Les règles monétaires génératrices de crédibilité. Eléments de critique des thèses des « nouveaux classiques » - article ; n°4 ; vol.6, pg 227-280
55 pages
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Les règles monétaires génératrices de crédibilité. Eléments de critique des thèses des « nouveaux classiques » - article ; n°4 ; vol.6, pg 227-280

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Revue française d'économie - Année 1991 - Volume 6 - Numéro 4 - Pages 227-280
The monetary policies debate regarding the European Monetary Union considers the Barro-Gordon framework as a main reference. This argues that the credibility of monetary commitments in the fight against inflation could be strengthened either by tying one's hands in the EMS or by appointing a conservative central banker. The paper first sets out the general coherence of these approaches, which renew the rational expectations and natural rate theory, thanks to an application of repeated games between the policymaker and the people. Then the text puts forward some criticisms and questions regarding the relevance of preferences and, more precisely, of the hypothesis of a confrontation between the policymaker, who pursues an activist policy in vain, and a private sector, considered as an entity.
Jean-Pierre Faugère Les règles monétaires génératrices de crédibilité. Discussion des thèses des «nouveaux classiques». Le débat sur les politiques monétaires dans le cadre de l'Union Economique et Monétaire met au premier plan les analyses de type « Barro-Gordon » qui soutiennent que la crédibilité des engagements de lutte contre l'inflation peut être renforcée par des dispositions telles que l'appartenance au SME ou la nomination d'un responsable de banque centrale « conservateur». Après avoir présenté la cohérence globale de ces approches, qui renouvellent la théorie des anticipations rationnelles et du chômage naturel par l'explicitation d'un jeu non coopératif entre le décideur public et les agents privés, le texte présente un certain nombre d'éléments critiques et s'interroge sur la pertinence des fonctions d'utilité, et plus précisément l'hypothèse d'un face à face entre un décideur public, poursuivant vainement des politiques inflationnistes, et un secteur privé, conçu comme un ensemble homogène.
54 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Pierre Faugere
Les règles monétaires génératrices de crédibilité. Eléments de
critique des thèses des « nouveaux classiques »
In: Revue française d'économie. Volume 6 N°4, 1991. pp. 227-280.
Abstract
The monetary policies debate regarding the European Monetary Union considers the "Barro-Gordon" framework as a main
reference. This argues that the credibility of monetary commitments in the fight against inflation could be strengthened either by
tying one's hands in the EMS or by appointing a "conservative" central banker. The paper first sets out the general coherence of
these approaches, which renew the rational expectations and natural rate theory, thanks to an application of repeated games
between the policymaker and the people. Then the text puts forward some criticisms and questions regarding the relevance of
preferences and, more precisely, of the hypothesis of a confrontation between the policymaker, who pursues an activist policy in
vain, and a private sector, considered as an entity.
Résumé
Jean-Pierre Faugère Les règles monétaires génératrices de crédibilité. Discussion des thèses des «nouveaux classiques». Le
débat sur les politiques monétaires dans le cadre de l'Union Economique et Monétaire met au premier plan les analyses de type
« Barro-Gordon » qui soutiennent que la crédibilité des engagements de lutte contre l'inflation peut être renforcée par des
dispositions telles que l'appartenance au SME ou la nomination d'un responsable de banque centrale « conservateur». Après
avoir présenté la cohérence globale de ces approches, qui renouvellent la théorie des anticipations rationnelles et du chômage
naturel par l'explicitation d'un jeu non coopératif entre le décideur public et les agents privés, le texte présente un certain nombre
d'éléments critiques et s'interroge sur la pertinence des fonctions d'utilité, et plus précisément l'hypothèse d'un face à face entre
un décideur public, poursuivant vainement des politiques inflationnistes, et un secteur privé, conçu comme un ensemble
homogène.
Citer ce document / Cite this document :
Faugere Jean-Pierre. Les règles monétaires génératrices de crédibilité. Eléments de critique des thèses des « nouveaux
classiques ». In: Revue française d'économie. Volume 6 N°4, 1991. pp. 227-280.
doi : 10.3406/rfeco.1991.1299
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1991_num_6_4_1299Jean-Pierre
FAUGERE
Les règles monétaires
génératrices de
crédibilité. Eléments de
critique des thèses des
« nouveaux classiques »
a perspective de la création d'une
union économique et monétaire européenne donne lieu à 228 Jean-Pierre Faugère
différentes réflexions théoriques sur les gains et les coûts
qui peuvent être attendus de l'union monétaire1. Le coût
principal provient de la perte, au niveau national, de deux
instruments classiques de politique économique, la poli
tique monétaire et la modification de taux de change. Les
gains sont de natures diverses — gains d'efficience liés à
une diminution des coûts de transactions et une réduction
de l'incertitude, gains liés à la suppression des monnaies
nationales et au rôle international de la monnaie
commune... — mais on s'intéressera ici à un avantage de
l'Union économique et monétaire, l'influence de l'appar
tenance à l'union monétaire sur la stabilité des prix, son
rôle «disciplinaire».
La Commission des Communautés Européennes
défend la thèse selon laquelle il existe un consensus, au
niveau des objectifs de politique économique, sur la prio
rité absolue à accorder à la lutte contre l'inflation et cet
objectif peut être plus facilement atteint par l'adhésion à
un système de parités fixes, la création d'une institution
monétaire européenne indépendante et la fixation de
règles de conduite en matière monétaire.
Ces positions s'inscrivent dans le droit fil des ana
lyses théoriques qui mettent au premier plan les problèmes
de «crédibilité» et de «réputation» pour montrer l'intérêt
de l'appartenance au système monétaire européen ou la
nécessité d'une autorité monétaire indépendante. En fait
les fondements théoriques de ces analyses se trouvent dans
les textes de F.E. Kydland et E.C. Prescott [1977] et de R.J.
Barro, D.B. Gordon2 qui soulignent les problèmes de co
hérence temporelle («time consistency») des politiques
économiques et posent en des termes nouveaux l'alterna
tive («rules versus discretion») entre politique discrétion
naire et politique fondée sur une règle.
Ces analyses ont, pour la plupart, comme point de
départ quatre caractéristiques. Jean-Pierre Faugère 229
Elles se situent dans un cadre théorique d'antici
pations rationnelles selon lequel, dans un univers caracté
risé par des relations stables, les agents économiques
connaissent le «vrai modèle» de l'économie, de sorte que
les erreurs de prévision ne peuvent être dues qu'à des
surprises et ne concernent que le court terme. Les agents
privés, ménages et entreprises, sont supposés réagir de
façon optimale à un environnement qu'ils connaissent et
dont ils comprennent le fonctionnement3. Les politiques
de relance perdent de l'efficacité et, pour être efficaces,
elles doivent surprendre4.
Le contexte est donc celui du chômage naturel :
tout écart du taux de chômage par rapport au taux
est provisoire; toute politique monétaire expansionniste
aboutit, en dernière analyse, à un taux d'inflation plus élevé.
Les rapports entre le décideur public et le public
s'inscrivent dans un jeu non coopératif. L'argumentation
théorique se situe le plus souvent dans un cadre de « nouv
elle économie politique qui considère la politique éco
nomique comme le résultat d'un jeu entre des agents dé
fendant leurs intérêts plutôt que comme conséquence de
mesures prises par un despote éclairé»5.
Les pouvoirs publics ont une fonction de bien-
être, qui dépend des gains — ou des pertes — des diff
érentes politiques économiques.
L'enjeu représenté par ces thèses est d'autant plus
grand que leur portée est non seulement normative, dans
la mesure où elles débouchent sur des recommandations
de politique monétaire, mais aussi explicative puisqu'elles
fournissent une interprétation de la rationalité des pouv
oirs publics.
Après avoir envisagé les analyses selon lesquelles
la politique monétaire « temporellement cohérente» n'est
pas nécessairement optimale, on montre comment, sur
cette base, on peut introduire les notions de réputation et 230 Jean-Pierre Faugère
de crédibilité, essentiellement à partir des contributions de
Barro et Gordon. Appliqué à la politique monétaire, cette
approche aboutit à préconiser l'appartenance au système
monétaire européen comme moyen de se « lier les mains »
et l'affectation de la direction de la banque centrale à un
dirigeant indépendant et «conservateur» comme gage de
crédibilité monétaire. Pour finir, on axera les critiques de
cette approche sur la nature de la fonction d'utilité du
décideur politique : c'est en effet la forme de la fonction
d'utilité qui fonde les recommandations de politique mon
étaire.
Le caractère non optimal de la
politique monétaire
«temporellement cohérente»
Les prémisses : les anticipations à l'origine d'une
situation suboptimale.
Le point de départ est indéniablement posé par l'article de
F.E. Kydland et E.C. Prescott [1977] qui définit ce qu'est
une politique «temporellement cohérente» («time-consis
tent»)6 et montre que cette politique peut ne pas être
optimale. Une politique cohérente au temps t est définie
de la façon suivante : «A tout point du temps, la politique
choisie est la meilleure, compte tenu de la situation cou
rante»7. Soit une situation dans laquelle le décideur public
prend une décision cohér

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