LA SARKOPHOBIE, UN MAL INDISPENSABLE (in memoriam)
24 pages
Français

LA SARKOPHOBIE, UN MAL INDISPENSABLE (in memoriam)

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
24 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Une tribune politique en forme de témoignage personnel : quand le sarkozysme (2007-2012) provoquait une névrose et suscitait une immunité acquise. Bilan clinique, diagnostic et thérapie suivie.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 septembre 2012
Nombre de lectures 696
Langue Français
Poids de l'ouvrage 14 Mo

Extrait

Michel Bellin
LA SARKOPHOBIE
UN MAL INDISPENSABLE
Bref témoignage sur une névrose politique
(Diagnostic & thérapie)
2
3
« Je veux m’engager sur le plein emploi. On nous demande une obligation de résultats. Sinon, je le dis aux Français, c’est un échec, j’ai échoué. Et c’est aux Français d’en tirer les conséquences. »
Nicolas Sarkozy, à la télévision en 2007 face à Arlette Chabot (Emission À vous de juger )
4
5
Droits/distribution/diffusion exclusifs MICHEL BELLIN
Contact : michelcombebellin@hotmail.com
SITE LITTÉRAIRE : www.michel-bellin.fr
Il n’existe pas d’édition papier de cet essai.
Pour le lecteur préférant la liseuse à l’écran d’ordinateur, cet ouvrage de M. Bellin est disponible ( au prix de 3,09 € ) sur le KINDLE d’Amazon.
Bibliographie complète illustrée page 16.
Étant un pédé fier de l’être et heureux, j’ai toujours du mal à comprendre et à admettre qu’un individu normal puisse se déclarer homophobe. Je ne parle évidemment pas de cette homophobie refoulée et intériorisée – sans doute la pire, la plus dévastatrice pour soi-même et autrui – mais de cette exécration bravache, sans nuances, tonitruante dont certains individus osent encore se targuer et se parer. Il y a, me semble-t-il, chez ces êtres antédiluviens, une sorte de monstruosité et d’irrationalité fascinantes. Parfois, n’y tenant plus, ces meurtris de la normalité passent à l’acte et cassent du pédé tant leur haine viscérale se mêle en eux à une souffrance dévastatrice. Malgré tout, on peut comprendre un homophobe, tenter de lui expliquer ou de le raisonner ; mais l’homophobie, elle, reste en soi un mystère, un anachronisme, une aberration. La véritable dépravation. Et sans doute une perverse volupté. Lorsqu’on en est atteint, peut-on, souhaite-t-on guérir ?
À depuis fort longtemps. Aujourd’hui, ce mal devient providentiel ! Pour tenter d’expliquer ici une telle pathologie – felix culpa  disaient les Anciens – et sa guérison imminente, avant même de décrire ses symptômes pour mieux vanter ensuite son traitement miraculeux, j’avance une analogie qui pour moi est éloquente, même si elle paraîtra incongrue au lecteur voire périlleuse car à double tranchant.
6 LA SARKOPHOBIE
UN MAL INDISPENSABLE
 tnietta sius ej tnod evitarénégéd eidalam enu ,etèrces elliaf enu ,ecanet erat enu tse eibohpokras al ,esueirolg te esuetnoh siof al 
7 Eh bien, je suis ou plutôt j’étais sarkophobe comme d’autres sont homophobes. Un sarkophobe non pas refoulé ni intériorisé, mais déclaré. Sauf que je ne suis pas encore passé à l’acte (c’est pour tout de suite !) et que j’ai tenté longtemps et assidument de me soigner car je crois, moi, en ma guérison. Sarkophobe donc, bien avant la campagne électorale de 2012 et celle de 2007. Depuis plus longtemps. Depuis le Ministère de l’intérieur et même avant. Avant Neuilly. Depuis toujours, en fait, même si une allergie politique ne peut être génétique alors que face au maudit virus, le milieu - la Droite - est souvent pathogène quand elle n’est pas immunodéprimée (Cf. entre autres le syndrome Vanneste). Avec la présidence qui s’achève et la campagne électorale qui s’enlise, les choses pour moi se sont aggravées – pour les Français aussi je le crains. Et comme je ne suis pas tombé de la dernière pluie, je ne crois plus aux contes qui charmèrent mon enfance quand le vilain oisillon honni et vilipendé devenait un cygne immaculé.
Mais, depuis cinq ans, on n’est pas chez Andersen, plutôt dans un comics . Tout, dans le personnage en question, absolument tout m’horripile, me dégoûte, me consterne. Ce mélange caricatural de Joe Dalton, d’Iznogoud et de Speedy Gonzalès – entre princesse de Clèves snobée et Paloma courtisé – tout m’est apparu d’emblée vicié à la base, trop typé, trop énorme, trop accablant pour un seul petit Nicolas qui a dû être au départ pas plus insupportable que n’importe quel autre môme, sans doute plus doué que la moyenne et plutôt attendrissant avec ses tics et ses mimiques. Mais comme beaucoup d’adultes, les choses ne se sont pas arrangées en grandissant ; elles se sont même chez lui gâtées, surtout sous la loupe impitoyable des médias et au contact des nouveaux riches, des financiers véreux et des Grands de ce monde que d’aucuns disent fascinants et fréquentables. Oui, désolé, le problème
8 c’est lui , non pas tant comme individu que comme archétype dangereux et prototype honni.   Quoi qu’il en soit, qu’il soit postmoderne ou non, je suis devenu, moi, de plus en plus sarkophobe, presque à mon cœur défendant. C’est comme la Gay Pride , trop c’est trop et la répulsion larvée en est comme fouettée et débridée. Le poste de Président de la République occupé par Pinocchio 1 er  eut pour moi cet effet catalyseur et dévastateur, même si j’ai essayé, je l’ai dit, de me soigner au contact de politologues éclairés et d’éditorialistes impartiaux. Mais ça ne marche pas, ça n’a jamais marché. Rien n’y fait. Le mépris et la haine me minent – le premier plus que l’autre. C’est réactif et instinctif. Bien sûr, je me suis dit qu’il doit exister un autre homme en privé, ami fidèle, père dévoué et gentil mari. Mais là encore, tout de suite, c’est l’autre qui revenait au pas de charge et saccageait mes bonnes résolutions : Sarko l’Arsouille , claudiquant et verbeux, fieffé menteur, boss brouillon et diviseur de Nation.
Quand est survenue la crise, pardon, la Crise majuscule, au lieu de m’apaiser, de me rendre indulgent à son égard, d’adoucir à mes yeux la Bête politicienne, elle l’a au contraire accablée et impactée toujours davantage. À mesure que Sarko est devenu plus impuissant et presque pathétique - des larmes de crocodile furent versées en mondovision au milieu de sa Bérézina sur fond de viande hallal. Quelle honte ! Quelle dérision ! Quelle dégringolade ! Le Président, c’était déjà fâcheux ; avec le Président-candidat, c’est devenu calamiteux. Du coup, ma fièvre a grimpé. Lorsque, sans même le voir dans la mangeoire plasma – ça, désolé, je ne peux plus – lorsque j’entends sur les ondes sa voix, sa voix violente et doucereuse qui quémande au « peuple de France », à tous ces Français (qu’il a peut-être davantage ridiculisés que déçus) des
9 efforts et des larmes, encore et toujours car l’heure est historique, le péril soviétique, la nation en péril et imminente la sortie du tunnel ; quand je vois (ultime effort de ma part) devant l’obélisque le président-candidat promettre à la majorité silencieuse la concorde alors qu’il a lui-même avec quelle opiniâtreté et quel cynisme semé la discorde, tellement minus, tellement rictus, tellement à l’étroit dans la posture et le costume gaulliens qui accentuent chez cet imitateur d’opérette le grand écart et déjà la disgrâce ; quand je le vois courtiser d’une manière éhontée la Gorgone bleu marine aux mèches vipérines… alors là, je n’en peux plus, je souffre, j’étouffe, je craque, je vais passer à l’acte. C’est excessif, je sais, irrationnel, puéril, injuste, raciste, sexiste, tout ce que l’on voudra ! « C’est ». C’était ! Avant de brandir mon bulletin de santé, comme on se souvient avec émotion d’une vieille cicatrice, j’avoue une dernière fois ma tendance honteuse : sarkophobe j’étais, viscéral et primaire, fier de l’être jusqu’à en être taré, obsédé jusqu’à tomber malade, déterminé jusqu’à devenir régicide si nul ne retenait mon bras. Mais sarkophobe guéri et c’est maintenant !
Oui, c’est pour aujourd’hui – disons dans quelques jours – et j’en serai guéri ! Il me reste seulement à patienter jusqu’au premier dimanche de mai – fais ce qu’il te plaît !  – heures cuisantes et délicieuses comme lorsqu’on monte l’escalier, pas après pas, marche après marche, vers l’accomplissement du Désir. Et quel désir ! Pour quelles noces ! L’hymen de son  malheur et de mon  bonheur, de son  humiliation et de ma jubilation, de sa  piteuse défaite et de ma  revanche triomphale. C’est étrange, j’en conviens, plus qu’une victoire par défaut, je vais célébrer bientôt une historique débâcle. Un enterrement de première classe, voilà mon électrochoc ! C’est cela qui m’excite et me fait délirer. Car sans ressembler le moins du monde au héros de mon roman-feuilleton
01 consacré au sadomasochisme ( Le manoir de Merval , chaque mardi sur YouScribe), je sens pourtant que ma joie et ma sensualité s’exaltent de sa défaite et de sa honte prochaines, s’en nourrissent comme d’une pharmacopée savoureuse, montent ensemble dans une irrésistible spirale doublement entrelacée, s’exacerbent par ce mariage contre nature, s’en repaissent à mesure que languissent les minutes et s’éternisent les heures. Plus ses affres s’aggravent, plus ma santé reprend le dessus tandis qu’enfle l’orgasme. Car, comme disait le divin Marquis, « il n’est aucune sorte de sensation qui soit plus vive que celle de la douleur ; ses impressions sont sûres, elles ne trompent point comme celles du plaisir. » Sa douleur de mordre la poussière : ma volupté de l’avoir terrassé ! (À moins qu’il ne soit secrètement soulagé de pouvoir enfin retourner bientôt à son job, à Carletta et à leur bébé délaissé : c’est ce que je crois dans le fond et ce que je lui souhaite de mieux au terme de l’agonie.)
Mais foin d’attendrissement, j’imagine déjà – j’anticipe mon plaisir ! – tous ces jeunes de l’UMP rassemblés dans quelques jours dans leur Q.G. survolté, leur stupeur à 20 heures, leur incrédulité, leur effroi, leur malheur, leur débâcle, leur sincère déploration, tous ces sanglots de fils à papa éperdus dans les bras de leurs petites meufs effondrées ! Elles et ils en oublient de twitter ! Finis les messages vengeurs et les scoops triomphaux ! Elles et ils se sont trompé(e)s de champion, en toute sincérité, en tout aveuglement, ahurissants d’ingénuité dans le déni, fascinés par leur Héros défait. Tous ces futurs orphelins, toutes ces groupies en deuil en ont pourtant rajouté durant la campagne dans l’arrogance et dans l’outrance, dans leur mépris vis-à-vis de Flamby (« On va le caraméliser ! « glapissaient les bourgeoises de Versailles), le traitant si souvent de nul, de mou et de pilote de pédalo. Mais au soir
11 du 6 mai prochain, plan plan et sûrement, voilà que la tortue va arriver en tête et détrôner le lièvre trop pressé. Très bientôt, au siège de l’UMP, les vieux et les jeunots, les cadres du parti et les anonymes bénévoles, tous ils vont pleurer à s’en brûler les yeux, gémir à s’en déchirer la gorge. Bien fait ! Tout à fait mérité. Et moi, je revivrai.
Voilà ce qu’il en coûte de s’identifier à la France et de faire main basse sur ses symboles ! Mais on ne kidnappe pas impunément « le peuple de France » comme ressasse inlassablement le Président bling bling. Non, ce n’est pas « LA » France qui va être terrassée par notre vote majoritaire, c’est « leur » petite et insupportable arrogance, celle de la Droite la plus apeurée, la plus cynique, la plus friquée, celle qui a baisé sur la bouche et léché le cul de l’autre Droite extrême. Pouah ! Aux armes, citoyens ! Haut les cœurs, démocrates ! (Qui dira, d’une manière plus subtile qu’Axel Kahn, le malaise et la gêne à la vue des foules sarkolâtres massées sur la pseudo Concorde ou devant le parvis usurpé des Droits de l’Homme, ces masses compactes, soudées, au cordeau et au carré, acclamant le Chef qui éructe de tous ses tics, avec partout, sur les écrans géants, leurs bannières bleu blanc rouge, omniprésentes, dix au m 2 , dressées comme des piques ou des faisceaux, évoquant irrésistiblement d’autres rassemblements, d’autres fascinations collectives, d’autres récupérations patriotiques…). Qu’ils se désespèrent bientôt, tous ces fanatiques de l’UMP, qu’ils hoquettent, qu’ils enragent, qu’ils se battent la coulpe pour les plus lucides d’entre eux, qu’ils se repentent de “sa” dérive buissonnière , moi, je m’en moque et je triomphe, je jubile et je jouis : leurs larmes seront un baume bienfaisant, leurs plaintes mon râle de volupté. Finis les comprimés, nul besoin d’antibiotiques, au panier les antidépresseurs : champagne ! Champagne pour tout le monde ! Quant au « candidat sortant »
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents