Un mille –pattes très désappointé par l’étroitesse d’un des ses souliers, Se rendit non sans difficulté, jusqu’au village, chez le cordonnier. Celui-ci, quelque peu inquiet, voyant un tel client se rappliquer, Voulut fermer son atelier. Le mille-pattes déconcerté ne lui laissa le temps de se défiler. Monsieur Juste, le cordonnier, se laissa à écouter, Les lamentations du mal chaussé Dont chacun des ses souliers étaient dépareillés. -« Rassurez-vous, monsieur le cordonnier : explique le mille-pattes ; Je n’ai qu’un soulier qui m’est désappointé, voudriez-vous me l’ôter, afin de me le réparer. Peut être que vous pourriez, grâce à votre habilité, d’une pointure me l’étirer ». Monsieur Juste, fort bien obligé, s’affaira ; Et en deux temps et trois mouvements il eut terminé. Il rechaussa le pied martyrisé, et s’enquêrit de son regard vers son client soulagé, Lequel frappa de son soulier avec un sourire satisfait. -« Si vous aviez le temps, je vous demanderai de me ferrer tous mes souliers. Mais par peur de ressembler, en allant me promener, à une trop puissante armée, je préfère m’abstenir, en vous promettant, qu’un jour je reviendrai. » Puis remerciant le cordonnier, clopin-clopant de ses souliers dépareillés Le mille-pattes s’en alla en jurant avec respect sur tous les anges Et les mieux ordonnés et qui lui sont des plus dévouées Que si son soulier a nouveau le dérangerais, qu’a la rivière il le jetterait. Et que d’un tout neuf il le remplacerai. Ainsi, il put visiter toutes les routes sinueuses et celles sans détour, sentiers et chemins, même les plus escarpés. Augrand plaisir de ses pointures qui jamais n’en seront lassées et qui ont déjà dans l’idée qu’un jour devoir tout vous contées