Il veut faire des paysans des entrepreneurs
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Il veut faire des paysans des entrepreneurs Le regard est cristallin, de beaux yeux verts étincelants teintés d'une note de sévérité. À n'en pas douter, Xavier Beulin est un homme de bataille. Victorieux, il l'a été souvent au cours de sa fulgurante carrière, qui connaît son apothéose depuis décembre 2010. Après un scrutin à couteaux tirés, remporté d'une courte majorité (36 voix contre 31, avec 2 abstentions), il accède à la tête de la toute puissante Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), que les hommes politiques «brossent» dans le sens du poil. Alors quand Xavier Beulin sollicite, les ministres ne rechignent pas, à l'image de Bruno Le Maire, l'actuel ministre de l'Agriculture, appelé à consommer un légume devant les caméras, afin de rassurer les consommateurs quant aux «concombres contaminés». Réforme de la PAC : quelles conséquences ? - la réforme radicale : pour alléger le poids du budget de la PAC (aujourd'hui de 55 milliards d'euros), une politique de rigueur pourrait être mise en place. Les subventions seraient globalement réduites, excepté celles concernant les méthodes de production vertes. Xavier Beulin : Même si la PAC se doit d'évoluer, une réforme radicale serait très mal venue. La question du budget reste importante. Si celui-ci est revu à la baisse, nous aurions du mal à accepter la situation. L'aspect développement durable est lui aussi important, c'est certain.

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Publié le 02 juillet 2011
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Langue Français

Extrait

Il veut faire des paysans des entrepreneurs
Le regard est cristallin, de beaux yeux verts étincelants teintés d'une note de sévérité. À n'en pas douter, Xavier Beulin est un homme de bataille. Victorieux, il l'a été souvent au cours de sa fulgurante carrière, qui connaît son apothéose depuis décembre 2010. Après un scrutin à couteaux tirés, remporté d'une courte majorité (36 voix contre 31, avec 2 abstentions), il accède à la tête de la toute puissante Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), que les hommes politiques «brossent» dans le sens du poil. Alors quand Xavier Beulin sollicite, les ministres ne rechignent pas, à l'image de Bruno Le Maire, l'actuel ministre de l'Agriculture, appelé à consommer un légume devant les caméras, afin de rassurer les consommateurs quant aux «concombres contaminés».
Réforme de la PAC : quelles conséquences ?
-la réforme radicale : pour alléger le poids du budget de la PAC (aujourd'hui de 55 milliards d'euros), une politique de rigueur pourrait être mise en place. Les subventions seraient globalement réduites, excepté celles concernant les méthodes de production vertes. Xavier Beulin : Même si la PAC se doit d'évoluer, une réforme radicale serait très mal venue. La question du budget reste importante. Si celui-ci est revu à la baisse, nous aurions du mal à accepter la situation. L'aspect développement durable est lui aussi important, c'est certain. Seulement, il faut aussi se préoccuper des intérêts économiques des agriculteurs. -un maintien du «statu quo» :avec des améliorations limitées comme une redistribution plus équitable des soutiens financiers et un effort de régulation de la volatilité des prix. Xavier Beulin : La nouvelle PAC devra nécessairement s'adapter aux changements de l'Europe. Cela paraît évident, étant donné que nous sommes passés de 15 à 27 États membres en vingt ans. Mais, sans vouloir être pessimiste, la stabilisation des prix ne paraît guère à l'ordre du jour. Le marché devient l'indicateur européen : l'instabilité augmente alors que les mécanismes de régulation se font plus rares.
-une solution intermédiaire,avec la mise en place d'un régime d'aides plus équilibré, plus précis et qui vise à s'inscrire dans la durée. Xavier Beulin : Nous sommes davantage en faveur d'un découpage plus précis des aides, mais aussi d'une amélioration des moyens d'intervention afin de réguler le marché. Car, dans ce domaine, il n'y a pas eu grand-chose de très efficace de mis en place ces dix dernières années. Il serait bon de promouvoir des réformes qui valorisent enfin les revenus des agriculteurs.
Parti de loin...
Obligé de reprendre l'exploitation agricole familiale suite au décès brutal de son père, il reconnaît volontiers que «l'agriculture représentait alors plus une obligation qu'un choix. Avec 4 bouches à nourrir à la maison... Ensuite, par la force des choses, c'est devenu un véritable choix professionnel ». Si bien que, lorsqu'il est approché en 1985 pour rejoindre le Centre départemental des jeunes agriculteurs, il n'hésite pas une seconde. «C'est l'expérience qui m'a le plus appris», confirme-til, lui qui ne possède aucun diplôme. Tout s'enchaîne ensuite... Cet autodidacte connaît une ascension fulgurante, occupant plus de 12 mandats dans diverses institutions (Alliance européenne des oléoprotéagineux, CETIOM...) et des conseils d'administration (FranceAgriMer, Conseil économique et social régional de la région Centre, Port de La Rochelle...). Des fonctions qui heurtent ses ennemis, pointant du doigt la non-représentativité du personnage par rapport aux «vrais agriculteurs ». Ces accusations, l'intéressé préfère en rire : «Je suis peut-être moins manuel qu'avant mais je peux toujours vous donner les rendements exacts et les méthodes de production des asperges, du lait et de toutes les cultures que j'ai cultivées ! ». Et pour cause, il possède toujours une exploitation agricole de plus de 450 hectares dans le Loiret, qu'il exploite avec des membres de sa famille. «Je m'implique beaucoup dans la gestion de l'exploitation. Pour rien au monde, je ne décrocherai ! Si je le faisais, on me prendrait vite en défaut», explique-t-il en souriant.
... proche des hautes sphères
Les nombreuses responsabilités qu'il occupe depuis 1985 permettent à l'homme passionné de moto de devenir influent dans certains milieux financiers. De là vient d'ailleurs le quolibet que lui attribuent ses détracteurs : «L'émir vert». Peu lui importe. Mais, après son élection à la tête de la FNSEA et pour faire taire ses détracteurs, ce père de famille annonce vouloir quitter ses mandats, dans un souci de «transparenceII conserve toutefois la présidence la plus juteuse, celle du groupe ». Sofiprotéol, poids lourd européen de la filière oléagineuse et du biodiesel et un fier représentant de l'industrie agroalimentaire avec des filiales comme Lessieur, Glon-Sanders... Difficile alors de se targuer de représenter tous les paysans de France lorsque l'on fait partie du conseil d'administration d'un fonds réalisant 5,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel. «Sofiprotéol est une interprofession dans laquelle les agriculteurs sont très largement représentésse défend Xavier », Beulin. Il prétend même vouloir que ce modèle se répande en France, au profit de la compétitivité française et de la valorisation du revenu des agriculteurs. Mais cela est-il compatible avec la qualité de nos produits ?
«La FNSEA conserve sa ligne, mais j'entends développer les questions d'ordre économique, organisationnel et surtout les relations industrielles qui correspondent parfaitement à mes domaines de compétences.» Xavier Beulin, président de la FNSEA
L'homme de la situation ?
Celui que l'on présente comme un «brillant négociateur » arrive à point nommé, des échéances importantes pour l'agriculture française se préparent. Sa ligne de route est claire : l'homme à la carrure impressionnante souhaite voir les paysans se prendre au jeu de l'économie de marché pure et dure, «il nous faut davantage d'équité entre les différentes exploitations agricoles, et surtout plus de valeur ajoutée. L'agriculture française est performante, et possède un savoirfaire certain. Mais elle demeure fragile sur bien des points, régulièrement désarçonnée par l'instabilité des prix. Pour y répondre, il nous faudrait avoir une production moins atomisée ». Même si ce discours prône en caractères invisibles une disparition des petits producteurs de terroir, le patron de la FNSEA n'en démord pas.
L'homme maîtrise d'ailleurs parfaitement ses dossiers, même les plus brûlants. Les dernières tendances de l'agriculture comme le bio, les circuits courts... thèmes «complètement dans l'air du temps », confirme-t-il, l'intéressé y est sensible, ce qui ne l'empêche pas de garder à l'esprit ses intérêts et ceux de sa profession. «Il ne suffit pas d'être à la mode, il faut que les agriculteurs puissent en tirer des avantages associatifs et surtout financiers », clame-t-il. Une autre de ses qualités, savoir «jouer» sur tous les fronts et passer allègrement de la sphère médiatique aux tractations politiques avec une certaine virtuosité. La preuve ? La promesse du gouvernement, début juin, d'aider les agriculteurs sinistrés par la sécheresse à hauteur de près de 1 milliard d'euros. Unea première victoire... qui en appelle d'autres ?
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