IMPOÉSIE DU PRIMITIF QUANTIQUE

Claude Paquet

Description

IMPOÉSIE du PRIMITIF QUANTIQUE est la suite (tome 2) de POÉTIQUE du PRIMITIF QUANTIQUE et cet essai se penche sur les conséquences de la deuxième guerre mondiale, de l’holocauste et autres génocides, de la bombe atomique et de la catastrophe de Tchernobyl sur les artistes qui constatent l’échec virulent des avant gardes prophétiques et leur espoir pour des «lendemains qui chantent». Pourquoi le Carré blanc sur fond blanc de Malevitch (1918) fut soudainement éclaboussé de taches noires persistantes, pensons à Borduas (1950), et par la suite complètement anéanti par le monochrome noir sur noir de Ad Reinhardt (1965). Pourquoi un tel basculement esthétique et philosophique en si peu de temps ? Vivons-nous depuis sous le règne de l’impoésie ? Tout le vingtième siècle est traversé de barbarie, de fascisme, de nazisme et d'exterminations génocidaires dont le laid, la destruction en art serait le pâle reflet. L'importance historique qu'acquiert au XXe siècle les menaces de destruction et son corollaire le laid, fait que l'esthétique de la beauté n'est plus essentiellement le fondement de l'art supplanté par le kitsch actuel.

Informations

• Publié par: cpqt
• Publié le: 07 août 2013
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• Langue: Français
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Extrait

1
IMPOÉSIE du PRIMITIF QUANTIQUE
CLAUDE PAQUET2
e
Noire impoésie du primitif quantique
potentiel d'un trou noir. Cependant, ce n'est qu'au début du XX siècle
avec l'avènement de la relativité générale d'Albert Einstein que le concept
Pourquoi le Carré blanc sur fond blanc de Malevitch (1918) fut soudaine-
de trou noir devient plus qu'une curiosité. En astrophysique, un trou noir
ment éclaboussé de taches noires persistantes, pensons à Borduas
est un objet massif dont le champ gravitationnel est si intense qu'il
(Composition 69), et par la suite complètement anéanti par le monochrome
empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s'en échapper. De
noir sur noir de Ad Reinhardt (1965). Pourquoi un tel basculement esthé-
tels objets n'émettent donc pas de lumière et sont alors noirs. De cette car-
tique et philosophique en si peu de temps ? Vivons-nous depuis sous le
actéristique provient l'adjectif " noir ", puisqu'un trou noir ne peut émettre
règne de l'impoésie ?
de lumière. Ce qui est valable pour la lumière l'est aussi pour la matière :
aucune particule ne peut s'échapper d'un trou noir une fois capturée par
celui-ci, d'où le terme de " trou " fort approprié. La matière qui est happée
par un trou noir est chauffée à des températures considérables avant d'être
engloutie on parle aussi d'" astre occlus. " Celui-là stipule en effet qu'un
corps en rotation va avoir tendance à " entraîner " l'espace-temps dans son
voisinage. (source wikipedia.org)
La révolte métaphysique des avant-gardes.
Comme un éternel silence sans avenir ni espérance
sonne le noir intérieurement. (Kandinsky)
En réponse au Carré blanc, Rodtchenko en opposition idéologique avec
Malevitch peint le Carré noir sur noir, véritable trou noir de l'art contem-
porain. Par la suite le Carré blanc sur fond blanc de Malevitch sera
régulièrement éclaboussé de taches noires persistantes, pensons à
Borduas, à Hartung et par la suite complètement anéanti par le mono-
chrome noir sur noir de Ad Reinhardt. Pourquoi un tel basculement esthé-
Trou noir
tique et philosophique en si peu de temps ?
e
Notre réponse, tel est notre propos, ne peut surgir qu'après une exploration
Le concept de trou noir a émergé à la fin du XVIII siècle dans le cadre
des modalités socio-politiques et théologiques sur lesquelles reposent
de la gravitation universelle d'Isaac Newton. La question était de savoir
e
l'émergence des mouvements artistiques au début du XX siècle comme
s'il existait des objets dont la masse était suffisamment grande pour que
groupe de pressions autonomes ayant comme mission de repenser à neuf
leur vitesse de libération soit plus grande que la vitesse de la lumière. Il
l'identité collective de l'homme nouveau, seul maître de son destin depuis
s'agissait alors d'objets prédits comme tellement denses que leur vitesse de
que "Dieu est mort. "
libération était supérieure à la vitesse de la lumière - c'est-à-dire que même
la lumière ne peut vaincre leur force gravitationnelle.
Mais ce n'est pas le fait que Dieu soit mort qui cause problème mais plutôt
l'évidence que même si "Dieu est" il n'est que cela, se phénoménisant per-
La lumière perd la totalité de son énergie en essayant de sortir du puits de3
pétuellement, nous l'avons vu dans la première partie de Poétique du prim- Cependant contrairement aux idées reçues, l'athéisme et le matérialisme
itif quantique; si bien que Dieu est Incertitude d'où l'insurmontable peuvent aussi donner naissance à une expérience spirituelle, radicalement
angoisse de l'homme. Être moderne après la mécanique quantique, c'est différente, par rapport à celles des religions classiques. Zénon, fondateur
comprendre que toute connaissance part de l'homme lui-même, que la du stoïcisme et élève de Cratès, introduit le concept de l'esprit présent dans
réalité objective soit n'existe pas ou comme Dieu lui échappe complète- la matière. Cette intelligence comme l'atome est présente en toutes choses,
ment. Et l'angoisse grandit encore plus quand l'effondrement méta- il existe donc un ordre dans la nature et cet ordre est l'unité de tout. Faire
physique laisse l'homme encore plus seul face au désordre vertigineux de corps avec le tout, en admirer l'harmonie et y tendre, voilà l'essence de
son monde. Puisque l'homme ne rencontre que lui-même dans l'Univers, l'être. Par la suite, Zénon, affirma que le monde n'a qu'une seule loi, celle
il s'efforcera d'aller au-delà de lui-même. Face au vide apparent, il y a une de la Raison universelle, commune à tous les hommes. Mettre fin aux états
place à prendre mais nous verrons que l'athéisme de l'homme qui s'auto séparés et aux frontières pour que l'homme puisse circuler librement dans
proclame maître et possesseur de la terre conduit au même cul-de-sac. une cité universelle régie par consentement mutuel et volontaire : l'amitié.
Le Grec aspire donc à une vie bienheureuse, amicale et universelle, tel est
L'athéisme humaniste. le salut. (soteria) Ce sont les stoïciens qui ont popularisé l'idée surnommée
"l'illumination hellénique" où tous les hommes sont des cosmopolites, des
L'athéisme est une forme de croyance inverse à celle des religions. Mais citoyens du monde de la cité universelle.
la croyance en la non-existence de Dieu se loge à la même enseigne que
celle de son existence : la foi. Dans les deux cas, le dénominateur commun "Dans son État idéal, Zénon présentait un espoir éblouissant qui, depuis
est la spiritualité. Il n'y a donc pas de contradiction à parler de spiritualité lors, n'a plus quitté l'homme; il rêvait d'un monde qui ne serait plus divisé
athée au même titre que de " spiritualité chrétienne ", de " spiritualité en États séparés, mais qui formerait une seule grande Cité, sous une seule
juive", ou de " spiritualité de l'Islam." Sauf que l'athéisme est une a-reli- loi divine où tous les hommes seront réunis non plus par des lois humaines
gion car elle ne possède ni codes, ni rituels, ni liturgie exprimant sa croy- mais par leur consentement volontaire ou comme s'exprime Zénon, par
ance en un monde libéré des feux de l'enfer où Dieu est absent. Amour. " (Tarn, Hellenistic Civilisation cité par Eliade)
Le concept d'athéisme comme négation de Dieu naît avec Héraclite Mais un Juif de langue grecque, Paul de Tarse, inspiré par le récit chris-
d'Éphèse. En affirmant le principe cyclique effet de l'opposition des con- tique, l'adapta à la philosophie grecque et en exporta les préceptes. De la
traires, il explique que l'univers est de tout temps, de toute éternité, incréé soteria, doctrine du salut, Paul expliqua aux Grecs qu'ils ne pourront
autant des dieux que des hommes. Puis vient Xénophane qui dénonce les jamais l'atteindre seul. Il leurs propose un soter, un Sauveur qui est mort
dieux populistes de ces hommes qui se donnent des dieux à leur image, les crucifié pour nous libérer. La soteria, le salut passe dorénavant par la
dieux n'ont rien d'humain et vice versa. Ensuite, grâce aux observations de Rédemption. Cette percée du christianisme en terre hellène puis romaine
Leucippe et son élève Démocrite, l'idée de l'atome vient de naître. De cette par la suite comme "religion à mystère" poussa l'athéisme dans ses
idée géniale émerge la conception d'un monde entièrement soumis au derniers retranchements et s'éclipsa pendant plusieurs siècles de la con-
hasard du mouvement des atomes ne laissant pas de place à aucun dieu science humaine, jusqu'à la Renaissance en fait.
créateur ni à l'homme. Épicure, disciple de Démocrite, adopta un atom-
isme intégral, tout l'Univers est formé d'atomes; de ce monde formé de L'Inquisition monastique dominicaine fondée en 1231 par Grégoire IX
matière atomique découle une physique matérialiste où naissent et qui versa le sang pour "sauver" les fidèles de l'hérésie, mît à mal l'infailli-
meurent des monde "sans plan préétabli. " bilité de l'église. L'église arrête, juge et châtie tous les déviants. Érudit et
polyglotte Jean Pic de Mirandole, en plus du latin et du grec, étudia à4
Padoue l'hébreu et l'arabe auprès d'Élie del Médigo qui lui fait également vient de découvrir Conf