Noirs Secrets
65 pages
Français

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Description

Ce nouvel ouvrage de la collection «  Genre(s) et création  » explore, à travers les créations d’Isabel et Mariana Otero, de Rachid Koraïchi, de Wilkie Collins, de Philip Roth, d’Alain Mabanckou, d’Audrey Pulvar et d’Evelyne Trouillot le ressort de la création  : le «  secret  », avec au cœur même du délit… le corps de la femme toujours objet de convoitise, de règlement de comptes, de blessures. France, Algérie, Tunisie, Angleterre, Etats-Unis, Guadeloupe, Martinique, Haïti : la carte du secret ne fait pas le tour du monde mais en visite bien des lieux et montre déjà que s’il se décline différemment selon les latitudes, il fonctionne sensiblement de manière comparable dans les créations.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2009
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304029758
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Sylvie Brodziack Christiane Chaulet Achour
Noirs secrets
Collection Genre(s) et création
é ditions Le Manuscrit Paris


Dans la même collection
Noirs secrets , Christiane Chaulet Achour, 2009
Féminité et expression de soi , Brigitte Riéra, 2008
Le corps à l’œuvre , Sylvie Brodziak, 2007
Pères en textes - Médias et Littérature , Christiane Chaulet Achour, 2006
Frontières des genres , Christiane Chaulet Achour, 2006
Conte et narration au féminin , Christiane Chaulet Achour, 2005
ISBN epub 9782304029758 ISBN papier 9782304029741 © 2009 Le Manuscrit


La collection Genre(s) et création
À l’heure du combat pour la reconnaissance du droit à l’autodétermination de l’identité de genre, la création, sous toutes ses formes, demeure le lieu privilégié pour la révéler et l’affirmer. Qu’elle soit littéraire, artistique ou scientifique, il s’agit de questionner, de déconstruire, de subvertir les classifications sociales et culturelles du féminin et du masculin fabriquées par le système sexe/ genre binaire et normatif. Cette collection se propose d’une part de publier en langue française des ouvrages théoriques fondamentaux pour la réflexion, d’autre part de faire connaître des travaux de recherche susceptibles d’enrichir les savoirs et de dynamiser les pratiques.


Présentation
Le secret : confidence, complicité, connivence, discrétion, énigme, mystère, silence, tous ces mots ont à voir avec lui… « La vérité est frôlée, déviée, perdue […] Sa structure est essentiellement réactive, car il oppose à l’avancée inéluctable du langage un jeu échelonné d’arrêts : c’est, entre la question et la réponse, tout un espace dilatoire »
écrit R. Barthes dans S/Z .
Quels sont les dénominateurs communs des œuvres de créatrices et créateurs si différents que nous réunissons dans ce nouvel ouvrage de la collection Féminin/Masculin : des femmes et des hommes, évidemment… qui ont eu le même souci de prendre comme ressort de leur écriture – cinématographique, picturale, littéraire –, le « secret ». Plus précisément, des créatrices et créateurs qui ont « programmé » le secret comme moteur narratif en touchant au corps même du délit… le corps de la femme toujours objet de convoitise, de règlement de comptes familiaux et/ou sociaux, de blessures incrustées qui, libérées ou imaginées, font exploser une création.
D’autres artistes auraient pu être convoqués, bien évidemment. C’est ceux-là que nous avons choisis, par goût pour la manière dont ils ont si bien su nouer leurs intrigues et nous fasciner par leur virtuosité ; dont ils ont su pointer époques, préjugés et stéréotypes ; dont ils ont su jouer des secrets les mieux gardés qui nous apparaissent parfois dérisoires aujourd’hui et qui, pourtant, ont eu leur efficacité. Toutes et tous touchent au cœur des représentations et des interdits de leur époque de référence. Roland Barthes écrivait dans l’introduction de S/Z : « Quels textes accepterais-je d’écrire (de ré-écrire), de désirer, d’avancer, comme une force dans ce monde qui est le mien ? » C’est autour de ces associations que nous avons travaillé ici en montrant, comme dans nos précédents ouvrages, que le féminin et le masculin jouent ensemble le jeu meurtrier ou libérateur du caché et du dévoilé.

Qui sont-elles/ils ces artistes ? Isabel et Mariana OTERO sont nées à Rennes (France), en août 1962 et décembre 1963 et confectionnent ce film si prenant, Histoire d’un secret, en 2003. Rachid KORAÏCHI est né à Aïn Beïda (Algérie) en 1947 et livre sous forme de toiles, bribes de textes, manuscrits non publiés, mais diffusés, une histoire douloureuse qui devient ferment de création. Wilkie Collins est « l’ancien » du corpus puisqu’il est né en janvier 1824 dans l’Angleterre victorienne. Considéré comme le père du roman policier anglais, il publie Le Secret en 1856 où il tisse dans les mailles de son roman, le secret le mieux gardé. Philip Roth est né en mars 1933 à Newark dans le New Jersey et il est l’auteur de nombreux romans dont La Tache en 2000 qui a connu un très grand succès et a été primé en France : secrets et « Secret » dévoilent des facettes de la société américaine. Alain Mabanckou est né en février 1966 à Brazzaville et dans Dieu seul sait comment je dors en 2001 qui se passe en Guadeloupe, le secret est lourd de conséquences pour l’étranger à la communauté où il vit. Audrey Pulvar est née en février 1972 à Fort-de-France, et fait ses gammes, dans ce premier roman, L’Enfant-bois en 2004, sur le caractère destructeur du secret de famille. Evelyne Trouillot, enfin, est née en janvier 1954 à Port-au-Prince et sa Rosalie l’infâme de 2001 plonge dans les « secrets » de l’esclavage par une porte inhabituellement entrebâillée.

France, Algérie, Tunisie, Angleterre, États-Unis, Guadeloupe, Martinique, Haïti, notre carte du secret ne fait pas le tour du monde, mais en visite bien des lieux et montre déjà que s’il se décline différemment selon les latitudes, il fonctionne sensiblement de manière semblable dans les créations qui ont, au cœur de leur projet, un « noir secret » qui rôde autour d’une femme même s’il peut être porté par un homme, par amour, par honte, par ignorance. Aussi, en plus du motif du secret qui donne à cet ensemble sa cohérence thématique, les sept chercheuses rassemblées ici ont eu une autre convergence forte dans leur démarche : l’appui des propositions faites par Roland Barthes dans S/Z pour l’étude de l’inscription d’un secret dans une narration, l’étude de la progression et des effets de ce qu’il a nommé le code herméneutique. Le résultat, on le verra d’article en article, est assez probant quant à la perspicacité du célèbre critique auquel, d’une certaine façon, cet ouvrage rend hommage.
***
Noir… Au sens physique du terme, le dictionnaire (Le Grand Robert de 1953) nous apprend que c’est un adjectif qui désigne « l’aspect d’un corps qui produit une impression particulière sur la vue du fait que sa surface ne réfléchit aucune radiation visible »… Et ainsi, « noir » ne désignerait pas, à proprement parler, une couleur, mais une sensation, une impression et ainsi cette non-couleur se remarque, pourtant, terriblement ! On utilise aussi « noir » pour qualifier un effet ressenti à la suite d’une meurtrissure, « avoir la peau noire de coups », « l’œil au beurre noir »… Noir désigne aussi ce qui est privé de lumière, plongé dans l’obscurité, dans l’ombre. Il désigne enfin ce qui, pouvant être clair, se trouve obscurci, assombri par quelque cause.
Au sens « moral », noir ne désigne pas seulement des effets négatifs comme la tristesse, la mélancolie, l’ennui, la méchanceté ; il prend souvent, dans la foulée, la marque du caché et du suspect, voire du clandestin et devient un élément de perturbation du sens, car « être dans le noir » c’est ne plus rien comprendre ou ignorer quelque chose qui fait obstacle au sens.
Nous arrivons ainsi à une signification qui frôle de près celle du secret dans un sens figuré : « noirs secrets » que ces secrets qui mettent en danger une perception de son être au monde profond ou social. Mais aussi « noirs secrets » que ces secrets des Noirs, de l’identité noire, stigmatisée et stigmatisante. Toujours, nous le verrons dans nos analyses, ce sont des secrets enfouis, masqués, dérobés qui produisent blessures et perturbations identitaires. L’objectif est de dissimuler sa vraie nature, car ce que l’on cache ne peut être connu que d’un nombre limité de personnes : le détenteur ne doit pas le révéler. La Rochefoucault envisageait déjà l’entremêlement du privé et du social que comportait le secret. Dans ses Réflexions diverses, il notait : « Tout le monde convient que le secret doit être inviolable ; mais on ne convient pas toujours de la nature et de l’importance du secret ; nous ne consultons les plus souvent que nous-mêmes sur ce que nous devons dire et sur ce que nous devons taire ; il y a peu de secrets de tous les temps, et le scrupule de les révéler ne dure pas toujours ».
Ainsi, le secret est d’un temps, d’une culture, d’une famille et i

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