Chapitre 5. L agriculture française et le marché commun - article ; n°1 ; vol.79, pg 81-98
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Description

Économie rurale - Année 1969 - Volume 79 - Numéro 1 - Pages 81-98
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1969
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

M. François Clerc
Chapitre 5. L'agriculture française et le marché commun
In: Économie rurale. N°79-80, 1969. pp. 81-98.
Citer ce document / Cite this document :
Clerc François. Chapitre 5. L'agriculture française et le marché commun. In: Économie rurale. N°79-80, 1969. pp. 81-98.
doi : 10.3406/ecoru.1969.2037
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecoru_0013-0559_1969_num_79_1_2037Chapitre 5
L'AGRICULTURE FRANÇAISE
ET LE MARCHE COMMUN
par François CLERC *
Le marché commun changera-t-il quelque chose Dans cet essai de justification, l'agriculture a tenu
une place importante. La production agricole n'est- au destin de l'agriculture française ? A en juger
par la façon dont les agriculteurs l'ont réclamé et elle pas, avec les mines et la sidérurgie, « l'un des
secteurs où les progrès de productivité qui résulteacclamé et par l'ardeur persévérante avec laquelle
ront du marché commun, c'est-à-dire de la spécialiles gouvernements français successifs en ont pour
sation progressive des productions et de l'élargisssuivi la réalisation, on pourrait penser qu'il s'agit
ement des débouchés, peuvent avoir les effets les d'un événement de portée considérable. Pourtant,
plus importants sur le niveau de vie des productdans un excellent ouvrage dont le retentissement
eurs aussi bien que des consommateurs » (5) ? demeure considérable : une France sans paysans
Dans cette perspective, la vocation de la France (1), MM. Gervais, Servolin et Weil, bien qu'ils
n'est-elle pas de nourrir l'Europe à bon compte ? s'essayent à définir l'avenir de l'agriculture fran
çaise, ne mentionnent pour ainsi dire pas le marché
Compétitivité de l'agriculture française (6) commun (2) . Serait-il au contraire un événement
sans portée profonde sur l'évolution de l'agricul De fait, l'agriculture française bénéficie d'un
ture française ? certain nombre d'avantages par rapport à ses par
tenaires dans le Marché commun. Les agronomes L'agriculture considérée comme justification de s'accordent généralement pour reconnaître qu'elle l'intégration européenne possède proportionnellement plus de sols plats et
fertiles, plus de zones à climat propice que les deux Les raisons que les Européens avaient de s'unir au
autres pays étendus du marché commun, l'Allemalendemain de la guerre étaient essentiellement d'or
gne et l'Italie ; ses sols seraient en moyenne meildre politique : éviter la renaissance de luttes fratri
leurs « naturellement » que ceux des Pays-Bas. Il cides, être en mesure de résister plus efficacement
est évidemment assez difficile que de démontrer à la menace soviétique. C'est cependant une union
cette supériorité française (7) , la comparaison des à caractère économique, la Communauté européen
seuls rendements ne peut le permettre car bien ne du charbon et de l'acier, qui fut créée la premièr
d'autres facteurs les influencent. En contrepartie, e et c'est à une autre union à caractère économiq
comme Bernard Oury l'a bien mis en évidence dès ue, la Communauté économique européenne, 1959 (8), l'agriculture française tire l'avantage, qu'on en revint après l'échec de la Communauté
sous l'angle de la productivité, de la faible densité européenne de défense. A ces Communautés à vo
de population active agricole et de la dimension cation « matérielle », dont on escomptait (3) par plus étendue des exploitations agricoles. Il n'est pas un raisonnement que certains par la suite ont jugé jusqu'à la disparité des rendements — au détriment un peu sommaire (4) qu'elles conduiraient insens
de l'agriculture française — qui, dans la mesure où iblement à une union politique, des justifications
elle serait imputable à une moindre utilisation des économiques ont été trouvées, notamment une meil
facteurs d'intensification de la production (engrais, leure localisation de la production du point de vue
pesticides, matériel, carburants et lubrifiants, tourdes facteurs naturels et des zones de consommation.
teaux et aliments du bétail) apporterait une preuve
* Administrateur principal à la Commission des Communautés
(5) Comité intergouvernemental créé par la Conférence de Européennes, Bruxelles.
(1) GERVAIS, SERVOLIN et WEIL. — Une France sans Messine. Rapport des chefs de délégation aux Ministres des Affair
es étrangères. Première partie, titre 1er, chapitre 4, section f paysans. Edit, du Seuil. Paris, 1965.
Bruxelles, 21 avril 1956. (2) II n'en est question qu'une fois, p. 18.
(3) Voir la déclaration de Robert Schumann du 9 mai 1950. (6) Voir tableaux I et II.
(4) En particulier, ALLAIS (Maurice). — L'Europe unie, route (7) Voir cependant à ce sujet les études de M. Klatzmann. de la prospérité. - Paris, 1960, p. 135, et aussi MARCHAL
(8) OURY (Bernard). — L'agriculture au seuil du Marché (André). — L'Europe- solidaire. Edit. Cujas, Paris, 1964, p.
commun. PUF, Paris, 1959. 236. '
France. Apparemment cela a été jugé impossible supplémentaire de la supériorité de l'agriculture
puisque ce ne fut pas fait, malgré des avantages française : si avec de si bonnes terres, les agricul
certains à long terme. On sait que les prix communteurs français produisent déjà tant et à si bas prix,
autaires ont été fixés un peu au-dessus de la que sera-ce lorsqu'ils se seront modernisés ?
moyenne des prix nationaux de telle sorte que ce
Précisément, avant le marché commun les prix n'est que dans quelques pays et seulement dans une
agricoles français, si on les compare à ceux des mesure limitée que les prix provoqueront la dispar
autres pays de la Communauté, semblent prouver ition d'une partie de la production agricole. Il
qu'il en coûtait moins cher pour produire en France s'agit à vrai dire d'une vue un peu théorique des
(9). choses : la prédominance en Europe occidentale
des exploitations familiales de petites dimensions Toutefois, cette affirmation de portée générale
enlève aux variations de prix beaucoup de leurs aurait pu dès le départ être nuancée comme le ra effets sur le volume de l'offre. isonnement l'aurait permis et comme l'expérience
Dans la pratique, le système communautaire mis des années ultérieures commence à le montrer :
sur place permet donc à la production de chaque l'Italie bénéficie de conditions naturelles pour la
pays de survivre. L'avantage que les pays excédentproduction du vin, des fruits et des légumes au
aires tirent du marché commun consiste en deux moins aussi bonnes que la France... ; en outre avec
l'application de plus en plus grande du progrès choses : d'une part, les importations en provenance
technique aux cultures et vu la place croissante des des autres Etats membres ont priorité dans chaque
Etat membre sur les en productions animales, il est de plus en plus possible
des pays tiers (11) ; d'autre part, l'écoulement sur de s'affranchir du milieu naturel et de produire de
le marché mondial des excédents que les autres tout partout à des prix compétitifs, comme l'agri-.
Etats membres auraient pu absorber, mais qu'ils culture et l'horticulture néerlandaises en apportent
n'ont pas absorbé, se fait pratiquement à leurs frais la preuve.
et l'écoulement des superexcédents (ceux qui de Néanmoins, dès le départ, l'agriculture française toute façon ils n'auraient pu absorber, à moins que semblait devoir distancer dans l'ensemble plusieurs leur propre production régresse) se fait aux frais de de ses concurrents et l'écart ne pouvait qu'aller en la Communauté, c'est-à-dire que l'écoulement des croissant, au fur et à mesure de la modernisation superexcédents français n'est financé par la France de l'agriculture française, en retard de ce point de qu'à concurrence du tiers environ (la France en vue. contrepartie finance dans la même proportion
l'écoulement des superexcédents des autres pays). L'apparente vocation de l'agriculture française à
nourrir le reste de l'Europe est sortie du domaine
Une menace : la liberté d'établissement ? des hypothèses pour rentrer dans celui des réalités
le jour où apparurent des excédents chroniques de On sait que le Traité de Rome prévoit que les production. Nos

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