L implantation du ski alpin dans les Alpes françaises : la tradition étayage de la modernité - article ; n°4 ; vol.88, pg 9-20
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Revue de géographie alpine - Année 2000 - Volume 88 - Numéro 4 - Pages 9-20
Résumé : Modernité et tradition s'opposent et s'affrontent, mais paradoxalement, elles s'interpénétrent : leur articulation fonde une continuité, tant dans les pratiques que dans la mise en valeur de la montagne. Le ski, que nous appelons aujourd'hui alpin, nous vient du Grand Nord et épouse des pratiques alpines de l'espace, comme le portage et la glisse ; ces pratiques représentaient le terrain fertile qui a permis son implantation, d'abord et le développement que nous connaissons, ensuite : il s'implante dans les Alpes Françaises, sur l'alpage bovin à lait ; il s'étaye sur les modes vernaculaires de propriété et d'exploitation. Nous pouvons distinguer quatre types de montagnes sur la base de quatre facteurs (la grande ou la petite montagne, la montagne privée ou communautaire) : les logiques de gestion traditionnellement à la base de ces catégories contribuent à expliquer, peut-être, la mise en valeur moderne de la montagne du ski.
Abstract : Modernity and tradition may seem at opposite ends of the same spectrum and often in conflict but, paradoxically, they are also interdependent : together, their expression provides a certain continuity, not only in terms of the activities practised in the mountains but also in terms of the development of mountain areas. Skiing, which is known today as alpine or downhill skiing, originated in the Far North and combines different alpine activities, such as transport and sliding. These activities provided fertile ground first for skiing to get established, and then for the development which followed. Skiing began in the French Alps on the alpine dairy pastures, where it found support in the local types of ownership and operation. Four types of mountain areas may be distinguished on the basis of four factors : large or small mountain areas, private or local community mountain areas. The types of management traditionally associated with these categories help explain, perhaps, the modern development of mountain areas for skiing.
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Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 16
Langue Français

Extrait

M. Charles Amourous
L'implantation du ski alpin dans les Alpes françaises : la tradition
étayage de la modernité
In: Revue de géographie alpine. 2000, Tome 88 N°4. pp. 9-20.
Résumé : Modernité et tradition s'opposent et s'affrontent, mais paradoxalement, elles s'interpénétrent : leur articulation fonde
une continuité, tant dans les pratiques que dans la mise en valeur de la montagne. Le ski, que nous appelons aujourd'hui alpin,
nous vient du Grand Nord et épouse des pratiques alpines de l'espace, comme le portage et la glisse ; ces pratiques
représentaient le terrain fertile qui a permis son implantation, d'abord et le développement que nous connaissons, ensuite : il
s'implante dans les Alpes Françaises, sur l'alpage bovin à lait ; il s'étaye sur les modes vernaculaires de propriété et
d'exploitation. Nous pouvons distinguer quatre types de montagnes sur la base de quatre facteurs (la grande ou la petite
montagne, la montagne privée ou communautaire) : les logiques de gestion traditionnellement à la base de ces catégories
contribuent à expliquer, peut-être, la mise en valeur moderne de la montagne du ski.
Abstract : Modernity and tradition may seem at opposite ends of the same spectrum and often in conflict but, paradoxically, they
are also interdependent : together, their expression provides a certain continuity, not only in terms of the activities practised in the
mountains but also in terms of the development of mountain areas. Skiing, which is known today as alpine or downhill skiing,
originated in the Far North and combines different alpine activities, such as transport and sliding. These activities provided fertile
ground first for skiing to get established, and then for the development which followed. Skiing began in the French Alps on the
alpine dairy pastures, where it found support in the local types of ownership and operation. Four types of mountain areas may be
distinguished on the basis of four factors : large or small mountain areas, private or local community areas. The types
of management traditionally associated with these categories help explain, perhaps, the modern development of mountain areas
for skiing.
Citer ce document / Cite this document :
Amourous Charles. L'implantation du ski alpin dans les Alpes françaises : la tradition étayage de la modernité. In: Revue de
géographie alpine. 2000, Tome 88 N°4. pp. 9-20.
doi : 10.3406/rga.2000.3007
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_2000_num_88_4_3007L'implantation du ski alpin dans les Alpes françaises
la tradition étayage de la modernité
Charles Amourous
SUFCEP, Université de Savoie, Domaine Universitaire Jacob-Bellecombette, BP 1104, 73011 Chambéry Cedex
et Université P.-Mendès France, Centre de Sociologie des représentations et des pratiques culturelles.
« Dans le cadre apparemment immuable des Alpes,
les hommes ont plus changé depuis un quart de siècle que
durant les deux millénaires précédents».
P. et G. Veyret, Les Alpes Françaises (1979, p. 243)
« Un fait social quelconque, même quand il paraît neuf et
révolutionnaire, par exemple une invention,
est le fruit des circonstances les plus lointaines dans le temps
et des connexions les plus multiples dans l'histoire
et la géographie. Il ne doit donc jamais être détaché
complètement, même par la plus haute abstraction,
ni de sa couleur locale, ni de sa gangue historique. »
Marcel Mauss, Sociologie et anthropologie (1966, p. 288).
L modernité, en sciences humaines, peut se définir comme « l'ensemble des traits
irréversiblement nouveaux apparus dans une société» (Grešle et ai, 1994). Le ski alpin
est modernité et transforme l'univers du paysan alpin qui vit un changement radical de
mœurs. Il nous faut savoir en quoi consiste cette modernité, au moins en ses traits do
minants, pour tenter d'entrevoir si elle gomme ou non le fond paysan-alpin traditionn
el. Nous examinerons tout particulièrement la question des rapports potentiels entre
les domaines du ski de piste et l'espace alpin traditionnellement investi1.
Les skieurs sur l'alpe ou la modernité
À partir de 1962, enfin sortis des guerres coloniales qui n'en finissaient pas, les Franç
ais peuvent investir leurs richesses croissantes dans les loisirs et le tourisme. C'est ainsi
qu'au paroxysme des exodes rural et montagnard, les citadins organisent et alimentent
des séjours à la mer et au ski. En 1964, un aménagement étatique (à la Française) lance
le Plan Neige et le Plan d'Aménagement du Languedoc-Roussillon. La modernité s'ins
talle alors sur le bord de mer et dans les Alpes.
1. Notre approche socio-anthropologique se limite aux Alpes françaises et à la littérature scientifique française qui s'y
rapporte.
REVUE DE GÉOGRAPHIE ALPINE 2000 №4 L'IMPLANTATION DU SKI ALPIN DANS LES ALPES FRANÇAISES : LA TRADITION ÉTAYAGE DE LA MODERNITE
En cette période, le ski alpin est déjà élaboré au terme d'une phase de création (fin du
XIXe siècle et début du XXe), d'un premier développement à l'entre-deux-guerres suivi
d'un nouvel essor dans les années 50. Les années 60 et la modernité des plans d'aména
gement engendrent l'ampleur des constructions de stations de ski. C'est que le citadin
vient et s'installe à la neige «avec armes et bagages». La modernité du ski alpin est un
système à quatre dynamiques :
• Le rapport à la nature, à la neige, est médiatisé par la machine et la technique.
• Le plaisir, dans la sécurité et le confort.
• L'urbanisation.
• Le grand nombre (de clients) étant donné l'ampleur et le coût des investissements.
Un ensemble hédonistique, technique et économique est mis en place, destiné à la
plus vaste clientèle possible (de France, d'Europe, de tous les continents).
La machine et la technique
En montagne l'ascension demande de gros efforts. Le ski moderne va supprimer cette
difficulté majeure par l'emploi d'un vaste ensemble de machinerie et de technique. L'ef
fort de la montée est entièrement assuré par les remonte-pentes : le télé-ski, le télé-siège,
le télé-cabine ou encore le télé-benne. Les installations sont puissantes, on parle de débit
et de vitesse. La grande benne de Courchevel transporte 160 personnes à 1 1 m/seconde ;
elle effectue un trajet de 1713 m avec un dénivelé de 622 m, en 4 minutes ; son prix, en
1985, a été de 50 millions de FF (Amourous, 1986).
Une industrie des remontées mécaniques est née. En pays alpin français, un construc
teur (Pomagalski) devient le spécialiste mondial du transport par câble. Les sociétés qui
exploitent les remontées prennent une ampleur économique d'importance.
Machine et technique assurent également le travail du sol l'été, le travail de la neige
l'hiver. L'été le sol est travaillé : on élimine les risques et aspérités, on trace des pistes, on
calcule et aménage des pentes et des virages. L'hiver le travail de la neige est intense et
régulier, comme on ne le soupçonne pas : les engins dament, étalent, répartissent, labour
ent, broient. Hommes et machines font en sorte que la neige soit parfaitement skiable
quels que soient le temps et la température. Un constructeur allemand d'engin de
damage (Kassbohrer) devient un industriel de niveau international.
Des professions de service, de maintenance, de conduite, de surveillance sont nées et
se sont développées. Le personnel des remontées mécaniques et des pistes assure la
grande part de la qualité-ski d'une station.
La projection de neige artificielle (les canons à neige) et plus encore la fabrication et la
projection de glace pilée sont le nec plus ultra de la moderne technique qui supplante
Dame Nature défaillante. CHARLES AMOUROUS
Le plaisir
La machine assumant « le principe de réalité », le skieur se réserve « le principe de plai
sir », il s'adonne sans réserve aux joies de la glisse, pouvant, à satiété et sans effort,
remonter. Plaisir est le maître-mot du ski et du skieur. Il s'agit même d'un plaisir égo-
tiste. En effet, tout en skiant, la plupart du temps, à plusieurs, le plaisir de la glisse est
individuel.
Cette dynamique du plaisir est soutenue et amplifiée par la sécurité assurée sur le
domaine skiable et par un équipement personnel très élaboré. La technique et l'industrie
vont « offrir » des skis, des chaussures, un habillement à la pointe du progr

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