A propos du Livre Blanc 2008 sur la Défense
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A propos du Livre Blanc 2008 sur la DéfenseQuestionChine.netPolitiqueintérieure A propos du LivreBlanc 2008 sur laDéfenseE. Fonrath dimanche 8 mars 2009QuestionChine.net Page 1/4A propos du Livre Blanc 2008 sur la Défense Le 20 janvier 2009, jour de l'investiture du nouveau Président des Etats-Unis (les amateurs decoincidences apprécieront), la Chine a publié son 6e Livre Blanc sur la Défense - le premier ayantété publié en 1998 (China's National Defense in 2008 est disponible en anglais). Sensé poursuivre un effort d'explication du processus de modernisation de l'Armée Populaire deLibération afin d'apaiser les soupçons de la communauté internationale vis-à-vis de la puissancechinoise, ce document reprend bien sûr sur les invariants du discours officiel dans ce domaine :politique de défense purement défensive, dépenses modestes comparées aux pays occidentaux,efforts financiers justifiés par la nécessaire amélioration des conditions de vie et de travail desmilitaires. Mais ce Livre Blanc se veut un document plus complet, plus large par les thèmes abordéset plus riche d'analyses et de comparaisons que les éditions précédentes (1998, 2000, 2002, 2004 et2006). Après une analyse succincte de la situation sécuritaire globale et régionale, dans laquellel'anti-américanisme, passé sous silence en 2006, semble de retour, ce Livre Blanc aborde pour la1ère fois les armées et services dans des chapitres distincts et indique avec une précision ...

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Langue Français

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A propos du Livre Blanc 2008 sur la Défense
QuestionChine.net
Politique
intérieure
A propos du Livre
Blanc 2008 sur la
Défense
E. Fonrath
dimanche 8 mars 2009
QuestionChine.net
Page 1/4
A propos du Livre Blanc 2008 sur la Défense
Le 20 janvier 2009, jour de l'investiture du nouveau Président des Etats-Unis (les amateurs de
coincidences apprécieront), la Chine a publié son 6e Livre Blanc sur la Défense - le premier ayant
été publié en 1998 (China's National Defense in 2008 est
disponible en anglais
).
Sensé poursuivre un effort d'explication du processus de modernisation de l'Armée Populaire de
Libération afin d'apaiser les soupçons de la communauté internationale vis-à-vis de la puissance
chinoise, ce document reprend bien sûr sur les invariants du discours officiel dans ce domaine :
politique de défense purement défensive, dépenses modestes comparées aux pays occidentaux,
efforts financiers justifiés par la nécessaire amélioration des conditions de vie et de travail des
militaires. Mais ce Livre Blanc se veut un document plus complet, plus large par les thèmes abordés
et plus riche d'analyses et de comparaisons que les éditions précédentes (1998, 2000, 2002, 2004 et
2006).
Après une analyse succincte de la situation sécuritaire globale et régionale, dans laquelle
l'anti-américanisme, passé sous silence en 2006, semble de retour, ce Livre Blanc aborde pour la
1ère fois les armées et services dans des chapitres distincts et indique avec une précision variable
l'historique de chaque composante, les progrès réalisés durant les 30 ans de réformes d'ouverture et
les axes d'effort actuels. Ainsi on apprend que l'Armée de Terre a développé ses capacités en
matière de précision des feux, du génie et de sa capacité aéromobile. Mais on comprend aussi que
ce sont encore des axes à développer en priorité surtout dans leur aspect « emploi en temps de
paix » en vue de la constitution d'une force de réaction en cas de catastrophe naturelle notamment.
La Marine pour sa part doit développer ses systèmes de combat ainsi que son soutien logistique et
la formation, conditions essentielles d'une extension des distances de déploiement des bâtiments de
guerre chinois.
Pour l'armée de l'air, c'est la priorité accordée à l'édification d'une force de projection stratégique qui
retient l'attention.
Un souci commun aux armées dans leur ensemble est accordé aux ressources humaines
(recrutement, fidélisation) ainsi qu'à la formation et l'entraînement.
Après avoir, en 2004 et 2006, souligné l'engagement des forces de l'APL dans les opérations de
maintien de la paix, les rédacteurs du Livre Blanc 2008 insistent particulièrement sur les actions des
armées en temps de paix. Cette préoccupation montre combien les autorités chinoises ont compris
que cette expertise est indispensable à une force armée moderne. Cette nouvelle priorité, qui
consiste à mettre au service de la protection civile des moyens militaires de haute technologie là où
par le passé l'armée chinoise déployait essentiellement des « bras », porte sans aucun doute aussi
la marque des enseignements des récentes interventions qui ont démontré les limites des capacités
de l'APL, en particulier celles de 2008 (intempéries dans le sud en janvier et tremblement de terre au
Sichuan en mai). Enfin, la ligne du gouvernement chinois actuel en matière de politique intérieure
(développement d'une société harmonieuse et effort sur le bien être et le bien vivre des populations)
rendra dans l'avenir cette mission « défense territoriale et protection civile » de plus en plus
prégnante pour l'APL.
Le Livre Blanc 2008 se veut « plus complet et plus large » car, pour la première fois, la Chine aborde
dans un document public ses exportations et importations d'armement sous la forme d'un tableau
très simple où sont regroupés les 9 importateurs d'armement chinois et la Chine, unique fournisseur
aujourd'hui.
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Enfin, s'agissant du budget qui soulève chaque année des interrogations, le Livre Blanc profite du
30e anniversaire des réformes de Deng Xiaoping pour livrer un tableau synoptique des dépenses de
défense de la RPC depuis 1978. On y découvre sans surprise que l'augmentation du budget de la
défense récemment annoncée pour 2009 (+14.9 %) est la 19e augmentation à deux chiffres
consécutives. Mais le tableau est surtout sensé montrer la modestie des efforts de défense au
regard du PIB. En période de crise et tandis que la modernisation de la défense a toujours été
subordonnée au développement économique, ce tableau peut aussi être un message à usage
interne pour les décideurs chinois afin de leur démontrer que la crédibilité de l'APL et, partant, de la
Chine nécéssite un effort conséquent qu'il convient de ne pas relacher.
S'il est indéniable que la Chine s'adapte lentement à une certaine obligation de transparence
vis-à-vis de la communauté internationale, ce Livre Blanc reste un document de relations publiques
de portée très générale dont l'analyse ne peut satisfaire les experts.
Tout d'abord cela reste un document superficiel. Comment avoir une idée claire des perceptions
sécuritaire de la Chine quand ce chapitre, dénué de carte, reste très général et se limite à quatre
pages et demie !
Par ailleurs, le Livre Blanc ne comporte aucun organigramme alors que précisément les chaînes de
commandement et les mécanismes de prises de décision sont au coeur des interrogations
internationales sur le système de défense chinois.
S'agissant des différentes armées et services, la partie historique, plutôt superflue pour les trois
armées est au contraire éludée pour la Police Armée Populaire alors que la façon dont cette
structure s'est développée depuis les années 80 et progressivement integrée aux armées en passant
pour partie sous la coupe de la Commission Militaire Centrale est précisément mal connue. Le
chapitre relatif à la Deuxième Artillerie est quant à lui purement simpliste et n'apporte rien aux
éléments déjà connus.
Une analyse relative aux capacités montre aussi combien le Livre Blanc 2008 est incomplet.
Le Livre Blanc énonce des expertises à développer et des capacités à acquérir (projection,
aéromobilité, logistique, commandement et contrôle entre autres) mais à aucun moment il ne
mentionne les grands projets d'équipement nécessaires aux forces pour concrétiser ces priorités
(des réseaux de communication aux appareils de transport stratégique ou bien sûr au porte-avions).
Le tableau sur les importations/exportations d'équipements militaire montre la volonté chinoise de
développer son industrie de défense et de devenir à terme un acteur qui compte dans le domaine
des équipements militaires. A ce propos la réforme de la structure responsable de ce domaine (la
commission des industries de défense nationale - COSTIND - est succinctement abordée dans le
livre Blanc). Mais ce tableau reste bien superficiel et on peut légitimement penser que les échanges
de Pékin dans ce domaine ne se limitent à ces quelque dix pays.
Enfin le détail sur 30 ans du budget ne peut faire taire les soupçons car aucun détail n'est précisé. Il
s'agit d'une pure récapitulation des chiffres officiels donnés année après année. La Chine ne pourra
se targuer d'une certaine transparence dans ce domaine que le jour où, notamment elle détaillera
son budget entre « fonctionnement » et « investissements », et où les parts dédiées aux grands
projets et à la R&D seront visibles.
Incertitudes sur le processus de modernisation de l'APL
Si des grandes échéances sont mentionnées (2020 par exemple), la modernisation n'est évoquée
que dans ses principes, eux-mêmes très vagues, tandis que rien n'est dit sur les ambitions
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A propos du Livre Blanc 2008 sur la Défense
stratégiques de la RPC. Ainsi, pas plus que les Livres Blancs précédents, l'édition 2008 ne décrit ce
que les Chinois appellent une « guerre locale », ni même les fameuses « caractéristiques
chinoises » sensées singulariser la modernisation de l'Armée Populaire de Libération. De même si
l'armée de l'air se voit assignée la mission de développer une force de projection, rien n'est dit sur
les volumes de force à projeter et les distances à prendre en compte.
Au-delà d'une volonté de rester ambigu vis-à-vis du monde extérieur, on peut quand même
légitimement se demander si les Chinois eux-mêmes ne sont pas un peu perdus dans une
modernisation où l'on ne fait plus vraiment la part de la guerre populaire adaptée aux circonstances
modernes, à la mécanisation et à l'informatisation « high-tech ». Dans ce domaine, le Livre Blanc
2008 n'est pas vraiment la récapitulation des cinq éditions précédentes mais un nouvel éclairage.
Par conséquent, il ne paraît pas impossible que les Chinois en soient encore à un stade
d'expérimentation de diverses stratégies, formats et concepts et qu'ils n'aient pas encore eux-mêmes
de nette vision concrète de ce que sera leur outil de défense une fois « modernisé » ? Illustrant cette
confusion, un porte-parole du ministère de la Défense estime que le but n'est plus de « remporter
des guerres locales dans des conditions de haute technologie » mais de « remporter les guerres
informatisées au niveau local » !
Les choix difficiles, alors que les crédits restent limités, et les
possibles luttes d'influence au sein des armées et du Parti pourraient expliquer en partie les
hésitations et le manque de cohérence du processus de modernisation de l'APL.
De telles incertitudes, mêmes avérées n'enlèveraient cependant rien à la probable réalité des
capacités chinoises dans certains domaines qui constituent les principales préoccupations
américaines et qui sont bien sûr éludés dans ce Livre Blanc : les capacités spatiales et la place
qu'occupe la guerre cybernétique dans la stratégie chinoise.
Au bilan, cette 6e édition du Livre Blanc sur la Défense chinoise montre que la Chine poursuit
péniblement son effort de communication sur sa défense. Mais la route reste longue avant de
satisfaire les interrogations les plus basiques de la communauté internationale.
A la décharge de la Chine, on peut souligner que cette ouverture ne peut être que progressive car la
nature même du système chinois, pour qui la communication est une contrainte récente, s'ajoute à
une réelle réticence, elle plus « politique ». De fait, le secret et le cloisonnement sont inhérents à une
défense chinoise encore peu familière de l'interarmées. Par exemple, un « terrien » ne sait que peu
de choses des programmes de la Marine. Il n'est donc a fortiori pas naturel pour les Chinois de s'en
ouvrir aux étrangers.
La question de l'incertitude au sein de l'APL sur la modernisation est en soi plus inquiétante car elle
est à même de saper la confiance des militaires chinois dans leur crédibilité et pourrait amener l'APL
à radicaliser ses positions. N'est-ce pas déjà ce que l'on peut ressentir sur des sujets de
souveraineté sensibles comme le Tibet ou Taiwan alors même que la tendance politique se veut
apaisante, du moins pour les relations entre les deux rives.
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