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LALETTRE. DUHÉRISSON. SÉCHERESSE. Retenue sur les retenues. PAGE 4. GRANDS. PRÉDATEURS. L'avenir de l'ours plombé dans le. Béarn. PAGE 5 ...

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Langue Français
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Reconnue d’utilité publique depuis 1976 > LH N°242 > Été 2011
Lesforêts, bien plus que des arbres !
SÉCHERESSE Retenue sur les retenues PAGE 4
GRANDS PRÉDATEURS L'avenir de l'ours plombé dans le Béarn PAGE 5
ACTUS
édito
BRUNO GENTY PRÉSIDENT DE FNE
Le compte à rebours est lancé. Dans moins d’un an, nous élirons le Président de la République, puis nos députés. Nos votes détermineront les politiques des cinq années à venir. Le sort de notre environnement y est directement lié. Pour les prétendants aux plus hautes fonctions de l’Etat, c’est le moment d’affiner leur programme en considérant toutes les questions d’environnement. Pour le gouvernement en place, le temps est venu de prendre des décisions importantes, qui marqueront la fin de ce quinquennat. Parmi elles, nous demandons l’effacement du barrage de Poutès sur l’Allier : la survie des saumons sauvages en dépend. L’été débute mais le temps n’est pas dégagé en matière d’environnement. Prenons le cas de « l’urbanisme de projet ». Ce chantier, sous prétexte de faciliter la création de logements, risque fort d’accélérer l’étalement urbain et de freiner les possibilités de recours pour les citoyens, à contresens des engagements du Grenelle. Ou bien celui des grands prédateurs : aujourd’hui, l’avenir de l’ours dans le Béarn est plombé par le refus du gouvernement de réintroduire une femelle. Qu’on ne s’y trompe pas. Depuis la création de France Nature Environnement, nous sommes indépendants de tout parti politique. Mais indépendance ne rime pas avec absence des débats. Au contraire, loin des soucis électoralistes, elle nous amène à discuter avec tous les partis politiques républicains, l’intérêt général toujours en tête. Afin de dessiner notre projet d’une société plus en harmonie avec la nature et de peser de tout notre poids dans les débats, France Nature Environnement propose à tous les militants du mouvement de se retrouver à Paris lors de notre congrès le samedi 28 janvier 2012. Je suis persuadé qu’en nous impli quant tous et pleinement, l’environnement ne sera pas mis de côté lors de la campagne électorale et qu’il constituera une questionclé du prochain quinquennat. De notre côté, nous ferons tout pour cela pendant et après les élections. •••
EVENEMENT Retour aux Eurocks
PARTENARIAT AVEC LE CRÉDIT COOPÉRATIF Agir, c’est dans leur nature ! C’est sous le soleil marseillais qu’a eu Faire parler les lichens normands lieu la remise des prix Agir, le 31 >Crepan mars, lors du 35e congrès de FNE. Les lichens sont très sensibles à la pollution. Le 48 projets menés en 2010 par lesCrepan les a utilisés pour évaluer la qualité de l’air en Basse-Normandie. Le bilan de l’action associations liées à la fédération ont est en cours de rédaction. été récompensés grâce aux dons issus Prendre part au débat public du Livret Agir du Crédit Coopératif. >Franche Comté Nature Environne Focus sur les cinq projets « Coups ment de cœur » du Jury, qui ont reçu Aider les associations à se mobiliser et chacun 1800. permettre leur meilleure participation lors des débats publics : c’était l’objectif des rencontres Protéger les tortues et dugongs « Débat public », menées par la fédération >Naturalistes, Environnement et franc-comtoise, organisées en février 2010. Patrimoine de Mayotte A Mayotte, les élèves de maternelle, primaire et collège ont pu découvrir l’im-portance de protéger dugongs et tortues, par le biais notamment d’un jeu concours. Espionner les insectes >Office Pour les Insectes et leur Environnement Prendre des photos des insectes pollinisa-teurs posés sur les fleurs : c’est un véritable jeu d’enfants qu’a proposé l’OPIE pour enri-chir les connaissances naturalistes ! L’opération continue sur spipoll.fr. Préserver la pelouse calcicole du camp de César >Nature 18 Depuis plusieurs années, Nature 18 assure depuis quelques années la gestion du site du Camp de César, une pelouse calcaire à la flore remarquable. A travers ses chantiers, l’association du Cher a fait découvrir à de jeunes bénévoles la rénovation et l’entretien d’un milieu naturel.
Cette année encore, France Nature Environnement s’est associée aux Eurockéennes de Belfort les 1,2 et 3 juillet. A Belfort, sous la bannière des Eurockéennes Solidaires, France Nature Environnement a parlé d’agriculture, prolongeant ainsi sa campagne sur les importations d’OGM, les algues vertes et les pesticides. Les festivaliers ont été sensibi-lisés à ces trois fléaux majeurs et aux dégâts provoqués par une agriculture intensive peu respectueuse de notre environnement. Avec Territoire de Belfort Nature Environnement et Alsace Nature, la fédération a proposé aux festivaliers des anima-tions, des temps d’information et des « flash-mobs » (mobilisationsminute). Une façon ludique et forte de toucher le public de l’un des plus grands festivals de musique de France. Pour cette 23e édition, près de 80 000 visiteurs étaient attendus. Plus d’infos : www.eurockeennes.fr •••
La Lettre du Hérisson est éditée par France Nature Environnement, fédération française des associations de protection de la nature et de l'environnement, fondée en 1968, reconnue d'utilité publique en 1976.Directeur de la Publication :Bruno GentyRédaction en chef :Bénédicte de BadereauFNE, Service communication, 81 83 boulevard de PortRoyal, 75013 Paris /www.fne.asso.fr/information@fne.asso.frConception graphique et réalisation :Cito /www.primoproject.comImpression :Imprimerie Nouvelle / 93, avenue Denis Papin / 45 800 SaintJeandeBrayeRoutage :DautryDépôt légal :/ ISSN 1632 4315Juillet 2011 La reproduction des articles de la Lettre du Hérisson est autorisée sous réserve d'en citer la source datée et les auteurs. La Lettre du Hérisson est imprimée sur du Cyclus Print, un papier recyclé, par un imprimeur labellisé Imprim'Vert. Cela signifie qu'il respecte trois objectifs : la bonne gestion des déchets dange reux, la sécurisation des stockages de produits dangereux et l'exclusion des produits toxiques des ateliers.
2 >La lettre du hérisson> N°242
Depuis 2005, France Nature Environ nement et le Crédit Coopératif mènent un partenariat autour de la Carte ban caire et du Livret d’épargne solidaires « Agir c'est dans ma nature ». Plus de 5000 personnes ont fait le choix de la Carte et du Livret Agir au profit de FNE, merci à eux !
Plus d’infos : www.agiraveclecreditcooperatif.coop
er 1 rang : Gilles Benest, e 2 rang : Guy Janvrot (Nature Centre pour Nature 18), Michel Charpentier (Naturalistes de Mayotte), Christophe Aubel (Ligue Roc pour l’OPIE), Claudine Joly (Crepan), Stéphane Salord (Crédit coopératif), Annick Noël (Crepan). e 3 rang : Michel Horn (Crepan), JeanMarc Pautras (Crédit Coopératif), Bruno Genty (FNE), LiseMarie Laborde (FNE), Vincent Le Scornet (FNE).
PRESIDENTIELLES FNE en campagne
Parce qu’il est essentiel de faire entendre la voix des associations pendant la campagne présidentielle, le mouvement se mobilise dès à présent. Fruit des échanges au sein de France Nature Environnement, un cahier de proposi-tions sera publié à l’automne 2011 et remis aux candidats. En parallèle, notre congrès se prépare. Organisé sur une seule journée, il sera articulé autour d’une question centrale pour ces élections : « comment construire une société et une économie respectueuses de l’environnement ? ». Après ces débats, les principaux candidats aux présidentielles seront invités à nous présenter les actions qu’ils envisagent pour répondre aux attentes des quelque 3000 associations et des 850 000 adhérents qui composent FNE. Réservez dès maintenant votre 28 janvier 2012 pour venir partager ce moment fort de la vie du mouvement ! Plus d’infos à venir sur www.fne.asso.fr
EN CHIFFRES 89% des citoyens européens pensent que l’Union européenne devrait accorder davantage de financements aux activités économiques respectueuses de l’environnement (source : Eurobaromètre, mai 2011). 1000 incidents et anomalies ont été répertoriés en 2010 dans les centrales nucléaires françaises. C'est deux fois plus qu’il y a 10 ans (ASN)
FNE DANS LES MÉDIAS
Le prix de la pollution Votée le 7 juin, la révision de la directive eurovignette permet de faire payer au camions la pollution qu'ils générent. Ce qui« incitera les compagnies de transport à acheter des camions moins pollueurs ». Gérard Allard, spécialiste du transport de marchandises à FNE, dansLa Croix, le 8 juin 2011.
ACTUS
ENERGIE Gaz de schiste, la suite Le Parlement n’a pas entendu les contestations des citoyens. Le 15 juin, la pro-position de loi sur l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures de roche-mère, dont font partie les gaz de schiste a été définitivement adoptée. Seule la méthode de fracturation hydraulique a été interdite. Mal ficelée, cette loi sera inapplicable et inefficace et ne fait que perpétuer le recours aux énergies fos-siles. Sur le terrain comme auprès des politiques, la mobilisation de France Nature Environnement et des associations contre les huiles et gaz non conven-tionnels est d’autant plus forte. Nous demandons toujours l’ouverture d’un débat public national sur ce sujet. . •••
BRÈVES Le grand hamster n’a pas été assez protégé
La France n’a pas pris toutes les mesures néces-saires pour protéger le grand hamster d’Alsace, en 2008, a estimé la Cour européenne de justice le 9 juin, saisie par la Commission européenne. France Nature Environnement et Alsace Nature s’élèvent contre la stratégie française depuis plusieurs années. En France, l’es-pèce est uniquement présente en Alsace. Les ZAPA à l’épreuve Mi-mai, le gouvernement a annoncé la mise en place des ZAPA, pour "Zones d'actions prioritaires pour l'air », des zones urbaines interdites aux véhicules les plus polluants, expérimentées à partir de 2012. Les réseaux transports et santé de FNE constituent d’ores et déjà un groupe de correspondants répartis dans toute la France afin de suivre la mise en place de ces zones d’expérimen-tation dans les huit agglomérations volontaires (dont Paris et Lyon). FNE sera très attentive à la cohérence de ce dispositif, qui doit être juste socialement, et à l’existence en parallèle de transports en commun fiables et compétitifs. Les agrocarburants en images Pas toujours simple d’expliquer l’impact sur les gaz à effets de serre du chan-gement d’affectation des sols indirect (CASI) lié à la production d’agrocarbu-rants. Mais le défi est relevé dans une vidéo proposée par plusieurs organisa-tions environnementales et humanitaires dont FNE. Ou comment Georges et Isa, en croyant lutter contre les changements climatiques, choisissent un remède pire que la cause… A découvrir sur fne.asso.fr
Retrouvez toute l’actualité de France Nature Environnement sur fne.asso.fr
Les algues vertes reviennent Avec l'été, les marées vertes ont repris en Bretagne : "On n'arrivera pas [à résoudre ce problème]sans un changement de modèle agricole. L'erreur a été de concentrer la moitié du cheptel de porcs et de volailles sur une seule région, créant des rejets de nitrates qui dépassent largement la capacité d'absorption des sols." Benoît Hartmann, porte parole de FNE, dansLe Monde, le 25 juin 2011.
Pages réalisées par Bénédicte de Badereau avec Louise Mouton et Jennifer Vendôme
N°242 >La lettre du hérisson> 3
POINT DE VUE
Sécheresse :aller vers une agriculture moins gourmande en eau
L’été commence et la France est déjà à sec. Fin mai, un département sur deux avait déjà pris des mesures de restriction d’eau. Si la situation est particulièrement préoccupante cette année, FNE rappelle que la sécheresse ne fait qu’accentuer un problème de fond et demande des réponses adaptées. e printemps le plus chaud depuis 1900, un mois d’avril qui ressemble à juillet : sécLheresses depuis de nombreu L’eau stockée, sans conteste, 2011 connaît l’une des pires ses années. Mais cette situation exceptionnelle ne doit pas faire3 à 5le m , serait oublier que chaque année, quelle que soit la météo, environ une quarantaine de départements font face à des problèmes d’alimentation en eau et doiventdeux fois plus chère restreindre les consommations. que l’eau potable Ces déficits sont aggravés par des pratiques agri-coles déconnectées de leurs territoires, avec en tête
4 >La lettre du hérisson> N°242
la monoculture intensive d’un maïs irrigué en été pour maximiser les rendements. Résultat, l’irriga-tion agricole représente chaque été 80 % de la consommation d'eau en France et les arrêtés séche-resse se multiplient : on en dénombrait 68 en 2005, 65 en 2006 et 52 en 2010. En Poitou-Charentes, une rivière sur deux est asséchée tous les ans.
RETENUE SUR LES RETENUES Souvent évoquées comme remparts face à la sécheresse, les retenues d’eau ne sont pas sans conséquences pour le milieu naturel. Ces réserves privent des écosystèmes fra-giles d’une eau qui leur est vitale et les multiplier ne ferait que conforter des pratiques agricoles gourmandes en eau et très polluantes. Sans parler de leur coût prohi-bitif : stocker 1% de l’eau de pluie pour l’irrigation en plus de ce qui est déjà stocké aujourd’hui, comme le sug-gère la FNSEA, coûterait 7,5 milliards d’euros d’investis-sement, en grande partie sur fonds publics. L’eau 3 stockée, à 5 € le m , serait deux fois plus chère que l’eau potable. Dans ces conditions, l’irrigation ne serait pas rentable. Mi-mai, à l’occasion de la réunion du comité « sécheresse », la ministre de l’Ecologie a annoncé un objectif de réduction de 20 % de la consommation d'eau d'ici 2020. Économiser l’eau des ménages, réduire les fuites, c’est bien. Mais pour FNE, des solutions collectives doivent surtout être trouvées pour encourager les cultures éco-nomes en eau, pour promouvoir une agriculture à Haute Valeur Environnementale, qui produit de l’alimentation en consommant moins d’intrants : eau d’irrigation, mais aussi carburant, engrais, pesticides… Faire évoluer l’agriculture en ce sens permettra de préserver les milieux naturels, mais également de diminuer l’exposi-tion des agriculteurs aux évènements climatiques.
VERS LA RECONVERSION Nous demandons donc un plan gouvernemental ambitieux de reconversion des filières agricoles qui implique l’industrie agro-alimentaire et la distribution pour réaliser des économies d’eau substantielles. Ces objectifs devront impérativement se retrouver dans la future Politique Agricole Commune de 2013 et dans le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC). GUILLAUME CORTOT, Coordinateur du Pôle eau & milieux aquatiques MARIECATHERINE SCHULZ, Coordinatrice du Réseau agriculture.
GRANDS PRÉDATEURS
Loup : que veut vraiment l'Etat ?
À chaque saison d’estive, son dispositif de tir du loup. Cette année, l’État a décidé de frapper fort : autorisation d’armes létales pour le tir de défense, possibilité de tirs en hiver, tirs dans les nouvelles zones de présence du loup… Si les textes européens autorisent le tir du loup pour prévenir les dommages importants et récurrents sur les troupeaux, la France glisse insidieusement du tir en dernier recours au tir de régulation.
A force d’ajouts et de modifications, le dispo-sitif autorisant le tir du loup devenait sujet à interprétations, entraînant des disparités dans son application selon les départements. La France a mis à profit un toilettage des textes pour introduire de nouvelles dispositions, dont certaines se révèlent particulièrement dangereuses dans certaines situations.
DES TIRS DE DÉFENSE POTENTIELLEMENT MORTELS Les armes autorisées pour les tirs de défense et le tir de prélèvement (voir encadré) sont désor-
BRÈVES
Un lynx dans le Rhône Un lynx a été aperçu le 1er mars 2011 dans le Beaujolais où trois agneaux avaient été tués depuis le début de cette année. La responsabi-lité du lynx n’était pas formellement établie. Ce n'est qu'à la mi-avril, après une nouvelle attaque, que la présence du lynx a pu être confirmée. Le lynx est présent dans l'Ain et l'Isère, mais n'avait pas été repéré dans le Rhône.
L’avenir de l’ours plombé dans le Béarn Le 26 juillet 2010, le ministère de l’Écologie avait annoncé pour ce printemps le lâcher d’une ourse, une réintroduction indispensable dans le Béarn où il ne reste plus que deux mâles (voir LH 241).
mais identiques. Alors que pour les tirs de défense, les armes étaient de faible portée et tout au plus infligeaient des blessures légères, désormais, le tir de défense devient potentiel-lement un tir de prélèvement. Il s’agit là d’une dérive grave, d’autant plus que les tirs de défense sont autorisés dans les zones où le loup vient d’arriver. Jusqu’à présent, le tir de prélèvement dépen-dait de deux conditions : la mise en œuvre préalable d’un tir de défense et d’une évalua-tion des dispositifs qui peuvent être mis en place pour protéger le troupeau. Avec les modifications introduites, ce cran saute. Le préfet peut autoriser directement un tir de prélèvement si les dommages se répètent
er Le 1 juin 2011, le gouvernement a fait machine arrière et renoncé à cette réintroduction, invo-quant la sécheresse qui accablerait les éleveurs pyrénéens. «Rappelons que l’ours n’a tué que sept ovins en Béarn en 2010, souligne Gérard Caussimont, président du FIEP (fond d’intervention éco-pastorale, membre de FNE), alors que les chiens, les maladies, les accidents, la concurrence étrangère, le manque de main d’œuvre, les réglementations draconiennes, font de vrais dégâts auprès des éleveurs». Avec ce recul, le noyau béarnais est condamné. C’est un véritable reniement de la part du gouvernement, alors même qu'il lançait la nouvelle Stratégie Nationale de la Biodiversité en grandes pompes. France Nature Environnement, comme selon de nombreux sondages la majorité des Pyrénéens et des Français, réclame la présence viable de l’ours.
Plus d’information sur loup.fne.asso.fr
d’une année à l’autre et non plus dans la même saison. Pire, les tirs de prélè-vement peuvent être déclenchés pen-dant la période hivernale, alors même que les troupeaux ne sont plus en alpage. Comment alors justifier de dommages importants aux troupeaux si ces derniers sont en bergerie ?
UNE FRONTIÈRE EST FRANCHIE Certaines de nos propositions ont été reprises, comme le retrait du Cantal de la liste des départements où les tirs peuvent être déclenchés ou encore le maintien du quota de loups pouvant être abattus à six loups au maximum. Mais finalement, le total des modifica-tions introduites risque d'aboutir à des autorisations injustifiées de tirs de loups. Le gouvernement choisit de passer progressivement des tirs de dernier recours, comme cela est prévu dans les textes européens, à des tirs banalisés, cédant ainsi à la frange la plus extrémiste des éleveurs. FNE et ses associations concernées par le retour du prédateur ont vivement réagi à ces nouvelles dispositions, en vain. Les premiers arrêtés de tirs de prélèvement viennent d’être autorisés dans la Drôme et les Alpes Maritimes. La fédération étudie à présent les éventuelles suites juridiques à donner. STÉPHANIE MORELLE, Chargée de mission loup.
2CATÉGORIES DE TIRS
Les tirs de défensepermet tent aux éleveurs de tirer individuellement et à proxi mité du troupeau sur un prédateur qui viendrait menacer les animaux.
Les tirs de prélèvement sont quant à eux organisés collectivement sous la responsabilité de l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, avec pour but d’abattre un prédateur dans le cas où, malgré les mesures de protection et d’effarouche ment, les attaques persistent.
Dans les massifs montagneux, où le loup est installé depuis plusieurs années, les attaques contre les troupeaux n'augmentent pas.
N°242 >La lettre du hérisson> 5
DOSSIER
LESFORÊTS,bien plus qu’une réserve de bois ! Les Nations Unies ont proclamé 2011 année internationale des forêts. Une occasion de faire le point sur les enjeux de la gestion durable et nos actions pour y contribuer.
lles produisent du bois, du gibier, des champignons. Elles abritent une part importante de la biodiversité. Elles luttent contre l’érosion des sols et leur permettent de maintenir leurs propriétés physico-chimiques. Les forêts facilitent l’épu-ration des eaux des nappes phréatiques et des eaux de surface. Face au changement climatique, elles sont aussi un réservoir de carbone et permettent l’épuration des polluants atmosphériques. Elles permettent également de limiter les inondations, les chutes de pierre, les avalanches et glissements
LES FORÊTS FRANÇAISES EN CHIFFRES
>76 espèces d’arbres feuillues et 60 espèces résineuses >30 % du territoire national soit 15,5 millions d'hectares >La surface forestière a augmenté jusqu’en 2008 >70 % de la surface forestière est privée >80 % des propriétaires privés ne tirent aucun revenu de leur forêt >450 000 emplois >29 habitats forestiers sont reconnus d’intérêt communautaire (Natura 2000) dont seulement 3 en bon état de conservation >40% des zones Natura 2000 sont des forêts >500 millions de visites en forêt par an
6 >La lettre du hérisson> N°242
« La société civile est légitime pour contribuer aux débats sur l’avenir des forêts »
La sensibilisation à la protection de la forêt commence dès l’enfance. Ici, une sortie natura liste dans la forêt de Bouconne, poumon vert de l’agglomération tou lousaine.
de terrain. Elles contribuent à la qualité des paysages et au bien-être des populations dont elles améliorent le cadre de vie. Bien public et patrimoine, les forêts sont un atout dans le développement touristique. Avec autant de rôles à jouer, il est évident pour France Nature Environnement que la gestion des forêts doit se décider collectivement. Or on ne peut définir l’équilibre entre
les fonctions économiques, écologiques et sociales adapté à chaque forêt en étant décon-necté du terrain. Il est donc nécessaire de met-tre en place des démarches de concertation permettant à tous les acteurs de s’exprimer, notamment les associations et la société civile. A travers son réseau forêt, la fédération parti-cipe ainsi activement aux discussions sur l’avenir des forêts aux côtés des acteurs des filières et des territoires. Alors que le contrat d’objectifs entre l’Etat et l’Office National des Forêts (ONF) est en cours de révision, nous demandons la création de comités de concertation locaux et d’une charte de la concertation pour les forêts publiques. L’ONF doit être exemplaire en la matière et ouvrir la voie vers une nouvelle gouvernance fores-tière. «Au lieu de chercher à nous adapter à une demande économique internationale fluctuante, construisons plutôt des approches locales et concertées assurant une gestion multifonctionnelle des forêts», explique François Lefèvre, membre du directoire du réseau forêt de FNE. Afin de concrétiser cette concertation forestière, les Chartes Forestières de Territoire (voir encadré) permettent d’intégrer et de formaliser les souhaits de tous les acteurs. Mettre sur un pied d’égalité la production de bois et la préservation de la biodiversité dans la gestion forestière est une nécessité. En 2007 déjà, FNE avait signé un protocole d’accord intitulé « Produire plus de bois tout en préservant mieux la biodiversité » avec l’Office National des Forêts, la Fédération Nationale des Communes Forestières et la Forêt Privée Française allant dans ce sens.
SORTIR DE LA LOGIQUE D’UNE PRODUCTION INTENSIVE
Mais les débats sur l’avenir de la forêt restent monopolisés par la production de bois. «En réunion, nous entendons souvent que la produc-tion de bois finance la multifonctionnalité des forêts, alors même que le bois ne représente que 10 à 20% de leur valeur économique !» souligne Juliette Fatus, coordinatrice du réseau forêt à
PRIVILÉGIER UNE GESTION LOCALE DES FORÊTS TROPICALES A travers sa plateforme internationale, France Nature Environnement s’implique pour que les politiques forestières internationales favorisent les approches locales de la gestion durable des forêts. Plusieurs associations nationales correspondantes de FNE, comme le Centre pour la Défense de l’Environnement (au Congo Kinshasa), se battent également pour faire reconnaître dans les systèmes de certification forestière les forêts communautaires, ces forêts dont la gestion est confiée officiellement aux communautés rurales vivant à proximité. FNE milite avec elles pour que les fonds de REDD+ soient également attribués aux communautés pour la conservation de leur forêt. En effet, en milieu tropical et particulièrement dans le Bassin du Congo, l’exploitation industrielle des forêts a longtemps été considérée comme l’unique modèle de développement économique en milieu forestier. Mais la situation évolue. Depuis 1994, le code forestier du Cameroun prévoit l’attribution officielle de forêt aux communautés. Ce qui leur permet d’exploiter d’autres produits que le bois, par exemple les fruits, et d’en tirer immédiatement des bénéfices. Suivant le modèle du Ca meroun, la République Démocratique du Congo (RDC) révise aujourd’hui sa loi pour permettre aux communautés d’obtenir officiellement une forêt. En soutenant ces démarches, FNE valorise au plus haut niveau des approches locales de la gestion des forêts.
EGLANTINE GOUX, Chargée de mission forêt à l’international
FNE. En effet, les services environnementaux rendus par les forêts ne sont pas valorisés financièrement, alors même qu’ils bénéficient à l'ensemble de la société, sous forme de coûts évités ou de recettes induites. Le propriétaire forestier se retrouve donc bien seul pour assu-mer toutes ces missions. Aujourd’hui, les politiques forestières actuelles encouragent le productivisme, reflétant ainsi les discours de Nicolas Sarkozy à la scierie d’Urmatt en mai 2009 et en Corrèze en mai 2011. FNE reconnait la nécessité
Le long du fleuve Congo s’étend une forêt tropicale humide, objet de convoitise pour son bois précieux.
© Fotolia
d’utiliser du bois, mais cela ne peut pas passer par une intensification de la production, qui remettrait en cause toutes les autres fonctions des forêts. France Nature Environnement se bat donc pour améliorer l’intégration de la biodiversité et des enjeux environnementaux dans les poli-tiques forestières, au niveau local comme au niveau national et international (voir enca-dré). L’élaboration d’une vision commune reste la clé pour intégrer les enjeux environne-mentaux dans la gestion des forêts. B. DE BADEREAU
« LA CHARTE FORESTIÈRE,UN OUTIL POUR NOUER DES LIENS ENTRE ACTEURS LOCAUX» 3 questions à Jérôme Calas, président de Nature MidiPyrénées. Son association a contribué à la Charte Forestière de Territoire du massif forestier de Bouconne, un document cosigné par près de 50 signataires, dont les collectivités territoriales, les organisations forestières du territoires et les associations locales.
© D.R.
Quelles sont les particularités de la forêt de Bouconne ? Poumon vert de Toulouse, cette forêt accueille près d’un million de visites par an. La fréquentation croissante doit être conciliée avec l’importante biodiversité qu’elle abrite, dont des espèces protégées comme le circaète JeanleBlanc, ou une flore originale pour la région.
Que prévoit la Charte ? Elle prévoit entre autres, une meilleure prise en compte du patrimoine naturel, comme la création de zones de tranquillité afin de faciliter la reproduction d’espèces sensibles au dérangement telles que les grands rapaces forestiers, ou encore la création d’un observatoire de la forêt. Il permettra de centraliser, mettre à disposition et diffuser des données naturalistes ou scientifiques actuellement dispersées afin d’adapter la gestion forestière et les autres activités humaines aux espèces présentes.
Quels sont les autres bénéfices de cette Charte ? Avec l’Office National des Forêts, nous n’avions que des contacts très ponctuels. L’élaboration de la Charte nous permet de mieux nous connaître. Nous mettons actuellement en place une convention qui permettra l'émergence de projets communs.
Propos recueillis parJULIETTE FATUS, Coordinatrice du réseau forêt
N°242 >La lettre du hérisson> 7
8 >La lettre du hérisson> N°242
« Je n’avais pas envie de devenir président de la Frapna »,annonce d’emblée Eric Feraille. Malgré la charge de travail colossale qu’elle représente, il a pris la fonction à bras-le-corps et préside la fédération des associations de Rhône-Alpes. Sa marque de fabrique, sans nul doute, est son franc-parler. Dans les bureaux de Villeurbanne, on apprécie son style.« S’il ne met pas toujours les formes, il sait écouter, chan-ger d’opinion », confie Julie Dubois, directrice de la Frapna. « Et il accorde beaucoup d’impor-tance à la vie fédérale. » Médecin-chercheur en physiologie rénale, Eric Feraille exerce à Genève et vit en Haute-Savoie depuis le milieu des années 90. Préoccupé depuis l’enfance par le sort de l’en-vironnement, longtemps impliqué au sein du mouvement associatif, il s’investit à partir de 2001 à la Frapna de son département, quand son emploi du temps lui en laisse enfin la pos-sibilité. Il raconte : «c’était au moment des muni-cipales. J’ai senti notre impuissance face aux pro-jets d’aménagements touristiques si nombreux dans les Alpes. » D’abord concentré sur la thé-matique « montagne », de fil en aiguille, il devient président de la Frapna Haute-Savoie, mandat qu’il occupe pendant 6 ans, puis pré-sident de la Frapna région en juillet 2010.
teur-clé là où elle l’est et qu’elle le devienne là où elle ne l’est pas encore. »Il conclut en souriant : « Nous serons impitoyables avec l’adversaire ! ». Quel qu’il soit, que celui-ci se tienne prêt : Eric Feraille est du genre combatif. B. DE BADEREAU
bats, comme l’opposition à la construction de Super Phénix en 1977, pour la réintroduction du bouquetin, ou aujourd’hui la lutte contre l’exploitation des gaz de schiste. Cet héritage et cet esprit militants, Eric Feraille y tient. « Notre rôle n’est pas d’être des experts ou des tech-niciens. Nous sommes là pour donner l’alerte. Le technique n’est qu’un des leviers du politique ». Forte de 47 000 adhérents, la Frapna pèse lourd dans de nombreuses instances régio-nales, comités de suivis du Grenelle, comités de bassin.« Nous avons notamment la vice-prési-dence dans le Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux de l’Arve, qui coule du Mont-Blanc au Lac Léman. Cela révèle la confiance qu’on nous accorde et notre poids dans les décisions ». Si, dans les débats, son ton peut être abrupt comme les versants des Alpes, il aime le jeu subtil des relations avec les élus :« Nous com-posons avec des alliances à géométrie variable. A la Frapna Haute-Savoie, nous avions ainsi réussi à obtenir un des premiers arrêtés de biotope en com-pensations d’aménagement. C’est une grande satisfaction ». Ses objectifs aujourd’hui ?« Nous voulons couvrir l’ensemble des thématiques envi-ronnementales, que la Frapna reste un interlocu-
A la fin des années 60, le parc de la Vanoise est menacé par un projet de station de ski. La mobilisation est forte et des associations militantes se montent. En 1971, la Frapna, fédération RhôneAlpes des associa tions de protection de la nature, est créée. 40 ans après, l’association a fêté cet anniversaire les 2 et 3 juillet, à Morestel, dans l’Isère. Au pro gramme, des tables rondes, un film sur la Frapna, des stands, des expositions, des sorties nature, des animations tout public, des spectacles, un concert. 47 000 adhérents agissent chaque jour avec la Frapna et ses 300 associations fédérées dans les 8 départements de RhôneAlpes. Ils sont appuyés au quotidien par plus de 90 salariés. La Frapna est membre de France Nature Environnement.
La Frapna, 40 ans sur le terrain
REPÈRES 1963Naissance à SaintMandé 1971Création de la Frapna 1995Obtient sa thèse de médecine à Genève 2001Devient bénévole sur la thématique montagne à la Frapna HauteSavoie 2004Président de la Frapna HauteSavoie 2010Président de la Frapna
« Nous sommes là pour donner l’alerte »
ERIC FERAILLE, L’héritage et la franchise
Ce médecin est président de la Frapna, fédération des associations de protection de l’environnement en RhôneAlpes, qui célèbre cette année ses quarante ans. Portrait.
PORTRAIT
« C’est une région exceptionnelle, sur le plan des paysages, comme du point de vue de la biodiversité » explique avec enthousiasme ce savoyard d’adoption. Des sommets enneigés aux champs de lavande de la Drôme, la région Rhône-Alpes décline les climats et les décors. « Revers de la médaille, elle concentre toutes les problématiques nationales. »La Frapna traite donc un éventail très large de sujets, de l’édu-cation à l’environnement à l’aménagement du territoire, en passant par les enjeux indus-triels. Sur de nombreux dossiers, comme les Jeux Olympiques d’Annecy (voir LH241) ou les zones Natura 2000, l’association travaille en étroite collaboration avec FNE. Cette année, la Frapna fête ses 40 ans (voir encadré). A son actif, une multitude de com-
Plus d’infos : www.frapna.org
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