Les avantages et les limites de la théorie des grappes de Porter dans  l’étude du tissu industriel
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Les bases régionales de l’entrepreneuriat Russe :réseaux contractuels et réseaux informels dans la région de PermNatalia AGAPITOVA, Pascal CHAUCHEFOINNatalia AGAPITOVA, doctorante. Pascal CHAUCHEFOINThèse en cotutelle entre Maître de Conférences en Sciences Economiquesl’Université de Poitiers et Université de Poitiersl’Université Technique de Perm. Tel. 05 49 45 31 90Tel. 06 99 91 73 89 Fax. 05 49 45 41 58Fax. 05 49 45 33 19 e-mail : pascal.chauchefoin@mshs.univ-poitiers.fre-mail : agapitova_natalia@yahoo.comLes codes JEL : P2 ; R3 ; P3 Les mots clés : Entrepreneuriat, économie régionale, réseaux, institutions, Russie.Abstract: In Russia, the development of new organizational set-up, following the evolution of the post-sovietproductive structure and the emergence of the new forms of entrepreneurship, rely on the spatial context. Thestudy of the impact of geographical proximity upon the establishment of the new market configurations andproductive relations requires an appropriate analytical framework. The social dimension of the market,emphasized by spatial theories, provides an analytical tool for the study of the variety of the sources of regionaldevelopment and the important role that local economic history plays. Nevertheless, the application of theexisting theories in the Russian context is problematic, due to the peculiarities of post-communist regionaldevelopment.Résumé: L’évolution des structures productives post-soviétiques et l’émergence des ...

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Les bases régionales de lentrepreneuriat Russe : réseaux contractuels et réseaux informels dans la région de Perm Natalia AGAPITOVA, Pascal CHAUCHEFOIN
Natalia AGAPITOVA, doctorante. Thèse en cotutelle entre lUniversité de Poitiers et lUniversité Technique de Perm. Tel. 06 99 91 73 89 Fax. 05 49 45 33 19 e-mail : agapitova_natalia@yahoo.com
Pascal CHAUCHEFOIN Maître de Conférences en Sciences Economiques Université de Poitiers Tel. 05 49 45 31 90 Fax. 05 49 45 41 58 e-mail : pascal.chauchefoin@mshs.univ-poitiers.fr
Les codes JEL : P2 ; R3 ; P3 Les mots clés : Entrepreneuriat, économie régionale, réseaux, institutions, Russie. Abstract : In Russia, the development of new organizational set-up, following the evolution of the post-soviet productive structure and the emergence of the new forms of entrepreneurship, rely on the spatial context. The study of the impact of geographical proximity upon the establishment of the new market configurations and productive relations requires an appropriate analytical framework. The social dimension of the market, emphasized by spatial theories, provides an analytical tool for the study of the variety of the sources of regional development and the important role that local economic history plays. Nevertheless, the application of the existing theories in the Russian context is problematic, due to the peculiarities of post-communist regional development. Résumé: Lévolution des structures productives post-soviétiques et lémergence des nouvelles formes dentrepreneuriat ont débouché sur le développement de configurations organisationnelles, où la dimension territoriale est fortement présente. Afin détudier le rôle que peut jouer la proximité géographique dans létablissement des relations marchandes et productives, on se trouve face à la nécessité détablire un cadre théorique approprié à lanalyse des réseaux régionaux en Russie. La dimension sociale mise en avant par les approches territorialisées permet de mettre en lumière la variété des sources du développement régional ainsi que limportance du rôle de lhistoire économique locale dans les trajectoires de développement, même si la transposition de ses grilles danalyse pose des problèmes dans le contexte de la transition russe.
Les bases régionales de lentrepreneuriat Russe : réseaux contractuels et réseaux informels dans la région de Perm.
I NTRODUCTION
Natalia AGAPITOVA, Pascal CHAUCHEFOIN
Lactivité entrepreneuriale constitue la pierre angulaire de léconomie de marché. Dans son état actuel, lenvironnement institutionnel russe est très peu favorable au développement de nouvelles activités : le système de taxation nest ni stable, ni transparent, le système de droits de propriété - physique et intellectuelle  est embryonnaire, le crédit et laide financière sont inaccessibles. En absence dun cadre institutionnel développé qui pourrait servir de soutien à lentrepreneuriat naissant en Russie, les acteurs économiques structurent leur environnement en mobilisant des réseaux relationnels dont la constitution est souvent influencée par des liens sociaux hérités de la période socialiste.
Dans ces nouvelles configurations organisationnelles, la dimension territoriale est fortement présente. Elle apparaît par exemple à travers lémergence de réseaux productifs localisés fondés sur des savoir-faire et des capacités technologiques locales, à travers limplication croissante des autorités régionales dans lactivité économique ou bien encore par le truchement danciens réseaux politiques locaux mobilisés désormais dans le processus daffaires. Létude de tels réseaux territorialisés relève des méthodes et des concepts de léconomie régionale dont lun des apports le plus intéressant est justement davoir réhabilité la dimension sociale dans lanalyse économique standard en montrant combien la performance économique des territoires peut être, dans certaines circonstances, influencée par la qualité et la densité des liens sociaux qui sy développent. Il nous paraît opportun de confronter ces apports théoriques à certaines caractéristiques régionales de la transition en Russie. Dans cette perspective, nous nous interrogeons sur la nature et la structure des réseaux impliqués dans le processus de reconversion industrielle de la région de Perm.
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I.  T HERAPIE DE CHOC ET FORMES ORGANISATIONNELLES : L EMERGENCE DE NOUVEAUX RESEAUX PRODUCTIFS
Comme cela a été souligné à maintes reprises dans la littérature sur la transition russe, la thérapie de choc a eu pour effet de dissoudre les institutions formelles qui définissaient des repères pour laction, sans déclencher, pour autant, une généralisation des comportements caractéristiques de léconomie de marché. Dans un tel contexte marqué par une crise socio-économique profonde, par labsence des moyens strictement bureaucratiques et autoritaires de régulation et par lambiguïté et la complexité cognitive, les responsables dentreprises doivent inventer des méthodes de coordination et de mise en compatibilité des comportements individuels (M OTAMED -N EJAD [1999], R IZOPOULOS  [1999]). Plutôt que de considérer les positions individuelles des entrepreneurs dans le système général, ces considérations conduisent à mettre laccent sur des réseaux dacteurs (articulant des unités fonctionnelles et opérationnelles) car les  stratégies organisationnelles déployées par les acteurs économiques de ne se résument pas à un cycle individuel de type : expérience-adaptation-habitus-nouvelle expérience Les pratiques individuelles se déploient dans des ensembles collectifs marqués par une certaine inertie due aux institutions qui les encadrent ou aux bases matérielles qui les soutiennent (N EE [1988]). La figure du réseau permet de restituer « des systèmes dagents », cest-à-dire des contacts, des liens, des connexions et des appartenances de groupe qui relient un agent à un autre.
Cest la spécificité de cette logique de « construction sociale du marché » dans le cadre des économies post-socialistes quil nous faudra illustrer dans le cas de la région de Perm.
Le problème qui se pose alors est de définir à quel point ces reconfigurations sont influencées par la proximité géographique. Cela nous ramène au débat récurrent en économie spatiale sur le rôle que peut jouer la proximité géographique dans létablissement des relations marchandes et productives.
Dans la littérature concernant les systèmes productifs localisés, le territoire apparaît comme lespace de densification des rencontres et comme le lieu privilégié de leur répétition. Sans être le seul vecteur explicatif de la structuration et de la dynamique des territoires, la répétition des relations de proximité permet lacquisition, dans la durée, de règles communes et stables de comportements qui peuvent former un cadre référentiel collectif. Par exemple, dans le régime soviétique, la division technique du travail sest doublée dune division
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spatiale du travail qui à conduit à la formation de spécialisations régionales et sest matérialisée par lagglomération de certains savoir-faire technologiques. Dans un contexte de faible mobilité de la main duvre qualifiée, cela contribue à lancrage territorial des compétences et à la constitution, depuis quelques années, de nouveaux réseaux productifs centrés sur ces technologies. De plus, lexistence, sur certains territoires, déchanges entre des acteurs insérés dans des champs différents (recherche, formation et industrie) a construit, au fil du temps, un milieu à partir duquel se redéploient actuellement les nouvelles formes organisationnelles. Beaucoup dauteurs insistent sur le rôle que jouent la confiance et la réciprocité dans de telles relations mais les éléments constitutifs de cette «convention locale » peuvent tout autant se trouver dominés par les exigences des processus daffaires (participations croisées, fournisseur ou donneur dordres uniques, sous-traitants utilisant des actifs spécifiques). Dans tous les cas, les compétences technologiques détenues localement influencent la constitution des réseaux.
Ces résultats constituent un apport essentiel de la science régionale, mais ils ne doivent pas occulter les phénomènes dinterdépendance entre zones qui eux aussi contribuent à imprimer leur dynamique aux territoires. Les développements récents de léconomie industrielle ont permis de montrer la formidable complexité des liens entre firmes et territoires : si des capacités endogènes dorganisation et de développement peuvent constituer un critère caractéristique dune économie locale avec leurs propres effets sur ses performances, elles ne sauraient, à elles seules, synthétiser les ressorts de la dynamique locale en raison des multiples relations extraterritoriales dans lesquelles sinscrivent les acteurs du local (R ALLET , T ORRE [1995]).
Lensemble de ces évolutions provoque une augmentation de la variété dans lorganisation des marchés, des firmes et des autres domaines de la vie économique qui rendent impossible une définition générique des caractéristiques de lentrepreneuriat russe.
II.  L A REGION DANS LA THEORIE ECONOMIQUE : L APPORT ET LES LIMITES DES THEORIES EXISTANTES DANS L ETUDE DE L ENTREPRENEURIAT RUSSE
La redécouverte des districts industriels de Marshall, a mené à lémergence du courant théorique qui sest par la suite développé dans le concept de systèmes productifs territorialisés. Lattention des chercheurs a été attirée par dynamiques des industries localisées
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dans les régions particulières et les formes spatialisées dorganisation et de coopération industrielle. Depuis, la dimension territoriale a été introduite dans la littérature économique sous la forme de pôles de croissance de F. Perroux, milieu innovateur de GREMI, grappes de M. Porter ou les systèmes dinnovation 1 . Tous ces concepts privilégient le méso-niveau de létude et partagent lidée commune que les firmes peuvent générer les avantages compétitifs vis-à-vis des entreprises des autres régions, districts ou réseaux grâce à leur appartenance à une certaine entité géographique, où de nombreuses conditions se rejoignent pour créer les avantages qui ne sont pas disponibles dans un autre contexte. La multitude de firmes forment un système local spécifique de la région qui la rend différente du reste du pays (M ALECKI , O INAS  [1999]). Lobjet principal est alors détudier notamment le processus de changement technologique et particulièrement lévolution des industries et des régions de haute technologie, composées dun grand nombre de PME.
La critique principale des approches spatialisées met en doute les liens de causalité entre les sources davantages compétitives et le succès de différents systèmes, qui ne sont pas clairement identifiés par les théories actuelles. Labsence de structure théorique uniforme et lutilisation excessive des études de cas posent également problème quant à laire de validité de ce type détude. La plupart des approches spatialisées ont tendance à situer le territoire a priori au centre des dynamiques productives. Par conséquent, le territoire se trouve assimilé aux organisations productives qui la composent sans vraiment constituer un objet détude théorique (C OLLETIS -W AHL , P ECQUEUR [2001]).
1. L ES POLES DE CROISSANCE DE P ERROUX
A la base de concept de croissance polarisé développé par F. Perroux, on trouve lidée selon laquelle la vie économique résulte non pas daction dagents isolés en situation de concurrence, mais de laction spécifique des unités économiques (les entreprises) qui, par leur position et leur dimension peuvent jouer un rôle dominant.
Un pôle de croissance est caractérisé par une (ou plusieurs) unité(s) dominante(s) et motrice(s). Les effets de croissance ne se propagent pas également au profit de tous les secteurs mais surtout dans les secteurs lies à ceux qui donnent la propulsion initiale. En
                                                          1 Plusieurs approches sont réunies à la base de ce concept : les districts technologiques de M. Storper, le système productif local de B.-Å. Lundvall ou encore les systèmes de compétences de C. Lawson et N. Foss. 5
conséquence, le pôle de croissance est caractérisé par une industrie clé, un régime non concurrentiel 2 et par l'agglomération territoriale.
Ainsi, la théorie des pôles de croissance se présente à la fois comme théorie de la croissance sectoriellement déséquilibrée et comme théorie de croissance régionale déséquilibrée : - La croissance se diffuse par des canaux spécifiques 3 de manière très inégale selon les secteurs : les impulsions issues des unités motrices se propagent auprès dun grand nombre dunités dépendantes, en réaction elles amplifient leffet des impulsions initiales.  Les effets moteurs se concentrent inégalement dans lespace: le centre, doté de tous -les atouts, exerce un pouvoir de domination sur la périphérie, très souvent présenté en négatif par rapport au centre. Les entreprises dépendantes sont de petite dimension et évitent une localisation isolée (elles recherchent des économies externes dagglomération, un meilleur accès au divers marchés et services).
Si on raisonne en terme du développement durable, le pôle est un mécanisme inducteur de croissance ; en tant que théorie spatiale, le pôle explique la concentration spatiale de la croissance. Cest ici quapparaît lun des problèmes déterminants que posent les pôles : ils se présentent, dans une certaine mesure, à la fois comme des ensembles dindustries liées et hiérarchisées et les lieux de concentration de ces activités (A YDALOT [1985]).
La théorie des pôles de croissance a trouvé un grand succès en URSS, donnant suite à de nombreuses études régionales 4 . Son utilisation pour lanalyse des économies socialistes planifiées a été contestée par les chercheurs occidentaux, notamment Aydalot, qui considère que les structures centralisées sont incompatibles avec la mécanique de la polarisation. Il ne peut y avoir de polarisation quau sein dune économie décentralisée, car elle repose sur des
                                                          2 Le régime oligopolistique ou monopolistique est souvent caractéristique pour les pôles, du fait de lexistence des grandes entreprises qui dominent leur environnement. 3 Perroux propose trois voies de diffusion des effets moteurs issus dune unité motrice : par les prix, par les flux et par les anticipations. A. Hirchmann dans un cadre théorique voisin a précisé les règles de transmission des effets moteurs : les effets amont, les effets avals et les effets boomerang, capables dagir dans les deux sens. Le mode de propagation varie en fonction des effets exercés par lindustrie motrice: si leffet aval est le plus important, ce sont des industries damont ( dite de base, matières premières, lacier, chimie) qui joueront le rôle important dans la croissance ; dans le cas contraire des industries daval (industries de bien de consommation) seront déterminantes. 4 Notamment sur la région de Perm : S APIRO E.S., P ITKIN A.N., La conception de développement polarisé de la région de Perm , Perm, 1993.
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investissements additionnels créés par des micro-unités soucieuses de profiter des occasions de profit suscitées par les macro-unités.
Étant inadaptée à létude des structures productives socialistes, le concept de pôles de croissance, qui repose sur lattraction exercée par une grande unité sur un grand nombre de petites entreprises, ne lest pas non plus pour les industries russe en transition. Le développement des PME, tant espéré, na pas abouti et « la puissance technique, financière et industrielle des grandes entreprises qui les affranchit de leur environnement » (P ERROUX , [1955]) est très contestable en Russie.
Le peu dentreprises qui ont réussi leur reconversion et ont atteint un certain niveau de prospérité ne sinscrivent pas dans le cadre danalyse de développement pôlarisé, car elles nont pas de prolongement régional en terme de réseau de partenaires productifs ou des sous-traitants. Néanmoins, cette catégorie dentreprises est très importante pour comprendre les dynamiques régionales : bien quelles ne soient pas très nombreuses (leur taux ne dépasse pas 15% de la totalité des grandes entreprises, Goskomstat), leur volume de production, capacité dexportations, la contribution dans le budget régional et le pouvoir politique de leurs dirigeants sont très significatifs au niveau régional (Tableau 1). Par ailleurs, le comportement de ses entreprises, leurs méthodes de reconversion et les stratégies de développement influencent lenvironnement régional et fournissent une des clés dentrées pour analyser le tissu régional et pronostiquer son évolution.
Tableau 1. Les grandes entreprises régionales sans prolongement en terme du réseau productif Le nom Société par action Société par action Combinat « Avisima » dentreprise* « Morion » « Kamkabel » Privé (71% des actions sont Privé (71% des actions sont Propriétaire détenus par les résidents Privé détenus par une banque régionaux) autrichienne) Nombre 2100 4200 6200 demployés Production Systèmes de Les câbles (isolés, armés) Titane principale télécommunication (89% de la production nationale) Limportance pour La coopération étroite avec Le lobbying, la participation Un des plus grands la région les universités et la plus de la direction aux élections exportateurs de la région, à grande compagnie de locales et régionales la base dune cité ouvrière télécommunications de lOural, basée à Perm * Les noms des entreprises sont traduits directement en français.
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2. L ES MILIEUX INNOVATEURS
Le concept de milieu innovateur, introduit en France dans les années 80 par le GREMI (Groupement des Recherches Européen sur des Milieux Innovateurs), situe lanalyse du développement économique, basé sur le processus dinnovation, au niveau régional. Le milieu innovateur, selon la définition de GREMI, est un amalgame dacteurs et de leurs représentations, des relations qui les unissent, et de culture industrielle. Deux types deffets opèrent simultanément dans cet environnement : les effets de proximité (les contacts personnels, la baisse de coût de circulation de linformation, etc.) et les effets de socialisation (apprentissage collectif, coopération, les risques partagés). Il ne sagit pas détudier la région dans un isolement du contexte global, mais de le considérer en tant quun incubateur dinnovation, qui réuni les connaissances communes, les relations de confiances et la standardisation, construites historiquement au sein dun territoire donné. Les performances ( capabilities ) du réseau qui résultent de linteraction et des compétences des firmes régionales ont un impact rétroactif. Ce sont des processus collectifs plutôt que coopératifs, qui favorisent laccès à linformation et aux connaissances à travers du réseau régional inter firmes et social (M ALECKI , O INAS [1999], OCDE [1996] 5 ).
La méthodologie détude du milieu La méthodologie des études de milieu a été élaborée à partir de nombreuses études de cas qui concernaient principalement les régions de tradition industrielle caractérisées par des nombreuses PME et un savoir-faire spécifique. Trois sous-ensembles enterreliés de leur milieu ont été identifiés :  Lappareil territorial de production (nature des entreprises et de leur insertion régionale, cohérence de lensemble des activités etc.),  Les chaînes de mobilité du marché du travail, Lappareil scientifique régional (système de formation, instituts de  recherche). Les liens qui existent entre ces éléments constituent des réseaux qui véhiculent, diffusent et renouvellent les compétences du milieu et des impulsions nécessaires à linnovation D. M AILLAT , p.12, [1993]
Dans le cadre analytique des milieux innovateurs, lattention porte surtout sur les PME, qui ont une plus grande aptitude dinteraction et sont déterminantes pour les dynamiques de
                                                          5  OCDE, [1996], Networks of Enterprises and Local Development: Competing and Co-operating in Local Productive Systems , Organization for Economic Co-operation and Development, Paris. 8
territoire. En absence de réseaux de PME développés, létude régionale en Russie doit porter surtout sur les structures productives composées des grandes entreprises.
Linefficacité des entreprises soviétiques (basse productivité, la qualité médiocre des biens de consommation finale, les technologies obsolètes dans la plupart des secteurs) et labandon de soutien financier de lÉtat, suivies par louverture du marché et la libéralisation des prix ont rendu la reconversion extrêmement difficile, surtout dans un cadre politique, économique et institutionnel instable. Les entreprises de taille très importante sappuient souvent sur les structures régionales, formelles et informelles, pour rechercher des nouveaux partenaires financiers, reconstruire leurs réseaux productifs et distribuer une partie de leur production.
Le concept de milieu innovateur présente un avantage considérable de réunir lanalyse des structures productives, des réseaux sociaux et de linnovation technologique. Un des problèmes principaux dapplication de ce concept à la réalité russe et le même quavec les pôles de croissance de Perroux : les PME sont peu développées et leurs capacités innovantes sont extrêmement limitées en Russie. La notion des milieux innovateurs, développée à partir des études de cas des régions européennes, permet danalyser lévolution technologique dans un cadre institutionnel stable, réseau contractuels et conventionnels 6  développés et les structures productives dominées par les PME. Or, si le problème de changement technologique est dune grande actualité en Russie, les structures institutionnelles sont toujours très incertaines, les réseaux régionaux sont de nature différente 7 , et lindustrie est dominée par les grandes usines, souvent monopolistiques, hérités de système de Plan.
3. L ES GRAPPES DE P ORTER
La théorie des grappes, qui se situe au croisement de léconomie régionale, de léconomie industrielle et de lanalyse néo-institutionnaliste, apparaît comme lune des plus promettant pour lanalyse des structures industrielles dans les pays en transition. Les antécédents                                                           6 Les réseaux conventionnels sont des réseaux informels, relevant de pratiques déchange et de coopération hors marché, basées sur la confiance et la réciprocité et alimentées par un sentiment dappartenance à une même communauté professionnelle (P LANQUE [1991]). 7 Deux types de réseaux régionaux sont présents en Russie : les réseaux délite, hérités du passé communiste, qui réunissent les hommes au pouvoir et des chefs dentreprises régionales ; lautre type de réseau et de nature relationnelle. Ce dernier est différent du réseau conventionnel, car il nest pas basé sur les relations de confiance, mais plutôt dexploitations des relations personnelles, qui sont surtout déterminées par le milieu familial (OCDE, [1998]).
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intellectuels de la théorie des grappes remontent aux ouvrages dAlfred Marshall et sinscrivent dans la lignée des travaux consacrés aux pôles de croissance, à la géographie économique, à léconomie urbaine et régionale, aux systèmes dinnovation nationaux, aux districts industriels et aux réseaux sociaux.
Une grappe  est définie comme un groupe géographiquement proche dentreprises liées entre elles et dinstitutions associées dans des domaines particuliers, qui saffrontent mais coopèrent aussi. Une grappe peut être associée au réseau dans lequel la proximité des firmes et des institutions leur confère certains aspects communs et des complémentarités, tout en augmentant la fréquence et leffet des interactions multiples, imbriquées et fluides entre individus, entreprises et institutions. Les acteurs qui font partie de grappe bénéficient de ses avantages : accès plus facile aux informations, aux institutions et aux biens publics, le développement des complémentarités entre les activités des participants, la stimulation de la productivité et de la concurrence, la mesure plus facile des performances des entreprises (OCDE, [1997] ; P ORTER , [1999]).
La méthodologie détude des grappes. 1.  Le point de départ est une grande entreprise ou une concentration de firmes des secteurs connexes qui saccompagne de lobservation vers lamont et vers laval de chaîne verticale des entreprises qui sy rattachent. 2.  La recherche horizontale ainsi que des industries utilisent des canaux communs ou qui proposent des produits ou services complémentaires, ainsi que les industries utilisant dintrants ou des technologies spécialisées similaires ou dautres liens côté offre. 3.  Les institutions qui fournissent à une grappe des compétences, des technologies, des informations, des capitaux ou des infrastructures, ainsi que tout organisme collectif couvrant ses participants. M. P ORTER , p. 208, [1999]
Les grappes régionales russes sont, pour la plupart, difficilement identifiables et cela pour de nombreuses raisons. La période soviétique a été marquée par la spécialisation étroite des entreprises industrielles dans un domaine bien défini, la division de travail intra-régionale, la production de masse, labsence de concurrence et de réseaux indépendants de distribution. Léconomie soviétique a été dominée par les grandes entreprises souvent monopolistiques, avec un taux important de la production militaire, et dépendantes du financement de lÉtat.
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Lanalyse en grappe est impossible pour les industries soviétiques verticalement intégrées. La concentration industrielle militaire et la multiplication des bureaux détudes dans les régions de la Russie navaient pas toujours de prolongement régional en terme de réseau (excepté pour les livraisons énergétiques et linfrastructure de base). Lapproche purement fonctionnelle du territoire diminuait considérablement les incitations pour transférer les compétences et les savoir-faire sur une base régionale et horizontale. Les choix de localisation nétaient pas dictés de prime abord par les liens organiques avec la région daccueil et les avantages de localisation potentiels, mais par la décision du centre. Le seul lien que les unités nouaient véritablement était vertical avec leur ministère de branche à Moscou. Létanchéité entre les projets  sensibles ou non, militaires ou civils  interdisait toute fertilisation croisée dans la production des technologies. La concentration des productions militaires et des activités industrielles ne dérivait évidemment pas de choix de localisation guidés par le marché (B RUNAT [1997]).
Tout le cycle productif a été concentré dans une seule entreprise (surtout dans le complexe militaro-industriel  CMI). La division nationale de travail ne concernait que les domaines de haute technologie, dans le reste les entreprises fonctionnaient sur le principe dautosuffisance. Les entreprises possédaient de nombreux ateliers de sous-traitance (comme la production de plastiques et demballages) qui leur ont permis de développer, lors de la reconversion forcée de la fin des années 80, la production des produits finis (le cas de meubles de bureau dans la région de Perm).
La deuxième vague de transition a semé davantage de confusion dans la classification dentreprises russes. La diminution progressive des commandes dÉtat et leur disparition définitive en 1993 ont mis les entreprises devant la nécessité croissante de trouver dautres débouchés à leurs marchandises. La production traditionnelle des usines sest vite révélée non compétitive, et les usines ont commencé à se diversifier dune manière plus cohérente quauparavant. Il est néanmoins assez difficile dans la situation actuelle de définir lappartenance dune entreprise au secteur précis. Par exemple (Tableau 2), lusine de construction mécanique de Dzerjhinski ( FGUP machinostroitel niy zavod imeni F.E. Dzerjhinskogo ) est classé comme entreprise du CMI, mais les produits militaire ne sont quà 20% de volume totale de sa production. « Les usines de Motovilikha » ( OAO « Motovilikhinskiye zavodi » ) est encore une entreprise de défense, mais avec la production beaucoup plus variées : outre toute sorte dartillerie, cette entreprise produit une large gamme des constructions métalliques, léquipement pétrolier et léquipement de construction routier,
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