire-voie. Ils consistent en des espèces de grils, placés sous la partie postérieure del’animal, et reposant sur des petits murs qui forment les côtés d’une fosse oùtombent et s’accumulent toutes les déjections. Ce système, peu favorable à la santédes animaux, n’a guère été adopté.Ordinairement, au lieu de paver les étables, on se contente de battre la terre plus oumoins mêlée d’argile et de chaux, afin de lui donner une certaine solidité et de luipermettre de résister à la fois à l’action dissolvante des urines et au piétinementdes animaux. Ce procédé, tout à-fait primitif, est très économique ; mais à lalongue, le sol se laisse pénétrer par les urines et autres matières organiques quiengendrent, en se décomposant, des principes miasmatiques. Pour éviter cetinconvénient, on doit renouveler souvent la couche superficielle ; on obtient ainsi,tout en conservant la salubrité à l’étable, de bons engrais qui compensentlargement les travaux nécessités pour l’extraction.Il arrive parfois que dans le but de faire du bon fumier et d’en augmenter la quantité,on fait subir quelques modifications à l’aire des bouveries. On sacrifie alorsl’hygiène à l’agriculture et on dispose le sol de façon à pouvoir laisser longtemps lefumier sous les pieds des bœufs, où ses qualités fertilisantes augmentent. C’estpour cette raison que dans quelques contrées la partie postérieure du lit desanimaux est un peu plus inclinée que ne le voudrait une bonne hygiène ; mais enmettant une forte litière, on obvie aux inconvénients qui résultent de l’excès depente. En Belgique, où on apprécie le fumier à toute sa valeur, on le laisse dansl’étable, non pas sous les animaux, mais en tas élevés derrière la place qu’ilsoccupent. Il serait à désirer qu’une cloison existât entre les tas et les bœufs, pourque ceux-ci fussent à l’abri des effluves de leurs déjections.Enfin, il y a des bouveries encore autrement disposées et dont l’aire est divisée endeux, dans le sens des rangs des animaux, par une grande rigole. Le fond de celle-ci n’est qu’à quelques centimètres au-dessous du niveau du couloir de service,tandis qu’il est à 20, 25, 30 centimètres au-dessous de la partie réservée auxbœufs. La distance qui sépare la mangeoire de la rigole est égale à la longueurd’un bœuf, de sorte que les excréments tombent directement dans celle-ci, où onles laisse séjourner.À la faveur de cette disposition, les animaux paraissent avoir une plus grande tailleet, de plus, leur lit est sec, vu que dans ce pays on n’entretient guère que desfemelles ; mais ces avantages sont loin de compenser les nombreux défauts de ceprocédé. D’abord, ces étables seraient impropres à loger des ruminants mâles ;car, toute pente faisant défaut, les urines ne pourraient gagner la rigole ; en outre,les animaux une fois à leur place sont dans l’impossibilité de reculer sans tomberdans la rigole et s’exposer par suite à des efforts, des luxations et même desfractures dont la gravité nécessite parfois l’abattage. Enfin, au retour des champsou des pâturages, les vaches pleines prennent pour franchir la rigole une positiondéfectueuse, nouvelle cause d’avortements et de renversements de matrice, déjà sifréquents. Pour ces motifs, on devrait, ce me semble, modifier les étables ainsidisposées.AÉRATION.Il est une fonction indispensable à la vie sans l’accomplissement constant delaquelle les animaux ne peuvent exister, c’est la respiration. Régulatrice de tous lesappareils de l’économie, y compris celui de la digestion, elle ne peut êtresuspendue, même pendant un temps relativement très court, sans porter uneatteinte grave, profonde, irréparable à l’organisme. Il est donc de toute utilité defournir aux animaux l’agent essentiel à cette fonction si importante, c’est-à-dire l’air.L’air respirable est un mélange de deux gaz appelés oxygène et azote, auxquelss’ajoutent quelques centièmes d’acide carbonique, de vapeurs d’eau et d’autrescorps que l’intelligence du sujet n’exige pas d’énumérer. Au total, l’oxygène etl’azote forment les 98 ou 99 centièmes de la masse atmosphérique, où ils sontdans les proportions fixes, déterminées, savoir : pour un volume de 100 parties, 21
d’oxygène et 79 d’azote à peu près. Une plus grande quantité de l’un ou de l’autrede ces constituants, c’est là ce qu’il faut qu’on sache bien, donne un mélangeimpropre à l’entretien de la vie dans les conditions de la santé pleine et entière.Dans le phénomène de la respiration, l’air agit principalement par son oxygènequ’aucun autre gaz ne peut remplacer ; l’azote est là comme modérateur. Ce qui leprouve, c’est que dans l’air expiré la quantité de celui-ci n’a presque pas changé,tandis que la proportion d’oxygène a diminué d’environ un cinquième, qu’unequantité équivalente de vapeur d’eau et d’acide carbonique a remplacé. Or, cedernier, à la dose de 3 à 4 centièmes, est déjà nuisible ; donc l’air qui a servi à larespiration est impropre au même usage, puisque la proportion des deuxprincipaux composants a été changée et qu’il y a eu addition d’un gaz nuisible.Mais dans l’intérieur des locaux habités par les animaux, l’acide carbonique n’estpas seul à altérer l’air ; les diverses émanations qui s’échappent du corps ou quiproviennent de la fermentation des matières excrémentielles lui prêtent leurconcours, De ce nombre sont : la vapeur d’eau provenant de la respiration, de lasueur on de l’évaporation des liquides répandus sur le sol ; l’azote, l’hydrogènecarboné et sulfuré, l’ammoniaque et autres agents dus à la décomposition putridedes résidus de la digestion ou de matières semblables dont l’aire s’est à la longueimprégnée. Il résulte du mélange de ces divers produits une atmosphère qui nepeut qu’être nuisible, car non-seulement elle n’a pas les proportions vouluesd’oxygène, mais à la place de ce dernier elle contient des gaz malfaisants oudélétères.Sous l’influence de l’air chargé de ces émanations, la respiration est gênée ; ceque les physiologistes nomment hématose, c’est-à-dire la conversion par l’oxygèneinspiré, du sang noir, riche en produits de la digestion, en sang artériel, se fait trèsimparfaitement. Les animaux manquent bientôt d’appétit, ils digèrent mal ; toutesleurs actions accusent la souffrance ; ils maigrissent promptement et finissentd’ordinaire par succomber à des affections miasmatiques.Tel est le milieu où vivent la plupart des ruminants dans ces étables mal disposées,enfoncées, basses, étroites, sans ouvertures, et où l’air contenu est altéré à la foispar les produits de la respiration et par ceux de la décomposition des matièresexcrémentielles, d’autant plus rapidement que la température y est plus élevée. Enpénétrant dans ces locaux, on éprouve cette impression désagréable quicaractérise une atmosphère trop concentrée, impression assez difficile à définir,mais que chacun a pu constater en entrant dans des salles incomplètement aéréeset où sont réunies un grand nombre de personnes. À cette impression, qui sansnous faire éprouver des douleurs particulières nous fait désirer le grand air, se jointune odeur désagréable provenant de la décomposition de substances azotées.L’humidité abonde au point de laisser déposer la vapeur d’eau en gouttelettes surles aspérités des murs.Enfin, on peut se persuader par un moyen tout-à-fait simple, que l’oxygène est enfaible quantité dans cet air infect ; il suffit pour cela de pénétrer dans l’étable avecune lampe allumée : aussitôt on voit la flamme pâlir et perdre sa vivacité, ce quiindique que la proportion d’oxygène, gaz comburant par excellence, se trouvediminuée au profit d’un excès d’acide carbonique, agent incombustible.Il est vrai que dans ces logements les effets attribués plus haut à toute atmosphèreimpure ne se manifestent pas toujours aussi promptement que le démontre lathéorie. La raison en est toute simple : c’est que la porte, ouverte plusieurs fois parjour à cause du service, produit une aération incomplète qui retarde les accidentsénumérés sans les conjurer entièrement, puisqu’ils apparaissent plus tard sousforme de charbon ou autres affections toujours désastreuses pour la ferme. Si tantde bœufs meurent phthisiques, ils le doivent, dans bien des cas, à l’atmosphère deleurs habitations.Cherchons maintenant quelle est la quantité d’air nécessaire à un bœuf pendant untemps déterminé, une journée, par exemple. D’après M. Boussingault, un bœufabsorbe en une heure 176 litres d’oxygène. Mais ce gaz ne constituant à peu prèsqu’un cinquième de l’air et les animaux n’absorbant environ qu’un cinquième del’oxygène renfermé dans l’air inspiré, il en résulte qu’un bœuf introduit dans sonpoumon 176 × 5 × 5 = 4,400 litres, soit 105.600 litres, ou 105 mètres cubes d’airdans une journée. Il faut considérer, d’ailleurs, que les produits gazeux de larespiration altèrent l’air ambiant. L’expérience a démontré que dès qu’un cinquièmed’une masse d’air a déjà servi à l’entretien de l’hématose, la quantité restante estimpropre à entretenir les fonctions vitales ; donc, un bœuf aurait besoin d’un espacerenfermant 105 × 5 = 525 mètres cubes d’air, si cet espace était hermétiquementfermé.
Il suit de tout ce qui précède qu’il est presque impossible de donner aux animauxdes locaux contenant les grandes quantités d’air dont ils ont besoin, et qu’on estdans la nécessité, si on tient à leur conserver la santé, de suppléer à l’ exiguïté desétables par l’aération ou, ce qui revient au même, d’établir des ouvertures ennombre suffisant pour le renouvellement de l’air.Mais l’intensité de ce renouvellement doit varier avec la nourriture, la destinationdes animaux et avec la disposition du local. Les bœufs nourris avec des fourragessecs, riches en carbonne, en hydrogène, emploient pour brûler ces principes deplus fortes quantités d’oxygène que ceux dont le régime consiste en dessubstances aqueuses, herbes ou racines, où ces corps sont en plus faibleproportion en même temps que moins condensés. Les carnivores qui consommentbeaucoup de corps gras usent plus d’air, c’est-à-dire d’oxygène que les herbivores.L’aération doit donc être en rapport avec les aliments.La destination et les produits qu’on attend des animaux, influent aussi sur laquantité d’air à donner. Le bœuf de travail exige une aération complète, car ce n’estqu’en respirant un air pur que ses muscles peuvent se développer et acquérir laforce dont ils ont besoin. Un même milieu est réclamé par les élèves, afin de leurdonner une constitution forte et résistante, et de favoriser en eux le développementdes masses charnues, sans lesquelles ils ne seraient plus tard de bons animaux detravail ou de boucherie.La pratique démontre tous les jours, que l’engraissement est plus rapide et laproduction du lait augmentée dans une étable un peu chaude et humide, et oùl’aération est peu intense. Mais s’il est avantageux pour ces animaux que l’air deleurs étables contienne plus d’humidité que celui du dehors et peut-être un peumoins d’oxygène, il ne doit jamais renfermer des corps fétides ni un excès tropconsidérable d’azote ou d’acide carbonique,En ce point l’observation semble, tout d’abord, en désaccord avec la théorie ; aufond, il n’en est rien, une simple explication suffira pour le faire comprendre. L’airchaud et humide prédispose au tempérament lymphatique ; sous son influence, lesanimaux deviennent mous, leur corps se gorge de liquides et les tissus sontflasques. Étant dans un milieu où la température est presque en harmonie aveccelle du corps, les pertes de chaleur sont nulles, et par suite les produits carbonésde la digestion, au lieu d’être brûlés pour fournir une chaleur qui n’est pasdépensée, se déposent dans ces tissus mous, aptes à les recevoir, sous forme degraisse. Mais il n’en est pas moins vrai que l’engraissement est une maladie quiconduirait à la mort si elle ne se terminait à la boucherie ; car, sous l’influence descauses qui poussent à l’engrais, les fonctions de l’économie ne sont plus balancéesles unes par les autres ; l’oxygène manquant, le sang s’appauvrit, l’anémie suit deprès, et le trépas finirait par arriver si l’abattoir ne le devançait. Il en est de mêmepour les vaches laitières, chez lesquelles les éléments absorbés, au lieu de sedéposer dans les tissus sous forme de graisse, se convertissent en lait, vu quecette fonction domine toutes les autres. Du reste, leur vie est en général courte, etelles succombent au bout de peu de temps épuisées, disent les étrangers à lascience, phthisiques, ajoutent ceux qui se rendent compte du fait.Enfin, si en vue d’augmenter ses qualités on laisse s’accumuler le fumier dansl’étable, l’aération n’en devra être que plus active, puisque l’air contenu tend à êtrealtéré à la fois par les exhalaisons du corps et les émanations des résidus de ladigestion.Intérieur de la Bouverie.L’intérieur de toute habitation peut être divisé en deux parties : une réservée auxanimaux, l’autre affectée au service. La première est la plus importante et mérite lapréférence dans la description.Les bœufs, dans une étable ; se trouvent sur une ou deux lignes dites rangs, d’oùles qualificatifs de simple ou de double ajoutés au mot Bouverie. Dans lesbouveries simples ou à un rang, les bœufs sont placés la tête au mur dans le sensde la longueur ou de la largeur du bâtiment. Les étables doubles peuvent êtredisposées de deux manières. Tantôt les bêtes, opposées croupe à croupe, sontcomme ci-dessus la tête au mur, et les deux rangs ne sont séparés que par uncouloir central ; d’autrefois, les bœufs, placés tête à tête, occupent le milieu del’enceinte et les rangs sont séparés par un mur portant les râteliers ou mieux par uncorridor de service.
Quel que soit le mode adopté, on doit ménager à chaque ruminant un espace enrapport avec ses besoins et l’exigence du service. Généralement cet espace esttrop restreint, et sous le prétexte fictif de préserver les animaux du froid, on lesentasse, de sorte que non-seulement ils étouffent, faute d’air respirable, maisencore ils n’ont pas la place nécessaire à leurs besoins. Ainsi serrés, les animauxsont mal à leur aise, contraints ; ils ne peuvent se coucher sans déranger leurscompagnons, et on les expose de plus à se blesser mutuellement avec les cornesou avec les pieds. Les gens de service souffrent eux aussi de cette parcimonie, leurtravail est plus long et moins facile, sans compter les accidents, coups de cornes ouautres, dont ils peuvent être atteints. Enfin, la nourriture distribuée avec gêne profitepeu ; la rumination languit et les produits, moins abondants, font payer cher aupropriétaire la fausse économie de construction.Les dimensions à donner à chaque lit varient avec la race, la taille, le sexe, etc., etne peuvent guère être déterminées à l’avance. Une moyenne de 1 mètre à 1m30 delarge et de 2m20 à 2m60 de long, paraît suffisante à M. Magne. Ordinairement, onlaisse plus d’espace aux bœufs qu’aux vaches et on fait le lit plus grand aux bêtesd’engrais et aux vaches laitières. Celles qui sont destinées au travail sontcommunément logées plus à l’étroit ; cependant, si le propriétaire à tout intérêt àdonner de l’espace aux bêtes de rente afin que les aliments profitent mieux etdonnent plus de graisse ou plus de lait, il ne doit pas oublier que le travail amène lafatigue et que la fatigue demande le repos et non la gêne.Quoiqu’il en soit, les grands ruminants vivant presque toujours en commun, doiventêtre attachés. Une corde, plus souvent une chaîne fixée à la mangeoire ou au murqui sépare celle-ci des animaux, est destinée à cet usage. Au lieu d’être scelléedans le mur, la chaîne glisse quelquefois dans un anneau fixé à demeure à lamuraille et peut être enlevée à volonté. Dans quelques contrées, on ajoute àl’extrémité du lien une pièce en bois recourbée en U qui embrasse l’encolure et estfermée supérieurement par une clef rectiligne également en bois. Cette pièce neprésente peut-être pas la solidité désirable : ce collier peut se casser ou s’ouvrirsous les efforts que fait quelquefois le bœuf et l’exposer par suite, lui et ses voisins,à quelques accidents. On reproche à ces systèmes, sans contredit les plus usités,d’exiger trop de longueur à la chaîne et de favoriser les enchevêtrures ; il serait àdésirer qu’on donnât la préférence à un autre mode utilisé depuis quelques annéespour les chevaux, et consistant en une barre de fer ronde fixée d’une part à lamangeoire et au sol par l’autre extrémité. Un gros anneau de la chaîne plusraccourcie descend ou monte sur cette barre, suivant que le bœuf baisse ou lève latête. Ainsi attachés, les accidents ont moins de chance de se produire et la bête,avec un lien beaucoup plus court, a néanmoins plus de liberté. On remplace la tigeen fer par un petit madrier assez résistant si on veut s’opposer au bruit defrottement des chaînes.Les autres accessoires qui concernent les animaux sont les râteliers, les crèches etles stalles.Les râteliers sont destinés à mettre les fourrages à la disposition des bœufs sansqu’ils puissent les gaspiller, les fouler aux pieds ou leur faire éprouver toute autreavarie. Ils sont ordinairement en bois et règnent dans toute la longueur du logement,aux murs duquel ils sont fixés par leurs extrémités. Il faut les placer à une hauteurconvenable en rapport avec la taille des bœufs ; établis trop haut, ils rendraient lapréhension des aliments difficile et les consommateurs devraient prendre uneposition fatigante pour se nourrir.Les barreaux ou fuseaux parfaitement cylindriques, unis, lisses, et s’il est possibletournant sur leur grand axe, devront laisser entre eux une distance de 8 à 10centimètres ; plus écartés, ils permettraient aux bœufs de faire un triage dans lesfourrages qu’on leur distribue, de choisir les plantes qu’ils affectionnent et de laisserperdre les autres ; plus rapprochés, la bête ne pourrait tirer le foin que brin par brin,ce qui rendrait les repas interminables et abrégerait le temps consacré au repos età la rumination. En outre, il importe pour que la disposition ne soit pas défectueuse,que leurs deux extrémités soient presque également distantes du mur ; un plancheroblique incliné vers la crèche garnit l’espace qui sépare le bord inférieur du râtelierde la muraille, de laquelle ce bord sera de quelques centimètres seulement plusrapproché que le supérieur. Quelquefois les barreaux sont perpendiculaires à lamangeoire, et c’est alors le mur en glacis qui va à la rencontre de la partieinférieure du râtelier. Ordinairement celui-ci est beaucoup trop oblique, de sorte que les bœufs nepeuvent tirer le fourrage qu’en relevant fortement la tête, position tout-à-fait gênanteet qui expose les yeux à la poussière ou autres corps venant des partiessupérieures.
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