Les évolutions des relations financières et des relations d emploi dans le modèle japonais - article ; n°1 ; vol.14, pg 229-269
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Revue française d'économie - Année 1999 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 229-269
Le modèle japonais repose sur un monitoring bancaire des firmes, condition d'un mode de coordination interne non hiérarchique. Mais cet agencement est fonction d'un état donné de la réglementation financière, domaine dans lequel de nombreuses évolutions sont intervenues durant la dernière décennie. Notre thèse est que ces évolutions ont déstabilisé la compatibilité microéconomique entre relations financières et relations d'emploi, ce qui contribue à expliquer les dysfonctionnements du modèle productif japonais.
In the Japanese model, bank monitoring is a condition of success of non hierarchical coordination within firms. But this organization depends on a given state of financial regulation, domain in which evolutions occurred during the 80's. Our thesis is that during these evolutions, microeconomic links between financial mechanisms and employment principles have been eroded. This erosion contributes to explain dysfunctions in the Japanese model.
41 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Patrice Geoffron
Marianne Rubinstein
Les évolutions des relations financières et des relations d'emploi
dans le modèle japonais
In: Revue française d'économie. Volume 14 N°1, 1999. pp. 229-269.
Résumé
Le modèle japonais repose sur un monitoring bancaire des firmes, condition d'un mode de coordination interne non hiérarchique.
Mais cet agencement est fonction d'un état donné de la réglementation financière, domaine dans lequel de nombreuses
évolutions sont intervenues durant la dernière décennie. Notre thèse est que ces évolutions ont déstabilisé la compatibilité
microéconomique entre relations financières et relations d'emploi, ce qui contribue à expliquer les dysfonctionnements du modèle
productif japonais.
Abstract
In the Japanese model, bank monitoring is a condition of success of non hierarchical coordination within firms. But this
organization depends on a given state of financial regulation, domain in which evolutions occurred during the 80's. Our thesis is
that during these evolutions, microeconomic links between financial mechanisms and employment principles have been eroded.
This erosion contributes to explain dysfunctions in the Japanese model.
Citer ce document / Cite this document :
Geoffron Patrice, Rubinstein Marianne. Les évolutions des relations financières et des relations d'emploi dans le modèle
japonais. In: Revue française d'économie. Volume 14 N°1, 1999. pp. 229-269.
doi : 10.3406/rfeco.1999.1077
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1999_num_14_1_1077Patrice
GEOFFRON
Marianne
RUBINSTEIN
Les évolutions
des relations financières
et des d'emploi
dans le modèle japonais
décennie des économique années la quatre-vingt soixante crise de l'après-guerre. la plus et soixante-dix avaient longue Japon contribué Les et traverse la et phases plus d'accession à depuis aiguë de ériger haute de le l'organisation à son début la croissance maturité histoire de la 230 Patrice Geoffron, Marianne Rubinstein
économique japonaise en modèle. En revanche, la décennie
quatre-vingt-dix aura été marquée par une série de dérèglements
auxquels les autorités japonaises n'ont toujours pas apporté de
réponse. Paradoxalement, cette économie qui avait rebondi si
vigoureusement à l'issue des deux chocs pétroliers est confront
ée à une situation dans laquelle ses mécanismes traditionnels de
coordination publique sont inopérants.
L'origine de cette crise est financière avec, comme manif
estation première, la résorption d'une bulle sur les marchés
d'actions à partir de 1990 puis, progressivement, la révélation
de stocks considérables de créances douteuses ou irrécouvrables
dans les bilans bancaires. Mais les conséquences de la crise ne
sont pas circonscrites à la sphère financière et transparaissent dans
les indicateurs macro-économiques. La croissance moyenne du
PIB au cours des années quatre-vingt-dix a été proche de 1 %
contre plus de 3 % durant la décennie antérieure. Qui plus est,
la période actuelle correspond à une entrée indubitable dans la
récession (-0,7 % pour l'année fiscale 1997, croissances négat
ives ou nulles pour les années 1998 et 19991) et à une montée
sensible du chômage. Certes, le taux de chômage n'atteint que
5 % mais il s'agit d'un record depuis le début des années cin
quante et ce taux est traditionnellement sous-évalué, pour des
raisons sociologiques, par rapport aux taux occidentaux2. Au
plan conjoncturel, le lien est patent entre la crise financière et
le prolongement de la récession : le comportement d'attentisme
des consommateurs nippons est largement dicté par les incer
titudes concernant le processus d'assainissement financier ; par
ailleurs, les contraintes de financement des entreprises (PME en
particulier) se sont considérablement accrues depuis 1997 en ra
ison de politiques de crédit plus restrictives conduites par les
banques.
Mais pour comprendre la portée structurelle de la crise
financière sur le modèle japonais, il nous faut observer les rela
tions de financement à un niveau d'analyse micro-économique.
Cette dimension « micro-financière » a déjà fait l'objet de tr
avaux nombreux sur les firmes japonaises et la spécificité de leurs
caractéristiques financières comparées aux firmes anglo-saxonnes. Patrice Geoffron, Marianne Rubinstein 23 1
C'est le cas chez Aoki [1988], mais aussi dans les analyses anté
rieures de Caves et Uesaka [1976] et de Nakatani [1984]. Les
recherches situées dans cette perspective insistent sur la singul
arité des relations nippones banque-industrie, en termes de
prêt et de capital. Le modèle /d'Aoki, en particulier, établit un
lien direct entre l'organisation productive de la firme et la sur
veillance exercée par les banques via l'une d'elles, la banque
principale, qui bénéficie à cette fin d'une délégation.
Cette schématisation de la firme est fidèle à l'histoire japo
naise de l'après-guerre. En effet, l'organisation du financement
de l'industrie qui a prévalu jusqu'au milieu des années quatre-
vingt reposait largement sur un système d'intermédiation, al
imenté par une épargne abondante. Les banques nouaient des rela
tions de long terme avec les entreprises industrielles, en particulier
dans le cadre des « keiretsu ». Cet agencement, dédié au déve
loppement industriel, explique de façon prépondérante la capac
ité des firmes japonaises à investir et à engager des processus
de production intensifs en capital (Hoshi et alii [1991]) ou
encore leur faculté d'engagement sur les marchés étrangers
(Weinstein et Yafeh [1994]).
Ces liens banque-industrie ont été fortement modifiés
à mesure que la libéralisation, amorcée vers la fin des années
soixante-dix, autorisait des pratiques nouvelles sur les marchés
financiers et accroissait la concurrence entre les intermédiaires
financiers. Dès lors, la transformation durant la décennie quatre-
vingt-dix de la crise financière en une récession durable, accom
pagnée d'une remise en question des relations d'emploi, conduit
à s'interroger sur le rôle des glissements intervenus dans les fon
dements financiers du modèle nippon. Pour ce faire, l'angle
d'analyse sera micro-économique en ce sens qu'il s'agira de
mettre en évidence l'altération de la logique « micro-financière »
du modèle japonais et ses effets sur l'organisation interne des
firmes. Nous partirons tout d'abord de la schématisation pro
posée par Aoki dans son modèle/ qui présente l'intérêt de sou
ligner la forte interdépendance des relations d'emploi et des
conditions de financement. Nous essaierons ensuite de montrer
qu'une dérive est observable par rapport aux faits stylisés du 232 Patrice Geoffron, Marianne Rubinstein
modèle/, à tel point que Г« harmonie » entre contrats finan
ciers et contrats d'emploi semble remise en cause. Nous condue-
rons en indiquant que cette mutation peut être assimilée à un
processus d'« hybridation financière » du modèle productif japo
nais.
La firme J comme combinaison
originale de contrats financiers
et de contrats d'emploi
Le modèle japonais présente des relations d'emploi et des rela
tions financières fortement idiosyncratiques. Ces relations ont au
moins deux caractéristiques communes : d'une part, elles s'ins
crivent dans le long terme ; d'autre part, elles ont fait la preuve — et
c'est particulièrement le cas pour les relations d'emploi — d'une
remarquable longévité depuis leur édification progressive après
la Seconde guerre mondiale (Geoffron et Rubinstein [1996]).
L'analyse détaillée des schémas d'incitation à l'œuvre dans ces deux
relations permet de mettre en évidence, outre leurs similitudes,
l'existence de nombreuses complémentarités qui contribuent à
la cohérence du modèle : plus précisément, comme le montrent
notamment les travaux d'Aoki sur la firme/, les relations finan
cières complètent le schéma d'incitation à l'œuvre dans les rela
tions d'emploi. En retour, ces dernières permettent la création
de valeur dans l'

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