188
pages
Français
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2014
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Ebook
2014
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Publié par
Date de parution
18 mars 2014
Nombre de lectures
0
EAN13
9782764412527
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
Publié par
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18 mars 2014
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EAN13
9782764412527
Langue
Français
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SÉRAPHIN
NOUVELLES HISTOIRES DES PAYS D’EN HAUT
Du même auteur
Séraphin – Nouvelles histoires des pays d’en haut , Tome 1 , Québec Amérique, 2013.
Séraphin illustré , Les 400 coups, 2010.
Contes de la Montagne du Père Bougonneux , nouvelles, Le Bulletin des agriculteurs, 1941-1970.
Les Pamphlets de Valdombre , périodique, 1936-1942.
Précisions sur « Un homme et son péché » , Éditions du Vieux Chêne, 1936.
Le Déserteur et autres récits de la terre , Éditions du Vieux Chêne, 1934.
Un homme et son péché , Éditions du Totem, 1933.
Ombres et clameurs. Regards sur la littérature canadienne , essai, Éditions Albert Lévesque, 1933.
Le Secret de Lindbergh , Éditions de la Porte d’or, 1928.
Les Vivants et les autres , Librairie Ducharme, 1922.
CLAUDE-HENRI GRIGNON Préface de Pierre Grignon
SÉRAPHIN
NOUVELLES HISTOIRES DES PAYS D’EN HAUT
TOME 2
TEXTE INÉDIT
Adjoint éditorial : Éric St-Pierre
Conception graphique : Pascal Goyette
Direction artistique : Nathalie Caron
Mise en pages et conversion au format numérique : Studio C1C4
Révision linguistique : Rosaire Fontaine, Jacynthe Laliberté et Myriam de Repentigny
Illustration : © Albert Chartier, 1951, tous droits réservés
Conversion au format ePub : Studio C1C4
Québec Amérique
329, rue de la Commune Ouest, 3 e étage
Montréal (Québec) Canada H2Y 2E1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Ar chives Canada
Grignon, Claude-Henri, 1894-1976
Séraphin : nouvelles histoires des pays d’en haut
(Tous continents)
Publié antérieurement dans la revue Bonnes soirées à partir de 1954.
L’ouvrage complet comprendra 3 vol.
ISBN 978-2-7644-2562-6 (vol. 2) (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-1251-0 (PDF)
ISBN 978-2-7644-1252-7 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Tous continents.
PS8513.R68S47 2013 C843’.52 C2013-940944-0
PS9513.R68S47 2013
Dépôt légal : 1 er trimestre 2014
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2014.
quebec-amerique.com
L’ENFANCE ET LA JEUNESSE D’UN HOMME
I l arrivait souvent au docteur d’aller veiller chez le curé Raudin. On jouait aux échecs puis on causait tout en fumant. C’était pour les deux amis un véritable délassement. Ils se rencontraient plusieurs fois par mois.
Tous les deux étaient animés du désir d’aider leurs compatriotes et d’apporter à l’œuvre de la colonisation le meilleur de leur intelligence et de leur âme. Ainsi ils continuaient la route tracée par le curé Labelle. Ils prolongeaient la Nouvelle-France dans ce pays de montagnes, dans ce pays de rêves et de durs labeurs.
— Oui, docteur, un pays dur, fit le curé en se levant et en lui tendant sa tabatière. Une prise ?
— S’il vous plaît.
— J’ai eu la visite du jeune Dumortier, reprit le curé en arpentant la pièce de long en large, les mains derrière le dos.
— Vraiment ? Qu’est-ce qu’il voulait, Jean-Baptiste ?
— Il est venu me demander un conseil au sujet de Séraphin.
— Séraphin ? demanda le docteur sans pouvoir contenir un mouvement d’impatience. Séraphin veut-il égorger ce jeune colon ?
— Je ne suis pas prêt à dire cela. Seulement, Jean-Baptiste vous doit de l’argent.
— Oui, un accouchement. $ 0.75, quelques visites et des remèdes, une affaire de $ 4. C’est tout ce qu’il me doit.
— Le jeune Dumortier est gêné. Il voudrait vous payer.
— Je lui ai dit de prendre son temps.
— Si vous voulez, docteur. Vous avez tout de même le droit de vivre.
— Ce n’est pas une raison pour ce jeune colon d’aller se jeter dans la gueule du loup. Que lui avez-vous conseillé ?
Le curé s’arrêta un moment. Il alluma sa pipe de plâtre et revint s’asseoir dans un fauteuil en face de son ami.
— Non, évidemment, reprit-il. Je ne lui ai pas recommandé Séraphin.
— Je l’espère.
— D’un autre côté, je ne l’ai pas dénigré non plus. Je lui ai conseillé d’aller vous voir et d’expliquer sa situation.
— Qu’il vienne. Il va se rendre compte que le gros docteur Cyprien n’est pas l’égorgeur des pauvres. Je connais assez la misère des colons pour savoir qu’il faut les aider.
— C’est ce que je lui ai dit.
— Surtout qu’il n’emprunte pas un sou à Séraphin. Il est fini. Il vaudrait mieux pour lui abandonner le lot et s’en aller. Je suppose que le jeune Dumortier a d’autres dettes ?
Le curé ne répondit pas.
— Vous ne fumez pas, docteur ? se contenta t-il de demander.
— J’allais justement allumer un petit cigare.
Il y eut un moment de silence.
Le docteur remarqua que le curé paraissait mal à l’aise.
— Vous me cachez quelque chose ?
— La vérité, docteur, c’est que le jeune Dumortier vous doit à vous, qu’il doit au marchand Lacour, au forgeron, au Père Josaphat, un peu partout, une affaire d’une cinquantaine de piastres.
— Tonnerre de tonnerre ! c’est plus grave ! $ 50 ! Il est arrivé ici en octobre l’an dernier. Nous sommes au début de juin. Huit mois. Est-ce que ses créanciers insistent pour se faire payer immédiatement ?
— Non. Mais Jean-Baptiste se sent perdu dans ce nouveau pays. Les dettes le préoccupent et l’accablent. Il voudrait s’en débarrasser.
— En empruntant cinquante piastres à Séraphin, il aggrave son mal. C’est se mettre une chaîne au cou. Est-il allé le voir ?
— Qui ?
— Séraphin.
— Non. L’automne dernier Séraphin avait rendu visite à Jean-Baptiste au sujet du lot qu’il venait d’acquérir. Il lui avait laissé entendre que s’il avait besoin d’argent qu’il n’avait qu’à lui faire signe.
— Oui. Un signe de piastre.
— Séraphin se disait même le « sauveur des pauvres ».
— Le « sauveur des pauvres » ! Tonnerre de tonnerre !
Le docteur maintenant arpentait le salon à son tour. Il se laissait gagner par une sainte colère.
— Lui, le « sauveur des pauvres » ! Depuis que je le connais qu’il les égorge, qu’il les exploite, qu’il boit le sang du pauvre. Vous avez vu ce qu’il a fait à Jérôme ?
— Je sais, je sais, répondit le curé en soupirant.
— Quand on a le cœur assez noir pour faire ce qu’il a fait au Vieux Crousse : lui arracher sa maison sur son lit de mort. Ensuite revendre la maison à Jérôme à réméré avec un profit de $ 700 ! Est-il quelque chose de plus abominable, monsieur le curé ?
— Hélas !
— Oui, hélas ! trois fois hélas ! Et lorsqu’il a chassé en pleine nuit Main Coupée, la dernière nuit de l’année. Il est vrai que cette fois-là, il agissait à titre d’Agent des Terres. Main Coupée devait de l’argent au gouvernement. N’importe. Séraphin s’est montré impitoyable. Main Coupée se trouvait seul avec sa sœur, la Folle. Il faisait un froid terrible, rien à manger dans la maison, presque pas de feu, la misère noire. Séraphin les a jetés dans le chemin comme des paquets de guenilles. Le Père Ovide m’a tout raconté. Ce fut quelque chose d’atroce. La pauvre folle prise de consomption toussait à rendre l’âme. Pas de différence. Il les chassa, elle et son frère, sans pitié.
— Séraphin peut toujours dire qu’il accomplissait son devoir d’Agent des Terres.
— Ce n’est pas une raison. Il pouvait attendre au lendemain. Mais non. Il les chassa au froid, en pleine nuit, dans l