POUR 44 n°98 - Décembre 2017
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Fédération Syndicale Unitaire Section de Loire-Atlantique N°98 Décembre 2017 - ISSN 1249- 2051 Abonnement annuel 2 euros FSU-8 pl de la Gare de l’État, case postale n°8, 44276-Nantes CEDEX 2 - tel : 02 40 35 96 55-fax 02 40 35 96 56 Site internet :http://www.fsu44.orge mail : fsu44@fsu44.org - Dispensé de timbrage déposé le 14 décembre 2017 Edito Nantes ROLLIN Ce mois de décembre 2017 est marqué par une situation POUR 44 sociale et politique paradoxale. La politique mise en place par le président Macron et ses ministres apparaît de 8 pl de la Gare de l’État plus en plus clairement pour ce qu'elle est : une politique case postale n°8 libérale sur le plan économique et social, au service 44276-Nantes CEDEX 2 d'une minorité très riche. Pourtant, les mobilisations restent difficiles à construire et la convergence que nous espérions à la rentrée ne s'est pas encore réalisée, loin s'en faut. Les ingrédients de la riposte sociale sont pourtant réunis : sur le modèle de Thatcher ou Reagan, Macron s'en prend à toutes les garanties sociales historiquement construites (protection sociale, code du travail, assurance chômage) et au service public dans son ensemble (notamment par la baisse des postes entamée dès l'an prochain). Il prévoit de s'attaquer à une réforme de l'assurance maladie, de la formation professionnelle et de l'apprentissage, avant de conclure dès janvier 2018 par le dossier des retraites.

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Publié le 12 décembre 2017
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Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Fédération
Syndicale Unitaire
Section de Loire-Atlantique
N°98 Décembre 2017 -ISSN 1249-2051
Abonnement annuel 2 euros
FSU-8 pl de la Gare de l’État, case postale n°8, 44276-Nantes CEDEX 2 - tel : 02 40 35 96 55-fax 02 40 35 96 56 Site internet :http://www.fsu44.orge mail : fsu44@fsu44.org -
Dispensé de timbragedéposé le 14 décembre 2017 EditoNantes ROLLINCe mois de décembre 2017 est marqué par une situation POUR 44 sociale et politique paradoxale. La politique mise en place par le président Macron et ses ministres apparaît de 8 pl de la Gare de l’État plus en plus clairement pour ce qu'elle est : une politique case postale n°8 libérale sur le plan économique et social, au service 44276-Nantes CEDEX 2d'une minorité très riche. Pourtant, les mobilisations restent difficiles à construire et la convergence que nous espérions à la rentrée ne s'est pas encore réalisée, loin s'en faut. Les ingrédients de la riposte sociale sont pourtant réunis : sur le modèle de Thatcher ou Reagan, Macron s'en prend à toutes les garanties sociales historiquement construites (protection sociale, code du travail, assurance chômage) et au service public dans son ensemble (notamment par la baisse des postes entamée dès l'an prochain). Il prévoit de s'attaquer à une réforme de l'assurance maladie, de la formation professionnelle et de l'apprentissage, avant de conclure dès janvier 2018 par le dossier des retraites.SOMMAIRE Toutes les catégories de la population, hormis lesp 1 Édito catégories très favorisées, sont ciblées : retraité-es,antisyndicale en marchep 2-3 Répression salarié-es, chômeuses et chômeurs, ainsi que les jeunesSouvenir et Résistancep 3 par l’instauration d’une sélection à l’entrée dep 4 Rencontre avec François de Rugy l’enseignement supérieur.p 5 Action contre les violences faites aux femmes p 6-7 Contre la sélection à l’entrée à l’université L’ensemble des mesures préfigure bien la mise en place P 8 Pour l’accueil des mineur-e-s étranger-e-s isolé-e-s d’une société mettant à mal les solidarités collectives et faisant la part belle au monde de la finance, tout en tout comme chaque entrave au droit d’exercice d’une action affaiblissant le rôle de correction des inégalités sociales syndicale qui ne soit pas seulement l’arrangement dans le joué par les services publics. cadre d’un dialogue social cherchant la plupart du temps à La FSU 44 continue de travailler à dépasser cette anesthésier toute pensée et proposition contraires. situation paradoxale en construisant les luttes partout où Convaincus de la nécessité d'un mouvement associant ses militant-es sont présent-es : dans la mobilisation salariés du privé et du public, jeunes et retraités afin contre les ordonnances travail, sur les droits des retraité-d’établir le rapport de forces nécessaire, nous poursuivons es, pour le soutien aux mineurs étrangers isolés, etc. avec vous le travail d'analyse et d'explication du sens des Si la riposte sociale ne se décrète pas, elle se construit projets gouvernementaux et proposerons des initiatives et avec toutes et tous les salarié-es et notamment les des formes d'action aptes à rassembler. syndiqué-es. Il n’y a pas de fatalité, et les atteintes audroit du travail devront être inlassablement dénoncéesMary DAVID, Céline PELLA et Catherine TUCHAIS
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Répression antisyndicale en marche
« Les acteurs de la négociation collective, en particulier les syndicats de salariés, verront leur place renforcée » « Nous encouragerons l’engagement syndical [...] et nous lutterons contre la discrimination syndicale. » Extraits du projet présidentiel du mouvementEn Marche !Beau projet en effet ! Et pourtant, que ce soit au niveau national ou au quotidien dans chacune nos professions, il n'est plus rare désormais d'entendre parler de répression antisyndicale. D'en entendre parler ou de la constater soi-même. Qu'on en juge… On connaissait déjà les scandaleuses violences policières contre des jeunes ou de prétendu.es casseuses et casseurs. Mais suite à la manifestation du 21 septembre dernier, à Nantes, on a pu assister à une pratique inédite mais surtout inquiétante pour la suite : l'interpellation de militants à l'intérieur même d'un camion siglé d'une organisation syndicale. Ils risquent même des peines d’emprisonnement pour des faits de violence... sans aucune victime et sans jour d’ITT (incapacité temporaire de travail). Liberté syndicale : sinistrée par les ministres Là où la répression devient encore plus problématique, c'est quand elle vient directement des ministères concernés - et plus seulement de l'Intérieur - dès lors qu'ils entravent la liberté syndicale. Qu'on songe par exemple à cette inspectrice du 1 travail qui, dans une vidéo du journalL'Humanité, avançait être «venue à la chasse à la ministre puisque nous [...] sommes toujours sans nouvelles d'[elle]. Donc [...] on est venu voir si elle existait vraiment. » Et elle osait conclure : «nous n'arrivons même plus à communiquer avec notre hiérarchie puisque nous ne parlons pas le même langage en plus que de ne pas avoir les mêmes intérêts. » La ministre-fantôme, Mme Penicaud, n'a pas apprécié et des poursuites contre la militante ont été entamées : elle a été suspendue de ses fonctions et convoquée devant la CAP disciplinaire le 14
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décembre prochain. En effet, on a estimé que l'impertinente s’était présentée en se prévalant de sa qualité d’agente du système d’inspection du travail. Pourtant, à aucun moment, dans ses réponses, elle n’a mentionné ses fonctions professionnelles, se positionnant comme syndicaliste du ministère. Dans l'éducation, c'est là encore le ministre qui a jugé bon de porter plainte contre les termes d’un stage syndical proposé par une organisation professionnelle de Seine-Saint-Denis. Quoiqu'on puisse penser du contenu dudit stage, une telle intervention est scandaleuse et peut en faire craindre d'autres, puisqu'un coin a été mis.Privé.e de bureau... ou d'accompagnement syndical. Au niveau du département, des adhérent.es aux différents syndicats de la FSU ont eu, elles et eux aussi, maille à partir avec leurs supérieur.es hiérarchiques du simple fait de leur militantisme. Ainsi, on prête votre bureau et on vous prive d'accès à votre boîte de courriels professionnels et donc à des informations essentielles pour la réalisation de votre travail : c'est bien normal, puisque vous êtes (trop ?) souvent appelé.e à des fonctions de représentations syndicales. Ou bien on s'étonne - quand on ne s'en félicite pas - de votre absence à une réunion planifiée sans vous. Autre exemple, apparemment moins violent : lors de la convocation d'un.e collègue que l'on accompagne dans le bureau d'un.e supérieur.e hiérarchique, on est reçu.e avec colère, sous prétexte que, dans la mesure où l'entretien n'est pas dans le cadre d'un conflit avec le ou la collègue, on n'a pas à être présent.e. Puis le ou la chef se radoucit rapidement et veut faire montre de sa grande mansuétude, en acceptant finalement la présence d'un tiers… Mais le mal est fait. Évidemment, le plus souvent, les hérauts de la gestion néo-manageriale qui s'est répandue un peu partout jusque dans la fonction publique, veillent à ne pas laisser de traces écrites : il s'agit parfois de remarques pernicieuses, sans témoin ou sous couvert de second degré, concernant l'engagement des un.es ou des autres.
Répression antisyndicale en marche(suite)
Sans compter la pression mise sur les collègues pour ne pas participer à une heure d'information syndicale, soit par une injonction en tête-à-tête, soit par l'exigence de la liste des participant.es qui en démotive plus d'un.e. Alors, même si c'est loin d'être la première et la seule raison de la désyndicalisation, le phénomène devient suffisamment important pour pouvoir décourager celles et ceux qui voudraient se mêler de défendre leurs droits et ceux des autres.
On retrouve ici le même objectif d'en finir avec les organisations syndicales, déjà annoncé par les premières lois-travail de 2016 et confirmé par les ordonnances de cet automne. C'est le meilleur moyen d'établir une relation directe, c'est-à-dire faussée, entre celle ou celui qui emploie et donc licencie et ses salariés. Michel DECHA1 https://www.humanite.fr/videos/paris-ouverture-de-la-chasse-aux-drh-dans-le-xvie-643653
er Restriction du droit syndical : Un exemple au quotidien dans le 1 degré Dans le premier degré, c'est le droit syndical de tous les agents qui est de plus en plus entravé. Depuis quelques temps, certain.es inspecteur.trices de circonscription demandent des justificatifs de présence aux collègues suite à une Réunion d'Information Syndicale, d'autres demandent un délai d'information de participation à une RIS supérieur au délai légal de 48 heures. Ils/elles interdisent aux agents de déduire leurs heures de RIS de leur temps d'animations pédagogiques, les uns car les RIS sont placées avant les animations pédagogiques, les autres car elles sont placées après, ou encore parce qu'ils/elles ont décrété que cette animation était obligatoire, ce qui est non réglementaire ! Malgré les nombreuses interventions du SNUipp-FSU 44 dans les instances avec l'Inspecteur d'Académie, rien ne progresse ! Et nos collègues doivent faire plusieurs écrits pour pouvoir participer à une seule RIS. Il est évident qu'en cherchant à décourager les personnels de participer aux réunions d'informations syndicales, l'administration nous empêche de réfléchir ensemble aux questions qui préoccupent notre profession et donc de faire avancer les mobilisations collectives et nos revendications. Céline SIERRA
Souvenir et Résistance
Comme chaque année depuis notre adhésion au Comité départemental du souvenir des fusillés de Chateaubriant et Nantes et de la Résistance en Loire Inférieure la FSU 44 a été associée et représentée aux cérémonies en mémoire de l'assassinat par les nazis, en octobre 1941, des otages désignés par les " autorités " françaises de l'époque. Dernier témoin ? Disparu en octobre dernier , Henry Duguy Président D'honneur du Comité avait pu, l'an denier témoigner de son engagement et de celui des résistants d'alors pour la liberté et le progrès social lors du tournage du film "ils étaient 48 ". Non a l'oubli ! Tandis que se profile la liquidation des derniers acquis du conseil national de la résistance, tout est fait pour faire oublier les idéaux et les actions des Résistants et les leçons qu'on pourrait en retirer aujourd’hui. La mission du Comité du souvenir consiste a maintenir vivante cette mémoire pour qu'elle soit utile aux générations actuelles et singulièrement a la jeunesse Notre apport Il est de notre intérêt de syndicalistes d'aider le Comité à
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mener a bien cette tache sous des formes qui peuvent être diverses telles que : initiatives d'information et /ou de débats dans ou autour des établissements scolaires, visites de sites historiques ou du musée de la résistance (par exemple à la Sablière à Châteaubriant), participation aux cérémonies mémorielles, projection du film "ils étaient 48 " (tourné avec des élèves du lycée Carcouët de Nantes), présentation d'expositions itinérantes, etc. A chaque occasion le Comité est disponible pour apporter son aide et son expertise. Encore faut il lui en donner les moyens en devenant adhérent du Comité pour la modique somme de 18 euros ! Non à la résignation ! Face aux signes actuels d'une régression sociale sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, faire en sorte que notre époque s'inspire des valeurs de la résistance, tel est le défi que chacun est appelé a relever avec notre fédération et ses syndicats. NB :pour l'adhésion 2018, adresser un chèque de 18 euros à l'ordre du Comité du souvenir 1, place de la gare de l'État CASE 1 44276 Nantes cedex 2 Gérard ROULIC
Rencontre avec François de Rugy : un constat de francs désaccords
Vendredi 10 novembre 2017, l'intersyndicale des retraité-es de Loire Atlantique (CFTC, CGC, CGT, FSU, FGR-FP, FO et Solidaires) rencontre le député et Président de l'Assemblée Nationale François de Rugy, troisième personnage de la République. Les échanges sur la fiscalité, la santé ont largement débordés les problèmes des retraités. Rugy a été très habile, monopolisant la parole, déviant sur des digressions, des généralités consensuelles, sur l'importance des prélèvements en France, etc. Il veut croire au pari affiché de mesures fiscales encourageant l'investissement et l'emploi. Il a souligné les quelques efforts faits pour les plus modestes. Son adhésion à la politique gouvernementale est totale. Dans 4 ou 5 ans, nous verrons les effets bénéfiques de telles mesures. Il a été surpris que, sur la CSG, nous présentions un texte commun d'une grande radicalité, il nous a demandé si chacun était bien d'accord avec ces critiques, la réponse a été unanime, évidemment ! Comme les ministres et les députés d'en Marche, il a présenté la suppression de la taxe d'habitation pour la majorité des retraités comme une compensation de l'augmentation de 1,7 % de la CSG. Nous avons répliqué que la suppression de la taxe d'habitation étaitune mesure générale concernant toutes les catégories sociales, salariés, commerçants, artisans... Puisque ce n'est pas une mesure spécifique pour les retraités il était mal venu de faire le lien avec l'augmentation de la CSG sur les pensions. Cette augmentation de la CSG n'est pas compensée pour les retraités et ne l'est que partiellement pour les fonctionnaires. Rugy a effectivement assumé son soutien au principe de la CSG et à son augmentation. Il s'est aventuré à dire que pour les salariés, payer la CSG était plus avantageux que de payer des cotisations sociales. Rugy : «La part des salariés dans le total de la CSG est ... je ne sais plus trop …, mais c'est environ 50% alors que les cotisations sociales représentent beaucoup plus dans le financement de la Sécurité Sociale» . Cette comparaison n'a aucun sens, de plus c'est oublier que les cotisations patronales représentent 60% des cotisations sociales. Évidemment, nous lui avons dit que la CSG était le plus injuste des impôts puisqu'il repose à 89,7% sur les salariés, les chômeurs et les retraités. Ce qui signifie que les employeurs, donc les entreprises, ainsi que les artisans, les commerçants... ne paient pas la CSG. Les 10,3% restants taxent, jusqu'en 2017, les rentes, dividendes, obligations. Nous lui avons précisé que les salariés payaient 68% de la CSG et non 50%. Rugy a osé présenter le prélèvement forfaitaire unique (PFU) à 30% sur les rentes et dividendes comme une taxation impressionnante : «Que diriez-vous si vous étiez taxé à ce niveau ?» C'était nous prendre pour des ignorants. Nous lui avons rappelé que jusqu'en 2017 les dividendes entraient dans le calcul de l'Impôt sur le Revenu (IR) et qu'évidemment la quasi totalité des détenteurs d'actions étaient astreints à une tranche d'imposition de 45%. D'autre part jusqu'en 2017 les dividendes entraînent 15,50% de prélèvements sociaux, dont une CSG à 8,2%. Soit une taxation globale d'environ 60%. Le nouveau système est extrêmement avantageux pour les riches puisque leur taxation est divisée par deux. S'il était décidé une augmentation de la CSG à 50 ou 100%, les riches seraient indifférents puisqu'ils ont le privilège d'une taxation des revenus du capital (CSG, cotisation, impôts) plafonnée globalement à 30%. Pour aborder les problèmes de santé, nous nous sommes appuyés sur des citations précises, extraites de la conférence de presse du Premier Ministre et de la Ministre des Solidarités et
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de la Santé, Agnès Buzin, le 13 octobre 2017. La pénurie de médecins entraîne déserts médicaux, délais d'attente pour les rendez-vous, éloignement des praticiens. Agnès Buzin a reconnu ces réalités puisqu'elle a étendu la proportion de zones sous-dotées de 7 à 18 % du territoire. Nommée en mai 2017 elle avait le temps de décider que le numerus clausus limitant à 8124 le nombre de futurs médecins soit augmenté ; ne serait-ce que de quelques centaines. Il n'en a rien été. Le 13 octobre, Agnès Buzin a accordé un entretien exclusif auFigaroqui, fâcheusement pour elle, titrait le même jour : «le nombre de médecins en activité va continuer de baisser jusqu'en 2025» . La journaliste lui a demandé : «pourquoi ne rouvrez-vous pas le numerus clausus, comme l'avait pourtant promis Emmanuel Macron durant la campagne ? » Évidemment, elle a mis en cause les ministres de la santé précédents. «Il y a eu un énorme défaut d'anticipation... ». Pour justifier le manque d'ambition, elle ose dire «clausus n'aurait des effets que dansrouvrir le numerus douze ans.» Nous avons ajouté qu'actuellement au gouvernement il n'y avait aucun homme ou femme d'Etat véritable qui anticiperait les problèmes et prendrait aujourd'hui des décisions pour des améliorations durables dans l'avenir. Dans sa réponse, Rugy a admis que les problèmes d'accès aux soins étaient réels et que même à Nantes existaient des difficultés. «Il faudra rouvrir le dossier du recrutement de médecins ». Rugy met ses espoirs dans la télémédecine, l'ambulatoire, l'hospitalisation à domicile... Cependant il a terminé par une phrase de soutien à la ministre de la Santé : «il faut reconnaître qu'élargir le numerus clausus ne donne rien dans l'immédiat. »(!) Sur les dépenses de santé, une phrase d'Agnès Buzin nous a indignés. «30% des dépenses de l'Assurance Maladie ne sont pas pertinentes». Certes il y a des dysfonctionnements dans le système de santé, des actes inutiles mais l'Assurance Maladie n'y est pour rien, l'organisation d'ensemble incombe au Ministère de la Santé, aux Agences Régionales de Santé (ARS). C'est mettre en accusation la Sécurité Sociale au lieu de dire ce que pense le gouvernement : les Français se soignent trop, restent trop longtemps à l'hôpital… Nous avons rappelé que plus de 30% des Français renoncent à des soins. Si la ministre veut dénoncer des gâchis financiers elle pourrait dénoncer les frais de gestion des complémentaires-santé qui s'élèvent à 21% des cotisations (26 % pour les assurances privées). Les cotisations de mutuelles et les primes d'assurance privées s'élèvent à 42 milliards parce que la Sécurité Sociale ne rembourse plus la médecine de ville qu'à 50%. Les restes à charge pour les patients s'élèvent à 16 milliards. Or quels sont les frais de gestion de la Sécurité Sociale, elle que l'on met en accusation ? L'Assurance Maladie gère les remboursements : 4,8%. L'URSSAF prélève les cotisations sociales : 0,26%.Soit moins de 6% de frais de gestion pour l'Assurance Maladie ! Dans sa réponse, F. de Rugy a reconnu que la Ministre voulait avant tout réorganiser le système de santé pour faire des économies. S'il a souligné les mérites des mutuelles qui connaissent les difficultés de terrain et ont des réseaux de soins, il a ironisé sur des mutuelles qui remboursent des médicaments inefficaces. Nous avons protesté en rappelant que les mises sur le marché des médicaments et les tarifs de remboursements relevaient d'organismes officiels et donc que les mutuelles n'avaient pas le droit de faire de tris dans les remboursements.Bernard COLOU
Action chaussures rouges contre les violences faites aux femmes
Intervention de la FSU lors du rassemblement du 25 novembre 2017 devant le Palais de justice de Nantes. Ces derniers mois, le harcèlement sexuel a été largement dénoncé et les violences faites aux femmes ont été fortement médiatisées. La FSU acte positivement le projet de loi visant à augmenter les délais de prescription de 20 à 30 ans pour les crimes sur mineur-es, ainsi que celui sur le principe de non consentement des enfants.
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Concernant le projet de loi sur le harcèlement de rue, la FSU rappelle qu’il s’agit de harcèlement sexuel dans l’espace public, que des textes législatifs existent déjà et qu’il s’agirait de les appliquer. La FSU rappelle également l’importance de l’éducation à l’égalité fille-garçon inscrite dans les programmes scolaires. Le repérage systématique des rôles et inégalités sexués dans les manuels scolaires permet de lutter contre les stéréotypes sexistes et de prévenir les violences contre les femmes.
L'éducation à l'égalité passe par la prise de conscience des enseignantes et des enseignants des représentations sexuées qu'elles et qu'ils portent. Des pistes sont déjà mises en oeuvre : faire preuve de vigilance quant à l'utilisation de l'espace dans la cour de récréation et dans la salle de classe, être attentive et attentif aux prises de paroles équilibrées entre les filles et les garçons, favoriser une pédagogie critique pour souligner les rapports de domination, favoriser une orientation qui permet aux filles de mener ensuite des carrières valorisantes. Pour la FSU, il y a urgence à mettre en œuvre un plan d’ampleur incluant la formation de tous les personnels, une éducation non sexiste des jeunes à tous les niveaux de scolarisation et des moyens à la hauteur des besoins pour que la prise en charge globale des femmes victimes de violences puisse être effective dans tous les domaines professionnels. Amélie DE SCHEPPER pour la FSU 44
Contre la réforme de la sélection à l'entrée à l'université : oui à la démocratisation des études!
Après une concertation éclair en septembre-octobre, le gouvernement a déposé en novembre un projet de loi « relatif à l'orientation et à la réussite des étudiants » dont l'adoption doit permettre une réforme profonde de l'accès à l'enseignement supérieur dès la rentrée 2018. Cette réforme change la nature même de l'enseignement universitaire, et va avoir des conséquences profondes et immédiates sur le reste du système éducatif (à commencer par le lycée et l'enseignement supérieur non universitaire). La réforme a été préparée, par ce gouvernement et les précédents, par la baisse des moyens accordés aux universités alors que la hausse du nombre d'étudiants est forte, portée par le boum démographique des années 2000 et la hausse des aspirations des jeunes aux études longues. Ce sous-financement conduit à une saturation des formations publiques (licence, mais aussi BTS ou IUT) et à la mise en place, dans quelques formations médiatisées, d'un tirage au sort. Pour soi-disant « mettre fin à ce tirage au sort », le gouvernement propose de donner la possibilité à toutes les formations de sélectionner leurs étudiants et de mettre en place un numerus clausus (« capacités d'accueil »), y compris là où l'inscription avec le baccalauréat était de droit. Autrement dit, en sous-finançant l'enseignement supérieur public et en instrumentalisant le tirage au sort, ce gouvernement parvient à un tour de force que ni de Gaulle en 1968 ni Devaquet en 1986 n'avaient réussi : instaurer la sélection à l'entrée à l'université. Si le projet de loi est adopté, le recteur pourra fixer des capacités d'accueil pour toutes les formations, celles-ci pouvant alors faire le tri entre les bachelier-ères qui veulent s'y inscrire. Comme les moyens sont très insuffisants, on imagine sans peine que, très vite, presque toutes les licences sélectionneront, comme l'a montré le triste exemple de la sélection en master l'an dernier (la sélection n'est pas obligatoire… mais dans les faits, tous les masters le font, comme à l'université de Nantes). Perversion supplémentaire, le sale boulot (trier les « bons » des « mauvais » bacheliers) ne sera pas fait uniquement par les enseignant-es de l'université : il reposera en grande partie sur les épaules des enseignant-es de lycée, chargés de
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mettre un avis pour l'entrée en licence, et qui risquent fort d'être tenus responsables, par leurs élèves, de l'impossibilité pour eux d'accéder à la formation de leur choix. Pour rendre leur réforme plus acceptable, les ministres Blanquer et Vidal la présentent comme une réforme de l'orientation, dans laquelle deux professeurs principaux en terminale permettraient forcément d' « améliorer l'orientation » des élèves donc de mieux faire correspondre leurs vœux et leurs capacités. Pour ce faire, Parcoursup, nouvelle plateforme de formulation des vœux d'orientation post-bac, décrira les formations disponibles. Leur description sera accompagnée des taux de réussite et d'insertion professionnelle. Outre ces statistiques, nationales et livrées sans élément de comparaison, la plateforme décrira les « attendus » de chaque formation. Parcoursup prévoit que toutes les formations post-bac, même celles dites « non-sélectives », puissent répondre par « oui », « non », « en attente » (d'un désistement), ou « oui, si » (le bachelier se soumet au « contrat de réussite 1 pédagogique»). Cette nouvelle plateforme sera complétée par tout un arsenal : « semaines de l'orientation », « étudiants ambassadeurs », services civiques dans les CIO, développement du tutorat, introduction de l'AP et des TPE dans le « parcours avenir », compagnonnage, rencontres et « cordées de la réussite » avec le patronat, sites et ressources en ligne (Onisep, « monorientationenligne », MOOC sur la plateforme FUN), « fiches avenir » sur lesquelles le conseil de classe émet des conseils au er 1 trimestre puis des avis au 2ème trimestre. Mais tout cela ne changera rien au problème : 1) si les places manquent, une meilleure information sur les formations ne résoudra pas l'équation impossible ; 2) le travail d'orientation déjà réalisé par les enseignant-es est minoré, et le travail des professionnel-les de l'orientation que sont les psy-EN (ex-COPsy) n'est pas pris en compte ni renforcé. Tout cela conduira en revanche à de nombreuses injustices : cette réforme freinera surtout la poursuite d'études des élèves issus des milieux populaires, et de celles et ceux qui viennent de l'enseignement professionnel. En
Contre la réAfgoirrmaevedce lea sCéollelcetcitoifnSàaln'entnaentàails'université : L'accès aux sooinuisàpolaurdtéomuoscsr'aétliosiagtinoenqdueasnédtluedsecso!û(tssuitse')envolent(suite)
effet, la sélection à l'entrée en licence va contraindre, par anticipation de leurs enseignant-es, certain-es élèves à opter pour une orientation jugée moins difficile à obtenir, alors qu'une orientation choisie et valorisante est aussi une source de progrès scolaire. Cette réforme, si elle est adoptée, va changer profondément le système éducatif. Au lycée, pour commencer, car les ministres l'ont annoncé : ils commencent par la réforme du supérieur en aval pour la décliner ensuite vers l'amont, à commencer par le baccalauréat. Un baccalauréat modulaire facilite la sélection des jeunes, puisque celui-ci, n'étant plus un diplôme national reconnu par toutes les formations et équivalent d'un lycée à l'autre, devient un passeport individuel, attaché au parcours du jeune. Autrement dit, le risque est grand que les universités n'attribuent pas la même valeur à un bac obtenu dans un « bon » lycée et à celui d’un lycée recrutant majoritairement ses élèves dans des milieux moins favorisés ; donc, que les élèves soient moins jugés sur leurs dossiers qu'en fonction de leur établissement d'origine. Le baccalauréat, même s'il conserve l'appellation de façade de « premier grade universitaire » ne sera plus la condition nécessaire et suffisante pour l'inscription à l'université. Comme les examens commandent par l'aval l'architecture de la formation, le lycée deviendra modulaire à son tour.ce modèle, la Dans proportion d'enseignements communs et obligatoires baisse de la seconde à la terminale, au profit, en seconde, d'enseignements « de détermination » remplaçant les actuels enseignements « d'exploration » (le changement de dénomination est lourde de sens), et de choix de « majeures » et de « mineures » en première et terminale. Concrètement, tandis que certains élèves approfondiront certains enseignements, d'autres n'y auront qu'un accès « mineur », voire abandonneront des champs disciplinaires entiers. Donner plus de choix (apparent) aux élèves et aux familles peut entraîner des effets pervers. Ces choix sont aisés pour celles et ceux qui réussissent le mieux scolairement et socialement : ils sauront identifier les disciplines en cohérence avec leur parcours antérieur et leur projet, celles qui sont les plus valorisantes aussi. Les inégalités qui existent déjà risquent de se renforcer avec des filières qui ne
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s'appelleront plus « filières », mais « parcours », mais en seront d’autant plus différenciées d’un lycée à un autre, et même d'un élève à l'autre. L'abandon de tout horizon commun pour les élèves changera la nature du lycée, et de nos métiers : de conceptrices et concepteurs de situation d’apprentissage visant la réussite des toutes et tous les élèves qui nous sont confié-es, un tel lycée servira l'émergence d’une élite et le renoncement à la même réussite pour les autres. Dans le supérieur, ensuite : la licence est au cœur de tout le supérieur, car un très grand nombre de jeunes y suivent au moins quelques mois de formation, qu'ils soient en attente d'un concours, qu'ils poursuivent après un bac + 2, qu'ils se réorientent, etc. La réforme fragilise ce point central qu'est la licence, tout en fournissant à l'enseignement supérieur privé déjà en forte 2 croissance depuis 15 ans , les très nombreux bachelier-ères qui vont se retrouver, en septembre 2018, sans place à l'université ou dans les autres formations publiques. La réforme annonce donc la fin de la démocratisation des études supérieures qui, si elle est encore très inaboutie, a largement progressé depuis les années 1980, grâce à la généralisation de l'accès au bac et la hausse des aspirations à la poursuite d'études des jeunes.C'est la raison pour laquelle la riposte concerne toute la fédération, qui défend la démocratisation des études comme projet de société. Cette riposte doit associer enseignant-es du lycée et du supérieur, mais aussi leurs collègues d'école et de collège, les lycéen-es et étudiant-es, les parents d'élèves, enfin toutes celles et tous ceux qui défendent une école démocratisée pour l'accès aux savoirs émancipateurs. Mary DAVIDetMarie HAYE_____________________ 1Autre trouvaille du même ordre (qui rend l'individu seul comptable de ses réussites et de ses échecs) : le « contrat étudiant », qui garantit les droits sociaux à condition pour l'étudiant-e d'accepter l'orientation qu'on lui impose, à l'image de l'inscription à Pôle Emploi conditionnée à l'acceptation d'un travail même s'il ne correspond pas aux qualifications ou aspirations de la personne. 2 +60 % d’effectifs dans le supérieur privé entre 2000 et 2012, contre 5,5 % à l’université publique.
Pour l’accueil des Mineur-e-s Isolé-e-s Etranger-e-s
Depuis le mercredi 15 novembre des mineur-e-s isolé-e-s étranger-e-s occupent le rez-de-chaussée du bâtiment Censive de l’Université de Nantes. Depuis dimanche 26 novembre, ils/elles ont également décidé d’occuper le Château du Tertre. Ces occupations ont pour but d’héberger ces mineur-e-s – qui sont près de 300 dans l’agglomération nantaise à se trouver actuellement sans logement décent, et dont 80 vivent dans la rue – et de dénoncer l’inaction et l’hostilité des pouvoirs publics. En effet, depuis août 2015, le Conseil Départemental de Loire-Atlantique refuse la mise à l’abri de ces jeunes le temps de l’évaluation de leurs dossiers comme la loi l’y engage, ainsi que le protocole Taubira qui prévoyait la prise en charge des migrant-e-s dans le département. La Mairie de Nantes, quant à elle, a choisi d’expulser dimanche 19 novembre les mineur-e-s et leurs soutiens de l’ancienne école des Beaux-Arts, premier lieu d’hébergement envisagé. L’expulsion de ces jeunes ne pourrait qu’aggraver leur situation, déjà extrêmement précaire. C’est pourquoi, militant-e-s syndicalistes, membres du personnel de l’Université de Nantes, nous interpellons la Présidence de l’Université : prenant acte de la tolérance dont elle a fait preuve jusque-là à l'égard de l'occupation des bâtiments de l'Université, nous lui demandons de maintenir l’hébergement provisoire de ces mineurs, tant que les pouvoirs publics n’auront pas mis en place des solutions pérennes. Nous nous opposons fermement à toute intervention des forces de l'ordre sur le campus, qui mettrait à nouveau ces mineurs à la rue. Nous attendons également de la Présidence de l’Université de Nantes qu’elle interpelle les pouvoirs publics (préfecture, conseil départemental et mairie de Nantes) pour que des solutions viables d’hébergement et de prise en charge soient proposées aux mineur-e-s concerné-e-s, comme l’a fait Nathalie Dompnier, présidente de l’Université
Lumière Lyon 2, confrontée à la même situation. Pour le droit à l’éducation des mineur-e-s Par ailleurs, suivant la ligne du Conseil Départemental, qui conteste la minorité de certain-e-s de ces jeunes, l’inspection de l’Académie de Nantes s’oppose à leur scolarisation. C’est ainsi que certain-e-s mineur-e-s se sont vu-e-s refuser leur inscription dans des établissements publics d’enseignement secondaire qui étaient prêts à les accueillir, au prétexte que leur minorité n’était pas établie. [...] Nous appelons l’ensemble des personnels du primaire, du secondaire et du supérieur à se joindre au vaste mouvement de solidarité qui se constitue en soutien aux mineur-e-s isolé-e-s étranger-e-s et à se rendre sur les lieux occupés pour y apporter leur aide. Les formes de soutien sont variées, des cours de soutien aux dons de fournitures scolaires. |…] Nantes, le 29 novembre 2017 Les organisations syndicales de l'université de Nantes : Sud éducation, Solidaires étudiants, Snesup-FSU, SNTRS CGT, SGEN CFDT, UNSA éducation, UNEF ; Solidaires 44 ; FSU 44 ; Union locale CGT ; Collectif des précaires de l'ESR ; Sud santé sociaux 44 ; Sud rural territoires
Depuis ce communiqué, la situation a rapidement évolué : - le président de l'université a assuré aux organisations syndicales signataires qu'ils éviterait le recours à la force - mais il a demandé et obtenu au tribunal administratif l'autorisation d'esxpulser les occupant-es y compris par le recours aux forces de l'ordre - la mobilisation ne faiblit pas à l'université. Le collectif de soutien maintient l'occupation. Les organisations syndicales continuent de s'opposer à toute évacuation par la force et à réclamer des pouvoirs publics la prise en charge de ces jeunes, par le logement pérenne et l'accès à la scolarisation.
N° 98 décembre 2017 - directeur de publication : D. Hude - CPPAP 0422 S 05938 - ISSN 1249-2051 - Imprimerie Spéciale
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