Le serment d Eva
374 pages
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Description

René de Pont-Jest (1830-1904)



"Un matin de l’un des premiers jours de mars 1876, vers dix heures, sous un ciel gris et bas, où, chassés par une brise violente, couraient de lourds nuages chargés d’électricité, noirs, menaçants, un homme simplement, mais élégamment vêtu et coiffé d’un feutre mou, arpentait à grands pas la cour de l’hôtel de la Minerve, à Rome.


Cet homme, que ceux qu’il croisait saluaient avec respect, était un beau cavalier, jeune encore, quarante ans à peine, d’une taille au-dessus de la moyenne, aux épaules larges, à la tournure militaire, et dont le profil césarien trahissait l’illustre origine.


C’était le prince Charles Bonaparte, petit-fils du savant et libéral Lucien, le seul des frères de Napoléon qui ne fut pas roi, tout simplement parce qu’il était, après l’Empereur, le membre le plus distingué, mais aussi le plus indépendant de la famille.


Après avoir vaillamment gagné sa croix d’officier de la Légion d’honneur sur les champs de bataille de Borny et de Gravelotte et passé six mois de dure captivité dans les forteresses allemandes, le prince Charles, comme on le nommait familièrement, avait donné sa démission et s’était retiré à Rome, où il avait de nombreuses relations de parenté.


Il vivait là depuis la guerre, les yeux fixés sur la patrie mutilée, toujours prêt à répondre à son premier appel, et, malgré la politique, qui l’avait enlevé à sa vie de travailleur et de Nemrod pour l’opposer en Corse au prince Napoléon, et même pour le substituer à celui-ci, dans l’ordre de succession au trône, au cas où le Prince impérial mourrait sans enfant mâle, il ne quittait guère l’Italie que pour aller présider à Ajaccio le Conseil général. Quand il était de retour à Rome, il redevenait bien vite l’hôte charmant et le protecteur généreux de tous les Français que leurs travaux ou leurs plaisirs amenaient dans la ville sainte."



Eva est une jeune fille dont le père est autoritaire. Celui-ci devient tyrannique à la suite de son exil en Angleterre. Sa mère morte,son frère suicidé et sa soeur aînée entrée au couvent, son père la marie sans son consentement, à un homme bien plus âgé qu'elle qui n'a que 16 ans. Puis c'est la naissance s'un fils. Mais Eva veut vivre et décide de fuir son mari et son père, pour revenir en France...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782374639765
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le serment d’Éva


René de Pont-Jest


Octobre 2021
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-976-5
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 974
Préface

Mon cher Confrère,
Vous m’avez fait l’amitié de m’envoyer les épreuves de votre roman LE S ERMENT D ’É VA et l’honneur de m’en demander mon avis. Même je crois que vous auriez voulu que je présentasse votre œuvre au public. Mais savez-vous que ceci eût ressemblé à une préface ? Une préface pour une étude déjà répandue par le F IGARO , déjà goûtée de ses lecteurs ! Et une préface d’un homme qui n’est guère compétent à juger les romans et qui se contente volontiers de les aimer !
Je les aime passionnément, en effet, au point de passer, pour les uns, sur les négligences du style ; pour les autres, sur les nécessités des développements et de la coupe du feuilleton, parce que, de nos jours, il n’en est plus guère qui ne contiennent une large part de « vie vécue », comme on dit aujourd’hui, en croyant innover et en traduisant simplement le vivere vitam des Latins .
Cette large part de l’observation directe faite sur soi-même, sur qui nous entoure, sur les passants même d’une heure que nous avons appris à savoir regarder, je la trouve dans votre livre. On ne s’y trompe pas, à la sincérité de l’accent, à la force des sentiments, au relief simple et fort des portraits. Vos personnages ne sont pas des héros de roman, si ce n’est en ceci que le combat de la passion et du devoir, qui est la vie morale de presque tous, s’accentue chez eux, par les circonstances, avec une puissance exceptionnelle. C’est d’ailleurs aux seuls sentiments que vous avez demandé la hardiesse de l’œuvre, et non à des détails dont la grossièreté essaye parfois de donner l’illusion de la force. Et la hardiesse est assez grande de nous montrer, dans Éva, la foi catholique alliée à la passion irrégulière et condamnée, en triomphant et se couronnant d’un martyre involontaire, qui ne touche pas le cœur d’un père dont la foi étroite et dure n’est, pour ainsi dire, que l’apparence et la lettre de la foi chrétienne, faite de miséricorde et de pardon .
Dans ce contraste, que l’action indique dramatiquement, est la hardiesse de l’étude et un puissant élément d’intérêt. La hardiesse est plus grande encore dans cette analyse que vous avez faite des sentiments d’Éva, qui, mourante, liée d’ailleurs par son serment de chasteté, recourt pour garder son amant, à ce compromis étrange de lui offrir une maîtresse de sa main. En amour, tout arrive ! Et nous sommes bien loin des deux morales de Nisard, sur ce terrain du cœur, qui en voit naître une nouvelle pour chacun de ses besoins. Si j’avais une critique à vous faire, puisque c’est une critique que vous m’avez demandée, je vous adresserais peut-être celle de ne pas avoir assez insisté sur cette situation, de ne pas nous avoir assez montré la passion conduisant une femme à un acte qui semble d’abord le plus invraisemblable de la part d’une jalouse. Que de choses à dire sur cet état de l’âme où la question des sens devient si secondaire que les délicatesses même élémentaires disparaissent devant l’amour .
Je sais bien que le sujet était scabreux. Mais de quoi ne se tire-t-on pas avec une plume habile que l’expérience guide et que le respect du lecteur arrête quand il faut ? En cas pareil, il faut se souvenir de l’histoire de Cellini, à qui un orfèvre montrait un coffret dont on ne voyait pas la serrure. « Je la cache, disait-il triomphant. » Et Cellini lui répondait avec fierté : « Moi, je la cisèle. »
Savez-vous bien, d’ailleurs que l’audace inspirée à votre touchante Éva par la passion, Balzac, dans sa P HYSIOLOGIE DU MARIAGE , la recommande aux femmes qui veulent assurer à elles-mêmes la liberté et l’impunité de leurs amours ? En retrouvant ce souvenir, cette analogie lointaine et retournée, je ne pouvais m’empêcher de comparer l’esprit apporté par Balzac dans les analyses de l’amour à celui de nos romanciers, au vôtre, que je ne veux pas mettre seul en présence du colosse. La supériorité de notre temps, que je n’hésite pas à proclamer, c’est que, tandis que Balzac, à de rares exceptions près, ne conçoit les femmes que comme irréprochables ou dépravées, nous voyons dans leurs fautes mêmes toujours quelque chose qui les grandit, les excuse et les pardonne .
Quand on aime ou qu’on a aimé les femmes et qu’on en écrit, on s’irrite contre les vieux axiomes, contre le : ménagère ou courtisane de Proudhon remplaçant : l’ange ou démon des romantiques. Les dilemmes violents sont tout à fait hors de la vérité. La tendresse du « féministe » aussi bien que l’art du romancier conduisent également à trouver dans la femme, même contre l’apparence et au mépris de la règle commune, un coin du cœur où fleurit l’idéal, qu’une philosophie attentive fait découvrir même dans des actions parfois étranges et des situations condamnées .
Vous l’avez fait, je n’ai qu’à le dire. C’est aux femmes à vous être reconnaissantes, en vous lisant .
Bien à vous .

H ENRY F OUQUIER .
23 août 1889.
I

Un matin de l’un des premiers jours de mars 1876, vers dix heures, sous un ciel gris et bas, où, chassés par une brise violente, couraient de lourds nuages chargés d’électricité, noirs, menaçants, un homme simplement, mais élégamment vêtu et coiffé d’un feutre mou, arpentait à grands pas la cour de l’hôtel de la Minerve, à Rome.
Cet homme, que ceux qu’il croisait saluaient avec respect, était un beau cavalier, jeune encore, quarante ans à peine, d’une taille au-dessus de la moyenne, aux épaules larges, à la tournure militaire, et dont le profil césarien trahissait l’illustre origine.
C’était le prince Charles Bonaparte, petit-fils du savant et libéral Lucien, le seul des frères de Napoléon qui ne fut pas roi, tout simplement parce qu’il était, après l’Empereur, le membre le plus distingué, mais aussi le plus indépendant de la famille.
Après avoir vaillamment gagné sa croix d’officier de la Légion d’honneur sur les champs de bataille de Borny et de Gravelotte et passé six mois de dure captivité dans les forteresses allemandes, le prince Charles, comme on le nommait familièrement, avait donné sa démission et s’était retiré à Rome, où il avait de nombreuses relations de parenté.
Il vivait là depuis la guerre, les yeux fixés sur la patrie mutilée, toujours prêt à répondre à son premier appel, et, malgré la politique, qui l’avait enlevé à sa vie de travailleur et de Nemrod pour l’opposer en Corse au prince Napoléon, et même pour le substituer à celui-ci, dans l’ordre de succession au trône, au cas où le Prince impérial mourrait sans enfant mâle, il ne quittait guère l’Italie que pour aller présider à Ajaccio le Conseil général. Quand il était de retour à Rome, il redevenait bien vite l’hôte charmant et le protecteur généreux de tous les Français que leurs travaux ou leurs plaisirs amenaient dans la ville sainte.
Allié par son mariage et par les mariages de ses sœurs, femmes d’autant d’esprit et de distinction que de cœur, à la plus haute aristocratie romaine, les Ruspoli, les Gabrielli, les Roccagiovine, les Primoli, les Campello, et frère du cardinal Lucien, il mettait son influence au service de ses compatriotes. Tous connaissaient bien le chemin de sa villa, à la porte Pia.
Celui que nous présentons si brusquement à nos lecteurs se promenait donc des salles à manger de l’hôtel à la grande porte voûtée donnant sur la place, et chaque fois que sa course le ramenait au seuil de la maison, il jetait à droite et à gauche, vers les rues adjacentes, des regards inquiets ; puis il reprenait sa marche, en levant parfois les yeux sur les fenêtres de l’un des appartements, au premier étage, et sa physionomie reflétait alors un inexprimable sentiment de pitié.
Cela durait depuis assez longtemps déjà quand, soudain, après avoir fait volte-face, au fond de la cour, notre promeneur leva les bras avec un geste tout à la fois d’appel et de satisfaction. Il venait enfin d’apercevoir, franchissant la porte de la rue, celui qu’il guettait et qui, en le reconnaiss

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