Imprimantes : cas d’école d’obsolescence programmée ? Rapport d’enquête sur les enjeux et solutions en matière d’imprimantes et cartouches Septembre 2017 2 Résumé Une enquête inédite pour décoder le problème des imprimantes : HOP remet les compteurs à zéro A travers ce rapport d’enquête, l’association Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP), née en 2015, a cherché à comprendre les enjeux, les problématiques d’un secteur souvent cité dans les débats sur l’obsolescence programmée. Objet d’une frustration certaine, l’imprimante cristallise les critiques. Sujet sensible donc, mais également très technique et complexe. L’association a souhaité dépasser les clichés et les clivages. Cette enquête entend faire le point sur la durée de vie des imprimantes et cartouches grâce à une analyse du sujet sans compromis, dans un esprit constructif. Ce travail est le fruit de plusieurs mois de recherche, d’une dizaine d’entretiens et communications avec des réparateurs, des vendeurs, des juristes, des constructeurs et remanufactureurs, de retours consommateurs et de tests empiriques de démontage d’imprimante. L’enquête montre que les défis des constructeurs sont de taille pour garantir un produit innovant, performant à un prix concurrentiel, et que des eforts sont entrepris dans le cadre de l’économie circulaire.
Imprimantes : cas d’école d’obsolescence programmée ?
Rapport d’enquête sur les enjeux et solutions en matière d’imprimantes et cartouches
Septembre 2017
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Résumé
Une enquête înédîte pour décoder le problème des împrîmantes : HOP remet les compteurs à zéro
A travers ce rapport d’enquête, ’assocîatîon Hate à ’Obsoescence Programmée (HOP), née en 2015, a cherché à comprendre es eneux, es probématîques d’un secteur souvent cîté dans es débats sur ’obsoescence programmée. Obet d’une rustratîon certaîne, ’împrîmante crîstaî-se es crîtîques. Suet sensîbe donc, maîs égae-ment très technîque et compexe. L’assocîatîon a souhaîté dépasser es cîchés et es cîvages. Cette enquête entend aîre e poînt sur a durée de vîe des împrîmantes et cartouches grâce à une anayse du suet sans compromîs, dans un esprît constructî. Ce travaî est e ruît de pusîeurs moîs de recherche, d’une dîzaîne d’entretîens et communîcatîons avec des réparateurs, des vendeurs, des urîstes, des constructeurs et remanuactureurs, de retours consommateurs et de tests empîrîques de démontage d’împrîmante.
L’enquête montre que es défis des constructeurs sont de taîe pour garantîr un produît înnovant, perormant à un prîx concurrentîe, et que des eforts sont entreprîs dans e cadre de ’économîe cîrcuaîre. Touteoîs, ’utîîsateur (quî peut réduîre son empreînte écoogîque grâce à une consom-matîon pus responsabe) a souvent de bonnes raîsons de s’îndîgner du manque de réparabîîté et d’une durée de vîe trop courte, dans a mesure où des soutîons pourraîent être mîses en pace pour améîorer a durabîîté des produîts.
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Sommaîre
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Pouvoîr réparer es împrîmantes
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Repenser e modèe économîque
Le coût de la panne08 Produîts cassîques et consommabes recycés 08
Conclusîon Remercîements
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Garantîe égae et pîèces détachées
Les cartouches d’encre et e bocage précoce
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Expertîse jurîdîque : quîd du délît d’obsolescence programmée ? Des constructeurs déà mîs en cause
Les têtes d’împressîon, un organe vîta
Solutîons Adopter un comportement éco-responsabe
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L’appîcatîon du déît d’obsoescence programmée
Expertîse technîque : là où le bât blesse Le boc d’aîmentatîon, une pîèce rare
Charîot des cartouches d’encre, pas touours amovîbe
Un besoîn de transparence sur a durée de vîe des produîts
Vers des machînes éco-conçues
Introductîon Une prîse de conscîence écoogîque
Des eneux croîssants d’obsoescence programmée et de durée de vîe
Imprîmantes et cartouches : cas d’écoe ?
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Panneau de commande, îrrempaçabe
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De nouveaux outîs urîdîques en France
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Introductîon
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De plus en plus, elles nous donnent une mauvaise impression. Avec les smartphones, les imprimantes d’aujourd’hui représentent la bête noire des appareils multimédia en matière de durabilité. A tort ou à raison ? Les imprimantes et cartouches font ici l’objet d’une enquête inédite, réalisée par l’association Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP), pour mieux cerner les enjeux écologiques, sociaux et techniques qui se cachent derrière ces produits, objet d’une frustration grandissante chez de nombreux utilisateurs qui n’ont pu faire réparer ou durer leur bien.
Une prîse de conscîence écologîque
L’împressîon a été ’un des premîers chantîers pour réduîre ’empreînte écoogîque au quotîdîen du numérîque : avorîser e mode brouîon, recycer e papîer, împrîmer en recto-verso… Sî ces éco-gestes sont împortants au moment de ’usage, quîd de a phase de abrîcatîon de ’împrîmante ee-même ? I s’agît de s’înterroger aussî sur ’empreînte écoogîque gobae prenant en compte, en partîcuîer, sa conceptîon, sa durabîîté, ses consommabes et sa réparabîîté.
Avant toute chose, notons qu’î exîste deux types d’împrîmantes, es împrîmantes et d’encre et es împrîmantes aser, et donc deux amîes de cartouches correspondantes : es cartouches et d’encre et es toners aser. La dîférence résîde dans e aît que a cartouche et d’encre contîent de ’encre îquîde, aors que e toner aser contîent une poudre quî sera chaufée sur e papîer ors de ’împressîon, afin d’être ondue pour coer sur e 1 papîer . Un troîsîème type d’împrîmante exîste, à savoîr ’împrîmante à encre soîde, et est évoqué dans a partîe IV consacrée aux soutîons.
D’après une anayse de cyce de vîe pubîée par GreenIT.r, a abrîcatîon d’une împrîmante personnee et d’encre nécessîte 518 kWh 2 d’énergîe prîmaîre, émet 250 kg équîvaent CO en termes de gaz à efet de serre et nécessîte 1187
îtres d’eau. Avec une durée de vîe moyenne de ’ordre de 3 ans pour une împrîmante et d’encre, ’aongement de sa durée de vîe de 2 ans (vîa une réparatîon ou vîa une conceptîon pus robuste par exempe) permet d’évîter es deux tîers de ces émîssîons. Aînsî ’empreînte écoogîque gobae des împrîmantes ne s’arrête pas à son usage : sa abrîcatîon oue un rôe prîmordîa.
Concernant es cartouches d’împrîmantes, panestoscope.com nous înorme que 1,1 mîîard cartouches sont vendues par an dans e monde, qu’une cartouche peut contenîr des produîts toxîques pour ’envîronnement et mettre pus de 2 1000 ans à se décomposer . Hormîs eur coût écoogîque, quand on s’întéresse au coût finan-cîer nous pouvons être surprîs de voîr que magré a composîtîon de ’encre quî consîste prîncîpae-ment en un méange de sovants et d’eau, e prîx au ître rîvaîse avec ceuî d’un parum de uxe et 3 peut s’éever usqu’à 5000 € ! Par aîeurs, une oîs ’encre consommée, rares sont es cartouches usagées à connaïtre une nouvee vîe. Pour beau-coup, eur cyce se boucera par une încînératîon, éventueement à vaorîsatîon énergétîque, maîs sans récupératîon de composants. L’Agence De ’Envîronnement et de a Maïtrîse de ’Energîe (ADEME) estîme a quantîté de
Introductîon
déchets de cartouches d’împressîon en France à envîron 70 mîîons de cartouches et d’encre et 11 mîîons de toners par an, ce quî correspond à une productîon annuee de 19 400 tonnes de 4 cartouches .I est aînsî vendu quasîment 7 oîs pus de cartouches et d’encre que aser. Nous nous concentrerons donc sur ce secteur.
Auourd’huî, a consommatîon ournaîère en matîères premîères d’un européen s’éève à 43 kg par our, soît 50 % de pus qu’î y a 30 ans. A ’appuî de ces données, ’organîsatîon de coopératîon et de déveoppement économîques (OCDE) a estî-mé, à partîr des nîveaux connus en 1999, “qu’avec un taux de croîssance annue de eur productîon prîmaîre de 2 %, es réserves de cuîvre, pomb, nîcke, argent, étaîn et zînc ne dépasseraîent pas 30 années, ’aumînîum et e er se sîtuant entre 60 et 80 ans. L’ère de a rareté se dessîneraît donc pour un nombre croîssant de matérîaux”.
Aux côtés des poîtîques de recycage et d’înno-vatîon, es poîtîques de récupératîon aichée par es nouvees dîrectîves européennes doîvent être soutenues en pus de a utte contre ’obso-escence programmée. Consommer et produîre de manîère durabe, “aîre pus avec moîns”, vîse à améîorer a quaîté de vîe, au moyen d’une réductîon de ’utîîsatîon des ressources, des împacts envîronnementaux négatîs tout au ong du cyce de vîe.
Au nîveau rançaîs, a Charte de ’Envîronnement (entrée en vîgueur en 2005) définît e prîncîpe po-ueur-payeur ou reconnaït encore que ’épanouîs-sement d’un îndîvîdu peut être afecté par une expoîtatîon excessîve des ressources. Notons égaement ’împortance de ’entrée en vîgueur en 2015 de a oî reatîve à a transîtîon énergétîque pour une croîssance verte (TECV), quî vaorîse ’économîe cîrcuaîre et reconnaït e déît d’obso-7 escence programmée . Un rapport înédît a par aîeurs été adopté au Parement Européen sur a durée de vîe des produîts en uîet 2017.
Des enjeux croîssants d’obsolescence programmée et durée de vîe
Dans a oî, ’obsoescence programmée se définît par ’ensembe des technîques par esquees un metteur sur e marché vîse à réduîre déîbérément a durée de vîe d’un produît pour en augmenter e
taux de rempacement. Ee est punîe d’une peîne de deux ans d’emprîsonnement et de 300 000 € d’amende. Le montant de ’amende peut être porté, de manîère proportîonnée aux avantages tîrés du manquement, à 5 % du chîfre d’afaîres moyen annue, cacué sur es troîs dernîers chîfres d’afaîres annues connus à a date des aîts (Art. L. 213-4-1.-I).
L’obsoescence rapîde des produîts s’est déveoppée grâce à des întérêts croîsés entre abrîcants, dîstrîbuteurs, Etats et consommateurs, paroîs avîdes de nouveautés sous ’înfluence d’une 8 obsoescence cuturee , symboe de a socîété d’hyperconsommatîon. Aînsî, e phénomène d’obsoescence programmée, ou accéérée, peut être entendu de manîère pus arge comme un probème systémîque de socîété, portant partîcuîèrement atteînte à ’envîronnement.
D’après ’assocîatîon HOP et es experts du suet, ’obsoescence programmée peut prendre dîverses ormes, dont prîncîpaement :
•l’obsolescence technique, dîte aussî onc-tîonnee ou structuree : orsque que e bîen ne onctîonne pus en raîson de a durée de vîe îmîtée de ’un de ses composants essentîes et înamovîbes ; on pare aussî d’obsoescence îndîrecte orsque es pîèces de rechange ou de rempacement sont rendues înaccessîbes ou retîrées du marché (par exempe, e verre de a caetîère n’est pus commercîaîsé) ;
•l’obsolescence esthétique, dîte aussî psycho-ogîque ou cuturee : par efet de “démodage”, orsque e proessîonne commercîaîse en peu de temps de nouveaux produîts vantés comme pus perormants dans es campagnes promotîon-nees (par exempe, une entreprîse dîspose déà de nouvees avancées technoogîques qu’ee réserve à son prochaîn produît quî sera commer-cîaîsé seuement queques moîs pus tard).
•l’obsolescence logicielle :î s’agît du renou-veement des ogîcîes, dans es smartphones ou ordînateurs par exempe. Ee recouvre pusîeurs technîques : ’obsoescence perçue vîa une campagne marketîng vîsant à rendre îndîspensabe a nouvee versîon du ogîcîe et totaement has been ’ancîenne ; a îmîtatîon de a durée de support technîque par rapport à a durée d’utîîsatîon réee ; ou encore ’încom-patîbîîté de ormat entre ancîenne et nouvee versîon du ogîcîe.
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Introductîon
Emboïtant e pas de a France, e Parement européen a adopté e 4 uîet 2017 un rapport d’înîtîatîve porté par ’eurodéputé Pasca Durand 9 sur ’aongement de a durée de vîe des produîts , ormuant un certaîn nombre de proposîtîons, notamment înspîrées par es proposîtîons de 10 ’assocîatîon HOP , tees que ’obîgatîon pour es abrîcants d’aicher sur eurs produîts eur durée de vîe, ’înstauratîon d’un abe européen de réparabîîté et de crîtères d’éco-conceptîon pour améîorer a résîstance mînîmum couvrant entre autres a robustesse, a réparabîîté et ’évoutî-vîté. Ce rapport souîgne ’înîtîatîve de a Suède quî a réduît e taux de TVA pour e secteur de a réparatîon des produîts. La Suède va même pus oîn et permet aux consommateurs quî réparent eur bîen de déduîre de eur împôts 50% du coût a maîn d’oeuvre. La Commîssîon européenne est désormaîs învîtée à égîérer en a matîère. Sî a mîse en pace d’une dîrectîve européenne et de transposîtîons natîonaes peuvent prendre un peu de temps, ces proposîtîons pourraîent încîter es parementaîres rançaîs et es abrîcants à 11 oeuvrer dans cette voîe .
Lîée à cette notîon d’obsoescence s’aoute cee de a durée de vîe. En efet, ’aichage de a durée de vîe pourraît se révéer un vérîtabe trempîn commercîa pour es abrîcants, et ce au servîce du consommateur.
Cependant, î convîent de dîstînguer a durée d’usage de a durée normatîve et de cee d’exîs-tence. En efet, a durée normatîve correspond à a durée moyenne de onctîonnement mesurée dans des condîtîons spécîfiques de tests (î exîste par exempe e “MTBF” pour Mean Tîme Beore Faîure), conormément aux normes étabîes par ’Assocîatîon rançaîse de normaîsatîon (AFNOR) ou e Comîté européen de normaîsatîon en éectrîque et en éectronîque (CEN), tandîs que a durée d’usage représente a durée de vîe totae, de ’acquîsîtîon neuve usqu’à a fin de vîe du 12 produît .
Les ressources naturees, prîmaîres ou secon-daîres, constîtuent un stock finî et épuîsabe. I convîent donc de recourîr au recycage et à a réutîîsatîon de manîère systématîque, maîs aussî à une conceptîon durabe des produîts et une consommatîon écaîrée.
C’est pourquoî a France a airmé dans a oî TECV avoîr pour obectî de “utter contre ’obsoescen-ce programmée des produîts manuacturés grâce à ’înormatîon des consommateurs. Des expé-rîmentatîons peuvent être ancées, sur a base du voontarîat, sur ’aichage de a durée de vîe des produîts afin de avorîser ’aongement de a durée d’usage des produîts manuacturés grâce à ’înormatîon des consommateurs. Ees contrî-buent à a mîse en pace de normes partagées par es acteurs économîques des fiîères concernées sur a notîon de durée de vîe”.
Le CESE, à ’appuî d’une étude reatîve aux répercussîons sur e consommateur de ’aichage de a durée d’utîîsatîon des produîts, observaît en mars 2016 des augmentatîons de vente de près de 14% pour un produît îndîquant une durée 13 de vîe supérîeure aux produîts concurrents . De surcroït, e magazîne 60 mîîons de consom-mateurs a réaîsé une étude en maî 2014 dénotant que 92% des personnes înterrogées se dîsaîent “convaîncues que es produîts éectroménagers et hîgh-tech sont voontaîrement conçus pour ne pas durer”. Forts de ces enseîgnements, ’assocîa-tîon Hate à ’Obsoescence Programmée (HOP) et e ondateur de Commentrépararer.com ont choîsî de s’assocîer pour proposer une pateorme Internet “produîtsdurabes.r” sur aquee es cîtoyens peuvent émettre des retours quant à a durabîîté, a robustesse et a réparabîîté de eurs produîts. Ce sîte coaboratî et expérîmenta a été créé avec ’îdée de guîder e consommateur grâce à d’autres avîs consommateurs dans son achat d’appareî éectroménager, înormatîque, de smartphone, de véhîcue, de ouet, de vête-ment, de mobîîer, etc.
Introductîon
Imprîmantes et cartouches : cas d’école ?
Sî es probèmes technîques îés aux gros appa-reîs éectroménagers sont connus (probème de condensateur dans a machîne à aver) et ceux îés au petît matérîe éectronîque réguîèrement décrîés (batterîe de smartphone quî ne dure pas, etc.), î est un autre obet quî aît souvent parer de uî : ’împrîmante. Presque îndîspensabe au bureau, ’împrîmante proessîonnee paraït robuste et réparabe. En revanche, es împrî-mantes personnees ont une réputatîon que ’on pourraît quaîfier de mauvaîse pour ne pas dîre pus... Afin de baayer certaînes îdées reçues et de ever e voîe sur certaînes vérîtés, ’assocîatîon Hate à ’Obsoescence Programmée (HOP) s’est penchée sur e secteur des împrîmantes et des consommabes pour comprendre es probèmes technîques récurrents maîs aussî étudîer ce qu’î s’y aît de mîeux, cecî en rencontrant es experts du domaîne. En efet, e choîx d’une împrîmante pour un consommateur se révèe souvent dîicîe. Laser ou et d’encre ? Laquee sera a moîns chère et rapîdement amortîe ? Laquee sera a pus robuste pour mon usage ? Comment aîre pour que mon împrîmante dure ?
Témoîgnages par rapport à a garantîe (împrîmantes HP) :
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Marche tres bîen, usqu’a a fin de a perîode de garantîe ... Probeme de tete d’împressîon. Prîx de a tete : 80 Euros. ^^ C’est des bandîts !
Photosmart
Mon împrîmante “toutes optîons” scanner quaîté photos... n’aura duré que e temps de a garantîe, puîs a aiché que es têtes étaîent endom-magées. C’est de ’arnaque et scandaeux pour ’envîronnement
Extraît de commentaîres sur e sîte www.produîtsdurabes.r
Pour y voîr pus caîr, et auger a rustratîon des consommateurs, HOP s’est basé sur des bogs spécîaîsés et a pateorme en îgne www. produîtsdurabes.r, réérençant es produîts par type et par marque, que es utîîsateurs peuvent noter, commenter et recommander. Concernant es împrîmantes, e sîte a reçu pus de 200 retours. Les témoîgnages à charge de a part des utîîsateurs ne manquent pas et usent : moîns de 2 ans après ’achat d’une Canon Pîxma MG4150, son utîîsateur s’îndîgne par exempe : “Produît etabe. N’a même pas tenu 2 ans avec 14 une utîîsatîon très raîsonnabe” . Sur e même produît, un autre utîîsateur aoute que cee-cî “récame de changer es cartouches d’encre aors qu’î y [en] a encore. Depuîs 2 moîs maîntenant, à chaque oîs que e souhaîte împrîmer, ee me met un message de panne et d’envoî chez un réparateur.” Pourtant, es utîîsateurs ne cachent pas eur voonté de réparer eurs appareîs.
Dans a catégorîe mutîmédîa, es împrîmantes arrîvent aînsî en tête des produîts probématî-ques, après es ordînateurs. Ce type de produît aît ’obet de rumeurs persîstantes sur sa vunérabîîté ace aux stratégîes d’obsoescence 15 programmée , que ce soît au nîveau de ’împrî-mante que des cartouches. C’est pourquoî î nous est apparu împortant d’en savoîr pus.
Ce rapport d’enquête, vouu obectî et précîs, bîen que natureement perectîbe et încompet tant e secteur est vaste et compexe, vîse à aîre un état des îeux, comprendre es probèmes îés aux împrîmantes et exporer des soutîons.
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Le coût de la panne
Le coût de la panne
A chaque imprimante, un usage différent. Quelle imprimante correspond le mieux à mon usage ? Les cartouches génériques ou recyclées sontelles fiables ? Nous faisons le point ici les différents types de produits et les coûts liés à l’achat d’une imprimante.
Produîts classîques et consommables recyclés
Chez un grand dîstrîbuteur, une împrîmante et d’encre premîer prîx peut s’acquérîr pour une cînquantaîne d’euros, et e prîx d’entrée de gam-me d’une împrîmante aser peut s’éever à 100 €. Concernant ’encre, un eu compet de cartouche à et d’encre revîent à 50 € mînîmum, et peut aîsément grîmper à 90 € pour un toner aser. Face à cette mutîtude de prîx, î s’avère assez oppor-tun de comparer e coût rée d’une împressîon à a page. Pusîeurs sîtes réérencent désormaîs des împrîmantes seon cette méthode :
A cause de ces prîx éevés, de pus en pus de consommateurs se dîrîgent vers des consom-mabes générîques ou recycés (usagés et re-rempîs), dont e prîx est généraement, seon ce que nous avons pu constater, en moyenne deux oîs înérîeur aux consommabes de a marque constructeur. On peut même trouver des dîférences bîen pus grandes, par exempe, prîs au hasard sur un sîte marchand : î audra 16 compter 73€ pour un eu de sîx cartouches de a 17 marque abrîcant, contre 23€ pour ’équîvaent en générîque aichant a mentîon “compatîbe”, “recycé”, “rebuîd” ou “recondîtîonné” (sachant que es prîx peuvent évouer).
A cet efet, une étude réaîsée par Photîzo Group dans sept pays européens îndîque que 30 % des cartouches (aser et et d’encre) provîent des fiîères compatîbes (et non des constructeurs), cette proportîon augmentant dans certaîns pays comme en Turquîe ou en Russîe. Ce sont prîncîpa-ement des consommateurs prîvés quî s’orîentent 18 vers ce type de produîts .
Le cas des clones et contrefaçons
En paraèe de ces marchés îcîtes, de nouvees fiîères, ocaîséesa prioripour a pupart en Asîe, produîsent ce que ’on appee des “cones”. I ne s’agît pas de cartouches recondîtîonnées, maîs de cartouches neuves quî enreîgnent es brevets et copîent de manîère îégae es cartouches de marques constructeurs. Les producteurs de ces cartouches “cones” prétendent que cees-cî sont vérîtabement abrîquées par es constructeurs. Cette contreaçon atteînt de nouveaux marchés vîa des canaux de vente tradîtîonnes. En 2012, près de 65 mîîons de doars d’encre asîfiée ont été confisqués, prîncîpaement sur es marchés 19 émergents , et 1,4 mîîon de pîèces îégaes dans a zone européenne.
Les ournîsseurs d’encres compatîbes se sont d’aîeurs regroupés au seîn d’un organîsme (European Toner and Inket Remanuacturers Assocîatîon) pour utter contre es cones. Ces contreaçons présenteraîent e rîsque de s’écouer dans ’împrîmante voîre d’endommager ’împrî-mante pendant ’împressîon, seon e PDG du 20 remanuactureur suîsse Embatex AG .
Le coût de la panne
Dîférencîer une cartouche d’orîgîne d’une contreaçon reève presque de ’împossîbe, dans a mesure où a copîe s’étend égaement à ’embaage du produît. Afin d’évîter toute copîe, es constructeurs apposent maîntenant sur eurs boïtes des codes QR (codes cryptés) et des codes chîfrés. Cea n’empêche pour-tant pas certaîns contreacteurs d’aer usqu’à 21 récupérer es embaages orîgînaux ...
Pour reconnaïtre es produîts îîcîtes, e trîbuna de Hagen en Aemagne a statué que es consommabes contreaîts ne pourront pus être vendus ou dîstrîbués sans mentîon-ner qu’î s’agît de répîques - potentîeement îégaes - de cartouches d’orîgîne. L’absence d’une tee mentîon déroute e consommateur et constîtue une entrave à a îbre-concurren-ce. La vîoatîon de ce ugement en Aemagne pourraît engendrer une amende aant usqu’à 250 000 € aînsî qu’une peîne de sîx moîs de 22 prîson .
En ’état actue des choses en France, a dîférence entre es vraîes cartouches et es contreaçons se décèe maheureusement unî-quement au nîveau du prîx. A noter, souîgne Gérard de Carvîe, dîrecteur marketîng de 23 Kyocera Document Soutîons France , qu’un dîstrîbuteur quî, scîemment ou non, revend de a contreaçon, s’expose à des poursuîtes pé-naes pour rece”. Pour protéger eurs produîts, es abrîcants HP, Samsung et Canon ont entamé des poursuîtes udîcîaîres à ’encontre de ces consommabes conés, aînsî que troîs cent actîons udîcîaîres prîncîpaement contre des dîstrîbuteurs et des revendeurs.
Aînsî, sî e prîx est étrangement bas par rapport au prîx constructeur, a méfiance peut être de mîse, car es encres de contreaçon seraîent susceptîbes d’engendrer des pro-bèmes de nettoyage des têtes d’împressîon, voîre de es boquer dans 20% des cas. Une enquête deForesterconsutîng, datée de uîn 2012, îndîque que 70% des utîîsateurs de cartouches contreaîtes constateraîent une baîsse de a quaîté d’împressîon. Ces données restent néanmoîns à prendre avec précautîon, tant es întérêts en eu sont împortants pour es abrîcants…
24 Sachant que presque es troîs quarts des ventes du marché regroupant consommabes et bureautîque en France sont générées par e marché des toners et des cartouches d’encre unîquement, putôt que par a vente de ’împrîmante ee-même, a guerre entre es grandes marques constructeurs et a concu-rrence est ouverte.
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Le coût de la panne
Le coût du recyclage : l’éco-contrîbutîon
Dans e prîx d’une împrîmante est încuse une écopartîcîpatîon quî figure sur ’étîquette du produît et sur a acture de vente. Le montant 25 de cette partîcîpatîon sert d’une part au financement de a coecte, de a dépoutîon, du recycage et de a vaorîsatîon des déchets des équîpe-ments éectrîques et éectronîques, et engobe d’autre part es raîs îés à ’achat des sous-ensembes et pîèces détachées îssus de a maîntenance et de a réparatîon. Pour ce quî est des împrîmantes, e montant depuîs e 1er mars 2017 se sîtue entre 0,79 € et 1 € seon a dîicuté de démontage de ’appareî et a dîsponîbîîté, ou non, de pîèces détachées 5 ans après a 26 productîon de ’împrîmante .
En ce quî concerne es consom-mabes, e domaîne de a coecte de cartouches usagées est un secteur concurrentîe quî connaït de nombreux acteurs avec des statuts très varîés. En France, un trentaîne d’entîtés très dîverses se partagent ce secteur.
En premîer îeu, es prîncîpaux abrî-cants d’împrîmantes, de copîeurs et mutîonctîons proposent des pro-grammes de coecte et de recycage des cartouches et toners, à travers notamment e consortîum Cart’touch (Brother, Canon, HP, Konîca Mînota, Kyocera, Lexmark, OKI, Rîcoh, Samsung, Toshîba, Xerox). Cette înîtîatîve née en novembre 2011 répond à a demande d’une grande maorîté des Françaîs (88 %) et des pouvoîrs pubîcs quî renvoîe aux abrîcants a charge d’organîser des coectes pour e recycage des cartouches d’encre 27 usagées . Ce dîsposîtî permet aux consommateurs de déposer eurs cartouches usagées gratuîtement en 28 poînts reaîs .
Par aîeurs, î exîste des assocîatîons quî coectent es cartouches en fin de vîe. Nous avons contacté es Ateîers
du bocage, entreprîse de réînsertîon du mouvement Emmaüs, quî se charge de trîer es cartouches. Is récupèrent es cartouches dans des poînts d’apports voontaîres mîs en pace au seîn du réseau Emmaüs, dans queques poînts d’apport voontaîre dans a grande dîstrîbutîon, et surtout auprès de proessîonnes. Is es trîent, puîs revendent cees quî peuvent ’être à des remanuactureurs proessîon-nes et es autres seront recycées. Seuement a moîtîé des cartouches peut être réutîîsée car certaînes sont déectueuses, maîs surtout es modèes évouent et beaucoup de cartouches sont dépassées. Certaînes sont împossîbes à réutîîser.
Enfin, une autre înîtîatîve est ’entreprîse prîvée cartouche-vîde. r, quî rachète aux partîcuîers eurs cartouches vîdes pour qu’ees soîent nettoyées, puîs rempîes et réînectées sur e marché. Les partîcuîers peuvent envoyer par a poste eurs cartouches vîdes et sont rémunérés en onctîon du nombre et du type de cartouches envoyées. Dîférents programmes sont en pace, dont un programme de coecte pour es étabîssements scoaîres et es assocîatîons quî permet 29 de financer des proets .
I reste cependant beaucoup de progrès à aîre pour e recycage des cartouches. Chaque année en France, pus de 81 mîîons de cartouches sont consommées maîs seuement une sur 30 troîs est recycée . D’après une étude de ’ADEME quî date de 2010, deux tîers des cartouches à et d’encre sont e-tées en décharge (contre un tîers pour des toners), tandîs que e tîers restant est souvent încînéré, étant donné a compexîté des matîères pastîques utîîsées, î n’est pas possîbe de es recycer. Seues 10 à 20 % seraîent rechargées. Dans e cas des toners, on peut davantage récupérer es matîères (comme ’acîer, e cuîvre, ’înox…).
D’un poînt de vue régementaîre, es cartouches appartîennent à une fiîère à Responsabîîté Eargîe des Produc-32 teurs (REP) voontaîre depuîs 2011 . A partîr de 2018, cette fiîère devîendra une fiîère à REP obîgatoîre. Les abrîcants seront obîgés de s’organîser îndîvîdueement ou coectîvement et d’appîquer une éco-contrîbutîon. Cette mîse en pace aura demandé du temps, maîs espérons que es chîfres du trî, de a réutîîsatîon et du recy-cage des cartouches s’améîoreront rapîdement.
Conclusîon
Maîntenant que nous comprenons mîeux ce quî se cache derrîère le prîx aiché d’une împrîmante ou des cartouches, îl s’agît de rentrer dans le coeur du sujet. Démontrer, remonter, tester, réparer, com-parer : avec l’aîde d’experts, nous avons désossé les appareîls pour mîeux comprendre leurs méca-nîques, leur enjeux technîques et leurs faîlles. La conceptîon et la fabrîcatîon des produîts déter-mînent leur réparabîlîté et leur durabîlîté. Découvrons ensemble les secrets de cette fameuse boïte noîre !
Expertîse technîque
Expertîse technîque : là où le bât blesse
Expertise technique à l’appui, nous cherchons ici à comprendre le (dys)fonctionnement des imprimantes et cartouches. Nous nous concentrerons ici sur les imprimantes jet d’encre.
Alors, une imprimante c’est quoi ? Comme tout produit électronique, elle est composée de différentes pièces. Nous allons passer en revue quelques unes d’entres elles et analyser là où le bât blesse.
Le bloc d’alîmentatîon, une pîèce rare
Comme son nom ’îndîque, c’est une pîèce îndîspensabe à tout produît éectronîque. C’est cependant un composant sensîbe puîsqu’î est spécîfique à chaque modèe, et ce composant se révèe sensîbe car un mauvaîs ampérage ou votage endom-mageraît prématurément ’appareî. I est paroîs démontabe, maîs ce n’est maheureusement pas touours e cas… Cea aît partîe des pîèces détachées que ’on pourraît s’attendre à trouver acîement. Maîs ce n’est pas sî évîdent, à moîns d’aer sur des sîtes très spécîaîsés ou à avoîr recours à une aîmentatîon externe unîversee, avec ampérage et votage correspondant.
Charîot des cartouches d’encre, pas toujours amovîble
Le charîot est a partîe à aquee nous avons acîement accès pour changer es cartouches. C’est uî quî permet aux cartouches de se dépacer pour se posîtîonner à ’endroît désîré sur a euîe à împrîmer.
Sur cette photo, es têtes d’împressîon sont amovîbes, maîs ce n’est pas touours e cas. En cas de panne, î paraït aîsé de changer cette pîèce, encore aut-î qu’ee soît dîsponîbe… ce quî n’est maheureusement pas (touours) e cas.
Les têtes d’împressîon, un organe vîtal Dans ce charîot, se trouvent es têtes d’împressîon orsqu’ees sont amovîbes. La tête d’împressîon est a pîèce quî dîfuse ’encre sur e papîer. Ce sont es têtes d’împressîon quî contîennent e mécanîsme de onctîonnement de a cartouche, a cartouche est unîque-33 ment une réserve d’encre .
Les têtes d’împressîons sont des entes très fines bordées de petîtes éectrodes, quî expusent ’encre en onctîon de a tensîon à aquee ees sont soumîses. Nous entrons îcî dans e cœur du suet. En efet, ce sont ces têtes d’împressîon quî condîtîonnent beaucoup a durée de vîe de ’împrîmante. Ees sont automatîquement nettoyées à chaque aumage, ce quî consomme beaucoup d’encre, donc pose questîon. Nous évoquerons à nouveau es têtes orsque nous aurons détaîé es cartouches à proprement parer.