Des coûts aux investissements de transaction. Pour un  renversement de la théorie de  Williamson - article ; n°3 ; vol.8, pg 149-203
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Description

Revue française d'économie - Année 1993 - Volume 8 - Numéro 3 - Pages 149-203
Si l'économie des coûts de transaction est une théorie séduisante car mettant l'approche néo-classique de la firme au goût du jour à l'appui d'acquis théoriques plus récents et bien admis tels que la rationalité limitée, elle a l'inconvénient d'entrer en contradiction avec les pratiques actuelles d'organisations confrontées aux exigences économiques de réactivité. En effet, des observations montrent une pluralité de partenaires aux identités plus ou moins distinctes impliqués dans les processus de production et d'innovation, sans que la récurrence des relations n'amène à l'intégration. De même, l'analyse de ces processus témoigne du caractère collectif et construit des processus d'apprentissage et de décision, au contraire d'un processus hiérarchique et centralisateur d'adaptation. C'est pourquoi, nous proposons de substituer à la notion de coût celle d'investissement de transaction afin de légitimer les transactions organisationnelles comme clef de voûte de l'adaptation sous contraintes d'incertitude et d'urgence.
The « transaction costs economics » is an appealing theory because it keeps the neo-classical theory of the firm up to date, thanks to the more recent and well admitted «bounded rationality». But it has the drawback to be in contradiction with what occurs within industrial organizations confronted with the search for reactivity. Indeed, observations show up a plurality of partners closely involved in production and innovation activities within the firm, who keep their specific identities despite the intensity and the recurrence of the relationships that should, according to Williamson, lead to the integration. In the same way, these production and innovation activities under reactivity requirements attest some collective and constructed lear- ning and decison marking processes that are also in contradiction with a hierarchical and centralized adaptation process on which the transaction costs economics relies too. That is why, I propose to substitute the transaction investments for the transaction costs principle, so as to legitimate organizational transactions as a keystone of the adaptation of the firm confronted with uncertainty and emergency constaints.
55 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Christophe Everaere
Des coûts aux investissements de transaction. Pour un
renversement de la théorie de Williamson
In: Revue française d'économie. Volume 8 N°3, 1993. pp. 149-203.
Résumé
Si l'économie des coûts de transaction est une théorie séduisante car mettant l'approche néo-classique de la firme au goût du
jour à l'appui d'acquis théoriques plus récents et bien admis tels que la rationalité limitée, elle a l'inconvénient d'entrer en
contradiction avec les pratiques actuelles d'organisations confrontées aux exigences économiques de réactivité. En effet, des
observations montrent une pluralité de partenaires aux identités plus ou moins distinctes impliqués dans les processus de
production et d'innovation, sans que la récurrence des relations n'amène à l'intégration. De même, l'analyse de ces
témoigne du caractère collectif et construit des processus d'apprentissage et de décision, au contraire d'un processus
hiérarchique et centralisateur d'adaptation. C'est pourquoi, nous proposons de substituer à la notion de coût celle
d'investissement de transaction afin de légitimer les transactions organisationnelles comme clef de voûte de l'adaptation sous
contraintes d'incertitude et d'urgence.
Abstract
The « transaction costs economics » is an appealing theory because it keeps the neo-classical theory of the firm up to date,
thanks to the more recent and well admitted «bounded rationality». But it has the drawback to be in contradiction with what
occurs within industrial organizations confronted with the search for reactivity. Indeed, observations show up a plurality of
partners closely involved in production and innovation activities within the firm, who keep their specific identities despite the
intensity and the recurrence of the relationships that should, according to Williamson, lead to the integration. In the same way,
these production and innovation activities under reactivity requirements attest some collective and constructed lear- ning and
decison marking processes that are also in contradiction with a hierarchical and centralized adaptation process on which the
transaction costs economics relies too. That is why, I propose to substitute the transaction investments for the transaction costs
principle, so as to legitimate organizational transactions as a keystone of the adaptation of the firm confronted with uncertainty
and emergency constaints.
Citer ce document / Cite this document :
Everaere Christophe. Des coûts aux investissements de transaction. Pour un renversement de la théorie de Williamson. In:
Revue française d'économie. Volume 8 N°3, 1993. pp. 149-203.
doi : 10.3406/rfeco.1993.937
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1993_num_8_3_937Christophe
EVERAERE
Des coûts
aux investissements
de transaction. Pour
un renversement de la
théorie de Williamson
question réactivité (Cohendet, de répondre du sous fonctionnement Llerena à ces contraintes exigences. [1991]; es exigences d'incertitude organisationnel Fonctionnement Véran [1991]) économiques et susceptible posent d'urgence organisa- de la 150 Christophe Everaere
tionnel dans le sens : division du travail, gestion de
l'incertitude et de l'innovation, internalisation ou
externalisation de la complexité, résolution linéaire ou
simultanée des problèmes, collecte et traitement de
l'information, apprentissage, prise de décision indivi
duelle ou collective...
Nous voudrions montrer en nous appuyant sur
l'évolution des structures organisationnelles et sur des
analyses de processus d'innovation dans quelle mesure, la
théorie de l'économie des coûts de transaction ne permet
pas d'interpréter les mouvements organisationnels
actuels, et proposer de substituer à la notion de coût celle
d'investissement de transaction.
Autour de cette notion d'investissement de tran
saction, c'est, à la fois, la question de la pluralité des
acteurs et de leur légitimité dans le processus de décision
qui est posée, mais aussi celle de la légitimité économique
du temps passé à l'apprentissage et à l'émergence collec
tive de la décision liée au projet d'innovation.
L'idée que nous voudrions défendre est que les
processus de production et d'innovation sous contraintes
d'incertitude et d'urgence mobilisent une diversité d'ac
teurs aux identités plus ou moins distinctes, participant
activement au processus collectif d'apprentissage et de
décision. Ce ne sont pas la centralisation et la hiérarchi
sation (pour économiser, dans le sens de minimiser des
coûts de transaction) qui sont requis pour résorber
l'incertitude et l'urgence, mais bien au contraire la
mobilisation active aux niveaux les plus décentralisés de
l'ensemble des partenaires, partie prenante au processus
de production ou au projet d'innovation, qui peut
permettre de hâter ces processus. C'est une première
façon de contredire la théorie des coûts de transaction. Christophe Everaere 151
L'autre façon est de souligner qu'il est préférable
de «perdre» du temps à prendre une décision, à en
comprendre collectivement les implications et à favoriser
les transactions qui s'y opèrent, plutôt que de la hâter
dans la perspective d'un coût à réduire. En d'autres
termes, s'il y a bien une dépense temporelle initiale liée
au processus de prise de décision, il peut y avoir en retour
des «gains» à escompter dans le temps de réalisation
global du projet d'innovation, dans la mesure où l'émer
gence préalable soit des difficultés objectives, soit des
dissensions au stade de la prise de décision et des
transactions qui s'y opèrent, peut permettre d'éviter la
perte de temps voire le gâchis des ressources si ces
problèmes apparaissent au stade de l'exécution.
Un seul mot diverge : de coût, on passe à celui
d'investissement. Mais ce faisant, on inverse complète
ment la logique. Alors que dans le premier cas, il s'agit
d'économiser les coûts, dans le sens de les réduire; dans
le second cas, nous mettons en avant l'idée d'encourager,
de développer les investissements qui concourent à un
processus collectif d'apprentissage et de prise de décision.
Ceci afin d'enrichir à la fois le «capital cognitif» de
l'entreprise et son capital financier en raison des avan
tages concurrentiels à attendre d'une réduction des délais
et des coûts de conception et de développement des
nouveaux produits.
Nous présentons tout d'abord les fondements de
la théorie de l'économie des coûts de transaction, puis une
approche des investissements de transaction comme
moyen d'interpréter les mouvements actuels d'innova
tion organisationnelle qui tendent, au contraire de
Williamson, à légitimer les transactions organisation-
nelles. 152 Christophe Everaere
L'économie des coûts
de transaction
O. Williamson fait de l'économie des coûts de transaction
un pivot central pour interpréter de façon large les
organisations économiques. Pratiquant une analyse
contractuelle des organisations, l'auteur cherche à com
prendre l'origine de la diversité des organisations et à en
étudier l'efficacité relative. L'approche est micro-analyt
ique et comparative.
On a déjà insisté sur la diversité des emprunts
théoriques qui ont conduit Williamson à bâtir sa théorie
de l'économie des coûts de transaction (Joffre [1987]).
Williamson lui-même ne manque pas de rappeler sa dette
à l'égard de Commons, Coase, Llewellyn, Barnard
(Williamson [1989], p. 137). L'influence de H. Simon
apparaît également de façon claire dans la théorie de
l'économie des coûts de transaction puisque le principe de
«rationalité limitée» en constitue l'un des fondements.
De même, les travaux de A. Chandler sont souvent cités
pour valider sa théorie en montrant de quelle façon la
firme M ou firme divisionnalisée peut s'interpréter grâce
à l'économie des coûts de transaction.
S 'inspirant de K. Arrow qui définit le coût de
transaction comme le coût d'utilisation du marché,
O. Williamson assimile les coûts de transaction aux
d

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