Comment évaluer la discrimination à l embauche ? - article ; n°3 ; vol.17, pg 55-87
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Description

Revue française d'économie - Année 2003 - Volume 17 - Numéro 3 - Pages 55-87
Une étude d'audit par couples est une expérience contrôlée sur le marché du travail. Elle rend compte d'un accès à l'emploi différencié des différents groupes démographiques composant la population active. Des couples de candidats présentant des caractéristiques productives similaires postulent aux mêmes emplois vacants. Seule leur appartenance respective à l'un des groupes démographiques les distingue. Le but de l'étude est d'examiner si l'un des groupes est plus fréquemment recruté. Cette méthodologie présente deux intérêts majeurs : elle met en évidence des inégalités dès l'embauche, donc en amont des discriminations salariales, jusque-là privilégiées dans les travaux économétriques. En outre, la procédure de collecte des données permet de contrôler les caractéristiques productives des candidats et la fréquence selon laquelle ils postulent aux mêmes emplois. Sa mise en œuvre doit toutefois suivre plusieurs principes, sous peine de fournir des résultats biaises. Alors que les études économétriques standard concluent à l'absence de discrimination salariale significative à l'encontre des groupes démographiques minoritaires, les études d'audit par couples mettent en avant une discriminationà l'embauche.
Any pair audit study is a controled experience on labor market. The aim of those studies is to underline the difference in job-access among different demographic groups within the working population. The methodology is as follows : pairs of candidates apply for the very same vacant jobs. Their productive abilities are all alike but they belong to distinctive demographic groups. The results show whether one group has an easier access to employement. The methodology applied here has two main advantages. First, it enables to highlight job inequalities as of hiring. We thus concentrate on a kind of inequality taking place before the wage ones, which are usually studied through econometric analyses. Second, the data collecting procedure enables to control for the productive caracteris- tics of the candidates as well as the frequency at which they apply for jobs. The implementation of the pair audit procedure has to abide by several principes to be unbiased. Standard econometric studies usually conclude to the non significance of the wage discrimination hypothesis. Pair audit studies conclude to hiring discrimination.
33 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 97
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pascale Petit
Comment évaluer la discrimination à l'embauche ?
In: Revue française d'économie. Volume 17 N°3, 2003. pp. 55-87.
Citer ce document / Cite this document :
Petit Pascale. Comment évaluer la discrimination à l'embauche ?. In: Revue française d'économie. Volume 17 N°3, 2003. pp.
55-87.
doi : 10.3406/rfeco.2003.1466
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_2003_num_17_3_1466Résumé
Une étude d'audit par couples est une expérience contrôlée sur le marché du travail. Elle rend compte
d'un accès à l'emploi différencié des différents groupes démographiques composant la population
active. Des couples de candidats présentant des caractéristiques productives similaires postulent aux
mêmes emplois vacants. Seule leur appartenance respective à l'un des groupes démographiques les
distingue. Le but de l'étude est d'examiner si l'un des groupes est plus fréquemment recruté. Cette
méthodologie présente deux intérêts majeurs : elle met en évidence des inégalités dès l'embauche,
donc en amont des discriminations salariales, jusque-là privilégiées dans les travaux économétriques.
En outre, la procédure de collecte des données permet de contrôler les caractéristiques productives des
candidats et la fréquence selon laquelle ils postulent aux mêmes emplois. Sa mise en œuvre doit
toutefois suivre plusieurs principes, sous peine de fournir des résultats biaises. Alors que les études
économétriques standard concluent à l'absence de discrimination salariale significative à l'encontre des
groupes démographiques minoritaires, les études d'audit par couples mettent en avant une
discriminationà l'embauche.
Abstract
Any pair audit study is a controled experience on labor market. The aim of those studies is to underline
the difference in job-access among different demographic groups within the working population. The
methodology is as follows : pairs of candidates apply for the very same vacant jobs. Their productive
abilities are all alike but they belong to distinctive demographic groups. The results show whether one
group has an easier access to employement. The methodology applied here has two main advantages.
First, it enables to highlight job inequalities as of hiring. We thus concentrate on a kind of inequality
taking place before the wage ones, which are usually studied through econometric analyses. Second,
the data collecting procedure enables to control for the productive caracteris- tics of the candidates as
well as the frequency at which they apply for jobs. The implementation of the pair audit procedure has to
abide by several principes to be unbiased. Standard econometric studies usually conclude to the non
significance of the wage discrimination hypothesis. Pair audit studies conclude to hiring discrimination.Pascale
PETIT
Comment évaluer
la discrimination
à l'embauche ?
anti-discriminatoires, d'opérations-pièges discriminatoires avalisait la mise en dans évidence (« les le testing nombre offres e par 1 »). 1 de juin SOS-Racisme Le important prestations durcissement 2002, la de Cour de procédures service comportements récent de cassation au des cours judilois
ciaires engagées chaque année et le recours à de nouveaux modes
de détection montrent combien l'existence de discriminations à
Revue française d'économie, n° 3/vol XVII 56 Pascale Petit
l'encontre de certains groupes de la population est une préoc
cupation montante dans les sociétés développées. A la frontière
de la sociologie et de l'économie, cette question intéresse tant les
associations (féministes ou de lutte contre le racisme) que les éco
nomistes du marché du travail. D'un point de vue pratique,
l'évaluation de la discrimination reste un exercice complexe, les
phénomènes relevant de la discrimination n'étant pas toujours
aisément distinguables de ceux renvoyant à une différenciation
objective. La notion de est ainsi souvent abus
ivement employée pour rendre compte des inégalités qui préva
lent au sein de la population active. L'usage de ce concept sup
pose donc au préalable une définition précise. Selon Heckman
[1998], une situation de discrimination apparaît lorsqu'une firme
ne réserve pas les mêmes attributs (accès à l'emploi, à la format
ion, niveau des salaires, promotions...) à deux travailleurs pour
vus de caractéristiques productives parfaitement identiques et
de non différentes. De nombreuses
études ont été menées avec pour objectif de mettre en exergue
l'existence potentielle d'une discrimination sur le marché du
travail (Darity et Mason [1998]). Les méthodologies utilisées
sont différentes et aboutissent à des résultats distincts. Il appar
aît donc intéressant d'approfondir leurs problématiques, les
méthodes utilisées et les résultats auxquels elles aboutissent. L'es
timation de la discrimination suppose une évaluation correcte du
niveau de productivité des travailleurs. Or, certaines variables pro
ductives sont difficilement observables, voire mal identifiées, de
sorte que les estimations sont souvent biaisées. Le problème de
la sélection de l'échantillon se pose également lorsque l'on cherche
à rendre compte de la discrimination. L'échantillon sur lequel
repose l'estimation doit reproduire correctement la réalité du
marché du travail.
De nombreux travaux économétriques ont été réalisés
pour déterminer l'ampleur de la forme salariale de la discrimi
nation. Traditionnellement, deux méthodes permettent de l'éva
luer. La première consiste à estimer une équation dans laquelle
le salaire est expliqué par l'ensemble des variables productives et
une variable indicatrice signalant le groupe d'appartenance des
Revue française d'économie, n° 3/vol XVII Pascale Petit 57
travailleurs. Un impact significativement négatif de cette dernière
variable sur le salaire pour l'un des deux groupes laisse entrevoir
l'existence d'une discrimination à l'encontre de ce dernier. Une
seconde décomposition, dite de Blinder-Oaxaca (Blinder [1974]
et Oaxaca [1973]), consiste à estimer séparément des équations
de salaire pour le groupe de référence et pour les autres groupes.
Ensuite ces dernières sont comparées à l'équation du groupe de
référence. Appliquée à l'étude de la discrimination salariale à
l'encontre des femmes en France, l'estimation d'équations de
gains sur des salariés âgés de 30 à 45 ans montre qu'à capital
humain identique, les femmes obtiennent des salaires plus faibles
que les hommes (enquête jeunes et carrières de l'INSEE [1997]).
En considérant l'ensemble des salariés, à expérience professionn
elle réelle et à nombre d'années d'études identiques, les hommes
ont un salaire mensuel moyen supérieur de 27% à celui des
femmes. Selon Meurs et Ponthieux [2000], une partie de cet
écart s'explique par des caractéristiques propres à chacun des
deux groupes : des durées hebdomadaires de travail différentes,
car les femmes travaillent plus souvent à temps partiel que les
hommes, un taux de chômage plus élevé pour les femmes, asso
cié à une probabilité de sortie du chômage plus faible, des
périodes d'inactivité plus longues et plus fréquentes pour les
femmes. Une fois ces caractéristiques prises en compte, en uti
lisant notamment une procédure de correction du biais de sélec
tion de Heckman [1976, 1979], il subsiste un écart de salaire inex
pliqué de 4.2%. Ce dernier est interprété comme une
discrimination salariale.
Par construction, l'estimation de la discrimination à part
ir des équations de gains se heurte à l'existence d'une part inob
servée de la productivité des travailleurs. Des travaux récents
ont cherché à contourner cette difficulté. Par exemple, Heller-
stein, Neumark et Troske [1999] comparent l'écart de rémunér
ation des hommes et des femmes, relativement à leur écart de
productivité évaluée à partir d'une estimation de la fonction de
production. Crépon, Deniau et Perez-Duarte [2001] utilisent cette
méthodologie sur données françaises et concluent qu'il n'existe
pas de discrimi

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