J ai  été tuée par...
71 pages
Français

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Description

Comment une jeune fille morte d’une balle dans le front sur une plage de Normandie et un homme abattu d’un projectile dans la nuque en forêt de Rambouillet, peuvent-ils avoir été assassinés en même temps par une arme retrouvée en plein champ situé à cinquante kilomètres dans les terres ?...


C’est ce que l’inspecteur GIRARD va devoir découvrir durant sa nouvelle enquête.


Ah ! Si la demoiselle avait eu le temps de terminer son message tracé dans le sable : « J’ai été tuée par... », la tâche aurait été bien plus facile pour le policier...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782385010867
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR GIRARD
J'AI ÉTÉ TUÉE PAR...
Récit policier

André CHARPENTIER
CHAPITRE PREMIER
L'ÉTRANGE DÉCOUVERTE
 
Connaissez-vous Margaret ? C'est une charmante petite plage normande très fréquentée durant l'été par les baigneurs ; ce n'est pas une station mondaine et aucun palace n'y attire le riche touriste, mais avec son petit casino en planches, sa centaine de villas et ses quelques pensions de famille, elle retient ceux qui aiment la tranquillité et préfèrent le murmure du flot sur le sable au jazz trépidant des dancings balnéaires.
On était au mois de mai ; ce n'était pas encore l'affluence à Margaret  ; cependant, quelques maisons avaient ouvert leurs fenêtres et plusieurs familles s'étaient déjà installées. Le vieux bourg situé à un kilomètre de la plage n'était habité que par des pêcheurs dont les barques se balançaient dans le port en miniature. La jetée ornée d'un phare plus décoratif qu'utile constituait un but de promenade, à l'époque des vacances.
Or, ce matin-là, le père Courdec et son fils Jacques longeaient la falaise pour gagner le port et prendre la mer à bord de leur bateau La Marie-Jeanne, car le vent était propice et la pêche s'annonçait bonne, lorsque le premier qui marchait sur l'étroit sentier, du côté de la mer, poussa un grand cri :
— Jacquot, regarde !
Le fils jeta les yeux vers l'endroit de la plage que lui désignait avec effroi la main tremblante de son père.
— Non, pas possible ! s'exclama Jacques.
Tous les deux se penchèrent au ras de la falaise pour mieux voir et demeurèrent une longue minute sans rien dire, étonnés et aussi angoissés.
La stupeur des deux hommes était justifiée par un spectacle étrange : sur le sable humide que la mer, en se retirant, avait laissé à découvert depuis deux heures à peine, un cadavre de femme était allongé, les vêtements en désordre et, de la hauteur où se tenaient les deux pêcheurs, à peine six mètres, on distinguait assez nettement, sur le front de la victime, un large sillon rouge.
— Courons voir, dit le père Courdec.
Déjà, le fils le précédait et tous les deux dévalèrent à toutes jambes le raidillon qui, à quelque distance de là, descendait jusqu'à la plage.
— Elle n'est peut-être pas morte, balbutia le vieux pêcheur que Jacques devançait d'une dizaine de pas.
Ils arrivèrent enfin auprès du corps.
— Comme elle est jolie ! murmura le jeune homme.
De fait, le visage de la victime était d'un modelé très pur et les traits d'une extrême finesse. Mais le père Courdec s'était agenouillé et tentait maladroitement de secourir la jeune femme. Efforts vains : la mort avait fait son œuvre et aucun mouvement ne décalait un reste de vie ; le souffle était éteint.
— Faut prévenir le garde champêtre, dit Jacques.
— Ce trou à la tempe est la cause de sa mort.
— Elle a été assassinée.
— Aucun revolver auprès d'elle.
Il avait regardé tout autour du corps ; c'est alors qu'il remarqua des lettres tracées dans le sable humide. Il lut avec difficulté :
—  ...J'ai... été... tuée... par...
Le mot s'arrêtait là ; la main qui avait écrit ce début de phrase s'était crispée dans une ultime convulsion
— Allons, va avertir le père Chenu, dit le vieux pêcheur en poussant son fils atterré.
Ce dernier prit le pas de course et ne s'arrêta que devant la mairie où logeait le garde champêtre qui faisait en même temps l'office de concierge de la maison communale.
Dès les premiers mots, le brave homme n'en crut pas ses oreilles.
— Vous dites, une femme assassinée... sur la plage ? Non ! pas possible. Vous avez rêvé, ton père et toi, balbutia-t-il.
Cependant, devant l'insistance du jeune homme, il coiffa son képi réglementaire et le suivit. Pendant ce temps, le père Courdec avait fait plusieurs constatations : les vêtements de la victime étaient déchirés comme si elle avait soutenu une lutte violente ; autour du corps, aucun objet ; la chevelure très blonde ne présentait pourtant aucun désordre.
Le père Chenu, arrivé sur les lieux, dut se rendre à l'évidence.
— Évidemment, c'est un crime, convint-il.
Il ajouta, en passant son index droit sur son nez :
— C'est pas de mon ressort ; ça me dépasse.
En effet, le garde champêtre n'était pas habitué à résoudre des énigmes criminelles et bornait son activité aux délits légers : vols de lapins ou rixes après boire.
— Je vais prévenir la police mobile de Caen, dit-il en reprenant le chemin de la mairie. Surtout, restez auprès d'elle sans rien toucher, afin que les policiers puissent effectuer toutes les vérifications. Ne marchez pas sur l'inscription.
Le père Courdec fit cette remarque :
— Dans quatre heures d'ici, la mer reviendra et, si on n'enlève pas le corps, la mer s'en chargera.
— Je vais faire vite.
Il retourna en toute hâte à la mairie et, décrochant le récepteur téléphonique, entra en communication avec la Brigade Mobile de Caen dont le chef, mis au courant, annonça l'arrivée sur place d'un de ses inspecteurs dans le délai le plus court, soit une petite heure
L'inspecteur Mansourt, dépêché par la police régionale, arriva dans Margaret en émoi : de porte en porte, la nouvelle avait circulé et déjà les commentaires allaient leur train. Le garde champêtre éprouvait bien des difficultés à maintenir les curieux groupés sur la plage, devant le cadavre de la victime.
Le policier effectua les premières constatations avec méthode ; mais ce qui l'intrigua fort, ce fut de constater que les vêtements étaient tout imprégnés d'eau de mer, comme si le corps eût plongé dans les flots.
— En admettant que cette jeune fille ait été attaquée au cours d'une promenade sur la plage, monologua-t-il, par suite de quelles circonstances a-t-elle bien pu être atteinte par la mer qui descendait, évidemment, ainsi qu'en témoigne l'inscription visible sur le sable ?
À ce moment, le père Chenu lui fit remarquer que la mer montait.
— Dans une couple d'heures, elle sera ici, monsieur l'inspecteur.
— Je vais prendre toutes les mesures utiles afin de conserver cette première vision du crime.
Il fit appeler d'urgence le photographe de la localité et lui fit prendre plusieurs clichés. Il était temps ; la mer s'infiltrait déjà par les couches inférieures de la grève et l'inscription risquait de s'effacer d'un moment à l'autre.
—  « J'ai été tuée par... », répétait-il pour la dixième fois. Dommage qu'elle n'ait pas eu le temps d'achever sa phrase !
Quelques instants plus tard, le corps était transporté dans un local en sous-sol de la mairie, transformé en morgue pour la circonstance.
Vers midi, une heure après le rapport transmis téléphoniquement par l'inspecteur Mansourt à la Brigade Mobile de Caen, plusieurs reporters se trouvaient à Margaret, envoyés par leurs journaux ; ils précédaient leurs confrères de Paris, lesquels alertés par les correspondants ne pouvaient manquer d'arriver.
L'inspecteur Mansourt ne perdait pas son temps et interrogeait les habitants, recueillant tous les propos, provoquant les témoignages, mais en vain : aucune présence suspecte n'avait été remarquée à Margaret et personne ne se rappelait avoir vu la victime.
— Ça va mal, bougonnait le policier. On ne sait ni le nom de l'assassinée ni le nom du criminel, et les circonstances du drame demeurent toujours énigmatiques.
Il avait envisagé toutes les hypothèses, mais sans succès. Le suicide ? Mais il y avait l'inscription sur le sable et d'ailleurs aucune arme auprès du corps. Accident ? Toujours la même réponse : impossible ! Alors, c'était bien un crime.
L'après-midi commença sous d'aussi peu favorables auspices pour l'enquête et l'inspecteur Mansourt s'impatientait manifestement, lorsqu'un fait imprévu parvint à sa connaissance. Le garde champêtre vint le trouver alors qu'il arpentait fébrilement la grande rue du bourg :
— La Brigade Mobile de Caen veut vous faire une communication urgente. Votre chef est à l'appareil !
L'inspecteur courut à la mairie et ce dialogue s'engagea :
— C'est...

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