Une lettre inédite d Hortense Vendegou, reine de l île des Pins, et l œuvre linguistique du P. Goujon - article ; n°25 ; vol.25, pg 338-344
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Une lettre inédite d'Hortense Vendegou, reine de l'île des Pins, et l'œuvre linguistique du P. Goujon - article ; n°25 ; vol.25, pg 338-344

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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1969 - Volume 25 - Numéro 25 - Pages 338-344
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 55
Langue Français

Extrait

A Haudricourt
Une lettre inédite d'Hortense Vendegou, reine de l'île des Pins,
et l'œuvre linguistique du P. Goujon
In: Journal de la Société des océanistes. Tome 25, 1969. pp. 338-344.
Citer ce document / Cite this document :
Haudricourt A. Une lettre inédite d'Hortense Vendegou, reine de l'île des Pins, et l'œuvre linguistique du P. Goujon. In: Journal
de la Société des océanistes. Tome 25, 1969. pp. 338-344.
doi : 10.3406/jso.1969.2273
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1969_num_25_25_2273SOCIÉTÉ DES OCÉANISTES 338
Un simple exposé des lù.ïi.& cot certainement la manière la plus objective de parler
de Notre-Dame des Iles 1969, reprise de celle dont il a été question précédemment.
En 1967, un futunien vivant à Thio en Nouvelle-Calédonie, depuis plusieurs années,
Sébastien cherchait une expression de vie religieuse en harmonie avec son appel
intérieur. Après différents essais et selon ses attraits qu'il essayait de discerner
on pensa que peut-être la vie monastique, dont il n'avait jamais vu la réalité con
crète était sa véritable orientation. Mgr Martin, Archevêque de Nouméa, se souve
nant de la première fondation réalisée en Calédonie par l'abbaye de Sept-Fons
demanda alors à celle-ci d'accueillir Sébastien. H y a maintenant plus de deux ans
que Sébastien est à Sept-Fons. En 1968 le même fait se reproduisait avec Petelo>
Wallisien travaillant à Nouméa qui, lui aussi prit le chemin de l'abbaye de Sept-
Fons où actuellement il commence son noviciat.
La Communauté de Sept-Fons estima qu'il y avait en ces vocations des signes
invitant à renouveler l'expérience de la première fondation. Dans ce but, Père
Pacôme, maître des novices de Sept-Fons fut envoyé en Calédonie en vue d'étudier
les conditions d'implantation d'un monastère. Ceci se passait en mai et juin 1968.
Après avoir fait le tour de l'île, il fixa son choix sur la région de Saint-Louis. Et en
décembre 1968, trois moines, dont Père Pacôme comme supérieur, embarquèrent
sur le Tahitien qui devait les déposer à Nouméa le 20 janvier 1969. Avant de com
mencer les premiers travaux d'implantation tous trois firent le tour de la Calé
donie, cherchant à bien voir et saisir les différents aspects géographiques, ethniques^
culturels et religieux de la Grande-Terre. Cette connaissance est en effet indispen
sable pour amorcer la greffe de la vie monastique dont les Calédoniens auront ult
érieurement à personnaliser eux-mêmes l'expression.
Pour l'instant les trois premiers fondateurs ont construit une petite maison
de bois qui leur sert de salle commune et qui abrite aussi leur chapelle temporaire»
Une case chapelle est en cours de construction par une équipe de Lifous vivant à
Nouméa. Vers la fin de cette année, Sébastien, qui achève sa période de format
ion, rejoindra Notre-Dame des Iles. En Calédonie même des vocations s'étudient.
Ce n'est encore que l'embryon d'un monastère, mais comme toute œuvre nais
sante Notre-Dame des Iles s'ouvre à l'espérance.
Saint Louis, Nouvelle-Calédonie. Fr. Thomas POURNY,
trappiste.
Une lettre médite d'Hortense Vendegou, reine de l'île des Pins, et l'œuvre
linguistique du P. Goujon. — En 1962, au cours d'une mission linguistique en
Nouvelle-Calédonie, j'allais consulter les archives de l'Évêché. Le bibliothéquaire^
le R. P. Laurenge sortit tous les textes en langue indigène qu'il avait dans ses
manuscrits. Parmi ceux-ci il y avait de nombreux feuillets de la main du P. Gouj
on, brouillon de catéchisme, recensement des indigènes de l'île des Pins, amorce
de vocabulaire, brouillon d'une traduction de proclamation du Gouverneur, et
une double page d'une toute autre écriture. Un rapide examen me montra qu'il
s'agissait d'une lettre d'Hortense Vendegou au Père Goujon, datée du 19 juin 1877,.
année où le père Goujon avait été rappelé à Nouméa.
Cette lettre, que nous publions ci-dessous avec un essai de traduction, est
écrite dans la langue de l'île des Pins, dans l'orthographe imaginée par le P. Gouj
on. L'œuvre linguistique du P. Goujon, arrivé à l'île des Pins en 1848, consista
à apprendre la langue, à fixer une orthographe, à traduire le catéchisme, et pro
bablement à apprendre aux jeunes à écrire et lire dans leur langue. C'est ainsi
que l'on peut expliquer l'existence de cette lettre : Hortense était une enfant en
bas âge à la mort de son père en 1855. Elle sera élevée par des Sœurs, probable- MISCELLANÉES 339
ment des Sœurs du Tiers Ordre de Marie, arrivées la même année 1. Le travail
du P. Goujon, fut sans doute gêné par le décret du Gouverneur Guillain qui en
1863, interdit aux missionnaires d'employer les langues indigènes à l'école. Le
catéchisme dont il avait préparé la traduction ne parut que plusieurs années après
sa mort, en 1888. Je ne sais combien de temps il a pu être utilisé, mais actuell
ement personne ne se souvient que la langue a été écrite, et ne peut plus lire ces
textes. En fait l'abandon de cette écriture n'est pas dû seulement à des circons
tances externes, mais aussi à l'imperfection de l'œuvre du P. Goujon.
Né en 1822 à Seyssel, bourgade de l'Ain à la frontière de la Savoie, on peut
présumer que Prosper Goujon était bilingue, car à cette époque les patois étaient très
vivants, et les patois de cette région appartenant au groupe des parlers dits « franco-
provençaux » sont assez différents du français. Arrivant à l'âge de 26 ans à l'île
des Pins, il avait deux atouts, son bilinguisme et sa jeunesse, pour maîtriser assez
rapidement la langue ; mais il n'était pas armé pour résoudre le problème de l'o
rthographe.
Pour écrire convenablement une langue, il faut noter les phonèmes (les voyelles-
et les consonnes) d'une façon cohérente et systématique, ainsi que les traits pro
sodiques pertinents (utiles à la reconnaissance des mots). Lorsque la nouvelle
langue que l'on veut écrire pour la première fois a moins de phonèmes que la ou
les langues que l'on connaît, le problème est assez facile à résoudre ; c'est le cas
des polynésiennes, par exemple celle de Wallis, et de Futuna leurs cinq
voyelles et leurs dix consonnes, correspondaient à des sons français et il n'y eut
aucune difficulté pour les P. Bataillon et Grézel de les noter avec des lettres latines.
Leurs dictionnaires sont de grande valeur et leur orthographe toujours en usage.
A l'île des Pins le P. Goujon se trouvait devant le problème inverse : il avait
à noter une langue beaucoup plus riche en phonèmes que celles qu'il connaissait.
La langue mélanésienne de l'île des Pins possède, d'après les recherches en cours
de J. Cl. Rivierre : 12 voyelles orales, 7 voyelles nasales, 25 consonnes et deux
traits prosodiques : longueur et hauteur musicale des voyelles.
Pour les voyelles le P. Goujon utilise 10 signes : a, o, i, é (gardant l'accent
pour le distinguer du suivant), e (sans doute avec la valeur de e dans : bois-le),
u (avec sa valeur française), w (pour représenter le ou), et se.
Les voyelles nasales lui ont posé encore plus de problèmes. L'une est écrite an,
comme en français (exemple kan, ami), mais d'autres sont écrites avec un h avant
(exemple : khwnyé, nom indigène de l'île des Pins, vhé aller), ou bien combinent
les deux notations (yhan, article pluriel).
Pour noter les consonnes nouvelles il a aussi employé un h. La langue de l'île
des Pins distingue deux consonnes que l'on trouve en anglais à l'intervocalique
des mots finger et singer, pour la première de ces consonnes il utilise ng (exemple :
ngo, moi, écrit ailleurs go) et pour la deuxième ngh (exemple ngho, vous). A côté
d'un r prononcé du bout de la langue, un son rappelant le gamma grec moderne,
qu'il écrit rh (exemple : rhu, vers). A côté du t prononcé comme en français avec
la pointe de la langue sur les dents, il y avait un autre t prononcé un peu comme
en anglais avec la pointe de la langue plus en arrière et un troisième prononcé la
langue à plat comme dans moitié ; ce dernier es

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