La privatisation dans les pays en développement : qu avons-nous appris ? - article ; n°2 ; vol.9, pg 147-185
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Description

Revue française d'économie - Année 1994 - Volume 9 - Numéro 2 - Pages 147-185
Les pays en développement sont engagés dans un processus de privatisation. Les fondements économiques de ces politiques se trouvent aussi bien au niveau microéconomique que macroéconomique. En étoffant leur secteur parapublic, de nombreux pays en développement espéraient une amélioration de leur efficacité économique et par suite, une accélération de leur rythme de croissance. Rétrospectivement, ces attentes ont été déçues. Les secteurs parapublics trop étendus ont été au contraire une source de déséquilibre interne et externe. La privatisation a pris corps sous différentes formes et a connu une intensité variable selon les zones de développement. En Asie le succès a été significatif sur toute la période 1988-1992. Le mouvement a été en revanche de taille modeste en Afrique subsaharienne. Cette différence dans l'allure des programmes s'explique par des facteurs économiques mais également par des facteurs politiques et institutionnels.
Developing countries are involved in a privatisation process. The economical basis of these policies are as much on a microeconomic than on a macroeconomic level. By enlarging the parapublic sector many developing economies were hoping for an improvement in economic efficiency and then more economic growth. Looking back, these hopes were dashed. The parapublic sectors became too large, hindered the expected growth and brought about internal and external imbalances. Over the 1988-1992 period, privatisation developed in different forms and varied according to developing areas. The process was successful in Asia and of moderate size in subsa- haran countries. This difference in pace of privatisation programmes could be explained by economical factors and also by institutional and political factors.
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Patrick Plane
La privatisation dans les pays en développement : qu'avons-
nous appris ?
In: Revue française d'économie. Volume 9 N°2, 1994. pp. 147-185.
Résumé
Les pays en développement sont engagés dans un processus de privatisation. Les fondements économiques de ces politiques
se trouvent aussi bien au niveau microéconomique que macroéconomique. En étoffant leur secteur parapublic, de nombreux
pays en espéraient une amélioration de leur efficacité économique et par suite, une accélération de leur rythme
de croissance. Rétrospectivement, ces attentes ont été déçues. Les secteurs parapublics trop étendus ont été au contraire une
source de déséquilibre interne et externe. La privatisation a pris corps sous différentes formes et a connu une intensité variable
selon les zones de développement. En Asie le succès a été significatif sur toute la période 1988-1992. Le mouvement a été en
revanche de taille modeste en Afrique subsaharienne. Cette différence dans l'allure des programmes s'explique par des facteurs
économiques mais également par des facteurs politiques et institutionnels.
Abstract
Developing countries are involved in a privatisation process. The economical basis of these policies are as much on a
microeconomic than on a macroeconomic level. By enlarging the parapublic sector many developing economies were hoping for
an improvement in economic efficiency and then more economic growth. Looking back, these hopes were dashed. The
parapublic sectors became too large, hindered the expected growth and brought about internal and external imbalances. Over
the 1988-1992 period, privatisation developed in different forms and varied according to developing areas. The process was
successful in Asia and of moderate size in subsa- haran countries. This difference in pace of privatisation programmes could be
explained by economical factors and also by institutional and political factors.
Citer ce document / Cite this document :
Plane Patrick. La privatisation dans les pays en développement : qu'avons-nous appris ?. In: Revue française d'économie.
Volume 9 N°2, 1994. pp. 147-185.
doi : 10.3406/rfeco.1994.955
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1994_num_9_2_955Patrick PLANE
La privatisation dans
les pays en
développement :
qu'avons-nous
appris ?
uelles que soient les lat
itudes et le niveau de développement, il ne se trouve plus 148 Patrick Plane
guère de foyers de résistance aux politiques de privatisa
tion. Les intentions du désengagement de l'Etat sont là,
laissant peu de place à la contestation de ceux qui vou
draient encore voir dans l'entreprise publique un cadre de
production en marge de l'impératif de rentabilité écono
mique. Les débats passionnés du début des années quatre-
vingt entre partisans et pourfendeurs du « thatchérisme »
comme de la « reaganomics » ont passé de mode. L'int
égration au marché mondial et son corollaire, la recherche
du profit, sont des valeurs devenues universelles. Au-delà
des programmes d'intentions politiques, cet article tente
de jeter un éclairage sur l'ampleur et la nature des priva
tisations dans les pays en développement. Le bilan analy
tique du processus est précédé d'une revue des arguments
théoriques concourant à sa légitimité économique.
La double justification des
privatisations
La politique des privatisations peut se justifier à deux
niveaux d'analyse. Au plan microéconomique, toute une
littérature exploite l'idée que l'entreprise privée a une
capacité intrinsèque à se montrer plus performante que
son homologue publique. La différence se manifesterait à
travers des phénomènes d 'inefficience technique qui
caractérisent un état de la production à l'intérieur de la
frontière Pareto optimale. Au plan macroéconomique, et
avec une acuité particulière pour les pays en développe
ment, la plupart des auteurs attendent des privatisations
qu'elles facilitent la restauration des grands équilibres.
Par rapport à la stratégie d'élargissement des secteurs Patrick Plane 149
parapublics qui a dominé pendant plusieurs décennies
l'économie politique du développement, c'est un vrai dis-
cours de rupture. Désormais en effet, il est suggéré que leT
pays ayant le plus adhéré à cette démarche auraient été
finalement confrontés à de plus graves déséquilibres éco
nomiques dont témoignerait l'ampleur du besoin d'ajust
ement structurel auquel ils doivent encore faire face.
Les éléments d'une légitimité microéconomique
L'école des droits de propriété a beaucoup argumenté
autour du thème central d'une supériorité de gestion de
l'entreprise privée. Les travaux d'Alchian [1965] et Dem-
setz [1967] relient ce résultat au caractère exclusif et
transférable des droits de la petite propriété, cadre de
référence de l'économie néoclassique. L'individu s'y
trouve contrôler l'intégralité de ses droits, aux altéra
tions près qui procèdent des réglementations étatiques et
des coûts de transaction afférents, soit à la cession des
droits, soit au besoin de les rendre opposables aux tiers.
En s'appropriant le résultat net, le propriétaire (residual
claimant) est donc naturellement porté à maximiser son
profit. L'entreprise de type managerial s'écarte en
revanche de ce paradigme de production. L'exclusivité
des droits de propriété est fortement atténuée par le com
portement des gestionnaires. Dans ce contexte, les inté
rêts de la technostructure ont toute chance de différer de
ceux des propriétaires. Soumis à de moindres contraintes
d'efficacité, les premiers cherchent à se libérer de l'object
if de maximisation du profit pour satisfaire leur utilité
propre. Des mécanismes de rappel existent cependant qui
constituent autant de garde-fous contre des déviations 150 Patrick Plane
trop accusées. Autrement dit, le pouvoir discrétionnaire
des gestionnaires n'est pas sans bornes.
Les actionnaires peuvent d'abord montrer leur
hostilité envers une équipe dirigeante qui s'éloignerait
par trop de leurs intérêts économiques. Le mécontente
ment prendra, par exemple, la forme d'une vente de titres
ayant pour effet d'abaisser la valeur de capitalisation
boursière de la société et par là-même, de ternir la répu
tation de ceux qui en détiennent les leviers de commande.
Avant que les actionnaires en arrivent à cette extrémité,
les gestionnaires devront par ailleurs constater la baisse
de leurs émoluments qui sont pour partie fonction des
résultats obtenus en vertu du mécanisme des incitations.
Enfin, l'esprit d'émulation interne conduira certains
cadres supérieurs à dénoncer les déviations éventuelles de
la direction générale. Au total, les dérives sont limitées.
Leur maîtrise oblige cependant à des coûts de contrôle et
de surveillance qui entrent dans le champ de l'analyse des
coûts transactionnels. Elle exige des coûts d'agence rela
tifs à la relation entre le mandant (actionnaire) et le mand
ataire (gestionnaire) ; une relation dominée par l'oppor
tunisme des agents dans un monde où l'information ne
circule qu'imparfaitement en revêtant un caractère oné
reux. L'entreprise publique échappe assez largement à ces
mécanismes de rappel pour plusieurs raisons : la notion de
propriété est diluée et impersonnelle, les titres sont inces
sibles, les rémunérations souvent accrochées aux grilles
de la fonction publique, donc forfaitaires.
L'environnement externe et interne des organisat
ions compte sans doute au moins autant que le mode de
distribution des droits de propriété. C'est bien là l'essent
iel du message que véhicule la théorie de l'efficience-X.
Selon H. Leibenstein ([1978], [1989]) en raison de l'oppor- Patrick Plane 151
tunisme des individus qui n'est pas indépendant du degré
de pression interne qui s'exerce sur eux, les entreprises ne
sont pas spontanément sur leur courbe de coût minimal.
Les agents sont généralement en situation de pouvoir
contrôler l'intensité

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