Inch Allah
129 pages
Français

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Description

Antoine, jeune étudiant en médecine, quitte sa routine montréalaise et s’expatrie pour un mois de stage dans un modeste dispensaire sénégalais. Là-bas, il soignera les malades de Koudiadienne et des environs, supervisé par Joseph, un chef infirmier rigide et intransigeant. Empli de questionnements et de doutes envers les limites de la pratique médicale, Antoine s’occupera des maux de chacun et tissera ainsi des liens avec les gens de ce pays sablonneux. Au gré de ses rencontres, l’écart se creusera entre sa vie à Montréal, sa culture et ses certitudes, et celle au Sénégal, poussiéreuse, ensorcelée, fragile et déconcertante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mars 2012
Nombre de lectures 10
EAN13 9782894555767
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DANS LA COLLECTION

Raja El Ouadili
La vierge dans la cité

Marie C. Laberge
En Thaïlande : Marie au pays des merveilles

Geneviève Lemay
À l’ombre du manguier

Marc-André Moutquin
Inch’Allah

La collection Parfums d’ailleurs transporte le lecteur au cœur des cultures les plus exotiques du monde avec des récits étonnants et des romans fascinants.



Visitez notre site : www.saint-jeanediteur.com

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Moutquin, Marc-André
Inch’Allah
(Parfums d’ailleurs)
ISBN 978-2-89 455-242-1 ISBN EPUB 978-2-89 455-577-4
I. Titre. II. Collection : Parfums d’ailleurs.
PS8626. O97I54 2009 C843’.6 C2009-940 583-0
PS9626. O97I54 2009

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’Aide au Développement de l’Industrie de l’Édition (PADIÉ) ainsi que celle de la SODEC pour nos activités d’édition. Nous remercions le Conseil des Arts du Canada de l’aide accordée à notre programme de publication.

Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC

© Guy Saint-Jean Éditeur Inc . 2009
Conception graphique : Christiane Séguin
Révision : Hélène Bard

Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Bibliothèque et Archives Canada, 2009
ISBN : 978-2-89 455-242-1 ISBN EPUB : 978-2-89 455-576-7

Distribution et diffusion
Amérique : Prologue
France : Volumen
Belgique : La Caravelle S.A.
Suisse : Transat S.A.

Tous droits de traduction et d’adaptation réservés. Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

Guy Saint-Jean Éditeur inc.
3154, boul. Industriel, Laval (Québec) Canada. H7L 4P7. (450) 663-1777.
Courriel : info@saint-jeanediteur.com •Web : www.saint-jeanediteur.com

Guy Saint-Jean Éditeur France
30-32, rue Lappe, 75 011 Paris, France. (1) 43.38.46.42 • Courriel : gsj.editeur@free.fr
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier monsieur Jean-Pierre Sene, pour son temps, sagénérosité et ses nombreux conseils ; monsieur Sami Aoun, pourses contacts et ses connaissances ; docteur Jacques Pépin, pour avoirrépondu à nombre de mes questions. Il m’apparaît égalementimportant de citer certains auteurs, dont les écrits m’ont aidé àmieux comprendre la culture sénégalaise, et qui m’ont inspirégrandement dans l’écriture de ce roman : Pierre Lory, MargueriteDupire, Théodore Ndiaye, Ousmane Sémou Ndiaye, HenriGravrand, Abdou Sylla, Pierre Messmer, Kalidou Diallo, BabacarDiop Buuba, Abel Kouvouama, Donal B. Cruise O’Brien, AntoineTine, Catherine Sabinot, Victor Martin, Charles Becker, AlineRobert, Roland Pourtier, Bruno Chenu, Régine Levrat, GeorgesDefour, Jane Galva, Albert Londres, Catherine Mazauric, AmadouHampâté Bâ, Cheikh Sow et François Wandji. De plus, divers sitesWeb m’ont fourni d’importantes informations, dont celui del’UNESCO, celui du gouvernement sénégalais et celui dePharmaciens sans frontières.
À Geneviève et Anne-Emmanuelle, dit le clan Ricard, pour avoir laissé ma chèvre paître dans les pâturages de leur amitié.

À Maxime, mon lieutenant, parce qu’il constitue pour moi, depuis des années, un idéal masculin.

À Alexis, pour ses vies pelliculaires.

À Marie-France, mon merlot, mon cabernet, ma compagne au balcon.

À Karine, pour l’inspiration que m’amène notre amitié.

À Marie-Ève, mon Algonquine, ma télépathe animale.
« Je sais bien que l’orage n’a pas sa source dans mes yeux
Mais si je ne suis plus au monde
Le monde sera différent
J’y serai en moins
Et l’orage tombera dans un monde différent
Et il ne sera pas le même orage »
Fernando Pessoa
CHAPITRE UN

Apercevant les portes du métro, prêtes à se refermer, j’ai dévalé les marches, bousculant tout sur mon passage, jusqu’à cette vieille, véritable escargot traînant sa coquille. Comment ne pas pleurer ? Je ne sais pas. La vie m’a rattrapé. Je suis l’un de ces autres. Fourmi dans la fourmilière. Vertèbre dans la chaîne vertébrale. J’étais pourtant persuadé du contraire, convaincu d’être immunisé, de ne pas être de ces gens, de ceux cherchant désespérément à atteindre l’aube prochaine, pour que se tarisse l’hebdomadaire calvaire des quarante heures.
Je me suis élancé, bête folle, comme un buffle chargeant stupidement l’horizon. Rien n’y a fait. Je suis arrivé en bordure du quai, au-delà de la ligne de sécurité, énervé, le souffle court. À quelques centimètres de moi, les wagons défilaient en direction d’une station prochaine. Mon reflet apparaissait sur chaque vitre. Je me voyais, moi et mon visage, qui chaque jour se creusait davantage.
L’espace d’un instant, j’ai eu l’impression d’émerger d’un lourd sommeil, d’une étrange narcose. Cet être fatigué, roué d’études, d’heures supplémentaires, gavé de cafés trop sucrés et de mangeailles usinées, c’était moi. Étonné de me retrouver ainsi, je suis allé réfléchir sur un banc, dilué dans la multitude, en attendant qu’un autre bolide apparaisse. Voilà pour l’imparfait. Maintenant, en venir au présent.

Devant moi, de l’autre côté des voies, j’observe le flux continuel des usagers. Où vont-ils, vers quels devoirs ? Impossible à dire. Se livrer à une telle routine, alors que toute leur conscience devrait s’y opposer. Étrange. Mais n’est-ce pas le premier mensonge de la jeunesse, que d’espérer découvrir de la grandeur dans le plus commun des quotidiens ? Du reste, comment puis-je les juger : ne me suis-je pas condamné, un peu plus tôt, en m’élançant, fauve, pour sauver quelques secondes ? Et qu’était donc ce réflexe, cette propulsion musculaire ? Mon cerveau et ses entrelacs neuronaux auraient-ils pressenti une menace invisible à mes sens ? Peut-être, les réflexes n’appartenant pas aux sphères de la conscience, mais aux lois du système nerveux sympathique. Sympathique ? Une autre ironie.
J’observe le carrelage décoloré, songeant à ce qu’il a fallu de masses anonymes pour l’user ainsi. Tout près de moi, un corps se dépose. Je me retourne. Elle est là, à l’autre extrémité du banc. Un manteau défraîchi drapant son corps cachectique. Sa peau cireuse, tirant sur l’ivoire. Ses longs doigts noueux, s’entortillant entre eux, comme une orgie de lombrics. La vieille dame, celle que j’ai un peu plus tôt bousculée. Elle me regarde, un petit sourire plaqué au visage. Intimidé, je cherche à fuir et remarque sa coiffe. Un étrange chapeau, conique, ressemblant à une urne, et que vient parfaire une broche représentant un papillon, toutes ailes déployées. Curieuse esthétique. Fantaisie de septuagénaire.
Bien que je me concentre maintenant sur mes pieds, je ressens toujours sa présence, ses yeux sans cils posés sur ma personne, implacables, véritables carnassiers.
— Courir, glousse-t-elle soudainement, stupide ! N’est-ce pas aller plus vite vers ce qui vient déjà ?
— Pardon ?
— Oui, aller vers ce qui vient déjà ?
Cela dit, une nouvelle rame fait son apparition. Ses os craquant comme du bois givré, la vieille dame se lève et va engouffrer l’archipel de ses rides dans l’habitacle saturé d’usagers. Ne voulant pas me retrouver de nouveau près d’elle, je décide de quitter la station. Je vais marcher. Tant pis pour l’heure. Je serai en retard. On me pardonnera. On nous pardonne toujours. Autrement, c’est l’oubli qui s’en charge.
Suivant l’interminable défilé des rues et des ruelles, je songe de nouveau à ces meutes de chairs asservies, à mon reflet, à cette vieille femme, à l’urne, au papillon. Je voudrais verser une larme sur ma bêtise, mais me l’interdis. Étudiant en médecine, on se doit d’être fort. Les Français, d’ailleurs, nous appellent « carabins ». Je trouve que ça sonne comme carabine. Je ne dois pas être le premier à faire pareil rapprochement. On n’est jamais le premier, à moins d’être bon menteur. Je suis donc le carabin carabine s’attristant pour des portes de métro. Drôle d’histoire ; drôle de titre.
Arrivé à l’hôpital, l’humeur racornie, je suis allé

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