4 questions à Roger Prain - article ; n°4 ; vol.2, pg 189-199
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Description

Revue française d'économie - Année 1987 - Volume 2 - Numéro 4 - Pages 189-199
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

4 questions à Roger Prain
In: Revue française d'économie. Volume 2 N°4, 1987. pp. 189-199.
Citer ce document / Cite this document :
4 questions à Roger Prain. In: Revue française d'économie. Volume 2 N°4, 1987. pp. 189-199.
doi : 10.3406/rfeco.1987.1163
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1987_num_2_4_1163Roger
шшшшшишш PRAIN
Quatre questions
Roger le France, baisse en monde 1981, récente? Prain le changement entier, taux : Pendant de le ^^^^^^^^^ l'argent deuxième la de crise politique a atteint monétaire uel choc l'évolution rêt jugement économique un et pétrolier notamment niveau qui portez-vous des a suivi, si taux puis, survenu élevé sur d'inté- dans leur sur en — 190 Roger Prain
près de 20 % sur le marché monétaire français au mois de
juin 1981 — qu'une baisse profonde était devenue indispen
sable pour restaurer la vitalité de l'économie. Cette baisse a
eu lieu, mais elle a été à la fois lente, puisqu'elle a duré cinq
ans, et incomplète, puisqu'elle a été interrompue en 1986
avant de parvenir à son terme naturel et de produire tous
ses effets bénéfiques. En effet, la hause des prix et celle des
salaires ont été maîtrisées plus vite que celle du loyer de
l'argent, en raison de la coexistence presque générale d'une
activité économique médiocre et de désordres monétaires
ou financiers contre lesquels les gouvernements ne peuvent
réagir qu'en maintenant des taux élevés, faute de bien
s'entendre sur le partage des tâches et le choix des moyens.
Depuis l'automne 1986, on ne peut plus parler d'une
simple interruption de la baisse des taux en France : c'est en
fait à une hausse paradoxale et pernicieuse que l'on assiste et il
est difficile de prévoir quand la tendance s'inversera de nou
veau.
Les taux réels sont, on le sait, tout à fait excessifs :
6,5% pour le long terme en France et 7% en Allemagne,
c'est-à-dire approximativement le double du taux japonais
actuel de 3,5 % qui correspond lui-même au niveau que l'on
jugeait normal dans notre pays au début du siècle, à l'époque
de la stabilité monétaire et de la rente perpétuelle. De plus, le
taux du long terme est devenu très volatile et les rapports
entre les divers taux directeurs ont perdu leur cohérence habit
uelle.
Ces désordres sont fâcheux pour la plupart des
agents de l'économie : l'élévation excessive des taux réels et le
climat d'incertitude ne peuvent qu'amplifier les effets de la st
agnation économique, alors qu'il conviendrait de les atténuer.
En Europe, les entreprises se sont désendettées et souffrent
moins des taux élevés que naguère ; elles font au contraire des
placements de trésorerie avantageux. Mais elles investissent
peu et pourraient difficilement placer des emprunts impor- Roger Prain 191
tants si elles en avaient besoin. Pourquoi souscrire à des
emprunts privés quand les fonds d'État à sept ou dix ans sont
cotés entre 9,50 et 9,75 % ? Les petites et moyennes entrepris
es, dont les actions ne sont pas introduites à la Bourse, sont
particulièrement défavorisées dans la recherche de capitaux à
investir. Les intermédiaires financiers qui ont pris l'habitude
pendant la longue baisse des taux de se laisser porter par une
brise bien établie, apprennent sans transition à remonter un
vent violent et capricieux ; l'apprentissage est rude. Les ban
ques de dépôt tirent un certain profit du maintien des taux à
un niveau élevé, qui compense en partie l'effritement dange
reux de leurs marges sur les crédits; mais cet équilibre est
instable et il est difficile de faire admettre aux clients les plus
modestes que l'argent reste cher, alors qu'il n'est plus rare.
La condition préalable à une reprise de la baisse des
taux est, au yeux de la plupart des observateurs, la stabilisa
tion du dollar. Cette condition fut à peu près remplie depuis
le début de l'année 1987 et sur ce point, les accords du Louvre
ont été bien appliqués : les cours des principales monnaies
mondiales ont été très stables pendant les premiers six mois.
Mais après tant de déceptions, les opérateurs qui orientent les
marchés de capitaux ne savent reconnaître l'arbre qu'à ses
fruits ils veulent constater longuement la réussite des polit
iques appliquées pour y croire. De plus, en France, les
S.I.C.A.V. et fonds communs ont fait un large usage du
papier long dans des placements de trésorerie et cherchent à
liquider une partie de leurs actifs, ce qui ne facilite pas le
retour à l'équilibre sur le marché obligataire.
L'attentisme actuel est donc compréhensible. Pourt
ant, il ne rend pas justice aux efforts de concertation effec
tués cette année par les principales puissances industrielles. Le
gouvernement américain semble avoir admis qu'une nouvelle
baisse du dollar n'était pas nécessairement le meilleur remède
à ces difficultés économiques et qu'une politique de gestion
concertée des parités monétaires, des taux d'intérêts et des 192 Roger Prain
budgets nationaux permettrait de rétablir progressivement
l'équilibre des échanges internationaux et peut-être d'aug
menter les taux de croissance dans des conditions beaucoup
moins dangereuses qu'une série d'initiatives nationales désor
données.
Plusieurs décisions récentes peuvent être considérées
comme des éléments de cette politique, par exemple, la réduc
tion lente mais indiscutable du déficit fédéral américain, la
préparation d'un budget de relance au Japon, la légère baisse
des taux et la mise à l'étude d'une réforme fiscale en All
emagne.
Ces premiers succès ne préjugent pas la réussite
complète de la politique de concertation économique et
monétaire internationale, dont la mise en place est lente et
parfois hésitante, mais ils permettent d'attendre avec moins
d'inconfort et de doute la reprise de la baisse des taux, qui
devrait s'imposer tôt ou tard, quelle que soit la gravité des
accidents de parcours, politiques ou autres, qui pourraient la
retarder encore.
R.F.E. : La désintermédiation financière vous paraît-elle conduire
à une redistribution des parts de marché entre banques et à une
concurrence accrue pouvant conduire à des excès ?
R.P. : La financière contribuera certain
ement à modifier les parts de marché entre les banques, mais
elle n'est qu'un des aspects d'un changement beaucoup plus
radical qui pourrait modifier la physionomie du monde banc
aire vers la fin du siècle, aussi profondément que la création
des grandes banques commerciales pendant la seconde moitié
du dix-neuvième siècle. On trouve plusieurs raisons de
s'attendre à cette révolution financière qui commence seul
ement à se manifester : le progrès technique, qui joue un rôle
eminent ; l'ouverture des frontières, notamment en Europe,
qui conduit à l'abolition des monopoles, privilèges ou règl
ements arbitraires ; la fin de la grande expansion et le recul de
l'inflation, qui permettent aux entreprises de se désendetter Roger Prain 193
dans de nombreux pays et modifient la structure du marché
financier.
— Le progrès technique est très rapide dans les
domaines de l'information et de la communication, qui ont
une importance fondamentale pour les banques et autres ins
titutions financières. L'informatique et les télécommunica-
tions abolissent le temps, la distance et accessoirement les
frontières. Tout le monde peut être informé de tout, en même
temps ou presque et à bon marché. Or, le métier de banquier
a toujours consisté — pour l'essentiel — à rendre des services
et à contribuer à la création de richesses en réduisant les
inconvénients du temps, de la distance et des frontières. Cela
est vrai dans le domaine matériel des moyens de paiement et
dans celui, plus subtil, de la connaissance privilégiée ou de la
prévision des événements les plus divers, dès lors qu'ils sont
susceptibles de modifier les rapports de valeurs, les besoins, les
échanges ou les flux financiers. On se souvient des lettres de
change des Lom

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