Bas les Crocs - Le Cœur des Maudits 1
207 pages
Français

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Bas les Crocs - Le Cœur des Maudits 1 , livre ebook

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Description

Léto vit, du moins c’est ce qu’elle tend à faire croire. Sous son costume de médecin légiste excentrique, elle cache ses crocs et sa peau pâle aux yeux des humains depuis des millénaires. C’est son souhait le plus cher. Rien n’est plus important que faire partie intégrante de ce que le ciel lui a volé. Rien n’est plus important que de faire perdurer son humanité.


Le soir où elle découvre un corps à la gorge déchiquetée, son existence se retrouve obscurcie et sa colère refait surface. Elle comprend alors : le passé revient, ses erreurs, mais surtout son pire démon : Londres.


En collaboration avec la police, elle va devoir tenter de résoudre une série de meurtres sanglants, mais surtout préserver le secret des vampires.


Seulement, les chasseurs, ainsi que son collègue un peu trop perspicace, ne vont pas lui faciliter la tâche. Léto, habituée à la solitude, va devoir apprendre à travailler en équipe, pour son plus grand déplaisir !

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9782381510323
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Ambre de Langevin, 2021
© Éditions Plumes du Web, 2021
82700 Montech
www.plumesduweb.com
ISBN : 978-2-38151-032-3

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'Auteur ou de ses ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
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Prologue
Le premier jour, rien n’avait changé. Il y avait ces sons, ces odeurs, ce soleil. Tout paraissait si naturel…
Le quotidien n’est pas insolite. Il peut y avoir cette paysanne qui apporte des légumes incroyablement beaux, ou bien ces grands guerriers qui reviennent de bataille. Il peut y avoir l’horizon obscurci par une flotte prête à accoster, un mari dans les draps de quatre hommes en même temps. Mais en percevons-nous l’importance sur une existence entière ?
Je n’avais jamais réalisé à quel point ce quotidien m’était précieux. Mes habitudes disposaient de quelque chose de réconfortant. De la chaleur sur ma peau à la sensation de l’air qui caressait mes poumons, d’une faible douleur lorsque je tombais aux frissons que je ressentais lorsque j’avais froid. La simple préparation du repas, les nuits les plus chaudes, tout avait ce goût sucré d’une vie comblée. Celle-là même qui pouvait prendre fin subitement, ou s’allonger pour l’éternité.
Le premier jour, rien n’avait changé. Le soleil brillait, les odeurs de soupe flottaient, les rires fusaient, les oiseaux chantaient, la mer respirait.
Mais le dixième, tout semblait plus fade. Je regardais les populations passer dans la rue, incapable de m’y mêler, incapable de manger, un linge étendu au-dessus de ma tête. Le simple contact des rayons avec ma peau n’avait plus l’étreinte rassurante d’avant, mais celle d’une morsure empoisonnée prête à attaquer les chairs à vif.
Trouver le réconfort dans une telle existence m’était difficile. Je me voyais étrangère à mes méfaits. Les dieux pouvaient m’en vouloir, j’avais pourtant exécuté chacun de mes rituels avec soin. Alors, peut-être ma mort était-elle attendue. Peut-être n’avais-je qu’à patienter pour que, le jour où ils l’aient décidé, mon âme leur appartienne.
Le trentième, je me contentais d’observer ces gens aux existences inaccessibles du haut de l’un des premiers palais de Thèbes. Leurs odeurs m’étaient plus attrayantes qu’un bon fumet, leurs peaux brillaient d’une attraction hypnotique. Je détaillais avec une douceur mêlée d’amertume leurs corps à l’apparence nouvelle, aux joyaux dissimulés depuis des années.
Tout me paraissait si étonnant, si merveilleux. Dans mon malheur, je trouvais la beauté cachée dont parlait Aphrodite, celle qui ne se voyait pas au premier regard. Le grain d’une peau parfaitement aérée, homogène, ces petites bosses adorables que les veines créent lorsqu’elles sont sous pression. Ce jeu mécanique et anatomique avait fini par me fasciner au point que jamais je ne me lassais de l’observer.
Le cinquantième, je ne pouvais plus toucher un homme sans ressentir la souplesse de l’hémoglobine dans ses vaisseaux, la chaleur envoûtante qui pourrait couler dans ma gorge. Chaque rayon menaçait de me faire fondre, chaque éclat de lumière de me réduire en poussière. Tout me condamnait à n’être que le monstre avide de sang qui créerait le malheur de son peuple.
Et le centième, je me mis à implorer les dieux de l’Olympe. La malédiction qui s’était abattue sur moi m’empêchait de vivre ce quotidien tant aimé, rongeait mon être jusqu’au plus profond de mon cœur. Mes supplications désespérées ne touchaient ni Zeus, ni Athéna, ni même Hygie. J’avais été une fidèle des plus dévouées, je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. J’avais toujours pris soin d’être aussi propre qu’une perle marine, aussi élégante que la nacre des coquillages. Chaque occasion que j’avais d’aller au marché, je passais par le temple pour y déposer une fleur, un peu de farine ou du vin. Ma foi n’avait jamais été ébranlée, mon cœur appartenait aux dieux et ma vie n’en était que comblée.
Mais à cet instant, la femme heureuse et rayonnante que j’étais s’était transformée en une créature de la nuit, avide de sang, que toute lumière et pureté se refusait de préserver.
Le premier jour, non, rien n’avait changé.
Et le dernier n’arriva jamais.
1. Le domaine des morts
— Et une jolie section de l’artère sous-clavière pour notre chère Hannah !
Darren soupira et acquiesça. Il s’accroupit à côté de la victime pour mieux constater sa blessure. L’entaille était profonde, assez pour abîmer le vaisseau et laisser s’en échapper le nectar divin. Celui qui avait fait ça n’y était pas allé de main morte.
— À première vue, continuai-je en tâtant de mon gant le sang encore frais de sa plaie, je dirais que le tueur est un homme, droitier et plutôt grand. Sa force dépasse celle de la petite, largement, comptez sur quelqu’un de baraqué. Un peu comme vous, inspecteur !
Le concerné secoua la tête avant de se relever. Ses belles mains coincées dans son manteau épais de feutre noir, il guettait le visage endormi de notre tendre victime avec une pointe d’inquiétude. Ses iris gris brillaient de concentration. Hannah, étendue à ses pieds, fixait encore le ciel de ses yeux exorbités, sur un sol de bitume qui absorbait la pluie de la veille et une gerbe d’hémoglobine inégale. La large entaille de sa clavicule gauche ne laissait que peu de place à l’imagination : un couteau était venu se planter à la base de son cou et bouleverser l’irrigation de ses chairs.
— À quand remonte l’heure de la mort ? s’enquit-il.
— Huit heures, tout au plus. Une petite visite au laboratoire m’aidera à identifier précisément les circonstances du décès. Pauvre choupette, elle a eu tellement peur.
Darren me dévisagea, dubitatif. J’esquissai mon plus beau sourire, celui qui faisait chavirer tous les hommes. Tous, sauf lui. Il me pensait plus espiègle que réellement séduisante, et si je lui avouais que ma remarque était justifiée par l’odeur irrésistible de l’adrénaline dans son sang, son impression n’aurait été que plus confortée.
— Mademoiselle Conner… m’appela au secours mon stagiaire. Mademoiselle Conner, je m’excuse, mais je crois que je ne me sens pas bien…
Je haussai les yeux vers son visage blême d’enfant. Ses boucles brunes tremblaient de son mal-être. Pauvre garçon, à peine trente ans qu’il devait déjà faire face à la mort. J’appuyai avec une nonchalance feinte sur la plaie avant que ne coule un liquide pâteux de sang séché. Il vomit.
— Mademoiselle Conner ! soupira Darren en écartant l’apprenti de notre victime. Veuillez ne pas corrompre la scène de crime.
Corrompre  ? Voilà un bien bon mot. Il n’y avait rien à corrompre, tout était aussi clair que la plus limpide des eaux. Hannah avait été assassinée par un homme, certainement son amant vu l’odeur. Un mètre quatre-vingt-dix, forte corpulence, mécanicien si j’en croyais le cambouis étalé sur ses vêtements et les effluves qui se dégageaient dans l’air.
Cette adolescente n’avait pas eu le temps de passer son dix-huitième anniversaire, ni même de goûter aux plaisirs de l’alcool légalement. Sur ces quelques premières années de vie, elle n’avait sûrement accompli qu’un cinquième de son existence. Pas d’amour sincère, pas de contact charnel, pas de travail, de douleur, de peine. Une petite enfance bien rangée dans Wimberly Houses, achevée bien trop tôt par un homme colérique qu’elle fréquentait sans doute par gentillesse.
La pression de ma gorge me ramena à la réalité. Les effluves d’hémoglobine caressaient mes narines avec tentation, réveillant la famine de ces dernières années. Je croquai dans ma sucette pour passer l’envie de me jeter sur le cadavre.
— Qu’on l’amène au labo, grognai-je, la voix éraillée par la faim.
Un bref signe et l’équipe se mit au travail. Je me relevai, mains dans les poches de mon pantalon vichy des années cinquante. Mes doigts en traversèrent une. Diantre, celui-ci va aussi me lâcher.
— Je passerai vous voir demain, déclara l’inspecteur Bain en regagnant sa voiture. Tâchez de me trouver comment cette femme est morte, et par qui.
— À vos ordres, monseigneur, acquiesçai-je d’une révérence soignée.
Pour la soixante-quatorzième fois de la journée, Darren leva les yeux au ciel. Il passa une main nerveuse sur sa barbe négligée, puis dans ses boucles châtains, non sans un dernier regard vers le cadavre, et disparut derrière les quelques agents chargés de protéger la scène de crime. La foule n’était pas nombreuse, mais la quantité de sang présente était suffisante pour ne pas laisser indemnes leurs esprits humains. La mort était bien trop douloureuse pour être supportée si jeune.
Je troquai ma paire de gants en latex contre celle en tissu et jouai du bâton dans ma bouche en quittant les lieux. La semelle de mes mocassins qui résonnait dans l’air, j’écoutai leur écho en interprétant ce rythme qui me trottait dans la tête, une reprise d’un ancien classique remis au goût du jour.
Tac. Tac, tac.
Je ne me souvenais plus où je l’avais entendue pour la première fois. Était-ce lors de la peinture de l’autel de l’église Sainte-Eugénie avec Maître de Soriguerola ? Ou bien lors de la composition de l’entracte d’Andromède avec sieur Marc-Antoine Charpentier ?
Tac. Tac, tac. Tac. Tac, tac, tac.
Je répétai cette symphonie au claquement de mes talons, à celui de ma canne, mon esprit emprisonné dans ce passé fort lointain. Qui de l’Espagne ou de la France m’accompagnait aujourd’hui ? J’étais en proie à croire que mon cher Marc-Antoine, éternel dans mon cœur, me berçait de ses douces mélodies pour convoyer l’âme de cette jeune fille dans son au-delà. Il avait aimé chanter gaiement lorsque la mort s’abattait sur nos terres.
La silhouette du Royal Victoria Ho

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