Recherches archéologiques et ethnographiques au Tassili des Ajjers (Sahara central). Les gravures rupestres de l Oued Djaret, la population et les ruines d Iherir - article ; n°1 ; vol.6, pg 41-64
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Recherches archéologiques et ethnographiques au Tassili des Ajjers (Sahara central). Les gravures rupestres de l'Oued Djaret, la population et les ruines d'Iherir - article ; n°1 ; vol.6, pg 41-64

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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1936 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 41-64
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Extrait

Robert Perret
Recherches archéologiques et ethnographiques au Tassili des
Ajjers (Sahara central). Les gravures rupestres de l'Oued Djaret,
la population et les ruines d'Iherir
In: Journal de la Société des Africanistes. 1936, tome 6 fascicule 1. pp. 41-64.
Citer ce document / Cite this document :
Perret Robert. Recherches archéologiques et ethnographiques au Tassili des Ajjers (Sahara central). Les gravures rupestres de
l'Oued Djaret, la population et les ruines d'Iherir. In: Journal de la Société des Africanistes. 1936, tome 6 fascicule 1. pp. 41-64.
doi : 10.3406/jafr.1936.1601
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1936_num_6_1_1601RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES
ET ETHNOGRAPHIQUES AU TASSILI DES AJJERS
(Sahara central),
LES GRAVURES RUPESTRES DE L'OUED DJARET,
LA POPULATION ET LES RUINES D'IHERIR,
Robert PERRET.
[Planches I к XX)
J'ai pris contact avec le Sahara en l'année 1931, date du voyage que
j'ai fait en Ahaggar avec mon ami Augustin Lombard. Nous nous
sommes occupés, à cette époque, exclusivement de géographie physique *.
Ayant pris la décision de retourner dans le grand désert, afin de comp
léter mon expérience, je reçus, au printemps de 1934, des propositions
d'E.-F. Gautier; il s'agissait d'aller relever les gravures- rupestres de
l'oued Djaret, entrevues par lui l'hiver précédent en la compagnie de
M. Reygasse ; moyennant cela, le Gouvernement général de l'Algérie
devait me fournir les moyens de circuler dans le Tassili et de poursuivre
d'autres objets.
E.-F. Gautier me faisait valoir que les photographies prises en 1933-
193 i étaient très déformées et ne pouvaient servir à constituer une
documentation exacte ; les gravures rupestres de l'oued Djaret se pré
sentant en général horizontalement, sur des dalles plates, il fallait, pour
obtenir des vues à peu près normales, les prendre de très haut en emport
ant un matériel spécial. Ce dossier photographique devait être complété,
par l'exécution de calques ; en effet, de simples dessins ne pouvaient
servir à prendre des mesures précises et risquaient de négliger, par suite
de l'interprétation inhérente à toute œuvre d'art, des détails essentiels
aux yeux d'un homme de science.
1. R. Perret et A. Lombard. Itinéraire ďln Salah au Tahat à travers VAhaggar.
Annales de Géographie, 1932. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 42
J'acceptai ces propositions et, après avoir été initié à la technique
requise par l'abbé Breuil et par M. Dussaud, je partis vers la fin d'oc
tobre 1934. Ce second voyage a comporté des études très diverses,
relatives à la géologie et à la géographie physique et humaine de ces
régions; elles ont été exposées dans les Annales de Géographie К La pré
sente étude a pour but un exposé un peu plus détaillé de ce qui a été
accompli en matière d'archéologie et de préhistoire.
Le site de Voued Djaret. — L'oued Djaret se trouve dans le Tassili
des Ajjers; il débouche dans la zone pré-tassilienne à 18 kilomètres à
l'est de Fort Poiignac. On atteignait Fort Polignac, à l'époque de mon
voyage, par Ouargla, Fort Flatters, Ohanetet, au delà d'Ohanet, par un
trajet fort pénible dans la région comprise entre l'Issaouane et l'Edeyen,
où il faut avancer sur un sol de reg très meuble, sans qu'il y ait de piste
réellement tracée. On a commencé en 1933 l'exécution d'une piste directe
allant de Fort Flatters à Fort Polignac à travers l'Issaouane.
Le reg de la zone pré-tassilienne est formé en grande partie par les
alluvions anciennes des oueds tassiliens, et par les matériaux récents
apportés lors de crues orageuses ayant aujourd'hui un caractère excep
tionnel. Entre la période ancienne, paléolithique, correspondant à un
écoulement régulier, et le maximum désertique actuel, s'est placée au
Néolithique une période intermédiaire, où les oueds finissaient sur la bor
dure du Tassili dans des lagunes. Les nombreuses buttes alluviales que
l'on voit aux environs de Fort Polignac, le long de l'Adrar-n-Kouske-
mene sont, aux yeux d'un géographe, les témoins d'un fond lagunaire,
morcelé par la déflation.
Il y a deux tassilis, qui forment des auréoles concentriques autour des
massifs centraux de ГА nahef et de l'Ahaggar. Leur structure générale,
que Foureau n'avait pas clairement interprétée, est bien connue depuis
les travaux de G. Kilián, de J. Bourcart et de Th. Monod. On distingue
le Tassili externe, dévonien, voisin de Fort Polignac, du Tassili interne,
silurien, voisin de Djanet. Les couches du premier, inclinées vers le
Nord, recouvrent celles du second comme les tuiles d'un toit ; elles sont
brusquement coupées au Sud par une falaise qui borde une dépression
dite « zone intra-tassilienne ».
Lorsque, depuis les environs de Fort Polignac, on commence à distin
guer le Tassili externe, on voit le sol monter et former une barre qui
1. R. Perret. A travers le pays aj'j'er ; itinaire de Fort Flatters à Djanet. Annales
de Géographie, 1935. RECHERCHES ARCHÉOLOGIQUES AU TASSILI DES AJJERS 43
grandit et qui masque l'horizon. Cet aspect de barre résulte d'une aug
mentation brusque de l'inclinaison des couches. Rectiligne dans l'e
nsemble, le profil du terrain est cependant découpé par des gorges étroites
et profondes, où le soleil ne pénètre que lorsqu'il se trouve haut dans le
ciel. L'oued Djaret est l'une de ces gorges, entaillée dans les grès
éodévoniens.
C'est un long canyon, sinueux et encaissé ; sa largeur moyenne est
d'environ 200 mètres et sa profondeur de ISO mètres ; ses méandres,
jusqu'à la palmeraie de Nafeg, se développent sur une longueur de
35 kilomètres, et à l'amont de Nafeg, on pourrait encore continuer pen
dant trente autres kilomètres. C'est un cul-de-sac, bien différent de ses
voisins l'oued Tarât, l'lmihrou et l'oued Tadjerdjert, qui franchissent le
Tassili et qui à toute époque ont dû servir de voies de pénétration et de
transit.
Ce cul-de-sac, qui se trouvait à l'écart des voies d'invasion et qui,
jadis, devait servir de refuge, n'est fréquenté actuellement que par de
très rares nomades. J'y ai trouvé un petit camp de femmes et d'enfants
à l'aval, près de Yaguelman situé non loin du confluent de l'oued
Ounane ; les hommes, qui remplissaient le métier de conducteurs de
caravanes, étaient absents. A Nafeg même on voit les restes d'un village
abandonné : quelques huttes en branchages, qui blanchissent au soleil,
et une petite mosquée targuie, constituée par une ligne de pierres, avec
une meule néolithique, servant d'objet de culte, à demi enterrée au
milieu delà mosquée1. Au-dessus du village, à mi-hauteur des parois,
on aperçoit quelques abris de troglodytes, et en haut de la falaise, les
restes d'un chemin de ronde qui permettait aux habitants de surveiller la
hammada sans être vus. Tout cela est maintenant désert.
Je ne saurais trop répéter que la plupart des gravures rupestres ne se
rencontrent pas tout au fond du canyon, au moins dans le sens qu'un
géographe peut donner à ce mot. Si elles étaient réellement au fond, cela
voudrait dire que depuis plusieurs milliers d'années il n'y aurait eu dans
l'oued Djaret qu'un bien petit nombre de crues, sans quoi les gravures
eussent été etfacées. Ce serait un fait de nature à bouleverser les notions
que nous croyons avoir sur l'évolution du climat saharien, et cela lais
serait sans explication le matériel alluvial récent que l'on voit un peu
partout dans la zone pré-tassilienne.
Deux terrasses rocheuses, étagées l'une au-dessus de l'autre, se suivent
au pied des falaises du canyon ; la plus basse est entaillée par une rai
nure, véritable petit canyon inscrit dans le grand canyon ; cette rainure,
surtout à l'aval, est souvent oblitérée par le sable ; elle est particulière-
1. Cette meule a été enlevée par mon collaborateur H. Lhote et expédiée an
Muséum. 44 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
ment bien marquée à l'amont, près du confluent de l'oued In Tahert.
La terrasse supérieure domine l'autre de 4 mètres

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