Le nationalisme dans les relations économiques internationales - article ; n°1 ; vol.7, pg 3-33
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Revue française d'économie - Année 1992 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 3-33
Le nationalisme économique connaît aujourd'hui une nouvelle poussée qui se traduit par un durcissement des politiques commerciales. Après avoir examiné les fondements doctrinaux du nationalisme économique, nous distinguerons le nationalisme hégémonique du nationalisme autarcique. Nous montrons que l'ordre économique «libéral» d'après guerre, imprégné de mercantilisme, ne relève que d'un libéralisme instrumental. Nous examinons enfin les voies qui permettraient d'éviter les pièges des nouvelles formes de nationalisme.
The economic nationalism has, today, new favourable opinions in industrial countries which permit more protectionist trade policies. We examine the doctrinal foundations of economic nationalism in relation with the liberal point of view. We distinguish autar- kical nationalism and hegemonical nationalism. We show that the postwar international liberal economic order was impregnated by mercantilist perceptions and that liberalism was mainly instrumental. Lastly, we explore ways of avoiding the traps of nationalism.
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Marc Siroën
Le nationalisme dans les relations économiques internationales
In: Revue française d'économie. Volume 7 N°1, 1992. pp. 3-33.
Résumé
Le nationalisme économique connaît aujourd'hui une nouvelle poussée qui se traduit par un durcissement des politiques
commerciales. Après avoir examiné les fondements doctrinaux du nationalisme économique, nous distinguerons le nationalisme
hégémonique du nationalisme autarcique. Nous montrons que l'ordre économique «libéral» d'après guerre, imprégné de
mercantilisme, ne relève que d'un libéralisme instrumental. Nous examinons enfin les voies qui permettraient d'éviter les pièges
des nouvelles formes de nationalisme.
Abstract
The economic nationalism has, today, new favourable opinions in industrial countries which permit more protectionist trade
policies. We examine the doctrinal foundations of economic nationalism in relation with the liberal point of view. We distinguish
autar- kical nationalism and hegemonical nationalism. We show that the postwar international "liberal" economic order was
impregnated by mercantilist perceptions and that liberalism was mainly instrumental. Lastly, we explore ways of avoiding the
traps of nationalism.
Citer ce document / Cite this document :
Siroën Jean-Marc. Le nationalisme dans les relations économiques internationales. In: Revue française d'économie. Volume 7
N°1, 1992. pp. 3-33.
doi : 10.3406/rfeco.1992.1300
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1992_num_7_1_1300Jean-Marc
SIROËN
Le nationalisme dans
les relations
économiques
internationales
vingt aurait-il occulté une e libéralisme évolution des profonde années et quatre- para
doxale : la montée du nationalisme dans les relations éco
nomiques internationales ?
Périodiquement, le discours s'enflamme et prend 4 Jean-Marc Siroën
pour cible un pays bouc émissaire qui ne respecterait pas
des règles du jeu économique dont la nature et l'origine
ne sont d'ailleurs pas toujours précisées.
Dans le domaine des relations économiques in
ternationales, cette fièvre nationaliste s'est traduite par la
multiplication des entorses au libre-échange. Des conflits
commerciaux sont intervenus dans des secteurs jusque là
épargnés : agriculture, aéronautique, matériel militaire,
bien culturels.
Les risques d'une telle évolution sont bien perçus.
La catastrophe des années trente assure toujours sa fonc
tion de repoussoir. La menace néanmoins, persiste.
Pour l'endiguer, il convient de comprendre les
fondements doctrinaux du nationalisme économique.
Après les avoir rappelés nous les opposerons à ceux du
libéralisme. Nous distinguerons le nationalisme «autar
cique» du nationalisme « hégémonique». Nous montrerons
que, contrairement à une idée reçue, l'ordre économique
d'après-guerre n'était libéral qu'au niveau instrumental. Le
G.A.T.T. reste ainsi imprégné de nationalisme économique.
L'élément nouveau se situe donc moins aujourd'hui dans
la résurgence de l'approche nationaliste des relations éco
nomiques internationales, que dans la remise en cause de
ses instruments. Enfin, nous examinerons les moyens d'évi
ter les pièges du nationalisme économique.
Les fondements doctrinaux du
nationalisme économique
Parfois, rien n'est plus favorable à la diffusion d'une doct
rine, que l'ignorance de son contenu, voire de son exis
tence. Ce qui fait la force de cette approche, c'est son
apparent bon sens. Tous les commentateurs ne sont pas Jean-Marc Siroën 5
aussi cohérents que le très libéral Rueff qui déniait toute
pertinence à la balance des paiements, concept forgé par
les mercantilistes et fondé sur une définition monétaire de
la nation. Il n'est, en effet, pas rare d'entendre une même
personne défendre à la fois la théorie ricardienne de
l'échange et le caractère hautement souhaitable des excé
dents commerciaux (alors même que la théorie des avan
tages comparés se situe dans une perspective de rééquil
ibre automatique des balances de paiements) ! L'intérêt
porté aux soldes de la balance commerciale n'était-il pas
déjà dénoncé par... Adam Smith?
Nationalisme économique et libéralisme
Les politilogues, notamment R. Gilpin 1, considèrent que
l'économie politique des relations internationales se scinde
en trois corps doctrinaux : le libéralisme, le marxisme et le
nationalisme. Regrettons l'absence des doctrines d'inspi
ration religieuse et constatons l'extinction du marxisme,
variante, dans sa version lénino-stalinienne, du nationa
lisme. Il reste à comparer le nationalisme et le libéralisme.
Si le second est proéminent dans l'enseignement écono
mique, le premier imprègne sans doute plus largement
l'opinion publique et les responsables politiques.
La pensée nationaliste en économie
Les mercantilistes, l'école historique allemande, les diffé
rents courants protectionnistes (Hamilton, List, Carey,...
Jeanneney) , les Tiers-Mondistes du « développement auto-
centré» ou les avocats de la politique industrielle, ont in
carné, à des époques et sous des formes différentes, la
permanence de la doctrine nationaliste.
Historiquement, le nationalisme économique,
sous d'autres appellations, est antérieur au nationalisme
politique que l'on date, généralement, de la Révolution 6 Jean-Marc Siroën
française. Il s'exprime, sous sa forme moderne, dans les
premiers écrits mercantilistes du xvie siècle. Ces différents
courants ont un certain nombre de préoccupations
communes qui fondent le corps de la doctrine : nécessité
d'un Etat fort et respecté n'hésitant pas à intervenir fina
ncièrement et administrativement sur les structures écono
miques, exaltation de l'industrie — instrument de puis
sance — et de l'agriculture — garant de la sécurité
alimentaire — . Ces deux secteurs n'ont toutefois pas la
même position hiérarchique. Depuis Colbert, c'est le dé
veloppement de l'industrie qui est censé entraîner l'agr
iculture et non l'inverse (ce que, d'ailleurs, les faits dément
ent). Les services sont considérés comme improductifs
ou, dans une version plus moderne et plus modérée, en
traînés, eux aussi, par l'industrie 2.
Plus fondamentalement, les nationalistes estiment
qu'avant de satisfaire les individus et les consommateurs,
l'économie doit contribuer à construire, consolider ou ren
forcer la nation. Ils portent donc une attention toute par
ticulière à la primauté de l'Etat, à la sécurité nationale, à la
puissance militaire. Si le nationalisme, dans son expression
économique, n'a pas pour objectif de maximiser le bien-
être immédiat des individus-citoyens, à long terme la puis
sance doit permettre de consolider une prospérité mieux
abritée des convoitises de l'étranger. Comme le soulignait
Viner 3, la puissance et la richesse sont, dans la doctrine
nationaliste, indissociables. Ils constituent les deux object
ifs ultimes des politiques nationales. Le terme glacial de
«guerre économique», monstre du Loch-Ness du discours
économiste résume en lui-même la conception nationaliste
de l'économie 4.
La pensée libérale
La nationaliste a été effacée, sous sa forme acadé
mique, par la victoire conceptuelle de la pensée libérale. La Jean-Marc Siroën 7
Richesse des Nations d'A. Smith est avant tout un réquisitoire
contre la pensée nationaliste, qualifiée, par lui, de « «système
mercantile». La métaphore de «la main invisible» est ainsi
un plaidoyer en faveur de l'harmonie générale via la
recherche, par chaque individu — et non par une institution
collective de type Etat-Nation — de son intérêt personnel.
Chez les nationalistes, l'échange est combat; chez les libé
raux, il est harmonie.
Les libéraux ne nient pas la réalité politique de la
nation ni même la légitimité de l'idéal national. Mais ils
contestent le caractère opérationel de ce concept en éco
nomie. La théorie des ajustements automatiques des ba
lances de paiements, redécouverte par Hume au m

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