Des machines (1821) - article ; n°3 ; vol.4, pg 129-141
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Description

Revue française d'économie - Année 1989 - Volume 4 - Numéro 3 - Pages 129-141
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 12
Langue Français

Extrait

David Ricardo
Des machines (1821)
In: Revue française d'économie. Volume 4 N°3, 1989. pp. 129-141.
Citer ce document / Cite this document :
Ricardo David. Des machines (1821). In: Revue française d'économie. Volume 4 N°3, 1989. pp. 129-141.
doi : 10.3406/rfeco.1989.1226
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1989_num_4_3_1226David
RICARDO
Des machines (1821)
ans ce chapitre je me pro
pose d'étudier l'influence que les machines exercent sur
les intérêts des différentes classes de la société, question
importante et qui ne me paraît pas avoir été suffisamment
approfondie jusqu'à ce jour. Je me sens même d'autant
plus entraîné à émettre mes opinions sur cette grave
matière que ces opinions ont subi, à la réflexion, des chan
gements considérables. Et quoique je ne sache pas avoir
publié sur la question des machines une seule ligne que
je doive rétracter, j'ai cependant pu soutenir indirect
ement des doctrines qu'aujourd'hui je crois fausses. C'est
donc un devoir pour moi de soumettre à l'examen du
public mes vues actuelles et les raisons qui les ont fait
naître dans mon esprit. David Ricardo 130
Dès le moment où je commençai à étudier les
questions d'économie politique, je crus que toute machine
qui avait pour effet d'introduire dans une branche quel
conque de la production une économie de main-d'œuvre,
produisait un bien général qu'altéraient seulement les
crises qui accompagnent le plus souvent le déplacement
des capitaux et du travail d'une industrie vers une autre.
Il me parut que tant que les propriétaires auraient les
mêmes rentes en argent, ils profiteraient de la diminution
de prix survenue dans les marchandises qu'ils achetaient
avec leurs rentes, diminution qui devait nécessairement
entraîner l'emploi des machines. Il en serait de même ,
me disais-je, pour le capitaliste. Sans doute, celui qui
découvre une machine ou qui en fait le premier l'appli
cation, doit, pendant quelques années, jouir d'avantages
spéciaux et légitimes et de profits énormes ; mais l'emploi
de sa machine se généralisant peu à peu le prix de la
marchandise produite descendrait, sous la pression de la
concurrence, au niveau des frais de production, et le capi
taliste verrait baisser ses profits. Seulement il profiterait,
à titre de consommateur, de l'avantage réparti à tous, et
pourrait, avec le même revenu en argent, se procurer une
somme plus considérable de jouissances et de bien- être.
Je croyais encore que l'usage des machines était
éminemment favorable aux classes ouvrières en ce qu'elles
acquéraient ainsi les moyens d'acheter une plus grande
masse de marchandises avec les mêmes salaires en argent :
et je pensais, de plus, que les salaires ne subiraient aucune
réduction par la raison que les capitalistes auraient besoin
de la même somme de travail qu'auparavant, quoique ce
travail dût être dirigé dans des voies nouvelles. Si, par
l'emploi de machines nouvelles, on parvenait à quadrup
ler la quantité de bas fabriqués et que la demande de
bas ne fît que doubler, il faudrait nécessairement licencier
un certain nombre d'ouvriers ; mais comme le capital qui David Ricardo 131
servait à les entretenir existait toujours et que l'intérêt des
capitalistes devait être d'employer productivement ce
capital, il me paraissait qu'il irait alimenter quelque autre
industrie utile à la société, car il ne pourrait manquer d'y
être sollicité. J'étais, en effet, et demeure profondément
convaincu de la vérité de ces paroles d'Adam Smith : « Le
désir des aliments se touve limité chez l'homme par
l'étroite dimension de son estomac ; mais le désir du bien-
être, du luxe, des jouissances, des équipages, de la toilette
semble n'avoir ni frontières ni limites certaines ». Dès
lors, comme je pensais que la demande de travail serait
la même et que les salaires ne baisseraient pas, je pensais
aussi que les classes inférieures participeraient, comme
toutes les autres classes, aux avantages résultant du bas
prix des marchandises, et par conséquent de l'emploi des
machines.
Telles étaient mes opinions : telles elles sont
encore relativement au propriétaire et au capitaliste ;
mais je suis convaincu que la substitution des forces méca
niques aux forces humaines pèse quelquefois très lour
dement, très péniblement sur les épaules des classes labo
rieuses.
Mon erreur provenait de ce que je faisais toujours
croître parallèlement le revenu net et le revenu brut d'une
société, et que tout prouve, au contraire, que les fonds
où les propriétaires et les capitalistes puisent leurs revenus
peuvent grandir tandis que celui qui sert à maintenir la
classe ouvrière diminue. D'où il suit que la cause même
qui accroît le revenu net d'un pays peut en même temps
activer l'accroissement de la population, et diminuer son
bien-être.
Supposons qu'un capitaliste spécule sur une
somme de 20 000 liv. st., et qu'il joigne au métier de
fermier celui d'un fabricant de denrées de première nécess
ité. Supposons encore que, sur ce capital, 7 000 liv. st. 132 David Ricardo
soient engagées dans des constructions, des instruments,
etc., et que le reste soit employé, sous forme de capital
circulant, à solder le travail. Supposons, enfin, que les
profits soient de 10 %, et que les 20 000 liv. st. rapportent
régulièrement et annuellement 2 000 liv. st.
Chaque année notre capitaliste commence ses
opérations en achetant la nourriture et les objets de
consommation qu'il vendra dans le cours de l'année à ses
ouvriers, jusqu'à concurrence de 13 000 liv. st. Pendant
tout ce temps il leur donne sous forme de salaires la même
somme de monnaie, et ceux-ci lui restituent au bout de
l'année pour 15 000 liv. st. de subsistances, d'objets de
première nécessité. Sur ces 15 000 liv. st., il en est 2 000
qu'il consomme lui-même ou dont il peut disposer comme
il lui plaît. Le produit brut de cette année aura donc été
de 15 000 liv. st. et le produit net de 2 000 liv. st. Sup
posons maintenant que l'année suivante le capitaliste
emploi la moitié de ses ouvriers à construire une machine,
et l'autre à produire, comme auparavant, des sub
sistances et des denrées de première nécessité. Pendant
cette année encore, il dépenserait 13 000 liv. st. en
salaires, et vendrait à ses ouvriers la même quantité de
nourriture et d'autres objets ; mais qu'arriverait-il l'année
suivante ?
Le travail détourné vers la fabrication de la
machine abaisserait de moitié la quantité et la valeur totale
des subsistances et des denrées de première nécessité pro
duites anciennement. La machine vaudrait 7 500 liv. st. :
les et autres objets 7 500 liv. st. de sorte que
la richesse du capitaliste serait absolument la même, car
outre ces deux valeurs, son capital fixe serait toujours de
7 000 liv. st. donnant en somme le fonds primitif de
20 000 liv. st. joint aux 2 000 liv. st. de bénéfice annuel.
Mais après avoir déduit pour ses dépenses per
sonnelles cette somme de 2 000 liv. st. , il ne lui restera David Ricardo 133
plus, pour continuer ses opérations, qu'un capital circu
lant de 5 500 liv. st. Sa faculté de payer et maintenir des
ouvriers se trouvera donc réduite de 13 000 liv. st. à 5 500
liv. st., et par conséquent tout le travail défrayé jadis par
la différence, 7 500 liv. st. se trouverait en excès.
La quantité restreinte de travail que pourra occu
per actuellement le capitaliste, devra, sans doute grâce
aux machines, et déduction faite des frais de réparation
et d'entretien, produire une valeur égale à 7 500 liv. st. et
reconstituer le capital circulant avec un bénéfice de 2 000
liv. st. sur le fonds primitif ; mais s'il en est ainsi et si le
revenu n'est pas diminué, il importera fort peu au capi
taliste que le revenu brut soit de 30 000, de 10 000 ou de
15 000 liv. st.
Quoique la valeur du produit net n'ait pas dimi
nué, et que sa puissance d'acheter d'autres marchandises
se soit au contraire notablement accrue, le produit brut
n'en aura pas moins été ramen

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