COMMENT NE PLUS ETRE PROGRESSISTE SANS DEVENIR REACTIONNAIRE
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Un livre pour mi eux s aisir les enjeux d e la d écroissanceCOMMENT NE PLUS ETRE PROGRESSISTE SANS DE VENIR RE ACTIONNAIRE Jean-Paul Besset. Editions Fayar d. 332 p ages. 20 euros. Le progrè s a fa it de s m erveilles : trois foi s pl us d’ha bitants sur l a pl anète, vingt foi s pl us de richesses produi tes, trente foi s pl us d’énergie consommée... J usqu’à l’irréparable ? Car l’exploit a un re vers. Les re ssources na turelles s’épuisent, les équilibres qui , garantissent la vie chancellent, la crise du vi vant pré cipite la fa illite de l’hum ain. Notre espèce elle-m ême est menacée.Nous ne savons pa s re mplacer la na ture. Mais, éblouis pa r la m ystique progre ssiste, nous faisons comme si nous pouvi ons nous en pa sser. La croissance infinie de s bi ens et de s services qui fonde le dé veloppement de nos sociétés est impossible. Ou, si l’on pré fère, suicidaire. E lle est incompatible avec la stabilité de la biosphère et inaccessible à l’essentiel de la popul ation m ondiale. E lle ne saurait donc tenir lieu de proj et de civilisation.L’hum anité a atteint le bout ul time de la voi e progre ssiste qu’e lle a emprunté au dé but de la modernité. Un a utre âge doi t s’ouvri r m algré le ve rrou pol itique que la droi te et la ga uche, ensemble, continuent de tirer. C’est celui de la dé croissance. Extrait d u livre de Je an-P aul Be sset :Impasse de l’homme (introduction)Désormais, la seule que stion e st de savoir quand.Quand l ’effet de serre ...

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Extrait

Un livre pour mi eux s aisir les enjeux d e la d écroissance
COMMENT NE PLUS ETRE PROGRESSISTE
SANS DE VENIR RE ACTIONNAIRE
Jean-Paul Besset. Editions Fayar d. 332 p ages. 20 euros.
Le progrè s a fa it de s m erveilles : trois foi s pl us d’ha bitants sur l a pl anète, vingt foi s pl us de
richesses produi tes, trente foi s pl us d’énergie consommée... J usqu’à l’irréparable ? Car
l’exploit a un re vers. Les re ssources na turelles s’épuisent, les équilibres qui , garantissent la
vie chancellent, la crise du vi vant pré cipite la fa illite de l’hum ain. Notre espèce elle-m ême est
menacée.
Nous ne savons pa s re mplacer la na ture. Mais, éblouis pa r la m ystique progre ssiste, nous
faisons comme si nous pouvi ons nous en pa sser.
La croissance infinie de s bi ens et de s services qui fonde le dé veloppement de nos sociétés est
impossible. Ou, si l’on pré fère, suicidaire. E lle est incompatible avec la stabilité de la
biosphère et inaccessible à l’essentiel de la popul ation m ondiale. E lle ne saurait donc tenir
lieu de proj et de civilisation.
L’hum anité a atteint le bout ul time de la voi e progre ssiste qu’e lle a emprunté au dé but de la
modernité. Un a utre âge doi t s’ouvri r m algré le ve rrou pol itique que la droi te et la ga uche,
ensemble, continuent de tirer. C’est celui de la dé croissance.
Extrait d u livre de Je an-P aul Be sset :
Impasse de l’homme (introduction)
Désormais, la seule que stion e st de savoir quand.
Quand l ’effet de serre s’emballera-t-il, soumettant la terre à de ux e xtrêmes à la foi s, déluge et
désert, inondations d’un c ôté, sécheresses de l’autre ? Quand l e de rnier ba ril de pé trole sera-t-
il extrait d’un s ol dé finitivement vi dé ? Quand not re pl us proc he cousin, le très sociable
bonobo, di sparaîtra-t-il de la chaîne du vi vant ? Quand l e Sahara fra nchira-t-il la
M éditerranée ? Quand l es pri ncipaux de ltas seront-ils submergés ? Quand l ’immense poum on
océanique re crachera-t-il da ns l’atmosphère le carbone qu’i l ne pe ut pl us absorber ? Quand l es
grands ré seaux rout iers seront-ils pa ralysés pa r le trafic de s poi ds lourds ? Quand l e cocktail
chimique re mplacera-t-il le ve rre d’eau pot able ? Quand l ’immense frus tration e ngendrée pa r
les inégalités croissantes entre les richesses incalculables de que lques uns et la m isère
intolérable de be aucoup d’a utres dé générera-t-elle en fl ots de vi olence incontrôlable ? Quand
les m aladies émergentes fe ront-elles dé finitivement exploser nos systèmes de santé ? Quand
le pre mier bé bé cloné sortira-t-il du l aboratoire ?
La m ondialisation s onne un nouve l âge à l’horl oge de l’époque. Mais autant ne pa s se tromper
d’he ure. Cette m ondialisation l à n’est qu’a ccessoirement celle de s échanges. Il s’agit avant
tout de la gl obalisation d’un pé ril m ajeur j ailli du c œur de l’hum anité et de la sur a ctivité
qu’e lle dé ploie. Dans la dyna mique irrépressible de sa fure ur à re pousser toujours pl us loin l es
frontières - une impulsion qui m onte du pl us profond de son ê tre, aiguisée pa r le système
marchand e t sa qui ncaillerie technologique -, l’hom me a fa it m erveille. P rométhée s’est déchaîné. Le produi t intérieur brut m ondial a été m ultiplié pa r sept en c inquante ans et, si la
tendance à l’accroissement se confirme, il de vrait encore doubl er ou t ripler a vant 2050.
M ais l’exploit a un re vers. De tous côtés, le m ême scénario s e ré pète, exaspérant à forc e
d’e nvoyer de s signaux i dentiques. La pl anète souffre. E lle pl oie sous l’impact d’une
croissance économique exponentielle qui s’accompagne de m odes de vi e extravertis et d’une
pathologie consommatrice boul imique. E lle craque de puis que l’hom me est de venu un a cteur
à pa rt entière du s ystème terrestre et qu’i l influence dé sormais le cycle de l’évolution a u
même titre, mais de m anière be aucoup pl us expéditive, que les phé nomènes na turels. Dans ses
Lettres Persanes, écrites en pl ein boom de l’ut opie progre ssiste, Montesquieu l aissait pe rcer
une inquiétude : « Que savons-nous si la T erre entière n’a pas de s causes gé nérales, lentes et
imperceptibles, de lassitude ? ». Aujourd’hui , nous le savons ! La na ture se cabre, l’ensemble
de la bi osphère re nâcle au prodi ge.
Avec, en un s iècle, trois foi s pl us d’ha bitants sur l a pl anète, vingt foi s pl us de richesses
produites, trente foi s pl us d’énergie consommée, cinquante foi s pl us de bi ens industriels m is
sur l e m arché, le pa rcours aura fa it de s dé gâts. Jusqu’à l’irréparable ? L’irréfragable fré nésie à
dépasser les limites se traduit pa r une dé claration de gue rre sans m erci à la na ture et à la
fragilité de ses entrelacs. Accumulation du t oujours pl us et excès de tout en t out, une telle soif
a be soin d’ê tre étanchée, d’autant qu’e lle est inextinguible. Alors, qu’importent les m oyens
pourvu que la fin ne connaisse pa s de fin ! Ce sera m alheur a ux va incus. La terre, l’eau e t
l’air.
On a ssiste impuissants à une altération s ans pré cédent de s conditions qui re ndent la vi e
possible. Le capital na turel s’épuise et, avec lui, les re ssources et les équilibres qui
garantissent la vi e. L’existence de s espèces s’en t rouve gra vement m enacée. P armi elles, pour
la pre mière foi s, l’espèce hum aine. La société de s hom mes fra gilise le ge nre hum ain.
L’hom me m enace l’hom me. Au c ours de l’hi stoire, bien de s hom mes ont dé jà m enacé bi en
d’a utres hom mes. Mais, cette foi s, en bous culant la stabilité du s ystème vi vant, en
compromettant la communauté de vi e qui re lie tous les rè gnes à chacune de s espèces, on
n’a ttente pa s seulement à l’« environnement » de l’hom me. C’e st à la m achine gl obale de la
vie qu’on s ’en pre nd. L es signaux, t ous les signaux, s ont au rouge . Ils charrient en pl eine
lumière la vé rité crue de l’époque. Destructions, dégradations, dévastations, contaminations,
pollutions, mutations… l e pl us gra nd c asse de l’hi stoire est en c ours. C’e st le casse du vi vant.
L’écocide. Sur l a surface du gl obe se ré pand une épidémie d’oe komènes, ces espaces où l es
possibilités de séjour hum ain de viennent impossibles. Ils s’élargissent pa r taches en
multipliant les vi ctimes silencieuses.
Face à l’agression, l a na ture se re biffe et s’emploie à pri ver l’hum anité de son s ocle.
Tout indique que la capacité de charge de la pl anète est dé passée au m oment où, chaque
année, soixante-seize m illions d’individus supplémentaires s’ajoutent à la popul ation
mondiale. L’inédit de la pé riode hi storique actuelle tient en c eci que « l’âge de l’hom me »
atteint ses limites. Le ge nre hum ain ne pe ut guè re aller pl us vi te, plus ha ut, plus fort . Sauf à
croire, contre toute ra ison, qu’e n l ’espace d’une gé nération l ’hum anité va encore pouvoi r
doubler sa consommation de pé trole ou de vi ande et tripler ses dé placements automobiles et
aériens.
L’abus érigé en s ystème bouge encore m ais il est irrémédiablement condamné. L’ampleur e t
la célérité de la crise écologique dont l’hom me est le m oteur dre sse de vant l’hum anité un m ur infranchissable contre lequel elle vi endra à coup s ûr s e fra casser si elle pe rsévère da ns sa fui te
en a vant. P ar que lque bout qu’on l a pre nne, nous sommes fa ce à une contradiction
indépassable : pa rce qu’e lle s’exerce à l’intérieur d’un m onde fini qui pré sente tous les
symptômes du c ollapsus, la croissance infinie de s bi ens et de s services qui caractérise le
développement de nos sociétés s’avère impossible. Ou, si l’on pré fère, suicidaire. Si chaque
habitant de s pa ys en dé veloppement de vait consommer a utant d’énergie que ceux de s pa ys
développés, il fa udrait, d’ici 2050, multiplier pa r hui t une produc tion d’é nergie dont les
réserves s’épuisent. La continuité d’une séquence accélérée sur l a rout e d’un progrè s continu,
fonctionnant à la m anière d’un a ccumulateur i népuisable ve rs le pa radigme du t rop pl ein,
sorte d’ecstasy de s choses, ne pe ut pl us se pours uivre. Ni da ns ses ryt hmes, incompatibles
avec la stabilité de la bi osphère, ni da ns ses obj ectifs, inaccessibles à l’essentiel de la
population m ond

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