Genre-sabine Kakunga-comment prendre en compte le  genre
2 pages
Français

Genre-sabine Kakunga-comment prendre en compte le genre

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
2 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Comment prendre en compte le « genre » dans la reconstruction de la RDC. Par Sabine Kakunga, Membre de la Commission Femmes et Développement. Plus que de s’assurer que les Congolaises et Congolais maîtrisent bien la signification du concept genre comme étant « une construction sociale », il est important qu’ils se rendent compte des discriminations et stéréotypes qu’ils ont intégrés et véhiculés au cours des socialisations successives depuis des générations. Depuis longtemps en RDC sont propagés des discours sur les femmes. Celles-ci sont en général glorifiées comme mères et épouses, dans leurs rôles traditionnels dont les plus explicites sont : l’éducation, la protection de la famille par une conduite « conventionnelle » respectant la normalité, le conseil du mari, le pilier de la famille pour sa survie. Les hommes politiques n’oublient pas les femmes dans leurs discours ; en 1985, année de la conférence de NAIROBI, en clôture de la décennie des femmes, on a fait des déclarations fracassantes « toucher aux femmes (qui sont toutes des mamans), c’est toucher directement au chef de l’Etat ». Mais, on constate que souvent, dans les faits, les autorités d’Etat prennent des positions contradictoires et ambigües. Les discours sont moins souvent suivis d’effets. Des décrets et des dispositions légales sont pris en ce qui concerne l’égalité des droits et devoirs entre hommes et femmes, le mariage, l’accès à la profession et à l’éducation, mais ...

Informations

Publié par
Nombre de lectures 92
Langue Français

Extrait

Comment prendre en compte le« genre » dans la reconstruction de la RDC. Par Sabine Kakunga, Membre de la Commission Femmes et Développement. Plus quede s’assurer que les Congolaises et Congolais maîtrisent bien la signification du concept genre comme étant« uneconstruction sociale», il est important qu’ils se rendent compte des discriminations et stéréotypes qu’ils ont intégrés et véhiculés au cours des socialisations successives depuis des générations. Depuis longtemps en RDC sont propagés des discours sur les femmes. Celles-cisont en général glorifiées comme mères et épouses, dans leurs rôles traditionnels dont les plus explicites sont: l’éducation, la protection de la famille par une conduite « conventionnelle » respectant la normalité, le conseil du mari, le pilier de la famille pour sa survie. Les hommes politiques n’oublient pas les femmes dans leurs discours ;en 1985, année de la conférence de NAIROBI, en clôture de la décenniedes femmes, on a fait des déclarations fracassantes « toucher aux femmes (qui sont toutes des mamans), c’est toucher directement au chef de l’Etat». Mais, on constate que souvent, dans les faits, les autorités d’Etat prennent des positions contradictoires et ambigües. Les discours sont moins souvent suivis d’effets. Des décrets et des dispositions légales sont pris en ce qui concerne l’égalité des droits et devoirs entre hommes et femmes, le mariage, l’accès à la profession et à l’éducation, mais parfois, ces articles de lois sont des textes « fourre-tout » ou adoptéspour être conforme aux attentes des bailleurs de fond. Les discours pleins d’intentions, non suivis des faits concrets augmentent le risque de considérer l’égalité degenre commeun sloganparmi tant d’autres. Prendre en compte le «genre »dans la reconstruction de la RDC ne signifie certainement pas mettre uniquement l’accent sur certains thèmes comme l’éducation des filles et des femmes, la santé reproductive, la violence…Il s’agit plutôt de considérer le «genre »comme une priorité et une dimension transversale au niveau de tous les aspects indispensables pour la reconstruction : 1. Au niveau de la consolidation du cadre démocratique : le nouvel ordre politique issu des urnes n’a pas favorisé l’équilibre femme-homme à l’Assemblée nationale, au Sénat et Assemblées provinciales. Les Congolaises et Congolais doivent comprendre que c’est dans leur intérêt de corriger le caractère défaillant du discours sur les femmes aux élections prochaines. Il est important de consolider la parité en montrant la réalité : la capacité des femmes de faire de propositions réalistes à travers des projets de société répondant aux attentes réelles des populations. 2. Au niveau de l’administration publique, il est nécessaire de mieux gérer les ressources humaines, de promouvoir la déontologie, de simplifier des procédures et les rendre plus efficaces pour des personnes ayant les compétences d’y travailler, car; la lourdeur des démarches à effectuer, la corruption et la politisation exagérée ne donnent pas les mêmes chances aux femmes qu’aux hommes. 3. Au niveau économique : il ne peut pas y avoir de stabilisation institutionnelle ni deconsolidation de la paix sans la relance économique et la réduction de la pauvreté. Il est important de comprendre que la pauvreté est liée aux problèmes d’accès, de distribution et de contrôle des ressources nationales. La prise en compte du genre dans l’élaboration des budgets nationaux est indispensable. Les Congolais doivent regarder la réalité: la gestion macro-économique des ressources publiques, et des programmes d’aides extérieures va mal. Alors que la gestion au quotidien contrôlée par les femmes et qui permet aux familles de survivre tient le coup. Alors, il est important que les femmes fassent bénéficier de leurs grandes capacités de gestion àl’économie régionale et nationale. 4. Au niveau des institutions locales: il est important qu’il y ait des espaces de dialogue et de concertation où les femmes participent à la prise des décisions. Si la population à la base s’habitue à voir les femmes et les hommes travailler ensemble pour améliorer les structures administratives, pour gérer les ressources économiques, pour réfléchir sur le processus démocratique à la base,alors, il y aura moins de réticence pour que les femmes soientau niveau provincial et de l’Etat central. Leurs capacités en tant qu’élues et cadres locales ne seront pas perpétuellement remises en cause.
5. Au niveau de la sécurité et de la justice : les efforts entrepris pour réorganiser l’armée et la police sont louables, mais il est important de faire des actions parallèles pour former, motiver les femmes et les filles dont la survie dépend des militaires démobilisés. Elles doivent avoir accès aux activités génératrices de revenus pour avoir un autre statut dans la société. La formation des agents de l’administration pénitentiaire doit concerner les femmes et les hommes, car on ne peut pas vouloir rapprocher les cours et les tribunaux des justiciables, renforcer la lutte contre l’impunité sans faire participer les femmes qui subissent en grande partie les violences et injustices de toutes sortes au quotidien. 6. Prendre en compte le genre signifie qu’il faut une mobilisation des hommes et des femmes, une volonté politique pour que le Congo se dote d’un plan stratégique. Celui-ci doit permettre de mettre en place des conseils des femmes au niveau régional et national, favoriser la création des organes d’avis pour une meilleure prise en compte du genre dans les budgets nationaux, définir et créer une coordination des partenaires au développement, attirer leur attention sur la nécessité de reconsidérer leurs objectifs en lien avec les intérêts des femmes et des hommes. 7. Il est important de comprendre et d’analyser la nature de la relation entre la loi et le droit coutumier pour se rendre compte de l’effectivité des droits des hommes, des femmes et des enfants. Le fait d’ignorer ou d’occulter les inégalités des sexes augmente le risque de renforcer le statut séparé accordée aux questions des femmes. La difficulté provient principalement de l’incompatibilité des relations entre les droits coutumiers et le droit étatique.La loi ou la coutume traduisent en grande partie des projets de société différents. La loivise les individus pris isolement et leur octroie des droits. La coutume insiste sur l’individu membre d’un groupe envers qui il a des obligations et en retour le groupe est sensé protéger l’individu et le secourir en cas des problèmes. La coutume rapproche des autres formes de régulations sociales : la morale, la religion. Le changement coutumier n’est pas délibéré etn’est pas voté. Il est important de partir de cette réalité. Vouloir imposer la loi sans aller jusqu’au bout de son application renforce la radicalisation des droits traditionnels, que la majorité des gens connaissent mieux, puisqu’ils ont étéd’abord socialisés dans la coutume. Celle-ci assure parfois meilleurs protections aux femmes. Il serait intéressant d’analyser les textes des discours des femmes et hommespolitiques, et de les mettre en relation avec les textes légaux. Egalement, d’analyser les textes légaux (la constitution par exemple) et les mettre en relation avec le code de la famille, il y acertainement des contradictions entre les différents textes. Les hésitations sont nombreuses en ce qui concerne le Code de la famille et les déclarations des politiques. Des blocages existent car il n’y a pas un véritable débat sur l’importance de considérer les femmes comme actrices indépendantes et autonomes. Les mots (indépendantes, autonomes et,égalité, genre, parité…) font peur, à certains hommes et à certaines femmes, les uns et les autres craignant de perdre une part de leur «identité sociale» construite auparavant sur base d’unmodèle culturel largement en transformation.
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents