Chez Bull, on ne bulle plus
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Description

Chez Bull, on ne bulle plus On se souvient du mot, malheureusement prophétique, d'Alain Juppé à propos de Thomson en 1996, « ça ne vaut rien, ça vaut 14 milliards [de francs] de dettes ». Malgré un véritable savoirfaire technologique, le pionnier français du multimédia a beaucoup perdu avec le retrait de l'État actionnaire. La même mésaventure aurait pu survenir à Bull, autre fleuron de l'innovation industrielle nationale. En 1993, Bull, qui avait perdu 15 milliards de francs (plus de 2 milliards d'euros) en trois ans et était endetté à hauteur de 9 milliards de francs (plus de 1,3 milliard d'euros), ne survivait que grâce à la générosité de l'État. Celui-ci, en nommant à la tête de la société informatique Jean-Marie Descarpentries, un baroudeur de l'entreprise, a trouvé la bonne solution. Ce polytechnicien, diplômé de Harvard et ancien para, appliquera sa méthode volontariste, « il vaut mieux avancer dans le désordre que piétiner dans l'ordre », pendant quatre ans, de 1993 à 1997. Ses successeurs ont su poursuivre la même stratégie pour faire de Bull un exemple dont beaucoup pourraient - et devraient - s'inspirer. Une histoire compliquéeUne histoire compliquée Comme IBM (les deux sociétés se sont d'ailleurs opposées dans un interminable procès quant à l'invention de la carte perforée), la société Bull remonte aux débuts de la mécanographie.

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Publié le 07 mai 2011
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Langue Français

Extrait

Chez Bull, on ne bulle plus
On se souvient du mot, malheureusement prophétique, d'Alain Juppé à propos de Thomson en 1996, «ça ne vaut rien, ça vaut 14 milliards [de francs] de dettes». Malgré un véritable savoirfaire technologique, le pionnier français du multimédia a beaucoup perdu avec le retrait de l'État actionnaire. La même mésaventure aurait pu survenir à Bull, autre fleuron de l'innovation industrielle nationale. En 1993, Bull, qui avait perdu 15 milliards de francs (plus de 2 milliards d'euros) en trois ans et était endetté à hauteur de 9 milliards de francs (plus de 1,3 milliard d'euros), ne survivait que grâce à la générosité de l'État. Celui-ci, en nommant à la tête de la société informatique Jean-Marie Descarpentries, un baroudeur de l'entreprise, a trouvé la bonne solution. Ce polytechnicien, diplômé de Harvard et ancien para, appliquera sa méthode volontariste, «il vaut mieux avancer dans le désordre que piétiner dans l'ordre», pendant quatre ans, de 1993 à 1997. Ses successeurs ont su poursuivre la même stratégie pour faire de Bull un exemple dont beaucoup pourraient - et devraient - s'inspirer.
Une histoire compliquée
Comme IBM (les deux sociétés se sont d'ailleurs opposées dans un interminable procès quant à l'invention de la carte perforée), la société Bull remonte aux débuts de la mécanographie. Elle a en effet été fondée en 1931 pour développer et commercialiser les machines à statistiques conçues par un ingénieur norvégien, Fredrik Rosing Bull. Les machines Bull furent utilisées pendant la Seconde Guerre mondiale par le Service national des statistiques fondé par René Carmille, notamment pour constituer le fichier du débarquement en Afrique du Nord. Après un passage dans le giron de General Electric, l'entreprise fusionne avec une autre société américaine pour devenir Honeywell-Bull. En 1975, le gouvernement français revend à Honeywell-Bull la Compagnie internationale d'informatique (CII), sabordant ainsi le consortium Unidata (avec Siemens et Philips), qui avait vocation à devenir l'Airbus de l'informatique.
En 1982, retournement de situation, l'entreprise est nationalisée et devient le groupe Bull. En 1989, grossière erreur stratégique avec le rachat de Zenith Data Sytems, constructeur américain de microordinateurs, avec l'espoir - évidemment déçu - de prendre le marché du gouvernement fédéral américain. Durant les années 90, l'entreprise entreprend une double révolution. La première, la privation, achevée en 2004. La seconde, le recentrage sur des activités à forte valeur ajoutée, avec la cession de toutes les divisions jugées insuffisamment rentables et une réduction sensible des effectifs, passés de plus de 20.000 salariés début 1999 à moins de 10.000 fin 2001 ! Rentable depuis 2007, Bull est aujourd'hui le dernier groupe européen présent mondialement face aux multinationales américaines ou japonaises.
Quasi moribond il y a 20 ans, Bull est aujourd'hui le seul groupe européen qui résiste aux multinationales américaines et japonaises.
Bull à l'assaut des géants
Chiffre d'affaires 2010 :1,25 milliard d'euros (+13%).35,5 millionsrésultat avant impôts et de intérêts.
6,5 millions d'eurosde résultat net.8.600employés (+11%). Présence dans50pays.
56,3%du chiffre d'affaires en France.29,1%du chiffre d'affaires en Europe. Principaux
actionnaires : Crescendo Industries (20%),France Télécom (8,1%),Richelieu Finances (4,4%).
Les clés du succès
À la fois constructeur et prestataire de services informatiques, Bull concentre ses forces sur les métiers où son avance technologique lui permet de se positionner face à la concurrence internationale et de conserver sa rentabilité, véritable obsession des dirigeants depuis Jean-Marie Descarpentries. Pour cela, le groupe mise avant tout sur la supériorité technologique et l'innovation. Un parti pris qui peut sembler trivial dans le secteur informatique, mais qui n'est pas forcément la règle, la recherche et développement passant chez de nombreux acteurs majeurs après la finance et le marketing. Cette démarche s'illustre principalement dans la position solide de Bull dans 2 domaines particulièrement exigeants, la sécurité et les supercalculateurs, ce qui lui permet de se positionner sur des marchés aussi exigeants que celui des applications militaires.
L'actuel P-DG de la société, Philippe Vannier, cinquante ans, exprésident du directoire de Crescendo Industries (holding d'animation détenue par des actionnaires privés et principal actionnaire du groupe Bull) et ex-P-DG d'Amesys (société spécialisée dans le développement de systèmes électroniques de hautes technologies, acquise en janvier 2010 par Bull), nommé en mai 2010, a même fait de cette stratégie de différenciation la clé de voûte de son plan à trois ans, simplement baptisé BullWay 2011-2013. «Après avoir réussi sa transformation, Bull entre désormais dans une nouvelle étape de son développement. Et j'entends bien capitaliser sur la stratégie mise en oeuvre par mes prédécesseurs», déclarait-il lors de sa prise de fonction.
Une organisation adaptée...
Pour atteindre l'objectif ambitieux de 1,35 à 1,45 milliard d'euros, soit une croissance organique supérieure de 50% à celle du marché informatique (+3,3% par an en moyenne), Bull a adopté une
organisation en business units (unité d'activité) couvrant l'ensemble de ses secteurs de prédilection : -Innovative Products :serveurs d'entreprise et supercalculateurs ; - grands Computing
Solutions : intégration d'architectures et infogérance ; -Business Integration Solutions :
applications métiers critiques ; -Security Solutions : constructeur et intégrateur de solutions de sécurité de bout en bout.
Ces divisions opérationnelles sont soutenues par une unité transversale dédiée au développement international. En effet, si plus de la moitié du chiffre d'affaires est encore réalisé à l'intérieur des frontières de l'Hexagone, Bull est présent dans plus de 50 pays. L'international fait partie des priorités du groupe, avec la création d'une unité de développement transversale, chargée d'assurer le développement commercial des solutions de l'entreprise, notamment auprès de certaines cibles privilégiées : ministères, collectivités territoriales ou organismes sociaux, ainsi que les grands comptes de secteurs comme la banque-assurance, la santé, l'énergie, les transports ou les télécoms.
«Nous avons la certitude que le groupe possède tous les atouts humains et technologiques pour être un acteur majeur»de la société numérique du futur.Philippe Vannier, P-DG de Bull
... pour les marchés de demain
Pour Philippe Vannier, «la puissance informatique est au coeur de l'innovation». Le savoir-faire du groupe, notamment en matière de capacités de calcul et de sécurité, semble particulièrement adapté aux évolutions du secteur. C'est vrai pour des niches, comme la simulation numérique, qui permet de «concevoir aujourd'hui les produits, les matériaux ou les molécules de demain» ou les réseaux sécurisés et chiffrés, à l'image de celui de la gendarmerie nationale, le plus important réseau chiffré d'Europe, avec 5.000 sites reliés. Mais c'est surtout vrai pour les changements qui s'annoncent avec la généralisation du cloud computing, cette infrastructure totalement dématérialisée dans laquelle les entreprises utilisatrices n'achètent plus du matériel et du logiciel mais du temps et de la puissance instantanée. Comme l'explique le P-DG de Bull, «moins l'infrastructure informatique est visible, plus elle est critique pour les utilisateursFace à ces ». nouveaux défis, il affirme d'ailleurs sans complexe que «le groupe possède tous les atouts humains et technologiques pour être un acteur majeur de la société numérique du futur». Une conviction que l'on aimerait retrouver dans la bouche de nombreux dirigeants d'entreprises françaises de taille internationale.
Chez Bull, L'arrivée d'un entrepreneur propriétaire (Philippe Vannier) a tout
changé
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