Crise et rénovation de la finance
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Crise et rénovation de la finance , livre ebook

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Description

La crise a mis un terme à un régime de crédit à tout-va, fondé sur le laisser-faire des autorités de régulation de la finance, sur l’irresponsabilité des intermédiaires de marché et sur la passivité des investisseurs institutionnels. Bien loin d’avoir été efficace dans l’allocation du capital, la finance a capté une rente gigantesque sur l’économie et a nourri des désé­quilibres insoutenables. Une profonde réorganisation de la finance est désormais à l’ordre du jour. Ce livre dessine les contours d’une telle réforme : instaurer des règles de comportement et des principes de gouvernance capables de réintroduire une responsabilité sociale dans le système bancaire ; mais surtout établir des contre-pouvoirs. Cette refondation commande que les investisseurs financiers (fonds de pension, compagnies d’assurances, fonds souverains, etc.), fassent prévaloir, au sein des entreprises dont ils sont actionnaires, des stratégies de long terme et mettent en œuvre des moyens de contrôle des risques susceptibles de discipliner et de stabiliser les marchés financiers. Michel Aglietta est professeur émérite à l’université Paris-X-Nanterre, conseiller scientifique au Cepii et à Groupama-Asset Management. Sandra Rigot est doctorante en économie et allocataire-monitrice à l’université Paris-­ X-Nanterre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 mars 2009
Nombre de lectures 8
EAN13 9782738192615
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, MARS 2009
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9261-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Avant-propos

Cet ouvrage est issu d’une recherche, conduite par une équipe universitaire, menée en 2006 et au premier semestre 2007 sur les investisseurs de long terme, soutenue et pilotée par l’Institut CDC pour la recherche. Elle portait sur les trois problèmes suivants : les stratégies d’investissement à long terme, la délégation de gestion , les conséquences sur la gouvernance d’entreprise.
La recherche a donné lieu à un rapport intitulé Investisseurs à long terme et gouvernance . Elle a été entreprise par Michel Aglietta (université Paris-X), Nicolas Meisel (Agence française de développement), Sabine Montagne (CNRS-IRISES, université Paris-IX), Antoine Réberioux (université Paris-X) et Sandra Rigot (université Paris-X).
Engagé avant la crise, ce travail s’est révélé précurseur. Nous remercions les personnalités du groupe Caisse des dépôts qui ont accepté de nous apporter leur témoignage, ainsi que toutes les autres personnes que nous avons interrogées dans les institutions que nous avons visitées.
L’aide de l’Institut Caisse des dépôts a été très précieuse pour élaborer ce rapport. En tant qu’économistes professionnels, l’accès aux données de terrain et aux expériences des acteurs, dans le cadre d’un partenariat avec les institutions, est pour nous primordial. À ce titre, nous tenons à saluer l’action continue de l’Institut CDC pour la recherche qui sait tenir ce rôle, très précieux pour les chercheurs, de médiation de la recherche, dans le double souci de répondre aux questionnements des acteurs et de soutenir le travail des chercheurs.
Nous remercions, en particulier, Isabelle Laudier, directrice de l’Institut CDC pour la recherche : son soutien et sa réactivité nous ont ouvert bien des voies jusqu’à cette publication.
Tout en bénéficiant de la recherche précédente, le présent livre s’en écarte pour plusieurs raisons. Tous les auteurs du rapport n’ont pas participé à son écriture. En conséquence, celui-ci ne couvre pas tous les thèmes du rapport. En revanche, la crise financière est survenue et a posé de nouveaux problèmes qui conduisent à remettre en cause l’organisation de la finance qui a été en vigueur depuis vingt ans. Cela nous a conduits à une analyse très approfondie des causes de la crise et des réponses des pouvoirs publics. Cela nous a aussi incités à approfondir l’étude des investisseurs à long terme dans la perspective du rôle qu’ils pourraient jouer dans la réorganisation de la finance à partir d’une prise en compte des leçons de la crise.
Nous remercions toutes les personnes qui ont lu tout ou partie du manuscrit et nous ont communiqué leurs remarques. Enfin, nous avons une attention particulière pour Sophie de Salée qui nous a apporté son aide efficace dans la mise en forme de ce livre, comme elle l’avait déjà fait dans le passé.
Michel AGLIETTA et Sandra RIGOT
«  I believe that banking institutions are more dangerous to our liberties than standing armies. If the American people ever allow private banks to control the issue of their currency, first by inflation, then by deflation, the banks and corporations that will grow up around the banks will deprive the people of all property until their children wake up homeless on the continent their fathers conquered.  »
(« Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d’abord par l’inflation ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquis. »)
Thomas Jefferson,
lettre au secrétaire au Trésor Albert Gallatin, 1802.

 
Introduction générale

Depuis l’été 2007, nous vivons un événement historique. C’est la plus grave crise financière et économique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Les économistes sont interpellés par un tel événement. Toutefois, nombre d’entre eux ont été longs à prendre la mesure du phénomène. Dans un ouvrage précédent, paru chez le même éditeur en mars 2007 [ Les Désordres du capitalisme mondial par Michel Aglietta et Laurent Berrebi], la montée des grands déséquilibres mondiaux liés à l’endettement avait été diagnostiquée. La fin du régime de fuite éperdue dans l’endettement avait été pronostiquée sous la forme d’une crise immobilière aux États-Unis, plutôt qu’une crise de change. Il est maintenant indispensable d’aller au-delà, c’est-à-dire de montrer que la finance contemporaine va subir une mutation et d’en dessiner les contours. C’est l’enjeu de ce livre.
Il est vrai que beaucoup d’économistes sont pris à rebrousse-poil, tant ils ont chanté les louanges de la finance contemporaine. Celle-ci a connu un bouleversement gigantesque depuis plus de vingt ans. Les mots intimidants « globalisation », « libéralisation », « déréglementation » chantaient les forces de transformation de la planète finance, à l’exception notable de la Chine où l’évolution a été beaucoup plus prudente. Il y a eu au sens littéral intimidation . Nul n’avait le droit de critiquer la doxa sans être brocardé. Tout un chacun était sommé d’admirer l’innovation financière qui créait sans cesse de nouveaux marchés et rendait soi-disant le système plus complet, donc mieux capable de gérer les risques. Leurs transferts devaient disséminer les risques sur un plus large ensemble de porteurs aux attitudes à l’égard du risque plus diverses. Le résultat était immanquablement, nous disait-on, une diminution du niveau de risque pour l’ensemble de l’économie. La floraison des nouveaux acteurs de marché, surtout les fameux hedge funds nous a-t-on expliqué ad nauseam , apporte de la liquidité aux marchés et fournissent aux investisseurs institutionnels une expertise hors du commun, qui réalise le tour de force de proposer des rendements indépendants des avatars de l’économie. Bref, le credo tant vanté par Alan Greenspan , que la finance de marché est autorégulatrice et de plus en plus stable, était largement partagé.
Cependant, Alan Greenspan a fait son autocritique publique le 23 octobre 2008 lors d’une audition devant la commission du Congrès chargée du contrôle de l’action gouvernementale. Il a admis avoir fait une erreur « en croyant que le sens de leurs propres intérêts, notamment chez les banquiers, était la meilleure protection qui soit ». Ce doute sur la croyance à l’autorégulation des marchés guidant les acteurs rationnels est un exemple remarquable de probité intellectuelle. Il n’est malheureusement pas partagé par les intéressés. Interrogés à leur tour devant la commission des services financiers des deux assemblées, les patrons des banques d’affaires de Wall Street, comme les plus grands managers de hedge funds , ne se sont jamais départis de leur arrogance, niant toute responsabilité dans le désastre. Et les économistes qui se vouent à faire l’apologie de l’abaissement de l’État et à chanter la vertu des acteurs de la finance ? Pour certains la crise est arrivée… parce qu’il y avait trop de régulation !
En vérité, la crise globale que nous vivons ressuscite le débat qui a fait rage dans les années 1930 entre Keynes et ses adversaires, champions du laissez-faire. À l’hypothèse de l’autorégulation de la finance, Keynes opposait celle de son instabilité intrinsèque. À l’hypothèse que les acteurs avaient un comportement rationnel dans un univers où les marchés fournissaient toujours une information sur les valeurs fondamentales à long terme des actifs, Keynes opposait une conception de l’incertitude qui conduisait les acteurs rationnels au mimétisme et au court-termisme. Au point de vue que les crises éclatent comme des événements exogènes que les marchés sont capables de résorber, Keynes opposait l’idée qu’elles sont endogènes à un cycle financier, parce que les acteurs de la finance oscillent entre un optimisme et un pessimisme collectifs qui emportent le mouvement des prix et du crédit aux extrêmes.
Dans ce livre, nous reprenons le fil directeur de l’hypothèse keynésienne pour analyser la crise actuelle. Nous montrons dans le chapitre 1 comment les innovations financières ont été utilisées dans l’intérêt des banquiers, comme dit Greenspan, et pourquoi le développement des nouveaux marchés a exacerbé l’instabilité de la finance. Nous montrons comment la montée aux extrêmes a dégénéré en crise systémique à partir de septembre 2008.
Mais il ne suffit pas d’analyser la crise. Il faut, après Keynes, se préoccuper des moyens de rendre le capitalisme viable en dépit de l’instabilité financière. Le volet le plus célèbre de ses préconisations est, bien sûr, la régulation macroéconomique par la puissance publique. Il est, à l’automne 2008 où ces lignes sont écrites, d’une actualité brûlante, alors que les économies occidentales s’enfoncent dans la récession. Les banques centrales ont la responsabilité de baisser les taux d’intérêt énergiquement. Mais il ne faut pas se faire d’illusion sur l’efficacité de la politique monétaire dans une telle situation. Lorsque les banques ont des bilans d

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