Wotéh ou le triomphe de l’absurde
450 pages
Français

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Wotéh ou le triomphe de l’absurde , livre ebook

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Description

Ce livre, je l'ai trouvé dans la vase, dans la posture d'un homme dévoté par le froid ou d'un oiseau aux ailes brisées. Tel un coursier embourbé, il attendait. Sans doute, espérait-il quelque chose ! Mais quoi ? Il scrutait le lointain. Un enfant des siècles viendrait le libérer. Mais les enfants à travers les siècles avaient les allures de rivières chargées de boue. Rien des étoiles rieuses, fruits de la création des dieux.Ils étaient cothurnes aux pieds, dans la fange des ondessinueuses, s'étant eux-mêmes faits étoiles sur le visagede ces eaux sans vigueur. Combien de temps allait durer son attente ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 août 2015
Nombre de lectures 19
EAN13 9782916121727
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Anibwe, Paris 2015 ISBN : 978-2-916121-72-7
1, rue Boyer-Barret 75014 Paris Tél. 09 81 42 76 94 www.anibwe.com
Wotéh ou le triomphe de l’absurde
Nahounou DOGBO Wotéh ou le triomphe de l’absurde
Introduction
Ce livre, je l’ai trouvé dans ladans la posture vase, d’undévoré par le froid ou homme d’unoiseau aux ailes brisées. Tel un coursier embourbé, il attendait. Sans doute, espérait-il quelque chose ! Mais quoi ? Il scrutait le lointain. Un enfant des siècles viendrait le libérer. Mais les enfants à travers les siècles avaient les allures de rivières chargées de boue. Rien des étoiles rieuses, fruits de la création des dieux. Ils étaient cothurnes aux pieds, dans la fange des ondes sinueuses, s’étanteux-mêmes faits étoiles sur le visage de ces eaux sans vigueur. Combien de temps allait durer son attente ? Je l’ai trouvé écrit, ce livre. Mais, à peine ai-je eu le temps d’en nettoyer les feuilles presque mortes qu’il s’envola de mes mains. Son destin était-ilseulement d’être trouvé ? Maintenant il est à toi ! Je ne sais en quel lieu tu te trouves, mais tu le tiens. Àtoi d’en nettoyer page après page les mots qu’il m’aurait fait voir si je l’avais conservé pour moi. Il était écrit avec son histoire : les vagues d’humeurs de ceux qui l’ont écrit sans dire à qui ils l’adressaient.Mais on dirait qu’il fut écrit pour faire vivre des humains. Je l’ai trouvéavec des vagues d’humeurs, d’odeurs de feuilles mortes, des joies et des tristesses, mais plus encore, avec ses propres espoirs de ne pas rester éternellement enfoui dans cette fange au pied d’une montagne inconnue. Le voici, ton compagnon secret, toi qui le nettoies page après page et qui met tant de soins à le rangersur un rayon parfumé de soleil. Le livre, je l’avoue, était dans les décombres des temps qui viennent et qui
passent, dans les vagues amertumes des famines qui sévissent et qui tuent les vivants sans tuer la question : « Pourquoi suis-je... » ? Cette question n’est à personne. Qui la pose en fait son œuvre. Elle est à l’être si unique, si divers, si grand, si petit, si vrai, si faux, inquiet: l’homme. e Moi qui vous parle, le 20 siècle était vieux de cinquante ans lorsque je naissais. Deux guerres planétaires étaient passées. Persécutions, folies outrages, vols pillages. L’enfer! Enfant né dans la tourmente des conflits, des rivalités des nations troublées, des appels à l’orgueil des peuples honnis, des interrogations humaines les plus diverses, profondes, des mues et des renaissances culturelles, sociales et politiques, je voyais le monde s’agiter sans rien y comprendre, sans savoir de quoi parlaient mes parents.Mais j’entendais des noms d’hommes et le mot Indépendance.Dans le pays ensoleillé où je suis né, en grandissantsous l’ombre de la forêt, j’ai vu de grands arbres vierges, de singuliers arbrisseaux insignifiants pour les yeux, mais dont la naissance hors du temps était un mystère.J’ai vu le tumulte des âmes frappées du sceau des incertitudes. Me voici dans le mystère, victorieux des épreuves et du temps, car le siècle est mort, je suis vivant. Enfant d’un temps, d’une époque,dans la forêt noire depuis l’aube des temps,je peux mentir sur mon âge. Mais pas sur celui des faits du siècle que j’aivu naître. Que n’aurais-je fait de cet ouvrage sorti des entrailles de la terre, de la sculpture et del’édifice des mots des autres? Peut-être ne l’a? Maisurais-je pas traité comme il faut maintenant il se trouve entre tes mains à toi, lambda, César ou Jésus ! Réalises-tu que ton mystère devient éternel, car chaque jour pour toi comme pour moi est la fin d’un siècle dont personne ne se soucie ? Et toi, comptes-tu ces siècles
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morts et qui chaque jour terminent leurs courses à tes pieds de mortel ? Penses-y ! La torche de la vérité éclaire toujours partiellement un chemin sans fin.Séklé-Kpeuti, l’enfant qui cherche la vérité, en marchant, de ses mains nues écarte les buissons, éclaire lui-même son chemin. Mais, à mesure que le chemin paraît s’illuminer enfaisant voir des choses du monde, d’autres choses se révèlent des mystères, avec une face dans les ténèbres de la nuit, appelant de tous leursvœuxle regard du chercheur comme pour surgir, s’élever au-dessus de la vallée. Toi qui tiens ce livre, digne enfant du temps ! Qui es-tu ? Ce livre, tu le tiens avec son histoire. Jette-le si tel est ton désir. Qu’importe si tu en ris. Mais auras-tu pris soin de ne pas l’abandonner au bord du chemin? Un enfant pourrait en faire son jouet. Et après, en lire un mot, et après, deux, trois mots et ainsi de suite. Un autre homme pourrait le ramasser et cela lui plairaitd’en disposer. Le jetterais-tu au feu ? Mais il y a ses cendres, éternelles, sans odeurs, dissipées. Elles iront enivrer des êtres intelligents, féconder des esprits créateurs. Et puis, quoi ? Quel sens aurait même ton intérêt pour cet ouvrage trouvé dans la boue au pied d’une montagne inconnue, avec son cheminement obscur, ses rires de femmes et d’enfants, ses pleurs de malheureux orphelins, ses vieux chants d’animaux, ses vieillards insensés? Jette-le ! Ce sera seulement que tu n’auras pas eu un nez qui sent ses odeurs de feuilles mortes, ses parfums malodorants de fleurs de fromagers en saison d’aigle; tu n’auras pas été lavé de ses eaux de pluies diluviennes qui glacent un corps affamé au milieu de la forêt, senti les piqûres d’insectes amers, entendu les aboiements de singes apeurés, les rugissements de panthères nocturnes.
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Séklé-Kpeuti, le héros solitaire connaît toutes ces choses. Je dis héros, pour ce qu’il n’a jamais brisé le lien avec les siens, de se sentir toujours au cœur des drames de ceux qui rient, jouent, mangent et dorment à satiété alors que tout autour d’eux montre que le temps n’est pas au jeu. Ô savoir ! Ô tragédie des êtres seuls ! Comme tous les héros des tragédies qui se jouent sous le plafond du ciel, Dieu en sait-il quelque chose ? Le voyageur solitaire s’est lui aussi affranchi des limites du temps. Rien, ni religion ni morale ni famille n’entravent la marche des êtres seuls.Séklé-Kpeutiest un être seul. Dans la vallée qu’il foule, sur la montagne qu’il gravit, il rencontre des lumières. Mais elles laissent toujours des ombres. Partout, les êtres s’affrontent. La vie s’affuble decontradictions inextricables. Les lumières laissent des ombres. Les ombres chassent la lumière. Les hommes connaissent la vérité, mais ils font la promotion du mensonge. La pitié, la compassion existent dans les cœurs alors que ceux-ci s’emploient àpratiquer le mal. La multitude des hommes a une soif insatiable de richesse, de justice et de liberté. Mais une poignée de privilégiés les briment. Il en a toujours été ainsi : pour le bonheur des hommesni Socrate ni Jésus ne sont morts aujourd’hui. Que font les morales, les homélies du dimanche ? Passent les siècles, les hommes demeurent les mêmes... dans le règne et le triomphe de l’absurde.Les dieux pouvaient-ils faire un meilleur choix de monde que celui des contradictions, des affrontements sanglants, des privations, des frustrations, des actes outrageant, blessant les peuples ?Séklé-Kpeutivoudrait que changent les cœurs des hommesqu’il aime, mais qui le rejettent. Le voyageur solitaire, ô toi, homme, femme au-dessus de ta montagne, a maintenant sa destinée entre tes mains. Vas-tu regarder
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